Gamiani , livre ebook

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« L'obscénité disparait presque, la boue et le sang se sèchent au feu du style... »

L'intrigue est fort concise, Alcide, un proche de la comtesse Gamiani, intrigué et attiré par la maîtresse de maison, se cache, un soir, chez elle, pour surprendre ses secrets. Il découvre qu'elle est lesbienne et assiste à ses joutes saphiques avec son amie, Fanny. Alcide, ne pouvant résister à ce spectacle, pénètre dans l'arène surchauffée et se jette sur la jeune fille, mais la comtesse se mêle à leurs ébats et se révèle insatiable telle une « Prométhée femelle dévorée par cent vautours ».
Au comble de l'excitation, elle se retire dans une autre pièce avec sa camériste Julie et appelle son énorme chien ! Pendant les périodes de repos, chacun des protagonistes fera le récit de ses plus folles expériences amoureuses.
Alcide tente d'arracher Fanny des griffes de la comtesse, sans y parvenir. Gamiani se confie : « Oh ! oui, je personnifie les joies ardentes de la matière, les joies brûlantes de la chair ! Luxurieuse, implacable, je donne le plaisir sans fin, je suis l'amour qui tue ! ». Il lui faudra donc éprouver l'orgasme suprême, l'extase ultime, en mourant ! À l'aide d'un aphrodisiaque, elle empoisonne Fanny et s'empoisonne elle-même en disant : « Je meurs dans la rage du plaisir, dans la rage de la douleur ».

Publié pour la première fois en 1833 par l'éditeur Poulet-Malassis, fort bien placé pour connaître le véritable auteur, il affirmait d'emblée : « On a des preuves que M. Alfred de Musset est l'auteur de ce roman ». Il est indéniable que le Cénacle romantique savait parfaitement que Musset était bien l'auteur de ce texte. Dans la préface de l'édition de 1864, reproduite au début de la présente livraison, l'éditeur de l'époque, Vital-Puissant relate les circonstances qui ont participées à l'écriture de Gamiani.

Collection L'Enfer de la Bibliothèque nationale de France créée par J.-M. Lo Duca.
Enfer : « Partie fermée d'une bibliothèque où l'on tient les livres licencieux, interdits au public. » (Larousse 1966)

Pièce de théâtre numérique, 104 pages, orné de 12 illustrations en couleurs de Achille Deveria, couverture en couleurs.(Enfer de la BnF, cote n° 415)



