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« J’avais souvent imaginé nos « retrouvailles ».
Comme je l’ai tant fait avec notre futur.
Je ne m’attendais pas à que ce soit dans un cimetière...
À l’enterrement de son père...
Cinq ans après son départ précipité...
Sans me laisser le temps...
Et encore moins que sa sœur serait accrochée à mon bras ce jour-là. »
Quand Lorelia foule à nouveau le quartier russe de Little Odessa, elle n’imagine pas être confrontée si rapidement à ses démons, encore moins à se retrouver face à celui qui fut son premier amour.
Vadim est resté, malgré tout ce qu’il y a eu : chantages, trahisons, menaces, perversions... et son départ.
L’adolescent est devenu un homme et les cinq ans passés loin de lui n’ont pas gommé l’attirance entre eux.
La haine mêlée à des sentiments plus forts vont les entraîner dans des situations dangereuses, autant pour leur cœur que pour leur vie.
Little Odessa
Ange EDMON
L’auteur est représenté par Black Ink Éditions. Tous droits réservés, y compris le droit de reproduction de ce livre ou de quelque citation que ce soit, sous n’importe quelle forme.
Nom de l’ouvrage : Little Odessa
Auteur : Ange EDMON
Suivi éditorial : Sarah Berziou
© Black Ink Éditions
Dépôt légal mai 2021
Couverture © Black Ink Éditions
Réalisation: Juliette Bernaz
Crédits photos : Black Ink Éditions
ISBN 978-2-37993-212-0
Black Ink Éditions
23 chemin de Ronflac - 17440 Aytré
Numéro SIRET 840 658 587 00018
Contact : editions.blackink@gmail.com
Site Internet : www.blackinkeditions.com
TABLE DES MATIÈRES
Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Chapitre 52
Chapitre 53
Chapitre 54
Chapitre 55
Chapitre 56
Chapitre 57
Chapitre 58
Chapitre 59
Chapitre 60
Chapitre 61
Chapitre 62
Chapitre 63
Si tu savais comme tu me manques
À chaque pas qui nous sépare,
Et comme ces moments me flanquent
Mes plus grands désespoirs…
Si tu savais comme tu me manques
À chaque heure qui défile,
Et ce temps où je me planque
Renverse la face du pile…
Il n’y a pas d’air que je respire,
Aucun temps pour soulager,
J’étouffe, mais ce n’est pas le pire,
Je vis juste pour exister…
C’est lorsqu’on a tout perdu
Qu’on sait ce que l’on avait,
Et toutes les certitudes d’absolu
Explosent en doutes avérés.
Si tu savais vraiment, si tu savais…
Comme chaque jour ne vaut rien,
Comme j’ai envie de tout lâcher
Quand l’absence a pris la main…
Ange
À Éric,
À Audrey,
À Sarah,
À cette famille improbable…
...dont on fait partie.
Prologue
Vadim
J’avais souvent imaginé nos « retrouvailles ».
Comme je l’ai tant fait avec notre futur.
Je ne m’attendais pas à ce que ce soit dans un cimetière…
À l’enterrement de son père…
Cinq ans après son départ précipité…
Sans me laisser le temps…
Et encore moins que sa sœur serait accrochée à mon bras ce jour-là.
Chapitre 1
Vadim
Le quartier de Little Odessa 1 se réveille sous la flotte, comme s’il pleurait Igor Maslov.
Je relève le col de mon vieux cuir sous mon duffle-coat lorsque je brave le climat extérieur. Il y a bien une éternité que je n’avais pas revêtu cet épais manteau. Mais vraiment, il gèle aujourd’hui. Peu étonnant pour un mois de février. J’avise la rue déserte où se dresse lugubrement leur immeuble. Dégagée pour la triste occasion, l’artère n’attend plus que le corbillard. J’allume le bout de ma clope, tire la première taffe, et rejette la fumée vers le ciel sombre. La porte d’entrée s’ouvre sur le cortège que je vais devoir accompagner hypocritement.
Militcha s’approche de moi, réclamant une attention que je ne lui accorde pas. Entièrement vêtue de noir, un voile de la même couleur devant son visage, elle pleure. Je ne doute pas de sa tristesse, mais de tout le reste. Son père décédé, c’est elle qui va poursuivre le chemin qu’il a toujours soigneusement tracé, et assurer la prospérité de l’entreprise qu’il avait fondée.
Sévastania Maslov, veuve éplorée, apparaît, soutenue par de nombreux bras. Plusieurs hommes de main s’installent aux endroits stratégiques, épiant, d’un regard méfiant et décourageant, qu’il n’y ait pas de concurrents, de curieux, ou même de flics. Ils sont tous dangereusement armés. Rien n’est bien légal à Little Odessa. La seule loi que l’on suit ici, c’est celle du plus fort. Et les Maslov en font e ncore partie, même si le patriarche est mort.
Militcha prend place à mes côtés dans la voiture principale. Sa main se pose sur la mienne que je retire discrètement, alors qu’elle se colle à moi, j’essaie de me dégager mais c’est étroit. Sale manipulatrice ! Je ne la repousse pas davantage, je ne peux pas, jamais dans un endroit confiné, avec des gens autour de nous. On m’a inculqué la courtoisie, et là, c’est ce que je mets en pratique. Surtout qu’il s’agit de sa mère, et de deux autres tantes que je ne connais que de vue. Et ça, elle le sait.
Bitch !
