202
pages
Français
Ebooks
2022
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
202
pages
Français
Ebook
2022
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Publié par
Date de parution
10 novembre 2022
Nombre de lectures
10
EAN13
9782375212288
Langue
Français
Publié par
Date de parution
10 novembre 2022
Nombre de lectures
10
EAN13
9782375212288
Langue
Français
Cassie F.
Shooting Star
Tome 2 : Seconde Chance
Mixed
Éditions Haro
N° ISBN Papier : 978-2-37521-229-5
N°ISBN Numérique : 978-2-37521-228-8
© Éditions Haro 2022, tous droits réservés.
© Haro et Adobe Stock, pour la présente couverture.
© Mixed est une marque des Éditions Haro
Suivi éditorial et correction : Jennifer Verbeurgt
Dépôt légal : Décembre 2022
Date de parution : Décembre 2022
Éditions Haro :
200 route de Bordeaux, 40 190 Villeneuve de Marsan
Site Internet : www.editionsharo.fr
Art L122-4 du CPI : Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Il en est de même pour la traduction, l'adaptation ou la transformation, l'arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque.
Art L335-2 du CPI : Toute édition d'écrits, de composition musicale, de dessin, de peinture ou de toute autre production, imprimée ou gravée en entier ou en partie, au mépris des lois et règlements relatifs à la propriété des auteurs, est une contrefaçon et toute contrefaçon est un délit. La contrefaçon en France d'ouvrages publiés en France ou à l'étranger est punie de trois ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende. Seront punis des mêmes peines le débit, l'exportation, l'importation, le transbordement ou la détention aux fins précitées des ouvrages contrefaisants. Lorsque les délits prévus par le présent article ont été commis en bande organisée, les peines sont portées à sept ans d'emprisonnement et à 750 000 euros d'amende.
Art L335-3 du CPI : Est également un délit de contrefaçon toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d'une œuvre de l'esprit en violation des droits de l'auteur, tels qu'ils sont définis et réglementés par la loi. Est également un délit de contrefaçon la violation de l'un des droits de l'auteur d'un logiciel définis à l'article L. 122-6.
Prologue
Lucas
New York, 2 juin 2018
Je me trouve à l’aéroport, billet à la main, avec choix de mon siège côté hublot. J’adore admirer les nuages pendant le vol. J’aime l’instant où on est englouti par cet océan de coton blanc avant que nos yeux soient éblouis par la lumière du soleil. Je n’ai pas souvent pris l’avion. La première fois était il y a deux ans. Depuis, je fais toujours le même trajet : un aller-retour New York/Chicago, en juin.
Si je suis retourné dans la ville de mon enfance, c’était dans l’unique but de me recueillir sur la tombe de ma sœur et de lui offrir ces petits coquillages ramassés sur les plages new-yorkaises bordant l’océan Atlantique, cet infini que ma princesse perdue rêvait un jour d’admirer.
Ce petit périple dure à chaque fois deux jours au lieu d’un, à cause de lui . Il est toujours là, dès l’ouverture des grilles en fer de ce cimetière sinistre. Je la remarque de loin, cette silhouette attirante, si reconnaissable à mes yeux, à mon cœur. Mon âme a soif d’elle.
Il y a deux ans, surpris par sa présence, je n’avais pas su comment réagir. Mon corps avait pris le dessus sur mon cerveau atrophié. Mes jambes m’avaient mené derrière un arbre maigrichon, puis, après un vif coup d’œil sur lui et les alentours, j’avais sprinté parmi les ombres des pierres tombales et les arbres centenaires pour me dissimuler derrière le bosquet le plus proche de la tombe de ma sœur. Là où lui se tenait debout.
Cet amour du passé. Je l’ai observé. Longtemps. La frustration m’avait envahi. Depuis mon départ, j’avais souhaité un nombre incalculable de fois réentendre sa voix, le toucher, l’embrasser, mais rien que de le voir m’avait fait l’effet d’un ouragan.
Toutes les minces certitudes que j’avais réussi à m’ancrer dans le crâne loin de Chicago, tous mes espoirs de me reconstruire, de m’affranchir de mon passé, avaient été balayés par cette vision de mon amour perdu. Je m’étais caché toute la journée en priant pour qu’il ne me remarque pas. Je ne pouvais pas lui faire face.
J’avais peur de tout. Du passé, du présent et de ce futur incertain ; de moi-même, de lui et de son regard haineux. J’étais certain qu’il me haïssait et je n’aurais jamais supporté de voir ses magnifiques yeux émeraude ternis par l’aversion que ma vue pourrait lui inspirer.
J’étais encore brisé. Je me sentais au bord d’un gouffre sans fond, vacillant. Allais-je réussir à ne pas chuter dans ces profondeurs obscures ? Je l’ignorais. J’étais si lamentable, encore incertain de ma capacité à me relever de mes cauchemars. Et surtout, par-dessus tout, je ne voulais pas que Matthew supporte encore mes échecs. J’étais donc resté prostré derrière les arbres et avais attendu qu’il s’en aille.
Ce jour-là, j’avais vu les fantômes de mon passé défiler, échanger quelques mots avec lui et le quitter en le laissant seul, assis dans l’herbe ou sur le banc en lattes défraîchies en face de la tombe d’Ellie, jusqu’à cet instant où le son de ses pas sur le gravier avait brisé le silence. Il n’y a qu’à ce moment-là que j’avais pu me résoudre à jeter de nouveau un bref regard et… le voir s’éloigner m’avait anéanti.
