Le labyrinthe d'Éros , livre ebook

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2015

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Monde poétique, monde de sexe, monde sordide.


Notre héroïne vit des instants de bonheur, mais aussi de sordides situations.


Un véritable amour, qui reste inachevé. Une soumission proche de l'irrationnel.


Un labyrinthe de scènes érotiques, reflet d'une vie de souffrance avant la délivrance par une terrible vérité.

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Publié par

Date de parution

19 octobre 2015

Nombre de lectures

163

EAN13

9789522735294

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Jean-Jacques Blanc
Le Labyrinthe d ros
rotisme



2014-2015 Jean-Jacques Blanc Tous droits r serv s
Couverture r alis e par Suzanne Roy, pour Atramenta

Premi re dition : Mars 2014 Seconde dition : Octobre 2015, par :
Atramenta
www.atramenta.net
*
L amour nuit plut t aux transports
de la jouissance qu il n y sert.

Marquis de Sade
1
PARIS, 1953

Ren parcourt le jardin du Luxembourg, qui est presque d sert. La lumi re du matin est blanche et douce. Entre les troncs des marronniers. Des chaises de fer clairsem es, laiss es au hasard par un public, pr sent disparu. L eau des bassins frise sous une brise l g re, refl tant un ciel sans nuage. Ce n est pas sans une certaine m lancolie qu il marche lentement dans les all es de graviers blonds encore humides de la ros e de la nuit. Soudain, le jardin semble se dissoudre et dispara tre, comme une f e transforme un monde sans saveur en paysage de sucre d orge. Appara t, enfin, celle qu il aime. N e des muses comme symbole d immensit . Voil qu elle avance vers lui avec son charme myst rieux. La voir l , comme on contemple les toiles avec des yeux qui s interrogent devant tant de beaut . Elle se h te en souriant. Ses beaux yeux au reflet de lointains oc ans. Un rayon de soleil s accroche sa chevelure, qui s enflamme, blouissant encore davantage la vision de l tre aim . Les larmes aux yeux, Ren s agenouille pour embrasser le bas de sa robe de soie.
- Ren !
- Ma bien-aim e ! Que peut faire un chevalier sans armes ?
- Rester debout pour plaire sa belle.
- Ordonnez seulement.
- Ren , arr tez de faire l enfant.
- cet instant, je m veille d un songe.

Le jeune homme se rel ve comme regret. La sensation des choses qui les entourent dispara t par la force de leur amour, unis dans un m me baiser passionn .
- Ren , une bonne nouvelle pour moi.
- Ta tendre m re m accorde ta main.
- Ren !
- J ai encore dit une b tise.
- Maman m a offert une Buick d capotable.
- Excellente nouvelle.
- Elle arrive des tats-Unis dans environ un mois.
- Si l on f tait cet v nement devant une tasse de th ?
- Je pr f re la saveur de tes l vres.
- Isabelle, ma bien-aim e.
- Ren , je t aime, je t aime.
Ils changent sous les marronniers de tendres baisers. Ils serpentent pr sent les all es. Ils s arr tent un moment au grand bassin, leurs visages semblent jouer sur l onde, comme le soleil joue sur les pelouses o sautillent quelques fr les moineaux.
- Ren , tu restes Paris pour les vacances de P ques ?
- Oui.
- Tu passes encore tes nuits d barder des camions aux halles pour payer tes tudes ?
- Je ne suis pas le seul.
Isabelle se lance :
- Ren , laisse-moi t aider.
- Pas question.
- C est un investissement pour ton avenir.
- Investissement ?
- Je ne suis pas une affreuse capitaliste !
- Isabelle, ne laissons pas les choses de l argent envahir notre vie amoureuse. Malheureusement, les barri res sociales restent parfois infranchissables. Notre amour ne doit pas rester un po me inachev .
Un po me inachev , songe Isabelle.
- Ma ch rie. Un seul plissement de tes cils a plus de force qu une arm e et peut changer les plus funestes destins.
Quelques baisers vol s encore au temps qui fuit. pr sent, Ren regarde Isabelle distance pour ne pas tre vu du chauffeur qui ouvre la porti re d une longue limousine noire.
Les paupi res ferm es, il bauche un l ger sourire ; il oublie un instant qu il existe un mur infranchissable entre sa position sociale et celle de la femme qu il aime. Il garde encore cet instant sacr dans sa m moire, la douceur de la voix qui lui disait " je t aime, mon amour . Il se sentait dans un tat trange, en proie une motion confuse, immense la fois, d angoisse et d extr me bonheur. Il cria de toutes ses forces en levant les yeux vers l immensit du ciel.
- Isabelle, je t aime.
2
La nuit est pluvieuse. Les camions et camionnettes forment un ballet baroque. mesure que la nuit avance, une montagne de fruits et de l gumes envahit les trottoirs des halles. Les formes grises des d bardeurs s agitent sous les regards vigilants des forts des halles en blouses bleues. une heure du matin, au Pavillon Baltard, la marchandise repose en paix avant l agitation du petit matin o tout change de mains. Au restaurant Au pied de cochon ou bien Au chien qui fume , des snobinards du Tout-Paris d gustent une soupe l oignon. C est l heure aussi o les trimards de la nuit se r fugient dans les caf s devant un verre de rouge et un cornet de frites bien chaudes.
Ren est en compagnie de Michel, un semi-clochard qui dort souvent sur une p niche de l Arm e du salut qui stationne sur les quais de Seine. Assis une table devant un caf cr me, il parle po sie.
- Ren , en lisant Stefan Zweig, j ai d couvert Hofmannsthal, un type comme Rimbaud ou Keats.
- Au m me niveau de cr ation ?
- Un gar on pr coce, divinement dou , un lyc en encore en culotte courte, qui crit des po mes magnifiques sur ses seize premi res ann es.
- Tu aimes ce po te ?
- coute un peu :

