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Mon Amérique Gay
15 nouvelles en faveur de SOS homophobie
Recueil de 367 000 caractères
15 auteurs écrivent sur la double thématique : Amérique et Homosexualité, pour soutenir SOS homophobie.
Le jeu : Afin de mieux se plonger dans l’univers US, chacun prend un pseudo américain, écrit une courte biographie fictive de cet auteur, et devient le « traducteur » de sa nouvelle.
• La haine de Coco Deschannel, trad. Sébastien Avril
• Une simple graine de Craig Stonewall, trad. Ludovic Zadania
• Let that bullet destroy every closet door de Jessica Day, trad. Aurore Baie
• Le barbu de la New York Toy Fair de Kenneth Carson, trad. Éric Chatillon
• Chaos Flowers de Jeremy Jakson, trad. Christophe Gallo
• Pour le bal de promo, je te souhaite... de C.D James, trad. Chris Verhoest
• Deux Mormons et le Diable de Joe Smith, trad. Denis-Martin Chabot
• La véritable aventure d’un croupier peu ordinaire de Courtney Benton, trad. Catherine Epfel
• L’Envol de Abby C. Dee, trad. O'Scaryne
• Runaway de Grant Scott, trad. Erwan Pommereau
• Ice Palace 57 de Henry Mill.., trad. Jean-Jacque Ronou
• So far ago from Frisco de Swann Delevigne, trad. Marlène Jones
• A Fabulous Way of Life de James A. Mallory, trad. Michel Evanno
• I have a dream de Orpheus Baldberg, trad. Jean-Yves Alt
• Butterfly with broken wings de Lola Mendez, trad. Lanto Onirina
Les auteurs reversent leurs droits à SOS homophobie
Retrouvez tous nos titres sur http://www.textesgais.fr/
Mon Amérique Gay
15 nouvelles en faveur de SOS homophobie
Réaliser un recueil au profit de SOS homophobie est un projet qui me tient particulièrement à cœur.
SOS homophobie, c’est beaucoup plus qu’une action politique en faveur des personnes LGBT, c’est surtout une association active, un soutien concret aux personnes blessées dans leur esprit ou dans leur chair par des actes LGBT-phobes. Si nécessaire, l’association prend en charge leurs problèmes, commençant par des rappels à la loi si la victime connaît son agresseur ou son agresseuse : « L’injure publique envers un particulier est punie d'une amende de 12 000 €. Si l'injure est homophobe, les peines sont aggravées : 6 mois d'emprisonnement et 22 500 € d’amende. », lit-on sur leur site : http://www.sos-homophobie.org/. Des volontaires spécialisé-e-s aident au cas par cas celles et ceux qui souffrent le plus en allant jusqu’à des actions judiciaires.
SOS homophobie, c’est aussi de la prévention. SOS homophobie est agréée par l'Éducation nationale, et des volontaires formé-e-s vont dans les établissements scolaires parler aux jeunes de 14 à 18 ans pour aider certain-e-s à changer la représentation qu’ils et elles ont des personnes LGBT.
SOS homophobie, c’est plus de dix autres groupes ou de commissions, c’est aussi une famille. Tou-te-s les volontaires y trouvent une atmosphère conviviale, sympathique et un véritable soutien à leur action.
Pourquoi Mon Amérique Gay ?
Réaliser un recueil sur l’homophobie, c’était à coup sûr entrer dans des textes plus noirs dont le nombre pouvait donner une tonalité trop sombre à ce recueil. Certain-e-s auteur-e-s ont écrit sur cette thématique sachant que l’ouvrage était en faveur de SOS homophobie. D’autres sont resté-e-s centré-e-s sur le thème initial : Amérique et Homosexualité.
Pourquoi 15 textes d’auteur-e-s américain-e-s et 15 traducteurs et traductrices différent-e-s ?
J’ai demandé aux auteur-e-s des nouvelles de se mettre dans la peau d’un-e auteur-e américain-e afin de parfaire la thématique. J’ai inventé la petite astuce de leur faire prendre un pseudo d’un-e auteur-e du Nouveau continent (fictif donc) et de devenir leur propre « traducteur/trice » de la nouvelle. C’était un petit jeu auquel toutes et tous se sont adonnés avec plaisir, inventant même une courte biographie de l’auteur-e qu’ils ou elles représentent.
