Merci à ces hommes qui ont fait de moi une lesbienne , livre ebook

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Montréal 2000-2010, sur le “ prestigieux ” Plateau Mont-Royal, une jeune femme lutte avec elle-même et le monde, pour mettre en place son identité. Elle vit avec un homme plus vieux qu’elle, brillant musicien montréalais, artisan créatif, noceur alerte. Mais la relation s’enlise. La baise perd graduellement son ardeur et sa passion. Et surtout cette jeune femme ressent une pulsion l’attirant de plus en plus fortement vers d’autres…
De relation en relation, d’homme, en transgenre, en femme, en bi, en femme, en transgenre, en homme… nous avancerons, avec l’auteure, le long de l’inexorable dégradé émotionnel et sexuel l’amenant tout doucement vers son lesbianisme.
Ceci est le roman-vérité sans concession d’une femme à principes. En effet, la tempête émotionnelle et sexuelle qu’elle va traverser, pendant une décennie cruciale, se complète d’une formidable rigueur philosophique. On œuvre ici, entre autres, à démontrer que la bisexualité n’est en rien une sorte d’état transitoire bancal ou “mélangé” mais une orientation sexuelle de plain-pied en laquelle la romancière croit et continue fermement de croire, même après son passage au lesbianisme.
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Publié par

