Je Marcherai sur les Flots , livre ebook

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2020

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L'amour menacé par les non-dits et les secrets.


« Je le savais... » soupire ma mère.


Si elle savait, pourquoi n’a-t-elle rien dit ?



Claire et Eric s’attirent irrésistiblement. Jeunes, libres, ils vivent confortablement. Leur mariage s’annonce sous d’heureux auspices.


Mais un trouble les saisit chaque fois qu’ils font un pas en direction de leur projet de vie commune.


Pourquoi tant de blocages internes ?


Malédictions, non-dits, traditions, secrets ancestraux, parviendront-ils à vaincre ces obstacles invisibles et pernicieux ?

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Date de parution

21 février 2020

Nombre de lectures

1

EAN13

9782368329832

Langue

Français

Je Marcherai sur les Flots

La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu'ils produisent à la demande et pour le compte d'un auteur ou d'un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Odile Rebeyrat
Je Marcherai sur les Flots
Roman


Tant que vous n’aurez pas rendu l’inconscient conscient, il dirigera votre vie et vous appellerez cela le destin. (Carl G Jung)
Chacun est prisonnier de sa famille, de son milieu, de son métier, de son temps. (Jean d’Ormesson)
Si on devait construire la maison du bonheur, la plus grande pièce serait la salle d’attente. (Gaby Morlay, actrice)
PROLOGUE
Ce soir-là, j’étais malade.
Je souffrais de cent maux sans mot dire.
J’avais mal à la gorge, des mots dans la gorge, une boule de mots coincés et garnis d’épines.
Je souffrais de ma faute. De mal dit sans mots mais avec cent maux.
J’étais en pénitence au fond de mon cachot.
Bref, ce soir-là, j’étais malade.
Ma maladie me paraissait opportune et douce. Elle me délivrait, entre autres, des obligations matérielles, des devoirs de la vie quotidienne, des mascarades mondaines. Elle me détournait des méandres de mon esprit bouillonnant pour me canaliser sur un point de mon corps douloureux. Ma maladie pouvait être un repos pour mon esprit, pour mes affaires de cœur   ; elle pouvait freiner les turbines de ma machine à penser.
Ma maladie prenait le relais de celle d’hier et emboîtait le pas à celle de demain.
Je ne me connaissais pas d’autre occupation que celle d’aimer et d’en souffrir. Je travaillais aussi d’arrache-pied à me faire aimer pour colmater mes plaies. Je collectionnais les amours comme d’autres épinglent des papillons. Depuis ma naissance, je comptais mes victimes par centaines, de ma mère à mes frères en passant par Dieu, les animaux et d’innombrables congénères de mon espèce, mais du genre masculin. Comme j’étais insatiable, il m’arrivait même d’en pétrir dans le secret de mon imaginaire très fécond. Je ne savais aimer qu’à la folie ou pas du tout. Le plus souvent, l’objet de ma fougue ne présentait pas les mêmes dispositions gloutonnes que moi et … patatras ! Je tombais dans la marmite bouillante de la maladie. De bourreau des cœurs, je redescendais au rang de victime inconsolable.
J’étais souvent malade car les humains sont souvent ordinaires. Rien que ce mot – ordinaire –, me faisait sombrer dans les catacombes de l’ennui.
Je dévorais mes amours de la même façon que mes livres, avec mes yeux, avec mon esprit. Le dernier amour était toujours le premier car je n’en désirais qu’un !
Actuellement, Hubert était son nom. Il était agriculteur, dans le style gentleman-farmer. Je ne l’avais vu que de très rares fois, où nos rapprochements avaient été très platoniques. Mon supposé prétendant passait son temps à se promener d’une ferme à l’autre et je m’étais prise à rêver d’une robe à crinoline et d’une ombrelle pour l’accompagner sur ses chemins bucoliques. J’avais bâti moult châteaux en Espagne pour y garer ma calèche virtuelle et enjoliver ma romance, mais Hubert songeait plus à fouetter ses chevaux qu’à étreindre le tégument fragile de mon âme valétudinaire. Il était commun, mais j’avais échafaudé autour de sa personne tout un avenir chimérique auquel je m’étais attachée. Goujat, il m’avait laissée tomber comme on abandonne, dans une forêt sombre, un animal devenu embarrassant, un chien ou un chat, en s’enfuyant à toutes jambes pour ne pas voir le désastre provoqué et se disculper de son crime…
J’en étais là avec Hubert. J’étais cet animal qu’il avait jeté au fond d’une forêt sombre et le malfaiteur avait disparu.
Il avait eu peur de m’adopter, Hubert, mais je saurais bien retrouver le chemin de ses calèches et prendre son cœur au lasso ! S’il était une chose dont j’avais horreur, c’était qu’on ne m’aimât point, qu’un autre cœur ne renvoyât point l’ascenseur au mien.
Belliqueuse, je lui avais déclaré une guerre sans merci.
J’avais décrété qu’Hubert serait le premier et le seul.
L’amour, selon mes principes, était un travail épuisant.
Je sommeillais.
Je nageais dans une onde moche. J’étais portée par des flots laids ; sans doute des flots très salés comme ceux de la mer Morte… C’était un bain de larmes…
Je voyais avec terreur des requins voguer dans les eaux troubles et je cherchai désespérément Ondine, ma chienne, afin de la préserver des dents pointues qui me menaçaient personnellement.
Tout doucement, au-dessus de l’onde, j’entendis :

—   Claire, lève-toi, Éric t’attend !
Un véritable roulement de tambour. La diane ! Je reconnus le timbre chaud de la voix de Lucie. J’émergeai de mon cauchemar :

