Collision , livre ebook

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Annabelle vit une vie de couple harmonieuse jusqu’à une rencontre impromptue qui viendra bouleverser ses certitudes.
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Date de parution

25 août 2022

Nombre de lectures

1

EAN13

9782312125121

Langue

Français

Collision
Stella Kowalczuk
Collision
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2022
ISBN : 978-2-312-12512-1
Collision, définition : « R encontre plus ou moins rude de deux corps en mouvement. » (Larousse).
« A quoi faut-il être infidèle ? A la parole donnée ou à la vérité de son désir ? »

Charles Melmann , Psychanaliste .
Avant-propos
J’avais envie de réfléchir sur l’idée de l’infidélité. Pas de celles qui découlent du couple bancal, celui qui ne va pas bien, cette assertion qui consiste à dire que si la personne va « voir ailleurs », c’est qu’elle ne trouve pas ce qu’elle cherche au sein de son couple. Aller voir ailleurs, avoir une aventure, infidélité, adultère, déloyauté… autant d’expressions qui dénotent un certain opprobre, un comportement répréhensible avec une dénomination des protagonistes tout aussi jugeante : coureur, chaud lapin, femme légère, débauché… D’ailleurs, à certaines périodes de l’Histoire , l’adultère était passible de mort, notamment pendant l’Antiquité . Elle l’est toujours dans certains pays du monde aujourd’hui. Si la polygamie est autorisée dans quelques pays d’Afrique , l’infidélité est considérée comme un crime dans quelques états d’Amérique ( Michigan ). En Iran , elle est passible de peine de mort par lapidation. L’infidélité subit la culture du pays mais aussi sa religion. On parlera du caractère sacré du mariage. Par ailleurs, l’article 212 du Code Civil précise que « les époux se doivent fidélité ».
En écrivant cette fiction, je voulais me pencher sur l’infidélité quand tout va bien. Mais mes lectures sur le sujet me font comprendre que c’est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît, et aussi parfois très inconscient. Pour le romanesque, j’ai choisi de traiter l’infidélité dans le cadre du coup de foudre. Si le coup de foudre porte en lui une illusion romantique, il vient pourtant ajouter au désordre inconscient de l’être.