Date de parution

03 mai 2011

Nombre de lectures

863

EAN13

9782923916293

Langue

Français

MERCI À CES HOMMES QUI ONT FAIT DE MOI UNE LESBIENNE
JOSIANNE MASSÉ
© ÉLP éditeur, 2011 www.elpediteur.com elpediteur@yahoo.ca
ISBN 978-2-923916-98-9 (Immateriel.fr) ISBN 978-2-923916-29-3 (iTunes)
Image de la couverture : Mélanie Crête
Polices libres de droit utilisées pour la composition de ce billet : Linux Libertine et Libération Sans
ÉLP éditeur, le service d'éditions d'écouter lire penser, un site dédié à la culture Web francophone depuis 2005, vous rappelle que ce fichier est un livre numérique (ebook). En l'achetant, vous vous engagez à le considérer comme un objet unique destiné à votre usage personnel.
Prologue
Entre ce que je suis et ce que j'ai été, ce qui m'a construite et comment on m'a démolie : il y a tout un monde de nuances que peu de gens ont compris.
Tout ne sera jamais noir et blanc, la vie – la mienne – est agrémentée de tons de gris et de couleurs qui font de chaque instant un moment si spécial. À d'autres, j'évoque mes récits en noir et rose. Qu'il soit triste ou mal" heureux, ce n'est pas ce qu'est l'évènement qui le définit, mais comment on choisit de le vivre.
Je m'éventre publiquement et j'emporte avec moi des morceaux de tous ceux qui se sont évaporés. Je n'en suis pas à mon premier péché.
Chapitre 1 Le début de la fin
Il est assis dans son fauteuil beige. C'est un vieux fau" teuil décoloré qui a trop d'histoires, le genre de meuble que l'on retrouve sur les trottoirs et que tout le monde ignore. Chaque fois que je m'assois dessus, je m'imagine des milliers d'acariens qui s'invitent sur ma peau et sous mes vêtements. Je les imagine s'accrochant à mes poils de bras pour procréer tout en avançant sur mon corps à explorer. Je me demande s'ils se suicident du haut des mes seins quand ils ont terminés ou s'ils empruntent le chemin contraire pour retourner jusqu'au fauteuil beige. Je pour" rais presque les sentir maintenant que ça me démange un peu partout. Je suis debout à regarder mon homme tout en tentant de contenir mes impulsions hypocondriaques. Son assiette est posée sur son ventre. Son ventre est trop gros, mais le mien aussi alors je ne lui dis rien. Il
mâche bruyamment sa dernière bouchée avant de me regarder quelques secondes et de me sourire pour me dire qu'il m'a vue. Son sourire est poli, mais dénué de tout sen" timent sincère. Il expulse de l'air accompagné d'une réson" nance motivée. Il tente un timide « pardon » parce que je suis dans la même pièce que lui, mais sa première voyelle est immédiatement happée par une deuxième expulsion d'air qui me renvoie des effluves de son dernier repas.
« Je vais me coucher », lui dis-je en regardant le plan" cher. Je ne lui dévoile cette information que par obliga" tion. « Bonne nuit », me répond-il, sans se tourner vers moi. Je ne m'attends pas à plus. On ne se donne que le mini" mum et chaque miette de bonté est calculée. Je n'ai pas le temps de faire trois pas que je l'entends me lancer : « As-tu envie ? »
Je ne sais pas s'il me parle de mon envie d'uriner ou de celle de faire l'amour avec lui. Je n'ai envie ni de l'un ni de l'autre, mais je réponds tout de même par l'affirmative.
« Vas-y, je vais te rejoindre », me dit-il sans changer quoi que ce soit de son intonation.
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Je me rends à la chambre en pratiquant mes sourires. Les femmes doivent savoir se soumettre à ce genre de requête pour le bon fonctionnement du couple. C'est l'une des choses que j'ai apprises de mon expérience de putain. J'enfile mes plus beaux sous-vêtements, les plus récents, les moins usés. Ceux qui n'ont connu que cette histoire. C'est une délicate attention d'une femme qui n'a pas autant à donner, qu'un amour essoufflé.
J'entends l'eau couler dans la salle de bain alors que je me fais belle pour lui. Je l'imagine se brosser les dents, mais aussi se laver le sexe à la débarbouillette parce que l'eau coule trop longtemps.
L'eau se ferme. Je prends une pause sur le lit. J'essaie de me faire aguichante. Je force un sourire. J'essaie de provo" quer quelque chose dans mon regard que je sais éteint depuis longtemps. Je sais que j'y arrive de moins en moins bien, mais j'essaie tout de même.
Il arrive en sous-vêtements devant moi. Des sous-vête" ments d'un gris usé. Des sous-vêtements qui en ont vu des chattes et des lits. Des sous-vêtements trop grands, qui donnent davantage une allure de couche que de quoi que ce soit d'autre. Il y a un vieil homme en couche qui veut me baiser. Il se tourne vers mes tables de nuit que nous
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avions empilées parce que nous manquions d'espace et il allume des chandelles à la fragrance de vanille. Il en allume une, puis deux.
Il se laisse tomber dans le lit après avoir retiré lui-même sa couche et s'active mécaniquement. J'ai le droit à deux fois trois tours de langue dans ma bouche, quatre pétris" sages de mon sein gauche et trois petites pressions circu" laires sur mon clito. Ensuite, il embarque sur moi en gro" gnant qu'il a mal, ce sont ses articulations ou c'est son dos ou c'est simplement le temps humide qui s'acharne sur lui. C'est déjà trop dit pour le peu d'entrepris. J'ai les yeux fer" més. Je stimule des pensées perverses pour que mon sexe glisse assez. Sans condom, le sexe devient pervers pour les femmes au désir solitaire. Je le sens se glisser en moi dou" cement. Ce serait bon si je n'anticipais pas ce qui va se produire. Un coup de bassin. Deux. Trois. Il se roule sur le côté en s'excusant. Je n'arrive plus à contenir ma déception. « C'est ok », lui dis-je sans conviction.
Je me lève pour aller chercher une serviette. Je veux tout de suite essuyer sa jouissance de mes cuisses et de mon sexe. Je ne veux surtout pas de sa semence entre mes cuisses, substance poisseuse qui glisse et s'impose en
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temps de façon exponentielle en comparaison à la durée de l'action amoureuse.
Une semaine plus tard, je m'éveille d'un état léthargique alors qu'il pousse un cri pénible, une plainte que j'associe malgré moi à une douleur atroce. C'est peut-être le cas, mais c'est toujours ce bruit insoutenable qu'il fait lorsqu'il tente de se lever de son fauteuil beige. Je ne peux pas croire qu'on souffre autant sans jamais vouloir remplacer l'horrible chose beige qui prend toute la place de notre minuscule salon.
Il me dit que je suis belle en flattant mes cheveux d'une main qu'on croirait prise dans une mitaine. Je le remercie, sans retourner son compliment. Je ne le trouve pas beau habillé ainsi, en vert olive et en jeans, dans des vêtements trop grands.
Je lui ai offert, à deux occasions différentes, des vête" ments plus jeunes et plus colorés de ce qu'il a l'habitude de porter. Dans les deux cas, il a refusé de les mettre. L'un s'est retrouvé dans la garde-robe d'un collègue de son âge et l'autre a fini dans un sac destiné aux plus démunis.
Sur un air prêt à me défier, il me dit : « Ça fait long" temps que tu ne m'as pas sucé. »
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Je n'en ai pas envie, mais un rapide calcul mental m'oblige à lui donner raison. J'hausse les épaules et m'exé" cute donc en commençant par défaire sa ceinture. Il veut faire tomber ses pantalons, mais il doit plutôt exécuter une danse pour le retirer. Il rigole en faisant des mouvements peu gracieux. Un coup de fesse à gauche, un saut à droite, une chute qui aurait pu être évitée. Pourtant rien pour l'empêcher de quémander ce que tout homme est en droit d'exiger de sa copine. Et toujours rien pour éveiller le moindre désir de mon côté.
Alors que ma bouche et ma langue s'affairent mécani" quement à procurer un maximum de plaisir à l'homme que j'aime, je pense au prochain épisode de ma série télé pré" férée que je viens de télécharger et que je regarderai seule par la suite.
Évidemment, comme tous les autres, il me dit qu'il va venir. J'aimerais me retirer et tout arrêter à cet instant précis. J'aimerais lui dire « Finis-toi toi-même » pour que les choses soient plus égales entre nos deux sexualités. J'aimerais lui dire que je déteste faire ce que je lui fais, mais je le prends avec encore plus d'attention. Je m'im" plique jusqu'au fond en prenant bien soin de faire
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quelques bruits de fausse délectation. Son sexe se gonfle et vient danser contre mon palais. Ça vient. Je m'imagine ces milliers de spermatozoïdes gigotant dans ma bouche à la recherche de la maison qu'ils ne trou" veront jamais. Je les sens contre ma joue. Ils tentent de me percer, de m'anéantir à coups de queue de têtard. Je prends tout dans ma bouche en retenant mon souffle pour moins goûter. J'ai un léger haut de cœur, mais je crois qu'il ne m'a pas vue. J'avale tout d'un coup.
Je sais qu'il ne bandera plus. Même mes nausées me ras" surent de ne pas avoir à baiser, de ne pas avoir à essuyer pendant des heures le sperme coulant sur mes cuisses blanches pour quelques secondes de va-et-vient qui ruinent de plus en plus mon appétit sexuel pour lui.
Plus rien ne tient, ni notre amour, ni son érection. Son sexe est flasque devant toute occasion. Il ne se dresse que pour me cracher dessus et retourne aussitôt à son état apathique. Je ne sais pas quoi faire en ces occasions et je manque invariablement d'imagination pour pallier à cette situation.
Dans ce qui m'apparait être une seule expiration, je lui écris mon dernier courriel.
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