102
pages
Français
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2014
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Publié par
Date de parution
07 novembre 2014
Nombre de lectures
0
EAN13
9791029400032
Langue
Français
Dans le bleu de tes yeux je me suis égaré, Tome 1
Amalric Denoyer
Roman de 386 000 caractères
Jeune professeur de lettres, Quentin veille Olivier, son compagnon depuis quelques mois. Celui-ci a été sauvagement agressé au retour d’une réunion de famille qui s’est mal déroulée. Les souvenirs se mêlent au fil du quotidien dont Quentin écrit la chronique.
Rejeté par les siens, Olivier va malgré tout se reconstruire grâce à sa relation fusionnelle avec Quentin et à l’entourage d’une famille de cœur. Au moment où la vie semble être devenue sereine des événements dramatiques vont provoquer des changements radicaux dans l’existence d’Olivier. Celui-ci va compléter et reprendre la suite de la chronique de Quentin. Indirectement grâce à Quentin, des rencontres vont s’avérer porteuses d’espoir, tout en bouleversant certaines certitudes...
Émotions, humour, tendresse, trahisons et réconciliations ponctuent cette histoire pas tout-à-fait commune.
Retrouvez tous nos titres sur http://www.textesgais.fr/
Publié par
Date de parution
07 novembre 2014
Nombre de lectures
0
EAN13
9791029400032
Langue
Français
Dans le bleu de tes yeux
je me suis égaré
Chronique d’une famille recomposée
Tome 1
Amalric Denoyer
Roman
Prologue
Journal de Quentin
Olivier, mon amour, je commençais à savourer le bonheur de ces mois écoulés et à croire à une vie entière avec toi à mes côtés, quand l’impensable s’est produit et a posé la question de l’absence. Heureusement ce ne fut que provisoire… Mais me trouvant séparé de toi, j’ai cherché à te remodeler, à te retrouver à travers les mots du récit de notre vie commune. J’ai donc commencé par cette nuit où j’ai cru devenir fou, puis j’ai laissé dérouler le film de notre vie à deux, me laissant aller à des flash-back et à des arrêts sur image sur quelques étincelles de notre bonheur.
1 re partie
Chapitre 1 - Hôpital
Journal de Quentin
Il est quatre heures du matin et tu te trouves là, derrière les vitres de cette salle de réanimation. Je ne peux pas t’atteindre, mon cœur se serre et mes yeux se troublent. Il paraît que ton état est stabilisé, mais on n’est pas sûr que tu t'en sortiras sans séquelles. Je sens le monde qui s’effondre autour de moi et je ne sais plus à quoi me raccrocher. Ma bouée dans cet océan de détresse et de révolte, c’est l’espoir que d’un moment à l’autre tu vas ouvrir les yeux et me sourire. Tes yeux et ton sourire… ce qui me fait fondre… J’aimerais tant pouvoir te serrer dans mes bras, embrasser ton front, te parler et te rassurer, sécher tes larmes, te consoler de tes douleurs et de tes peines. Mais je ne peux rien faire et je dois attendre. Tu dors d’un sommeil étrange qui ressemble presque à la mort et tu es trop fragile, même pour mes caresses…
C’est la police qui m’a prévenu. Ils m’ont dit que tu avais murmuré « Prévenir Quentin… » et qu’ils avaient trouvé mon adresse en bonne place dans ton agenda. Heureusement tu avais rempli la rubrique « En cas d’urgence prévenir : ». Ils m’ont demandé de venir de toute urgence. J’ai pris un taxi. La conversation au poste de police résonne encore dans mon crâne. Ils n’ont rien voulu dire tout de suite sur ton agression, ils ont d’abord voulu savoir qui j’étais au juste.