Sur le site futura sciences, nous retrouvons un article qui résume les dernières recherches liées au coup de foudre qui est présenté comme : « un processus très court puisqu’il se déroule en seulement un cinquième de seconde ! » , « Lorsqu’une personne tombe amoureuse, pas moins de douze régions du cerveau s’activent (impliquées dans l’émotion, la motivation, la récompense, la cognition sociale…) pour libérer des molécules chimiques euphorisantes comme la dopamine, l’ocytocine, l’adrénaline et la vasopressine. Tomber amoureux peut donc engendrer les mêmes effets que ceux produits par la cocaïne. On comprend alors mieux pourquoi une certaine dépendance peut s’établir entre les deux individus d’un couple amoureux » (Peltier, 2022).
Entre les injonctions sociétales, culturelles, religieuses, les effets chimiques de la rencontre, les mécanismes psychologiques du passage à l’acte, on se dit que la personne en proie à une éventuelle infidélité sous l’emprise du coup de foudre est « condamnée » ! Elle vient de perdre le contrôle au moment où se sont passées ces un cinquième de seconde.
Si le couple conjugal représente l’espace de reproduction de l’espèce, le lieu de sécurisation, de ritualisation, le cadre, la morale conformiste, une sorte de voie conditionnée, il est aussi l’endroit du plaisir altruiste : faire plaisir à l’autre et attendre en retour son propre épanouissement. Il permet le « repos » selon Freud . Il est parfois ancré dans une image de couple idéal qu’il n’est plus nécessaire de requestionner.
Alors , l’adultère sous l’emprise du coup de foudre, pourrait refléter son exact contraire dans son développement incertain, mais aussi le sentiment de s’extirper du cadre enfermant de la conjugalité, la liberté donc, le subversif, l’aventure régressive qui ressemblerait à l’insouciance, empreinte de risque et de secret. Sous l’influence d’Eros , il est écartelé entre la pulsion de mort et l’autoconservation (Smadja & Garcia, 2011) . Le but ultime est le plaisir égoïste afin de faire baisser la tension ressentie.
Eric Smadja et Vincent Garcia (Smadja & Garcia, 2011) résument ces deux cas de figure en déclarant que l’amour est le bien-être, tandis que la passion (issue du coup de foudre) est la décharge d’une certaine tension. Freud cité par Houel indique « la passion amoureuse consiste en un débordement de libido du Moi sur l’objet » ( Houel , 2007). Débordement qui marque là encore le caractère incontrôlable. Houel parle « d’éblouissement du coup de foudre ». Tous les sens sont en éveil de manière plus aigüe : l’audition (le son de la voix de l’autre, son souffle), la vue (le contact visuel comme un choc de chaque instant), l’odorat (l’odeur de l’autre comme une obsession, un stimulus), le toucher (l’épiderme hypersensible), le goût (le contact ultime). Houel explique « ce phénomène de captation » où les « caresses sont verbales avant d’être corporelles » (Houel, Une passion au féminin : l’adultère, 2004) , situant la quête dans l’espace du préliminaire.
Il existe aussi le couple parental qui ne parvient pas à accéder au couple conjugal.
Mais l’infidélité, plus que le coup de foudre, est aussi un des moyens de parvenir à nourrir son besoin narcissique, exister dans le regard de l’autre. Il n’y a pas d’infidélité sans couple conjugal. Et Annik Houel exprime combien cette interdépendance est fondatrice : « amant et mari, non seulement coexistent mais se complètent, chacun étant la condition nécessaire de l’autre » (Houel, Les contradiction de l’adultère féminin, 2007) . Il serait primordial de se sentir en sécurité pour pouvoir risquer une infidélité.
Si on imagine alors que l’infidélité a un effet réparateur (nourrir le besoin narcissique), elle peut également avoir un effet dévastateur sur le conjoint trompé lorsque celui-ci s’en aperçoit, parce que son besoin narcissique à lui est détruit, le contrat implicite d’exclusivité est brisé : « dans la sphère sexuelle le partenaire a besoin de se sentir unique » (Van Ditzhuyzen-Collomb, 2015) .
Finalement , il existe des situations où quelle que soit la décision prise, nous ne serons ni moraux, ni justes, si ce n’est peut-être avec soi-même au prix des souffrances de l’autre.
A la fin du livre, je vous invite à répondre à un sondage dont les réponses resteront anonymes. Au bout d’un an, je prévois de dépouiller les réponses et d’écrire la fin de cette histoire selon ce que la majorité d’entre vous aura répondu. C’est donc vous qui avez la main !
L’insouciance ne protège pas du danger
– Bon alors, tu pointes ou tu tires ? Répète Steeve avec l’accent du sud à notre ami François.
– Allez, pousse-toi que je te donne une bonne leçon.
François vise le cochonnet et tire mais la boule dévie de sa trajectoire pour aller se ficher dans les hortensias. Carmen et moi éclatons de rire ! On n’a pas idée d’être aussi maladroit. A notre tour, nous quittons le banc pour rejoindre la ligne tracée grossièrement avec un bâton. D’abord Carmen qui explose tout sur son passage à renforts de rire guttural. Puis moi, qui me concentre comme une athlète olympique pour toucher le cochonnet.
– Aaaah ! On a gagné ! On a gagné ! m’écriè-je en sautant dans les bras de Carmen devant deux perdants patauds.
Nous retournons dans le salon de jardin finir de siroter nos digestifs. Steeve prépare le brasero pour entamer une partie de marshmallow grillés. Je glisse la friandise autour du pique à brochette et la fais tourner au-dessus de la braise. Le dessus caramélise. Je souffle avant de croquer dedans. L’intérieur est mousseux tandis que le dessus est croquant. Hum c’est délicieux. Bien sûr, avec le repas qu’on vient d’ingurgiter, je ne parierais pas sur l’extermination des chamallows ce soir.
Steeve se préoccupe de laisser la braise juste rougir sans faire de flammes. J’observe son visage légèrement éclairé par le feu timide. Je le trouve beau. Les enfants sont partis passer la soirée chez des copains.
– Oh non ! Dis-je en me projetant au lendemain matin lorsqu’il faudra nettoyer.
Carmen vient de laisser tomber sa friandise dans le brasero. Elle s’excuse à peine et en remet une sur son pique à brochette. Carmen et François sont nos amis de toujours. Je crois qu’on se suit depuis le lycée. On a vécu nos grossesses ensemble. Ce qui était très drôle. Si j’avais une envie terrible de glace à la vanille, elle, elle mangeait à même la boite de conserve du cassoulet ou des raviolis froids, son envie ne pouvant supporter l’attente du réchauffage, même au micro-onde. François et Steeve travaillaient ensemble à l’hôpital puis ils ont chacun choisi un service différent. Ils embrayent sur des anecdotes dont seul le monde médical peut comprendre les subtilités.
Carmen adore les rumeurs. A elle seule, elle pourrait faire tourner les magazines Voici , Gala etcetera.
– Tu savais que Marianne avait quitté son mari pour un autre ? Dit-elle sur le ton de la confidence.
– Ils avaient l’air tellement bien ensemble, ajoute François.
– On ne sait pas vraiment ce qui se passe derrière les portes closes, finis-je par dire.
– Oh si elle s’est barrée, c’est qu’elle n’avait pas ce qu’il fallait à la maison, renchérit Steeve.
– Ouais, enfin, c’est un peu réducteur, tu ne penses pas ? demandè-je à Steeve.
– Oh, ne vous prenez pas la tête les gars. Intervient Carmen flegmatique. L’infidélité, c’est une invention religieuse. Qu’est-ce qu’on s’en fout ?
– Quoi ? S’étonne François. Tu as peut-être quelque chose à m’annoncer ? Poursuit-il.
– Pas de danger mon loulou, tu me combles, sourit Carmen. Et puis, doit-on faire la part des choses entre passion et amour ?
– Ah bah ! Nous on est blindés, on a les deux, n’est-ce pas chérie ? Fanfaronne Steeve.
Le silence s’installe un moment nous laissant chacun dans nos pensées.
La nuit est douce et je m’allonge sur le fauteuil de jardin. Les étoiles sont visibles car il n’y a pas de nuage. Il y en a qui sont tellement lumineuses qu’elles semblent proches.
– Regarde ! C’est Cassiopée, ça non ? Demandè-je à Steeve.
Il s’approche derrière moi pour mettr

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