Le Fol Espoir de Simon , livre ebook

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2019

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Les rêves cherchent à s’affranchir des réalités et parfois nous réservent de belles surprises.



Au cœur de la cité d’Albi, Simon, 13 ans, vit sa dernière année de pensionnat. Passionné par la musique, le jeune garçon joue de l’harmonium et de l’orgue. Il fait également partie des petits chanteurs de la cathédrale Sainte-Cécile. C’est dans cette chorale qu’il rencontre Anne dont il tombe éperdument amoureux.



Mais le mois de juillet 1959 les sépare. Simon quitte Albi pour n’y revenir qu’après son service militaire en 1967.



Rêvant de retrouver son doux amour de jeunesse, il va tout tenter pour qu’elle devienne la femme de sa vie.

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Date de parution

01 septembre 2019

Nombre de lectures

0

EAN13

9782368326664

Langue

Français

Le Fol Espoir de Simon
Roman
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu'ils produisent à la demande et pour le compte d'un auteur ou d'un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.

Alain Bessière
 
 
 
Le Fol Espoir de Simon
Roman
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 
 
 
 
Ma profonde gratitude, à l’égard de celles et ceux qui m’ont inspiré une partie de ce récit.
1
 
Pour la troisième fois en moins de dix minutes, le père de Simon venait de consulter sa montre. Ce geste semblait indiquer une certaine impatience, certainement celle de mettre un terme à ce repas. Celui-ci touchait d’ailleurs à sa fin puisque la grand-mère de l’adolescent venait de poser sur la table la cafetière en émail si caractéristique, que l’on trouvait dans pratiquement toutes les fermes des alentours.
Apparemment, il avait hâte de reprendre la route en direction de Lacaune puis d’Albi pour ramener son fils dans son pensionnat. La rentrée scolaire était programmée le mercredi 1 er octobre, cependant il était possible de réintégrer l’établissement une semaine avant pour faciliter la tâche des parents. Cette opportunité permettrait au père de Simon de prétexter un empêchement lié au métier de chauffeur routier qu’il exerçait, pour l’amener le week-end suivant. Il était salarié chez un transporteur spécialisé dans l’acheminement des balles de laine vers le nord de la France et la Belgique, en provenance de Mazamet, capitale mondiale du délainage dans les années cinquante. Il lui arrivait souvent de prendre la route le samedi pour livrer sa marchandise le lundi matin, à la première heure, dans une des usines textiles de l’agglomération lilloise.
Ce dimanche 21 septembre 1958, il était venu chercher son fils qui venait de passer ses vacances scolaires d’été dans la petite ferme que possédaient ses parents. Celle-ci se trouvait en bordure de la nationale 622 entre Brassac et Lacaune dans le Tarn.
Le café avalé, le père de Simon se leva et précisa : « Ara, cal i anar. » 1 Simon se leva à son tour et se dirigea vers la chambre pour prendre la modeste valise qui contenait tous ses vêtements. Il prit également la veste posée sur le lit et l’enfila.
De retour dans la pièce principale, avec sa valise à la main, il entendit malgré lui l’échange le concernant qu’avait son grand-père avec son père :
—   Qu’anatz far d’el, l’an que ven ? 2
— O sabi pas encara. Traparem ben qualqu’un que lo prendrà. 3
Simon et son père se connaissaient si peu que ce dernier ignorait que son fils comprenait dorénavant le patois utilisé dans leur conversation. La réponse qu’il venait de faire ne le rassurait pas du tout, dans la mesure où elle laissait la porte ouverte à toutes les craintes. Il éprouvait le sentiment que s’agissant de son avenir, on ne tiendrait nullement compte de ses aspirations. La seule préoccupation de son père était, semble-t-il, de le caser quelque part.
Une telle situation n’était pas nouvelle pour lui puisqu’il en était ainsi depuis que son père l’avait récupéré, après le décès de sa mère, dans sa sixième année. Son père qui, par ailleurs, n’avait pas attendu ce décès pour déserter le domicile conjugal et « refaire » sa vie avec une autre femme.
Simon n’avait vécu que quelques mois dans cette famille recomposée avant d’être placé dans des pensionnats. Celui dans lequel il allait effectuer sa dernière année scolaire l’avait accueilli à l’âge de huit ans. Il n’était donc pas anormal que dans de telles circonstances, il n’éprouve aucune affection pour son père. Il le considérait en réalité comme un étranger.
 
Le père de Simon enfila sa canadienne et ils se dirigèrent tous les quatre vers la motocyclette stationnée devant la porte d’entrée. La Terrot 500 cm³ n’était plus très jeune, mais possédait encore suffisamment de ressources pour ce déplacement qui devait avoisiner les 80 kilomètres. Un porte-bagage avait été ajouté sur la partie arrière de la motocyclette, lequel permettait d’y fixer un colis ou une valise. C’est ce que fit le père de Simon qui attacha la valise solidement avec une cordelette. Après avoir embrassé ses parents, il enfourcha son engin et essaya de le faire démarrer. Il dut s’y prendre à trois reprises pour que le moteur daigne se mettre en mouvement. Au ralenti, le moteur de la Terrot faisait un bruit similaire à celui des tracteurs de la « Société Française Vierzon » utilisés pour les battages.
Il ôta ensuite la béquille avec son talon gauche. Simon fit ses adieux à ses grands-parents Joséphine et Étienne, lesquels furent brefs, car à la campagne on n’étalait pas ses sentiments, puis il grimpa à son tour sur la motocyclette. L’exercice n’était pas des plus aisés en raison de la présence de la valise. Une fois installé sur son siège, il dépassait presque d’une tête celle de son père.
 