« Famille, oui, mais lointaine. Si nous étions très proches ? Oui très proches, intimes même. Mais oui je suis plus âgé que lui, je pourrais être son grand frère, mais je serais un peu jeune pour être son père. Vérifiez, il va avoir vingt ans et moi trente-deux. Oui, je suis professeur agrégé de lettres. Lui-même est étudiant en lettres. Depuis combien de temps nous vivons ensemble ? Cela fait six mois environ. Il est allé passer quelques jours chez ses parents pour Noël. Je n’ai pas de détails sur la fin de son séjour. Sa famille accepte mal une situation qu’elle n’avait pas envisagée, c’est sûr. Mais je ne pense pas que cela ait un rapport avec un acte aussi violent. »
Après, ils m’ont expliqué qu’un sans-abri qui cherchait un coin pour dormir t’avais entendu gémir dans un endroit non éclairé du passage souterrain de cette fichue gare de banlieue. L’agresseur t’aurait surpris en arrivant par-derrière et en saisissant ton écharpe. Puis il t’aurait tabassé à coups de pied dans les côtes, assommé contre le mur, violé… Écorchures, fractures, ecchymoses, état des vêtements en seraient la trace. Après le récit de ces atrocités, qui me laisse encore nauséeux, ils m’ont accompagné dans cet hôpital. Depuis, j’assiste, impuissant derrière cette vitre, à l’agitation médicale autour de ton corps inerte.
Olivier, mon ange, je tremble devant l’horreur de ce que tu as subi. Que t’est-il arrivé en allant prendre ce maudit train ? Jusqu’à quel point t’a-t-on fait souffrir ? Pourquoi la gueule de l’enfer s’est-elle ouverte là, sur tes pas ? Je me demande ce qui a motivé ce départ précipité… Pourquoi avoir choisi cet horaire tardif et ne pas avoir simplement attendu le matin ? Il n’y avait pas d’urgence, tes cours ne reprendront que dans une semaine. Quelque chose a dû mal se passer… Faut-il que j’appelle chez tes parents ? Non, c’est encore le milieu de la nuit pour beaucoup de monde… Je les rendrais malades. Et puis l’aurais-tu souhaité ? Si je savais au moins pourquoi tu es parti si vite… Attendre, attendre, il ne reste qu’à attendre…
Implorer le ciel… Mais que veut le ciel pour Olivier ? Que veut-il que je fasse qui puisse le sauver et m’empêcher de devenir fou ? Et cette bouffée d’angoisse qui m’étouffe et qui ne veut même pas finir avec des larmes pour me soulager… Mais pourquoi nous sommes-nous laissés faire pour Noël. Nous aurions dû partir tous les deux. Mon Dieu, aidez-moi à ne pas basculer dans la folie ! Je me sens tellement démuni… Tout perdre… encore… Non, pas ça !…
Il ne me reste donc que la prière et des mots me reviennent « Notre Père… » Je prie… mais je ne sais pas si je suis sincère ou si je veux m’empêcher de penser. Il y a longtemps que je n’avais pas essayé de prier… Depuis six mois le bonheur simple coulait comme une source. Peut-être fallait-il prier quand tout allait bien… Quand on possède un trésor on a tout à perdre et Olivier est probablement ce qui m’a été donné de plus précieux… Ô, mon Dieu, faites qu’il vive et qu’il aille bien !
*
* *
Olivier
« Des bruits, des voix… Je ne comprends pas où je suis… Je n’ai jamais fait ce rêve. Oui, ça ressemble à un rêve, mais je n’arrive pas à me réveiller… D’habitude quand j’ai réalisé que je rêve, je peux ouvrir les yeux… J’entends mon cœur qui cogne. J’ai peur. Quelle est cette ombre ? Quel est ce visage ? Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai peur… Un cauchemar, ce doit être un cauchemar… Au secours, j’étouffe ! Quentin, réveille-toi et secoue-moi ! Oui, tu vas voir que ça ne va pas, tu vas me réveiller… Quentin, où es-tu ? Si seulement tu pouvais voir que je dors mal… Au secours, je tombe dans le vide ! Mes oreilles sifflent… j’ai mal ! Quentin, aide-moi ! »
*
* *
Journal de Quentin
Je sursaute à l’approche de l’infirmière. J’ai dû m’assoupir d’un sommeil sans rêves, hypnotisé par mes prières…
— Il reprend conscience. Il a murmuré votre nom. Prenez un café au distributeur, pour vous remettre sur pied et ensuite revenez. On va vous installer un siège près de son lit. Il serait bien de lui parler pour le tenir un peu éveillé et le rassurer. On dirait qu’il est tellement angoissé qu’il préfère se laisser plonger. Il faudrait éviter qu’il décroche à nouveau. OK ?