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Date de parution

01 juillet 1997

Nombre de lectures

150

EAN13

9782866885250

Langue

Français

Dans la même collection :
Chez la même éditrice, ouOrages disponibles en Oersion numérique (cliquer sur le lien pour atteindre les fiches des ouOrages) :
Vicomtesse de Cœur-Brûlant [Marquise de Mannoury] Les Cousines de la colonelle Louise Dormienne [Renée Dunan] Les Caprices du sexe ou Les Audaces érotiques de mademoiselle Louise de B... Alexandre Dumas Le Roman de Violette Miss Clary F... Petites alliées Mirabeau Hic et Hec ou L’Art de Oarier les plaisirs Le Rideau leOé ou L’Éducation de Laure Nicolas-Edme Restif de la Bretonne L’Anti-Justine ou Les Délices de l’amour D.-A.-F. de Sade Les 120 Journées de Sodome Claude Seignolle Sexie ou L'Éloge de la nymphomanie Spaddy [Renée Dunan] Colette ou Les Amusements de bon ton DéOergondages Ôscar Wilde Teleny
ALFRED DE MUSSET
GAMIANI OU DEUX NUITS D’EXCÈS
L'Enfer de la Bibliothèque nationale de France
DOMINIQUE LEROYeBook
Collection créée par J.-M. Lo Duca
Illustrations et couverturede Achille Devéria
Si vous désirez être tenu au courant de nos publications, il vous suffit de nous adresser un courrier électronique à l'adresse suivante : email :contact@dominiqueleroy.fr Site internet :https://www.dominiqueleroy.fr/
Ce livre numérique est une création originale notamment protégée par les dispositions des lois sur le droit d’auteur. Il est identifié par un tatouage numérique permettant d’assurer sa traçabilité. Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'Article L. 122-5, d'une part que les copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (Article L. 122-4) Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les Articles 425 et suivants du Code Pénal. All rights reserved. No part of this book may be reproduced in any form, by any means, without the prior written consent of the publisher. © 1997-2019 by Éditions Dominique Leroy, Paris, France ISBN (Multiformat numérique) : 978-2-86688-525-0 Date de parution, troisième édition numérique : juillet 2019
Sommaire
Notice biobibliographique Notice bibliographique de Helpey, bibliographe poitevin Préface de la 3e édition Extrait des mémoires de la comtesse de C*** Première partie Deuxième partie Notes
Notice biobibliographique
« Je ne crois pas que la rage des priapées, la soif de la chair, les incendies utérins des femmes aient jamais été dépeints par nulle plume plus puissante et plus experte... L'obscénité disparait presque, la boue et le sang se sèchent au feu du st yle... » écrivait J.-K. Huysmans à propos du Gamianide Musset. L'intrigue est fort concise, Alcide, un proche de la comtesse Gamiani, intrigué et attiré par la maîtresse de maison, se cache, un soir, chez elle, pour surprendre ses secrets. Il découvre qu'elle est lesbienne et assiste à ses joutes saphiques avec son amie, Fanny. Alcide, ne pouvant résister à ce spectacle, pénètre dans l'arène surchauffée et se jette sur la jeune fille, mais la comtesse se mêle à leurs ébats et se révèle insatiable telle un e « Prométhée femelle dévorée par cent vautours ». Au comble de l'excitation, elle se retire dans une autre pièce avec sa camériste Julie et appelle son énorme chien ! Pendant les périodes de repos, chacun des protagonistes fera le récit de ses plus folles expériences amoureuses. Alcide tente d'arracher Fanny des griffes de la comtesse, sans y parvenir. Gamiani se confie : « Oh ! oui, je personnifie les joies ardentes de la matière, les joies brûlantes de la chair ! Luxurieuse, implacable, je donne le plaisir sans fin, je suis l'amour qui tue ! » Il lui faudra donc éprouver l'orgasme suprême, l'extase ultime, en mourant ! À l'aide d'un aphrodisiaque, elle empoisonne Fanny et s'empoisonne elle-même en disant : « Je meurs dans la rage du plaisir, dans la rage de la douleur ». Publié pour la première fois en 1833 par l'éditeur Poulet-Malassis, fort bien placé pour connaître le véritable auteur, il affirmait d’emblée : « On a des preuves que M. Alfred de Musset est l'auteur de ce roman ». Il est indéniable que le « Cénacle » romantique savait parfaitement que Musset était bien l'auteur de ce texte. Dans la préface de l'édition de 1864, reproduite au début de la présente livraison, l'éditeur de l'époque, Vital -Puissant relate les circonstances qui ont participées à l'écriture deGamiani. (Enfer de la Bibliothèque Nationale de France, cote 415).
L'auteur, sesdates :
