Les bâtons à sang blanc (pulp gay) , livre ebook

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Les bâtons à sang blanc

AbiGaël

Pulp de 123 000 caractères
Naissance de l’humanité. Les néandertaliens affrontent sans pitié les sapiens-sapiens. Mais qui sont donc les hommes du troisième type qui n’apparaissent jamais que masqués ? Chamanes, sorciers ou chefs occultes, ils régissent le monde d’alors, empêchant les massacres interethniques. Leur secret est si atroce qu’on les fait disparaître.

Dès lors, quelle sera l’espèce humaine survivante, en ces premiers âges farouches ? Faudra-t-il un combat des chefs pour conclure ? Oui, mais il faut pour cela que les valeureux adversaires sacrifient leur virilité. Lorsqu’ils le découvrent, ils y sont prêts, mais l’orage survient...
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Date de parution

24 janvier 2013

Nombre de lectures

18

EAN13

9782363075307

Langue

Français

Les bâtons à sang blanc
AbiGaël
Au temps des âges farouches En hommage à Yves Coppens, le « papa » de Lucy ; aux auteurs de l’émission « L’odyssée de l’espèce », réalisée sous son égide ; à Jean-Jacques Annaud [La guerre du feu] ; à Jean Auel [l’américaine auteur de la série « Les enfants de la Terre »] et… mais oui, ne rejetons pas nos valeurs, aux scénaristes et dessinateurs de Rahan, le fils de Crao, dont la BD accompagna une part de mon adolescence. Nous sommes environ 20 000 ans avant notre ère, en pleine période glaciaire. C’est l’époque où homo Sapiens-Sapiens, c'est-à-dire Cro-Magnon, s’oppose à homo Néandertalicus en de féroces combats d’extermination mutuels. N. B. Je ne suis pas paléontologue. Faute de connaître l’état exact des connaissances technologiques des deux espèces humaines en présence à cette époque, je n’ai pas cherché à respecter stricto sensu la vérité historique. Les puristes pourront donc me voler dans les plumes en toute liberté. Ce récit est une pure fiction, dont je déconseille fortement la lecture aux âmes sensibles !
LesOàs En ce temps-là, l’espèce humaine occupe majoritairement les grandes plaines centrales de l’Europe orientale et du Moyen-Orient, entre la limite des glaces et les mers. Ces glaciers subpolaires s’étendaient bien plus au sud que de nos jours et le climat général était très rigoureux. Les chasseurs pouvaient croiser dans un même périple journalier des mammouths, des rhinocéros laineux, des lions des cavernes ou des bisons. Les humains se répartissaient en trois ethnies différentes : les Hoas, les Moas, et les Koas. Globalement, ils n’étaient pas si nombreux que cela, et leur survie quotidienne relevait d’une lutte sans merci : contre les éléments naturels, contre les animaux féroces et contre leurs propres congénères, avec lesquels ils cohabitaient tant bien que mal. Les Hoas sont grands, élancés et relativement peu velus. Leur front est haut, le cerveau très développé. Ils sont véloces à la course et utilisent la ruse et la finesse beaucoup plus que la force, lors de la réalisation de leurs grandes chasses collectives. Il en est aussi de même à l’occasion des meurtriers combats qu’ils mènent depuis la nuit des temps contre les Moas, leurs cousins humains, qui sont leurs plus grands ennemis. Leurs armes et leurs outils sont légers, faciles à manier, et requièrent plus de souplesse et de vitesse que d’énergie brute. Les Hoas vivent en plaine, dans les grandes steppes des contrées méridionales, sous les latitudes non prises dans les glaces, ainsi que dans les savanes subtropicales. Ils construisent des huttes aux toits paillés, semi-enterrées. Elles sont disposées en cercles autour des équipements collectifs rudimentaires, comme le four ou les silos à grains. Tout cela se démonte et se transporte facilement. Les Hoas sont donc nomades. Ils se déplacent sans cesse dans les grandes plaines un peu tempérées au gré de leurs chasses, allant d’un site semi-aménagé à un autre. Ces campements rustiques étaient déjà occupés par eux-mêmes précédemment, créés pour l’occasion, ou déjà utilisés avant eux par leurs pères et leurs ancêtres. Les Moas ont les arcades sourcilières proéminentes, le menton prognathe et le front fuyant. Ils sont trapus et beaucoup plus velus que leurs cousins Hoas. Mais ils sont d’une force incroyable. Leurs adolescents se mesurent sans cesse à savoir qui soulèvera le yack ligoté le plus lourd. Durs au labeur, durs à la peine, les Hoas viennent