Nous sommes de la m me toffe que les songes,
Et les songes ouvrent leurs yeux, pareils
de petits enfants sous les cerisiers

Ren reste songeur. Michel ressemble ce po te qui change toute la mis re du monde en or. Magicien des mots, navigateur de l imaginaire, le po te doit quitter ses oripeaux de chair, fait vibrer sa fr le carcasse l unisson de l univers. Le vagabond s endort sous les orages sur un lit de feuilles mortes. Heureux ou malheureux ?
- Ren , tu deviens m lancolique ?
- Non, la fatigue.
- Tu as cours aujourd hui ?
- Oui.
- Ren , tu veux devenir avocat ?
- C est peut- tre mon c t Don Quichotte.
Michel sourit dans sa barbe rousse.
- Tes parents ne peuvent pas t aider ?
- Ils tiennent une petite picerie Meaux. Et mon p re a perdu un bras en 40.
- Je vois.
- Alors je bosse pour payer ma chambre chez Mme Becquerel.
- Tu habites avec une vieille dame ?
- Cette dame est la veuve d un colonel. Elle me loue une grande chambre dans un vaste douze pi ces au troisi me tage avec ascenseur.
- Elle loue seulement des tudiants ?
- Oui. Mais j ai l obligation de lui lire Le Figaro chaque soir que Dieu fait.
Michel allume sa pipe et tire quelques bouff es.
- a paye avocat ?
- Michel, tu parles argent ?
- Pourquoi fais-tu des tudes ?
- Pour avoir un m tier, tre utile la soci t .
- Aider de pauvres gens divorcer, r ussir de belles plaidoiries pour sauver la t te d une criminelle. Laver le linge sale de la soci t .
- Je peux aussi tre de l autre c t , dans la magistrature.
- Ren , tu as un probl me avec l argent ?
- Un peu.
- L argent manque singuli rement de po sie.
- Comme le bruit d une chasse d eau ?
- Tu voudrais que toutes les choses soient po sie.
- In der Mitte aller Dinge !
- Je ne comprends pas l allemand.
- On doit lire le po me dans la langue maternelle du po te.
- Devenir polyglotte.
- Comment regardes-tu un tableau dans un mus e ?
- Avec l il du na f.
- Un regard sans culture.
- Si, mon motion est sinc re.
- motion, un mot fourre-tout.
- Explique.
- Le peintre se moque de ton motion. Lui chemine avec ses couleurs la recherche d une esth tique qui reste un pur hasard.
- Sa peinture reste un produit du hasard ?
- La peinture qui nous parle comme une photo reste une imitation de la nature. La mati re brute des couleurs doit transcender la forme d une pens e cr atrice d une violence quasi cosmique. Le peintre doit tre un cr ateur, l gal d un dieu. Cependant, le peintre n a pas de pouvoir divin. Le hasard ach ve son uvre. Le tableau chappe son cr ateur. C est la vision du spectateur qui prend en charge le d sordre du hasard pour arriver la vision du peintre.
Pour Ren , la th orie de son compagnon de mis re reste absconse. Quand il sort du caf , l aube pointe au-dessus des pavillons, d une lumi re dor e.
3
Allong e sur une chaise longue l ombre d un parasol, face la mer qui scintille sous la lumi re crue du soleil, Isabelle, lasse de lire, laisse sa r verie voyager un moment vers cet hier qui vit na tre son amour. Un cercle de po tes amateurs organisait une soir e de lecture dans le salon priv d un grand h tel. Elle accompagnait une amie tr s proche, qui tenait lui pr senter un po te cher son c ur. La soir e lui parut bien longue, la limite de l ennui. Et puis soudain, une voix chaude, presque m lodieuse, le rythme la bonne cadence, simple, claire, et qui se mettait humblement au service du po me. C tait beau. Isabelle, peu sensible la po sie de Goethe, tait sous le charme. C tait comme la puissance d un V suve humain qui l envahissait et baignait de larmes son regard qui troublait la vision du jeune homme qu elle voulait d couvrir. Pour la premi re fois de sa vie, la simple voix d un homme qui d clamait un po me la bouleversait.

Le parc Monceau servit de d cor leur premier baiser. Jacques, une relation de la facult de droit, lui avait pr t un costume de flanelle blanche et des chaussures de grande marque. Ses boucles blondes revisit es par un coiffeur de renom. Une manucure pour soigner ses mains ab m es par le dur labeur des trimards. Il avait m me r vis quelques po mes pour charmer encore une fois la sublime jeune fille de la haute soci t . Isabelle, blouissante dans sa robe de printemps, noyait son regard dans le lac vert clair des yeux du beau jeune homme. Le bonheur a l horloge du c ur. L instant tait trop fantastique, la symphonie du silence jouait sa partition. Leurs yeux, seuls, parlaient d j d un amour infini. travers le vaste parc, ils s avan aient lentement. Leurs vies taient li es, pr sent, comme une destin e, jusqu au seuil de l inconnu.
4
Isabelle, qui suit des cours sur l histoire de l art, visite le Mus e du Louvre en compagnie de Ren .
- Un ami de ma connaissance pense que le hasard prend sa part dans l ex cution d un uvre d art.
- La peinture, c est d abord la vue, bien avant les couleurs et les imitations qu il expose au regard des autres. La vue est bien plus subjective que toutes les litt ratures.
- Et la po sie ?
- La po sie utilise l artificiel,

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