Tous les droits d’auteurs seront reversés à SOS homophobie en janvier 2016 pour l’année 2015 et ainsi de suite si les ventes perdurent.
Je vous souhaite une bonne lecture.
Pédro Torres
La haine
Coco Deschannel
Traduit par Sébastien Avril
J’ai retrouvé il y a peu, dans les archives de mon grand-père, un manuscrit de l’écrivain Coco Deschannel. Auteur rejeté en son temps pour son style trop lucide et amer, bien que romantique dans l’âme.
Je vous livre cette nouvelle dont j’ai essayé de faire une traduction aussi fidèle que possible du texte d’origine…
*
* *
Chaque fois que j’entends cette chanson, je me souviens. Tout remonte à la surface et j’ai les larmes au cœur. Ici tout est possible, tu avais raison… Je monte le son, me cale dans mon fauteuil et je ferme les yeux.
*
* *
— Qu’est-ce que tu fais ? interroge une voix venant d’en bas. Nous n’allons rien trouver à ce rythme !
Billy s’énerve déjà et l’après-midi n’est pas encore entamé.
— Je suis là ! je réponds, tout en descendant les marches quatre à quatre.
— Tu en mets toujours du temps, c’est incroyable…
— L’important est que je suis maintenant prêt !
Mon grand frère soupire et nous nous mettons en route. Bien évidemment, il ne cesse de me répéter les mêmes choses depuis quarante-huit heures. C’est chaque année la même histoire : la fête nationale, son histoire, le pourquoi du quatre juillet et un tas d’autres anecdotes ! Il est aussi savant que je suis désinvolte. Cela doit être dû au fait que nous vivons en Louisiane, bel État au demeurant, et que nos chances d’avoir une vie aussi palpitante que culturellement épanouie sont très minces. Tandis qu’il poursuit des études avancées, je passe mon temps à lire, écouter de la musique sur mon vieux tourne-disque. Je me dis que les années cinquante sont les prémices d’une révolution culturelle, enfin je l'espère...
— Tu m’écoutes ? demande-t-il.
— Je ne fais que ça !
— Bien. Allons chez la Vieille Mama . Je suis persuadé que nous y trouverons des choses intéressantes.
Je le suis sans rien dire. Nous pénétrons dans la boutique de la Vieille Mama et il repère tout de suite un costume. Pour ma part, je déambule parmi les étalages, quand soudain je sens une main se poser sur mon épaule.
— Tu as l’air perdu ! s’exclame le jeune homme qui me fait face, quand je me retourne.
— Pas du tout !
Je suis toujours sur la défensive, ça fait partie de ma personnalité. Pourtant je ne suis pas du genre asocial. Je le dévisage un instant. Il est aussi blond que je suis brun et ses yeux sont d’un bleu ciel d’été alors que les miens sont nuits d’hiver. Sa carrure laisse à penser qu’il travaille dans les champs. J’essaie de compenser mes dix centimètres de moins par une posture droite et relance la conversation.
— Tu es un nouveau vendeur ?
— Non pas du tout. Je suis juste de passage et la Vieille Mama m’a proposé de m’héberger pour quelques jours contre un peu de travail.
— C’est tout à fait elle ça ! Et tu es de quelle ville ?
— En fait, je viens du Texas. J’ai décidé de visiter quelques villes avant de rejoindre ma destination finale.
Je n’ai pas le temps d’ouvrir la bouche pour répondre que Billy survient.
— Frérot, tu ne devineras jamais ce que je t’ai trouvé ! s’exclame-t-il.
— Une tenue d’explorateur ? j’interroge, souriant.
— Bien joué !
— Très bon choix, lance le vendeur par intérim. Je suis Andrew, enchanté.
— Moi c’est Billy ! Et voici Jayson, mon petit frère.
Un instant je me dis que mon frère me prend encore pour un tout petit garçon. Il me présente et prend la conversation en mains. Du haut de mes dix-sept ans, je ne suis plus un enfant et il devrait s’en souvenir ! Je les abandonne donc pour trouver quelque chose qui fera l’affaire pour la fête qui aura lieu dans vingt-quatre heures.