Deux années maintenant que je joue à ce petit jeu de la souris. Il ne m’a jamais vu ; et moi, je n’ai jamais pu me résoudre à partir sans le voir. Je reste donc dissimulé derrière les arbres et savoure les quelques coups d’œil que j’ose lui lancer en catimini.
Il remarque toujours les coquillages. Il les prend entre ses doigts, un léger sourire aux lèvres. Je me demande à chaque fois s’il sait que c’est moi qui laisse ces petits cadeaux. Ces coquillages sont devenus en quelque sorte un lien entre nous trois. Moi d’abord. Puis Ellie. Et enfin, Matthew, qui les range dans sa veste à la fin de la journée et les emporte avec lui. J’aimais qu’il les prenne, parce qu’en le faisant, il rapportait une partie de moi auprès de lui.
J’adorais le revoir, cependant, le contrecoup une fois à New York était difficile. La première fois que j’avais subi cette expérience choc, cela avait été un carnage. J’étais rentré comme un zombie. Je ne me rappelais même pas avoir rejoint l’aéroport à Chicago pour mon vol retour. Lorsque j’avais eu enfin conscience de moi-même, j’étais avachi sur le sol de mon petit studio new-yorkais en train de pleurer sur cette unique photo de nous que je possède encore, mes mains crispées dessus, des larmes plein le visage, jusqu’à ce que Dorian et Kill arrivent et me sortent de cet état.
Aujourd’hui, nous sommes le 2 juin et je m’envole vers la ville de mon enfance comme chaque année pour mon rendez-vous avec ma sœur demain. Seulement, j’ai d’autres buts cette fois et cela me rend fébrile. Tout est prêt pour mon départ, mais j’hésite. Je suis indécis. Je me mordille les lèvres tout en fixant mon boarding-pass d’un œil mauvais, comme s’il était responsable de mon hésitation et connaissait la vérité libératrice de mon âme. Au final, je sais bien que je suis le seul à la prendre, cette décision qui me ramènera ou non auprès de lui.
— Tu vas continuer longtemps à rester planter au milieu du terminal telle une statue vivante ? Tu commences à attirer des regards louches de la part des autres voyageurs avec ton air renfrogné. Je crois même que tu es dans le collimateur du vigile. Remarque, moi aussi, je te surveillerais avec la tête de psychopathe que tu affiches. Qu’est-ce qu’il t’arrive, gamin ? Pourquoi tu rumines comme ça ?
Je lâche mon billet du regard et relève la tête vers mon ami, qui attend l’heure du départ avec moi. Il me fixe de ses iris sombres, un café à la main.
— Rien, ça va, bougonné-je.
Il grogne.
Je ne le trompe pas. Il me connaît très bien maintenant, ou alors, c’est parce qu’il est flic et que je ne sais pas mentir ? Peut-être les deux.
— À d’autres. Tu as ta tête des jours où ton cerveau surchauffe. Je te l’ai déjà dit. Ne réfléchis pas trop, Lucas.
Je lui jette un regard noir qui ne le fait pas trembler une seule seconde dans ses baskets.
— Ce n’est pas toujours aussi facile, Kill, et tu le sais.
— Et en quoi cette décision n’est-elle pas simple ? Ce n’est pas la première fois que tu retournes là-bas, pourtant. Qu’est-ce qui change ? Le fait que tu aies décidé d’y rester plus longtemps ? Je ne vois pas vraiment la différence avec d’habitude, sauf que tu ne pourras pas dévorer mes délicieux raviolis au tofu et au basilic avant quelques semaines, bien sûr.
Je ne peux retenir un sourire. C’est vrai. Ses raviolis faits maison ont le goût de mon chez-moi, du foyer que je me suis construit peu à peu en trois ans. Je les adore. Mais les talents culinaires de Kill ne sont pas la question et il le sait très bien.
— Il y en a, rétorqué-je. J’ignore si je suis prêt à me confronter à mon passé, à mes souvenirs, à m’y replonger tête la première. J’ai peur de couler à pic encore une fois.
— Tu es terrifié de te confronter à tes souvenirs ou aux personnes que tu as laissées derrière ? me coupe Kill avec pertinence.
Je le fusille du regard. J’ai bien conscience que je ne suis pas tant effrayé par les lieux que par les personnes que j’ai abandonnées. Ma vie est une lutte de tous les instants. Je dois constamment combattre mes propres démons. Ils me suivent partout, qu’importe où je vais, où mes pas me mènent, où je vis, que ce soit Chicago ou New York. Tous les jours, je dois me confronter aux souvenirs de mon enfance, aux mots de haine pure de mon père, à ses coups, aux cris et aux larmes d’impuissance de ma mère, aux regrets de mon Ellie, de ma sœur, de ma princesse envolée.
La honte et la culpabilité me rongent. Toutefois, les démons de mon âme, je les ai apprivoisés. Je ne me laisse plus submerger. Or repartir là-bas cette fois, c’est mettre en péril mon équilibre précaire. Je vais sortir de ce doux cocon protecteur et me mettre en danger.
Pourquoi ai-je décidé de faire cette folie ? Pourquoi risquer de souffrir de nouveau ? La réponse est simple : pour lui . Parce qu’il me manque. Mais… j’ai peur des vivants. Tous ont pu vivre