Le véhicule se dirige vers l’église orthodoxe de notre secteur. Je n’ai pas envie d’être là, mais les relations entre les Maslov et ma famille reposent sur des ententes plus ou moins louches. Et moi, j’appartiens au clan Anatoli. L’un était patron d’une des plus grandes marques de vodka, l’autre est toujours diamantaire. Et cet autre, c’est mon père.
Les doigts fins et bagués de Militcha compriment légèrement ma manche pour m’indiquer que nous sommes arrivés à destination. Je descends silencieusement, en lui tenant poliment la portière, et l’aide à sortir. Aucun mot n’a été échangé. Et c’est dans la même atmosphère lourde et feutrée que nous longeons le parvis s’étendant aux portes de la basilique. C’est derrière cet édifice que son père rejoindra sa dernière demeure dans quelques heures.
Un crachin glacial s’abat sur mon visage, sans que je le protège. J’escorte, je ne sais plus trop qui, lorsque nous remontons l’allée centrale menant vers l’iconostase 2 . Le silence qui règne à l’intérieur est d’autant plus surprenant que le nombre de fidèles réunis pour ces obsèques est ahurissant. Igor Maslov était très apprécié dans notre communauté, il n’a malheureusement pas toujours collaboré avec les bonnes personnes : comme mon père par exemple. Je me positionne un peu à l’écart de la famille principale, dont la ligne s’étire dangereusement. Alors que je m’incline pour jauger s’il y aura la place suffisante, mes pupilles, rebelles et désobéissantes, s’immobilisent sur une silhouette que je reconnaîtrais entre mille. Ma Little Odessa…
Même si elle est de dos, dans un coin reculé et sombre, comme là, maintenant, je la repère instinctivement. Je réprime méchamment ce frisson que j’ai toujours ressenti en sa présence, dans le creux de ma nuque. Ses cheveux bruns tombent en cascade jusqu’aux épaules… qu’elle a tendues. Je devine sans mal qu’elle s’enveloppe de ses propres bras. À l’écart de tous, elle se dissimule sous un foulard, noir, réglementaire, priant tous les dieux de la Terre pour que personne ne la remarque. ( Loupé !) Je prends un uppercut dans le bide, camoufle mes tremblements alors que mon cœur prend feu. Le torse me brûle, et je me contrains à ce que j’ai toujours fait jusqu’à maintenant : me maîtriser.
Je la fixe assez longtemps, a priori, pour que des regards inquisiteurs, dirigés sur moi, commencent sérieusement à se multiplier. Je me redresse sous l’inquiétude de mon accompagnatrice du moment. Je mime une moue contrite afin de m’excuser, et la sérénité des lieux recouvre son imposante présence.
Je donne le meilleur de moi-même pour m’intéresser à la messe d’adieu dédiée à Maslov, mais j’échoue lamentablement. Une brune élancée, aux yeux clairs, que j’ai aimée au-delà de la folie, s’est insinuée partout dans mon crâne. Elle est donc venue. Je n’aurais pas parié un kopeck là-dessus. Son départ précipité, clandestin et lâche, n’est pas passé inaperçu, et pas sûr que ça contribue aux réjouissances que son retour va déclencher.
On tire brusquement sur mon manteau, me délogeant de ma léthargie. L’église est vide, et l’air sévère de Militcha se demande ce que je fabrique. Moi aussi ! Je me reconnecte à la réalité, et marche derrière elle, cherchant machinalement cette physionomie familière qui m’est apparue deux heures plus tôt.
Seule la famille proche est autorisée à assister à la mise en terre. L’autre plus lointaine, les amis, et le cortège se recueilleront plus tard. Ce qui m’arrange bien, ça réduit considérablement la difficulté première de mes investigations : le nombre. Je ne peux interdire à mes yeux d’étudier chaque personne, de détailler chaque silhouette, et de balayer nerveusement la foule. Où s’est-elle cachée ? La connaissant, pas certain qu’elle se soit mêlée aux proches.
Je ronge mon frein pendant toute la durée de cette fichue cérémonie. Je suis trempé, je suis frigorifié, je n’ai plus que deux clopes, et j’ai envie d’un verre. Voire plusieurs. Je recule de quelques mètres, et me mets en retrait pour en griller une. Quand j’enfonce ma main droite (et gelée) dans la profondeur de la poche de mon manteau, mes doigts butent sur un morceau de métal froid. Je m’en saisis, ignorant de quoi il s’agit jusqu’à ce que mes yeux se posent dessus. Pincée entre mon pouce et mon index, j’inspecte amèrement la bague que je serre anormalement.
— On y va ?
Je balance brusquement l’anneau à sa place d’origine, comme s’il m’avait brûlé la peau. À moins que l’apparition de Militcha y soit pour quelque chose. L’intonation tremblante de sa voix interpelle le mâle dominant que je suis peut-être encore un peu. Se pourrait-il qu’elle aille vraiment mal ? J’acquiesce d’un hochement de tête et inspire en fermant rapidement les yeux. Lorsque je les rouvre, mes pupilles repèrent instinctivement les siennes. Malgré les gouttes de pluie qui ont détrempé mes cheveux, et qui dévalent sur mon visage, je la fixe avec insistance. Dissimulée par un arbre solitaire, elle attend patiemment son tour.
Vingt mètres nous séparent… et cinq ans.
— Putain !
Le sifflement hargneux de Militcha brise cet infime li