*
* *
— Sérieusement, que trouves-tu à ma tenue de si horrible ? j’interroge, énervé.
— Tu t’habilles en dandy pour le jour de notre indépendance ! Tu ne trouves pas ça un peu déplacé, frérot ?
— Pas du tout. Pour une fois que j’ai l’occasion de porter quelque chose dont j’ai envie…
Billy baisse le regard et tourne la tête. Je suis sans doute maladroit de dire les choses ainsi. Notre famille n’est pas très riche, mais n’est pas pauvre non plus. Mes parents travaillent tous les deux pour pouvoir subvenir à nos besoins, mais nous savons très bien qu’un jour nous devrons les aider à notre tour.
Je change donc de sujet rapidement pour dissiper la tristesse qui se lit sur son visage. Nous parlons des corvées qui nous attendent encore à la maison et de notre impatience d’être au lendemain.
— Andrew a l’air sympathique. Je lui ai proposé de se joindre à nous demain.
— Que fais-tu de papa et maman ?
— Ils seront avec la famille Harper comme d’habitude.
Il est vrai que chaque année voit se répéter le même schéma. J’aimerais pourtant que les choses changent… mais rien ne changera jamais ici…
*
* *
La soirée et la nuit passent très vite. Au matin, nous sommes encore plus impatients que la veille. À chaque fête nationale, j’imagine qu’un évènement va se produire, quelque chose d’exceptionnel, d’exaltant, mais la page se tourne comme celle des romans qui m’emmènent ailleurs. Je reviens sans cesse à la réalité avec l’espoir que tous ces mots ne sont pas un mirage, un mensonge, un miracle éphémère contre ma mélancolie. Cependant, lorsque le feu d’artifice a été tiré, que tout est redevenu calme et sombre, que l’excitation disparaît, je cherche derechef une histoire qui illuminera mon quotidien. Je secoue la tête pour chasser ces pensées de mon esprit, et je bois une gorgée de café.
— Ton frère dort encore ? interroge mon père qui vient d’entrer dans la cuisine.
— Bonjour ‘pa ! Oui, il s’est couché tard hier.
— Il est déjà dix heures. Va le réveiller !
Je ne discute jamais un ordre de mon père. Je connais ses colères et préfère ne pas les subir.
Je monte donc chercher Billy. Arrivé devant sa chambre je frappe à la porte, plusieurs fois avant d’entrer. Il est bien éveillé et tout rouge.
— Je ne t’ai pas dit d’entrer ! s’exclame-t-il.
— Qu’est-ce qui te prend d’être aussi agressif ? T’es sûr que ça va ? Tu es tout rouge.
— À ton avis ? Je suis un peu occupé là. Descends, je te rejoins.
Je fais demi-tour et referme derrière moi. Je ne comprends rien à la situation. Peut-être est-il un peu souffrant.
Lorsque j’entre dans la cuisine, ma mère est là. Assise près de mon père, bien sûr, et souriante comme chaque jour.
— Bonjour mon fils. Impatient d’être à ce soir ?
— Bonjour ‘man . Oui, très !
— Tu vas peut-être enfin trouver une femme ! s’exclame mon père.
— Voyons, ne l’embête pas avec ça. Tu sais à quel point notre Jayson est timide.
— Billy va descendre.
Je lance un regard plein de gratitude à ma mère avant de quitter la table. Mieux vaut éviter certaines discussions inutiles.
*
* *
— Tu es moins rouge que ce matin, lancé-je. Tu avais fait un cauchemar ?
— T’es bête ou tu le fais exprès ? demande Billy, alors que je le regarde, interloqué. Ce matin je t’ai dit que j’étais occupé. T’as pas compris ?
— À moins de faire quelques exercices dans ton lit, je ne vois pas ce qui pouvait t’occuper, je réponds, vexé.
— T’es incroyable frérot ! Ne me dis pas que tu…
Nous sommes coupés par l’apparition d’Andrew, qui nous attendait sagement près de chez la Vieille Mama .
— Comment allez-vous les gars ? interroge-t-il.
— Très bien ! répond Billy.
— Quoi de neuf ? me lance-t-il.
— Eh bien, j’allais apprendre quelques petits trucs au frérot, mais ça sera pour plus tard.
Billy a décidément p