Le soleil brillait en cette fin d’été, toutefois l’atmosphère lourde semblait indiquer que le temps pouvait virer à l’orage. Les nuages qui commençaient à s’amonceler à l’ouest laissaient présager une telle évolution. C’est peut-être en regard de cela que le père de Simon jugea qu’il ne fallait pas traîner.
Joséphine et Étienne étaient figés à proximité de la motocyclette, silencieux. Ce n’est que lorsque celle-ci commença à rouler lentement que Joséphine s’adressa à Simon : « Au revoir mon petit ! » lui dit-elle. « Au revoir mémé ! » répondit Simon en la regardant. Le pâle sourire esquissé par sa grand-mère le toucha profondément, trop peut-être, au point de l’intriguer. Elle souriait rarement Joséphine, depuis fort longtemps et seuls les intimes connaissaient les raisons de cette tristesse infinie.
La Terrot emprunta la nationale 622 en direction de Lacaune, petite ville distante d’un peu plus de dix kilomètres. Le regard de Simon accrocha le panneau publicitaire qui ornait une des façades de la grange à la gloire d’une boisson : « Suze, l’apéritif à la gentiane. » Depuis l’âge de huit ans où il passait toutes les vacances d’été chez ses grands-parents, ce panneau publicitaire n’avait pas changé. C’était la dernière image qu’il conserverait, une fois encore, de la petite ferme. Il emmagasina également dans sa mémoire olfactive l’odeur si particulière qui se dégageait du tas de fumier situé à proximité de l’étable.
La nationale 622 s’enfonçait progressivement dans une forêt. On apercevait, sur le côté gauche, de temps à autre, des champs et des prairies. La route s’élevait de façon très progressive et régulière. La Terrot n’éprouvait pas la moindre difficulté à progresser vers Lacaune à une vitesse qui ne devait guère dépasser les 60 kilomètres/heure. Cette vitesse suffisait à créer un souffle qui venait fouetter gentiment le visage de Simon. Ceux qui avaient tracé cette nationale avaient certainement pris un certain plaisir à la faire déambuler dans ce bois qui devenait de plus en plus dense au fil des kilomètres. Deux grandes bâtisses implantées sur le côté droit de la route indiquaient que la Terrot allait franchir le col de la Bassine mentionné sur un panneau.
Ce col ne ressemblait en rien à la représentation que l’on se faisait en général d’un col, dans la mesure où la route, à cet endroit-là, était relativement plate, avant et après le franchissement du supposé col en question.
La position de Simon lui permettait à la fois d’observer la route qu’ils empruntaient et l’environnement qu’ils traversaient. Ils se trouvaient toujours dans la même forêt qu’ils quittèrent progressivement, au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient de Lacaune, bourgade la plus importante de ce coin de montagne.
 
Lacaune demeurait un bourg très vivant, car éloigné de tous les grands centres urbains. Cette situation avait contribué à la présence d’une quantité non négligeable de magasins qui couvraient tous les besoins que pouvaient avoir les familles : nourriture, vêtements, quincaillerie, tabac, journaux, bars, hôtels, banques, etc. Son intitulé complet était Lacaune-les-Bains. Simon ne savait pas très bien si elle avait hérité de ce qualificatif en raison d’une activité thermale dans le passé ou si elle le devait à la piscine dont elle disposait, située à proximité d’un casino. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, Lacaune possédait un casino. Ce casino demeurait pour Simon un lieu énigmatique dans la mesure où il ne savait pas exactement ce qui s’y passait. Sa grand-mère lui avait dit qu’on y jouait de l’argent, mais il n’avait aucune idée de la façon dont cela se passait.
De Lacaune, il ne connaissait que la rue principale qui traversait la petite ville et qu’il empruntait sur la motocyclette de son père deux fois par an. Toutes les boutiques étaient fermées en ce dimanche après-midi, à l’exception de deux ou trois cafés. La principale difficulté du trajet, l’ascension du col de Sié, débutait après avoir dépassé le casino. Les quatre kilomètres de cette ascension étaient très redoutés à chaque fois par la Terrot.
 
Le soleil avait fait place progressivement aux nuages venant de l’ouest, qui se faisaient de plus en plus menaçants. À l’évidence, ils n’échapperaient pas à une rincée.
Quelques centaines de mètres après être sortis de Lacaune, ils laissèrent la nationale 622 pour emprunter, sur leur gauche, une départementale qui s’annonçait encore plus pentue que la partie qu’ils venaient d’effectuer. La Terrot commençait à peiner sérieusement. Dans de telles circonstances, elle accusait son âge, lequel avoisinait la vingtaine d’années, sa vitesse n’excédait guère les 20 kilomètr

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