— D’accord… Je comprends, comptez sur moi.
La nouvelle que j’ai d’abord cru rassurante m’inquiète et me tire de ma torpeur. Je fonce au distributeur qui me délivre un mauvais café noir que je surdose de sucre. Le café est trop chaud, je l’emporte avec moi. Je fais les cent pas en soufflant sur le liquide fumant, en attendant qu’on m’ouvre. Je me brûle les doigts, ce qui finit par me réveiller tout à fait. Je finis par boire mon verre. Le gobelet vide m’encombre et je mets un temps infini à trouver une poubelle qui pourtant me crève les yeux. Encore une bouffée d’angoisse… Ce n’est pas le moment de craquer, je dois me ressaisir… Je respire à fond plusieurs fois et m’efforce de retrouver mon calme. Je dois le faire pour toi, Olivier, pour que tu ailles bien. Je dois moi-même aller bien, car il faut que je tienne le coup. Tu dois pouvoir te reposer sur moi.
On me fait enfin signe d’entrer. La pièce est calme et la lumière a été réduite. Un des médecins qui s’est occupé de toi, une femme, me prend à part.
— Il vous réclame, mais on ne sait pas s’il se souvient de ce qui lui est arrivé. Ne lui en parlez pas ! C’est trop tôt… Rassurez-le et surtout qu’il reste calme. On a coupé le son des moniteurs, mais s’il y a quoi que ce soit d’anormal quelqu’un sera là tout de suite. Et puis vous avez un bouton d’appel près du lit. À tout à l’heure !
— Merci !
Je m’approche et te prends la main pour te rassurer et aussi pour me rassurer moi-même. Le bandage sur ta tête, le tube de perfusion qui pénètre dans la veine de ton bras droit, les électrodes fixées sur ta poitrine… la vision de cet attirail autour de ton corps aimé me donne la nausée… Mais tu vis ! Garder les yeux ouverts te semble douloureux, mais tu respires et le sang pulse dans tes veines… tu vis !
— Bonjour amour…
— Quentin…
— Ne bouge pas… Je suis là, je ne te quitterai pas. Ne t’inquiète de rien.
— Pourquoi… suis… à l’hôpital ?
— Je crois que tu as dû te cogner la tête un peu trop fort. Ce n’est rien, tout va aller mieux sous peu. Ne t’inquiète de rien, tu sais que je t’aime et que je serai toujours là. Ne crains rien, amour.
— Quand j’essaye… rappeler… sifflement dans tête…
— Non, je t’en prie, n’essaye pas, pas encore. Plus tard… Pour l’instant, repose-toi, je suis venu veiller sur toi. Il ne peut rien t’arriver. Je suis là, je reste près de toi. Je t’aime. Quoi qu’il y ait eu, je t’aime et ça ne changera pas. Tu comprends ?
— … t’aime aussi.
Je vois une larme couler sur ta joue. Je t’essuie la joue et à la place de la larme, je pose le plus doux des baisers. Dans mes yeux les larmes abondent, mais je m’efforce de les garder silencieuses. Je peux en verser des milliers, elles ne font pas le poids à côté de celle que je viens de voir couler sur ton visage.
Je tiens ta main contre ma joue et tu finis par t’endormir, rasséréné par ma présence. L’infirmière passe, contrôle les enregistrements des moniteurs et me fait un clin d’œil rassurant et attendri. Je souris en retour puis, dès qu’elle a tourné les talons, je ferme les yeux, plongé dans mes pensées que je m’efforce de garder positives. Si, par miracle, tu pouvais les sentir t’envelopper de douceur et de réconfort… Sois en paix mon Olivier, je ne lâcherai pas ta main.
Chapitre 2 - Souvenirs douloureux
Journal de Quentin
La journée d’hier s’est écoulée au gré de tes réveils et du passage des médecins. On m’a parfois gentiment demandé d’aller à la cafétéria pendant les soins et je ne suis guère allé plus loin. Je ne suis pas sorti de l’hôpital, rien n’est assez urgent à Paris ou même ailleurs pour m’éloigner de toi