1810.Le 10 décembre, naissance d'Alfred de Musset à Paris, d'une famil le de la petite noblesse vendômoise. 1819.Brillantes études classiques au collège Henri IV jusqu'en 1827. 1828.Rebuté par le droit et la médecine, il tâte de la musique et de la peinture. 1829.Enfin, lassé de tous ces « arts », il décide d'être poète. 1830.À vingt ans, Alfred de Musset publie sesContes d'Espagne et d'Italied'un romantisme flamboyant, parfois ironique, ils obtiennent un succès de scandale. 1832.Le 8 avril, décès de Victor Musset-Pathay père du poète. 1833. Publication deGamiani. Alfred de Musset et George Sand se rencontrent po ur la première fois à l'occasion d'un diner de la « Revue des Deux Mondes ». 1834.Publication deFantasio,On ne badine pas avec l'amour,etLorenzaccio. 1835.6 mars, rupture définitive, George Sand repart pour Nohant. Le grand amour Le romantique avait vécu. 1836. Publication deLa Confession d'un enfant du siècle dont l'écriture en 1835 sera une sorte d'exorcisme à sa liaison tumultueuse avec George Sand. 1837.Publication deUn Caprice. 1840.Publication desPoésies Complètes. 1850.Publication desPoésies Nouvelles. 1852.Élection à l'Académie française. 1853.Le dernier et l'un des meilleurs poèmes paraîtra cette année-là :La Mouche. 1857.Le 2 mai, mort d'Alfred de Musset, pratiquement oublié.
(1) Notice bibliographique
Une de ces chances inespérées, comme les bibliophil es en connaissent quelques-unes à peine dans une longue existence consacrée à la chasse aux livres, nous a mis en possession de l'un des exemplaires de la rarissime édition origin ale deGamiani. Cette édition de 1833, ornée de douze belles lithog raphies romantiques, ne figure dans aucune de nos grandes Bibliothèques. Elle n'a pas d avantage pris place dans les catalogues des Grandes Ventes, depuis près d'un siècle qu'elle a vu le jour. Les bibliophiles et les curieux nous sauront gré, n ous l'espérons, de leur offrir aujourd'hui, pour la première fois, avec un texte soigneusement revu sur l'original et luxueusement imprimé, la reproduction exacte des magnifiques gra vures que Devéria et Grévedon exécutèrent pour l'édition princeps deGamiani. Aucune suite d'illustrations ne convient aussi parf aitement à ce chef-d'œuvre de romantisme échevelé, que celle qui fut exécutée à l a même époque, vraisemblablement à la demande et sur les indications de l'auteur, par deu x maîtres de la gravure romantique.
L'édition originale de 1833 est en deux parties, fo rmant deux cahiers séparés, sur papier vergé, de seize et douze pages, du format in-4° (34 cent. sur 26,5). Chaque page est encadrée d'un filet double-maigre. Celui du haut est interrompu par les chiffres de pagination, qui sont entre parenthèses. Le texte est calligraphié en écriture droite, sur deux colonnes de dix centimètres, séparées par un filet demi-gras. Le titre de départ de chaque cahier :Gamiani, est en écriture gothique. Celui du second cahier, seul, porte en sous-titre une mention :Deuxième partie. Le tout, texte et filets, est lithographié, sur 30 centimètres 9 de hauteur et 22,2 de largeur. La première partie compte treize pages de texte num érotés 1 à 13 et trois pages blanches. La page 13 se termine au tiers de la seconde colonn e, par un filet orné. La seconde partie, paginée de 15 à 26, se termine t out au bas de la seconde colonne de la dernière page, sans filet et sans la mentionFin. Il n'y a ni titre ni faux-titre. Les douze gravures sont de format légèrement différents, mais beaucoup plus petits que la justification du texte, avec, par conséquent, de très grandes marges. Chaque cahier est recouvert d'une couverture couleu r feuille jaunie, identiques toutes les deux, dont nous reproduisons plus loin le fac-similé.
Cette édition originale deGamiani, disons-nous, était introuvable. Tous ceux qui l'ont mentionnée, en tout cas, semblent bien l'avoir décrite sans l'avoir vue. L'auteur de la Préface mise en tête de la troisième édition (Amsterdam, 1840-1864), s'exprime ainsi : …et l'indiscrétion de l'un deux permit à un éditeur étranger(sic) de l'imprimer en 1833, dans le format in-4°, texte calligraphié sur deux colonnes, orné de dix (sic)grandes lithographies très bien faites, qu'on attribue à Grévedon ou(sic) à Devéria. Notice de l'édition de 1924 (Maurice Duflou). Même note dans laBibliographie Gay(4eédition), avec cette variante : ... avec lithographies assez bien faites, attribuées à Grévedon et (sic) à Devéria. Les auteurs dude l'Enfer de la Bibliothèque Nationale Catalogue (1912) disent, de leur côté : ... avec douze (sic) grandes lithographies attribuées à Devéria ou (sic) à Grévedon. M ais il est évident, malgré la variante concernant le nombre des gravures, que les auteurs duCatalogue de l'Enferont simplement démarqué laBibliographie Gay.