—  Quelle heure est-il ?
—  Huit heures du soir. Lève-toi, tu as tort de rester au lit.
—  Je suis malade. Laide et malade.
—  Qu’à cela ne tienne ! Fais-toi belle et tu seras guérie… Écoute-moi : Éric m’a demandé d’insister pour que tu viennes.
C’était un ordre courtois. Un coup d’arrosoir sur le terrain sec de mon errance. Comment aurais-je pu opposer une résistance à l’appel bienveillant de Lucie, ma cousine et amie ?
Aujourd’hui j’étais invitée à un mariage où Éric m’avait été assigné comme cavalier, selon l’arrangement de ma perspicace cousine. Mais j’avais dû décliner ce matin même l’invitation pour cause de maladie. Mon cavalier m’aurait-il attendue patiemment tout l’après-midi, après la cérémonie ? Avait-il envie de ma présence à ses côtés au point de faire sonner du clairon au pied de mon lit de moribonde ? Je questionnai :

—  Qu’est-ce qu’il me veut ?
—  C’est à toi de voir.
Justement, je n’avais pas envie de voir . De LE voir  ! En tournant le dos à ma cousine, je continuai à maugréer :

—  Je suis malade.
Un petit rire faussement sardonique se fit entendre :

—  Eh bien, Claire, ça tombe plutôt bien, Éric est médecin !
Au mot de médecin, mes cent maux me donnèrent tous ensemble un coup violent.
Je détestais la médecine et ses représentants, ces pontes matérialistes qui vous palpent le corps d’une autorité indécente. Mon corps à moi n’était qu’un emballage pesant sur mon être, il faisait de moi ce qu’il voulait, me harcelait constamment d’affections diverses. Quel plaisir aurais-je à voir Éric ? Je le haïssais à l’avance pour tout ce qu’il portait en lui de répugnant à mes yeux : la connaissance anatomique des corps. Je n’étais qu’une âme, un esprit, un souffle, une souffrance certes mais une souffrance invisible et impalpable, indécelable, inguérissable, inexistante.
— Hé, Claire, le temps presse !
Je ne bronchai pas.

—  Bien, fit Lucie, je m’en vais. Sans toi.
Je bondis. Non, je ne voulais pas décevoir Lucie, ma cousine, ma bienfaitrice. Je me retrouvai assise sur le bord de mon lit et entrevis son sourire de Joconde. Comment résister plus longtemps à ce sourire énigmatique ?
Ma mère surgit au pied du lit pour mettre son grain de sel :

—  Emmène-la, dit-elle à sa nièce. Avec toi je suis tranquille. Dis-moi, Claire, ma chérie, prends donc ta belle robe bleue en dentelle, celle que…
—  Pas la robe bleue, s’insurgea ma cousine, elle est vieillotte. Enfile plutôt celle de couleur jaune paille au plissé soleil, elle te va à ravir.
Mais qu’avais-je donc à me plaindre sans répit, à geindre mon dépit, à souffrir des épines enfoncées dans mon âme, de ces épines qui sortaient de partout à travers mon corps mal aimé, tantôt dans la tête par des migraines abominables, tantôt dans mon ventre par des colites qui me tenaient pliée en deux, tantôt sur mes mains qui se recouvraient de pustules repoussantes… Ce soir, les épines avaient choisi ma gorge. Elles avaient décidé de m’empêcher de parler.
Ma cousine préférée et protectrice me fit avaler un comprimé pour la fièvre, posa d’autorité une pastille pour la gorge sur ma langue, puis elle me planta sur le sol. Ses mains expertes eurent tôt fait de m’improviser une toilette raffinée après une inspection méticuleuse de ma garde-robe, une incursion dans la salle de bain et une fouille en règle de ma trousse de maquillage.
Je fus ainsi rapidement soustraite à la vigilance de ma mère, dont j’avais eu le temps de capter un sourire trahissant une évidente satisfaction.
Lucie me conduisit à quelques kilomètres du domicile familial, vers ce lieu de réjouissances que j’avais tendance à fuir, pour des raisons confuses. Pendant le trajet, elle s’évertuait à me décrire par le menu le déroulement de cette superbe cérémonie d’épousailles d’un de ses cousins de la branche maternelle – le père de Lucie était le frère de ma mère. C’était peine perdue puisque mes pensées chahutées ne décrochaient pas de leur seule obsession : Hubert.
Une panique soudaine serpenta dans mon ventre. Pourquoi Éric tenait-il à me voir ? Voulait-il m’examiner ? Me soigner ? Les plus folles hypothèses m’agitaient. Lucie m’amenait à une consultation ! Les épines qui me barraient la gorge m’empêchaient de lui poser des questions pertinentes. Nous étions presque arrivées.

—  Non, suppliai-je. Je ne veux pas y aller !
—  Nous sommes à la porte. Tu es parée pour aller dîner et danser. Allez, ouste !
Devant mon entêtement, ma cousine marcha seule en direction du lieu redouté. Revenue à la raison, je claquai la portière de sa voiture et la rattrapai.
Lucie m’introduisit dans une immense salle comme elle m’aurait poussée dans une barque qui prenait l’eau. Je savais que j’allais me noyer. Sombrer avant que le médecin me voie, que le docteur m’effleure, que le mandarin me bombarde de questions concernant ma chair, que le requin me dévore ! Je haïssais Éric, que je connaissais déjà un peu. Dans ma tête, je le revoyais laid, hideux, malsain, goguen

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