L’amant surnaturel , livre ebook

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Sémou ne pouvait pas deviner l’état d’âme deNdaak. Celle-ci traversait une situation complexe, qu’elleavait du mal à maîtriser elle-même. N’eût été sa nature defemme, qui lui permettait de camoufler ses moindresémotions, elle n’aurait pu faire face à tant de« refoulements » ...Yade, depuis ce jour, était tiraillé pardes sentiments contraires. D’une part, il aimerait l’adoptercomme une petite sœur... D’autre part, il avait du mal àréprimer cette turgescence, qui fouettait son sang, enprésence de Sally ... Mais elle y prit goût très tôt et nepouvait plus se passer de ses ébats acharnés avec Ngoné...
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Publié par

Date de parution

01 janvier 2022

Nombre de lectures

277

EAN13

9782492152146

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

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L’amant surnaturel
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Tous droits réservés pour tous paysCopyright TEXE Editions ISBN : 978-2-492152-14-6
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 Mamadou Lamine Sanokho
L’amant surnaturel
ROMAN
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Chapitre 1
Installé à l’encoignure d’un carrefour, l’étal de Fara ne désemplissait jamais. Ndaak suivait d’un regard attentionné les doigts sales du cordonnier, qui nivelait les contours du cuir neuf, autour du gris-gris. En même temps, elle s’imaginait déjà mille et une choses, se délectant d’avance des avantages qu’elle pourrait tirer du port de son talisman.
Aux alentours, le carrefour, telle une fourmilière, vomissait d’énormesinsectesHommes, femmes etaux tenues bigarrées. enfants y déambulaient dans une ambiance dominée par la pétarade des motos-Jakarta mêlée aux bruits habituels de la ville.
Ndaak avait donné Dix mille francs aumarabout, qui avait écrit pour elle ce pentacle, jurant sur tous les saints de sa connaissance, que le talisman lui garantirait une attraction irrésistible auprès des hommes-coureurs-de-jupon.
« Me donneront-ils tout ce que je leur demande ? »
« Tout! Tu n’auras même pas besointendre la main. Ils de aboieront, ils baveront à tes pieds ! Lui avait assuré le marabout, tout heureux, ce jour-là, d’avoir trouvé de quoi nourrir sa femme et sa marmaille. »
 Sur le banc de Fara, attendaient huit autres jeunes filles, toutes empressées de se faire confectionner des talismans, susceptibles de les tirer d’affaire. Et lui, tout malicieux, profitait souvent de l’inadvertance d’une clientèle, pour lui voler un pentacle ou d’autres carrés cabalistiques, qu’il pourrait revendre à d’autres filles. N’étant pas lui-même
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marabout, il usait de son larcin pour se faire une part belle auprès des femmes incrédules, qui lui donnaient un bon prix pour cette fraude.
L’étal du cordonnier était dérisoire. Juste abrité par l’auvent de zinc d’un magasin dont les portes s’ouvraient dans la rue. Rien n’était gratuit à ce moment. Fara payait pour le logis chaque fin de mois. Et normalement il ne devait pas se plaindre, car la confection des gris-gris rapportait gros.
 On voyait rarement des hommes devant sonétal. C’étaient les femmes de tous les âges, qui se bousculaient sur son banc, du matin au soir. A voir ces mères de famille, ces jeunes filles obsédées par le besoin de trouver des « mecs » à plumer, et même de vieillesgorgonesridées, désireuses de toutes repousser le souffle de la mort par on ne sait quel procédé mystique ; à les voir toutes cramponnées à leurs talismans et autres fétiches, on eût dit que le monde était régi par les distributeurs de pentacles ou par la sorcellerie.
Dieu n’existait quepour la forme. Juste à l’occasion de la fête du mouton ou du couscous ! Ou quand il était opportun de se maquiller et faire la parade lors du maouloud et des chants religieux, au cours desquels les femmes s’encombraient de mèches synthétiques et d’une dépigmentation, qui ferait frémir Yacine Boubou dans sa tombe.
 Ndaak était une drôle depoupée noire. Elle avait des mèches blondes, qui détonnaient avec son teint de sahélienne. Elle ne s’était pas encore dépigmentée, car tout le monde lui disait qu’elle avait une belle peau noire. Mais elle n’avait de sa race que la couleur de l’épiderme. Avec ses mèches blondes, ses
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ongles vernis au rouge et son blue-jean délavé, qui glissait vers le bas, mettant à nu la raie de ses fesses, elle ressemblait au dessin hybride d’un plasticien mal inspiré.
 La plupart des filles assises sur le banc avaient le même accoutrement obscène et le même type de coiffure façonnée par les mèches synthétiques de toutes les couleurs.
 Fara en bavait intérieurement. Entre deux ou trois trous percés dans le cuir par son curseur, il avait du mal à retenir ses œillades, qui se perdaient sur les bouts de seins dénudés ou les entrejambesexhibitionnistes.
 Partout dans les rues, les jeunes filles lâchent une aura de charmes obscène, digne des prostituées des maisons closes.
 Se rendent-elles compte de cette bestiale volupté, qu’elles ont héritée des mœurs légères du petit écran? Sont-elles réellement conscientes de leur acculturation ?
 En tout cas Ndaak, malgré ses études secondaires,n’avait d’attention que pour ce narcissisme féminin, qui la poussait à donner une valeur à ses charmes, par tous les moyens saugrenus possibles.
 Le « sex-appeal» est à la fois l’attirail et l’astuce prisés de la gent féminine des nouvelles générations. Elles écrivent en lettres d’or, partout au gré de leur va-et-vient :« Regarde-moi ! Comme je suis belle ! As-tu vu mes fesses ? As-tu vu mes jambes ? As-tu…»
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En vérité ce sont les symptômes avancés d’une aliénation sociale qui ne présagent rien de bon. Car, désormais, dans les grandes cités africaines, tout est à l’envers.
Ndaak dut attendre un bon quart d’heure avant de recevoir son gris-gris. L’odeur du cuir de bouc neuf piquait ses narines. C’était un talisman« estampillé » des deux côtés de cauris. Elle devait le cacher dans ses tresses ou parmi ses mèches artificielles, selon sa coiffure du moment.
 Elle ouvrit son sac à main, en retira un billet de mille francs et le remit au cordonnier. Puis, elle s’éloigna de l’étal, laissant une autre clientes’entretenir avec Fara, à son tour.
Elle avait hérité de sa grande sœur cette obsession du « maraboutage ». En effet Ndaak vivait avec sa sœur aînée depuis sa plus tendre enfance, et avait la même dévotion que Oulèye visà-vis des féticheurs de tout acabit. A l’insu,bien sûrde son mari, Bass, qu’elle s’acharnait à maintenir monogame.
 A son tour, ayant appris à voler de ses propres ailes, Ndaak savait où dénicher des féticheurs, pour vaincre ses menus enquiquinements. D’ailleurs elle ne pouvait pluss’en passer! Elle avait pris goût à la sorcellerie et le port des pentacles, convaincue que cela la protégeait contre les déboires de la vie : y compris le mauvais œil et la mauvaise langue.
 Jusque-là elle progressait dans ses études et préparait cette année le baccalauréat. Sémou, son petit ami, était amoureux fou d’elle. C’était pour mieux l’enchaîner à ses basques, qu’elle avait cherché ce nouveau talisman. Il fallait que Sémou
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