À qui les douze gravures de 1833 peuvent-elles être attribuées ? À Devériaouà Grévedon, dit la 3eédition. À Grévedonetà Devéria, dit laBibliographie Gay. Nous croyons que c'est Gay qui est dans le vrai. Qu'on examine avec soins les gravures, dont on trou vera plus loin des reproductions exécutées par un de nos meilleurs graveurs contempo rains et susceptibles de satisfaire les plus exigeants des connaisseurs, et l'on verra que le plus grand nombre, dix sur douze, peuvent être attribuées à Devéria. Disons seulement, pour ne pas nous montrer trop aff irmatif en matière aussi discutable, qu'elles sont tout à fait dans sa manière et ne son t pas indignes de son talent. Les deux autres, au contraire, la dixième et la dou zième sont évidemment d'un autre crayon, et rappellent la manière, élégante aussi mais bien plus sèche de Grévedon.
Nous ne pouvons songer à donner, dans cette brève n otice, une bibliographie complète et une iconographie deGamiani, qui est peut-être aujourd'hui l'ouvrage le plus célèbre et le plus apprécié de la littérature érotique. Cependant, quelques précisions sur les principales éditions duXIXesiècle nous semblent indispensables. La seconde édition suivit de près la première. C'est cette seconde édition(À Venise, chez tous les Marchands de Nouveautés. Venise, 1835) qui modifia ainsi la mention du titre primitif :Par Alcide, Baron de M***. Elle est en un volume de 105 pages, d'un tout petit format. Bien qu'on rencontre une édition datée de 1845(En vente, Partout et Nul Part, 1 vol. de 96 pages) ; bien que l'éditeur de 1871 (Vital-Puissant)parle de plusieurs éditions entre 1835 et 1864, nous croyons que la 3 eédition ne vit le jour qu'en 1864. C'est ce que dit Gay, qui devait être bien renseigné. C'est ce que dit aussi, d'ailleurs, la Préface de la 3eédition, qui mentionne seulement, comme éditions antérieures, 1833 et 1835 . Cette même année 1864 vit trois éditions successives :
I. –Amsterdam, 1840 (sic)ces inédites., avec une Préface sur Alfred de M usset et des stan C'est cette édition que Vital-Puissant attribue au libraire Bar...
II. –Lesbos, Institution Méry, Pavillon Baudelairealassis. Le titre, s.d. Édition de Poulet-M est ainsi modifié :Par A. D. M. Avec un épisode de la vie de l'auteur, extrait des Mémoires de la Comtesse de C***(M émoires ogador, comtesse de Chabrilla de Céleste M n). Au-dessous, cette épitaphe : Hippolyte, cher cœur, que dis-tu de ces choses ? FEMMES DAMNÉS. FLEURS DU MAL. III. –Lucerne, 1864ce est différente de. Edition de Gay, tirée à 150 exemplaires. La Préfa celle de la 3eédition. Elle est d'ailleurs presque textuellement reproduite par l'article consacré àGamianidans laBibliographie Gay. En 1866, parut une nouvelle édition, sous la rubriq ue :En Hollande. Enfin, Vital-Puissant donna son édition de Bruxelles, 1833-1871, avec la Préface de la 3e édition, augmentée d'un curieux passage sur George Sand. Les éditions qui suivirent se contentèrent générale ment de reproduire, avec quelques variantes, la préface de la 3 eédition et l'extrait desde Céleste Mogador Mémoires – quand elles ne se bornèrent pas à la publication du texte seul deGamiani.
Nous faisons suivre cette Notice de quelques docume nts qui sont, à notre avis, le complément indispensable de toute édition sérieuse deGamiani. Ce sont : 1. – La Préface de la 3eédition (Amsterdam, 1840-1864), avec les« inédites » Stances d'Alfred de Musset.
2. – Le passage sur George Sand, ajouté à la Préfac e de la 3eédition par l'éditeur Vital-puissant (Bruxelles, 1870). 3. – L'extrait desMémoires de Céleste Mogador, reproduit pour la première fois dans l'édition de Poulet-Malassis (Lesbos, s.d. 1864). Nous avons revu soigneusement ces documents sur les textes originaux, ce qui n'était pas inutile, les éditeurs duXXesiècle les ayant reproduits assez inexactement. Comme nous l'avons dit plus haut, pour le texte même deGamianinous avons suivi celui de l'édition originale de 1833. Les éditions suivantes et les réimpressions modernes y avaient apporté, en effet, des corrections qui n'étaient pa s toujours heureuses, et avaient en outre omis des mots et jusqu'à de courtes phrases. Bien que ces différences ne soient pas considérables, il est certain que le texte de 1833 est le plus correct et le plus complet. Nous l'avons donc suivi fidèlement, nous bornant à corriger une ponctuation parfois défectueuse et quelques fau tes imputables au lithographe.
Un seul mot, pour terminer. M algré les arguments d'Alcide Bonneau, nous ne croyons pas que l'attribution deGamiani à Alfred de M usset puisse être sérieusement contest ée. En revanche, nous pensons que l'attribution à George Sand de la seconde partie est du domaine de la pure fantaisie. Si nous reproduisons plus loin l'opinion de Gay à c e sujet et le passage d'un pamphlet diffamatoire utilisé par Vital-Puissant pour corser son édition, c'est uniquement pour mettre sous les yeux de nos lecteurs toutes les pièces d'u n procès qui appartient maintenant à l'histoire, et parce que la mémoire de George Sand, et son grand talent d'écrivain, universellement consacré, ne peuvent vraiment pas en souffrir. HELPEY, bibliographe poitevin