à bout de leurs ennemis par action directe de la force brute, servie par des armes encore rudimentaires, mais très meurtrières. Et lorsque cette force est conjuguée entre les membres d’une bande serrée de Moas adultes, il ne fait pas bon tomber entre leurs pattes, que l’on soit bête pacifique, bête féroce ou simplement… Hoa. Les Moas vivent sur les flancs des escarpements et dans les zones semi-montagneuses. Ils affectionnent particulièrement l’entrée des cavernes et les abris sous roche. Ils s’y protègent des intempéries et du vent par des auvents et des cloisons de peaux qui complètent les protections rocheuses naturelles. Et les Koas ? Nul ne sait qui sont les Koas, ni d’où ils viennent. Ils sont peu nombreux. Ils sont toujours vêtus d’épaisses fourrures qui cachent leurs formes. Leurs visages sont couverts de volumineux masques guerriers qui les dissimulent aussi à l’identification. Ils vivent entre eux, très à l’écart des clans. Ils gouvernent le monde des sages et parlent toutes les langues, communiquant même avec certains animaux. Ils sont à la foi chamanes, juges, magiciens, sorciers et prêtres. Ils président à certaines cérémonies d’inhumation collectives dans les tribus et organisent les grands rassemblements périodiques des Hoas et des Moas. Ce sont des arbitres qui règlent les conflits entre les clans, entre les tribus. On ne discute pas la décision d’un Koa, ou bien on est un homme mort. Les Koas possèdent en effet droit de vie ou de mort sur chacune des deux ethnies, et tout le monde sait qu’ils peuvent tuer un homme rien qu’avec leurs formules magiques ou en plantant des aiguilles d’os dans une poupée à son effigie.
D’où lui vient ce pouvoir exorbitant ? De la sagesse ! Sans les Koas, il n’y aurait plus ni Hoas ni Moas, qui se seraient entre-exterminés depuis longtemps. Car les Hoas et les Moas sont en guerre… Depuis toujours ! Plus qu’une guerre, c’est la survie de l’une des deux races humaines qui est en jeu. Mais cela, ni les Hoas (Homo Sapiens) ni les Moas (hommes de Néandertal) ne le savent… Alors, pour que la vie reste supportable, les Koas ont institué des codes de vie. Chaque tribu vit séparément, et se partage des territoires de chasse. Ceux-ci sont réattribués régulièrement en fonction des préférences de chaque clan et des effectifs de chaque tribu. Tout conflit est immédiatement porté à la connaissance des Koas, lesquels jugent souverainement. De fait, les conflits armés sont rares. Toutes les demies-lunaisons, chaque clan doit apporter son quota de vivres et de viandes séchées aux Koas, qui ne chassent pas ; ils vivent ainsi d’offrandes en provenance des Hoas et des Moas. Toutes les dix fois dix lunes [après on ne compte plus, il n’y a plus assez de doigts], les Koas organisent un rassemblement « Le Grand-Frottement-des-Esprits » pour maintenir le contact entre les tribus et éviter les guerres de clans. Il s’y pratique à chaque foi un curieux rituel, social, politique et... [et cela, je ne vous le dis pas encore ; NDLA]. Chaque clan sélectionne les plus forts et les plus costauds de ses jeunes adultes mâles. Il faut que ces chasseurs ne soient pas encore engagés avec une compagne. Les épreuves de sélection se font au cours de joutes où l’adresse et la force se défient, et qui durent plusieurs jours. Les plus malins affrontent les plus forts ou les plus déterminés, avec l’idée, reçue depuis toujours, que l’honneur de chaque foyer, de chaque clan, de chaque tribu est en jeu. Après avoir ainsi passé moult épreuves sous le regard des anciens de chaque clan, dans chaque ethnie, Hoa d’un côté et Moa de l’autre, les dix plus beaux chasseurs de chaque bord seront sélectionnés des deux côtés parmi les vainqueurs des épreuves. Dix Hoas et dix Moas seront alors envoyés au Pays des Koas. Nul ne monte jamais au Pays des Koas. Ce sont toujours eux qui apparaissent, par surprise, quand on les attend le moins. Car les Koas mènent une vie errante, toujours vêtus de hardes de fourrures et de masques à faire peur. Ils rôdent en permanence, prêts à intervenir en cas de problème, prêts à régler les conflits. Ils descendent en plaine, au milieu des Hoas, ou bien ils montent vers les vallées occupées par les Moas. Nul n’a jamais vu où ils se terrent, mais on « sait » où les trouver. Il suffit de suivre les pistes immémoriales balisées par des perches, et qui sont surmontées tous les quinze cents pas par un massacre