(1) Préface
Quelque temps après la Révolution de 1830, une diza ine de jeunes gens, pour la plupart destinés à devenir célèbres dans les lettres, la médecine ou le barreau, se trouvaient réunis dans un des plus brillants restaurants du Palais-Royal. Les reliefs d'un splendide souper et le nombre de flacons vides témoignaient en faveur du robuste estomac, et partant, de la gaieté des convives. On était arrivé au dessert, et tout en faisant péti ller le champagne, on avait épuisé la conversation sur la politique d'abord, et ensuite sur les mille sujets à l’ordre du jour à cette époque. La littérature devait nécessairement avoir son tour.
Après avoir passé en revue les divers genres d'ouvrages qui, depuis l’antiquité, ont tour à tour été l’objet d'une admiration plus ou moins passagère, on en vint à parler du genre érotique. Aussi, depuis lesPastoralesde Longus, jusqu'aux cruautés luxurieuses du Marqu is de Sade, depuis les Épigrammesde Martial et lesSatiresde Juvénal jusqu'auxSonnetsde L’Arétin, tout fut passé en revue. Après avoir comparé la liberté d'expression de Martial, Properce, Horace, Juvénal, Térence, en un mot, des auteurs latins, avec la gêne que s'étai ent imposée les divers écrivains érotiques français, quelqu'un fut amené à dire qu'il était impossible d'écrire un ouvrage de ce genre sans appeler les choses par leur nom ; l’exemple de La F ontaine était une exception ; que, d'ailleurs la poésie française admettait ces sortes de réticences et savait même, par la finesse et une heureuse tournure de phrase, s'en créer un charme de plus, mais qu'en prose on ne pouvait rien produire de passionné ni d'attrayant. Un jeune homme qui, jusqu'alors, s'était contenté d'écouter la conversation d'un air rêveur, sembla s'éveiller à ces derniers mots, et prenant la parole : « Messieurs, dit-il, si vous consentez à vous réunir de nouveau ici, dans trois jours, j'espère vous convaincre qu'il est facile de produire un ouvrage de très haut goût sans employer les gros sièretés qu'on a coutume d'appeler des naïvetés chez nos bons aïeux, tels que Rabelais, Brantôme, Béroalde de Verville, Bonaventure Des Périers et tant d'autres, chez lesquels l’esprit gaulois brillerait d'un éclat tout aussi vif, s'il était débarrassé des mots orduriers qui salissent notre vieux langage. » La proposition fut acceptée par acclamation, et tro is jours après, notre jeune auteur apportait le manuscrit de l’ouvrage que nous présentons aux amateurs. Chacun des assistants voulut en posséder une copie, et l’indiscrétion de l’un d'entre eux permit à un éditeur étranger de l’imprimer, en 1833 , dans le format in-4° et orné de grandes gravures coloriées. Cette édition, très incorrecte, fut suivie d'une seconde en 1835, sous la rubrique de Venise ; l'exécution typographique et la correction de celle-ci laissent encore beaucoup à désirer. En voici le texte : « Gamiani ou Deux Nuits d’excès par Alcide, baron de M***. À Venise, chez tous les marchands de nouveautés : Venise 1835, 1 volume in-18 de 105 pages, enlaidi de 10 gravures abominables ». Ces deux éditions sont devenues introuvables. Nous avons résolu d'en donner une nouvelle ; pour cela aucune dépense ne nous aura coûté. Les hu it gravures que nous y avons fait faire sont dues au crayon d'un artiste célèbre, et nous sommes parvenus, à l'aide d'un sacrifice assez onéreux à nous procurer une des copies manuscrites prises par les amis de notre jeune poète, à la suite du souper dont nous avons parlé plus haut ; et, par un bonheur exceptionnel, nous y avons trouvé jointes quelques strophes de la jeunesse de l'auteur, que nous nous empressons de publier en même temps, comme une véritable bonne fortune pour le lecteur. Sauf de légères incorrections, dues à l’inexpérience d'un génie essayant ses ailes, chacun y pourra reconnaître cette muse sympathique et gracieuse qui, pendant vingt ans, a fait les délices des gens de goût et dont le génie est encore regretté tous les jours. Notre jeune auteur eut le rare bonheur de laisser s a virginité à une femme, plus digne que beaucoup d'autres de cueillir la fleur de sa jeunes se ; mais malheureusement, cette femme possédait, comme toutes les autres, un léger quarti er de la pomme d’Ève, de sorte qu'elle le trompa. C'était son métier de femme, mais notre poè te, à qui toute impression donnait des spasmes, en garda la blessure saignante pendant tou t le temps de sa courte existence. Il voulut
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