de yack. On sait que c’est loin. De nombreux jours de marche. Mais qui oserait s’y aventurer ? Moins on a affaire aux Koas mieux c’est. Brrrh !... Les sélectionnés de chaque tribu, eux, vont devoir oser s’y aventurer. Ils le devront, après une ultime sélection. Elle aura lieu dans l’enclos du Lac des Esprits, pour les clans des Hoas, et dans l’arène de la Faille Profonde, pour ceux des Moas. Ils le doivent. C’est un devoir du clan. Ils le savent depuis le jour où le Chamane a éveillé leur esprit. C’est la condition de la survie de la tribu. C’est imprimé dans les gènes… Ils savent qu’ils auront à affronter dix congénères de l’autre tribu. Ils savent que leurs adversaires seront aussi les meilleurs et les plus fiers mâles d’en face. Mais pour faire quoi ? Mystère… Tout ce qu’ils savent c’est que, depuis la nuit des temps, on n’a jamais vu revenir dans sa tribu l’un des « Envoyés ». Ce qu’on sait aussi, c’est que depuis qu’il y a ce «Grand-Frottement-des-Esprits» ceux d’en bas ne sont plus en guerre avec ceux d’en haut. Alors, la crainte, la grande peur de l’inconnu dominent aussi sur la fierté d’avoir été choisi, d’avoir honoré le clan et de contribuer à la paix. Deux hommes sont choisis pour chaque clan, ce sont les « Élus » ; dix d’entre eux partiront chez les Koas, pour chaque ethnie, ce sont les Envoyés.
Tioral Tioral est un Hoa. C’est un fier chasseur à l’arc qui a développé, outre une belle musculature, une très grande précision de tir. Il figure parmi ceux qui ramènent le plus de gibier quotidiennement au clan. On a voulu lui donner une compagne, il y a plusieurs lunes. Mais Tioral n’aime pas les femelles criardes et grincheuses, qui jacassent autour de lui. Il préfère la solitude des grandes plaines, le contact avec les loups, qu’il ne craint plus depuis longtemps, surtout quand il est protégé par ses armes. Ne sont-ils pas l’emblème de son clan ? Il préfère les contacts furtifs avec d’autres chasseurs, établis au gré des traques, ou avec Grotir, son cousin. Comme il n’a pas de compagne et que c’est un beau mâle, Tioral a naturellement été retenu pour être « Élu » auGrand-Frottement-des-Esprits. Il est fier d’avoir été choisi par Grachil, le chef du Clan des Loups, comme étant le plus beau chasseur parmi les plus adroits du clan. Grotir, son cousin, est timide. Beaucoup trop timide. Lui non plus n’a pas de compagne. Comment pourrait-il en être autrement ? Il est tellement bègue qu’il ne peut guère s’exprimer. Mais Grotir sait très bien parler avec les mains, avec sa tête, avec ses yeux, avec ses grognements. Et quand ils chassent ensemble et que les mains de Grotir attrapent le torse de Tioral, lorsqu’ils s’arrêtent de courir dans la plaine pour un moment de repos, lorsque le Bègue part en exploration dans son entrejambe, lorsque le bâton à feu de Tioral se met à lui gonfler dans les mains, il n’a pas besoin de parler pour se faire comprendre… D’ailleurs, Tioral non plus ne parle pas, dans ces moments-là. Les grandes herbes dans lesquelles ils se couchent tous les deux, serrés l’un contre l’autre, sont alors témoins de frottements qui ne doivent rien aux Esprits… Tioral est heureux que son cousin Grotir ait aussi été choisi par Grachil. Il est vrai qu’ils ont tous deux dominé les épreuves du clan des Loups avec insolence. Mais ils ont vécu plus de lunes que les autres concurrents, ce n’est donc pas anormal… Ainsi Grotir sera avec lui. Le problème de Grotir c’est que, même s’il a développé une splendide armature musculaire, ce dernier est quasiment muet, comme on a dit. Ils se soutiendront quand même moralement si l’un des deux est Envoyé et doit aller affronter tout seul le grand destin inconnu, au Pays des Koas.
LeLac des Esprits
Les tam-tams ont battu toute la nuit, pour sonner le rassemblement des « Élus » de la tribu des Grandes Plaines. L’endroit mystique est le grand totem grimaçant, au bout du Lac-des-Esprits. Grachil les y a guidés. Le totem des Hoas est au milieu d’une enceinte sacrée, où seuls les chefs de clan, les Koas, et les « Élus » des épreuves peuvent pénétrer. Ils y attendent les autres chasseurs guerriers, élus par les clans de l’Élan, du Renne, du Yack, du Bison, du Cheval, du Mammouth, du Rhinocéros, du Lion et du Tigre. Ils se sont rassemblés en silence, chacun sous l’égide de son chef de clan respectif, en attendant la montée de l’astre...
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