Serment d’amour , livre ebook

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Lorsque Charles, le milliardaire veuf, rencontre la prostituée Sarah, il lui confiera au fil des jours le borderline de sa vie. De cette écoute prolongée de ses ondulations de voix, naitra un serment, derrière le bandeau noir qui ôte la vue et qui force les autres sens à se réveiller. Mais Charles sera bientôt victime d’un grave accident et fera le choix de se suicider, en rompant intérieurement le serment. Sarah va alors rentrer dans un deuil pathologique. Victime d’une tentative de suicide ratée, elle passera un temps significatif en thérapie, sans jamais dépasser son deuil ailleurs qu’en apparence. Ce roman invite à se questionner sur l’amour et ses promesses, la normalité et le borderline, l’après-deuil et nos lignes rouges … Les barrières entre la fiction et le réel sont toujours quelque peu mystérieuses dans l’œuvre de Hend Bouaziz. Serment d’amour a été suivi par Orchidée des rêves, un essai autobiographique dans lequel l’auteure explicite son univers.
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Publié par

Date de parution

01 janvier 2021

Nombre de lectures

14

EAN13

9789938074895

Langue

Français

HEND BOUAZIZ
Serment d’amour
Roman Arabesques 2021
Titre : Serment d’amour. Auteure : Hend Bouaziz. Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés à l’éditeur: ARABESQUES EDITIONS ISBN : 978-9938-07-489-5 5, rue 20 Mars 1956,1er étage bureau n°3, Bab Saâdoun, 1005 www.editions-arabesques.tn E-mail :editionsarabesques.tunis@gmail.com
Préface de l’auteure
vec la Révolution de deux mille onze, la Tunisie faisait sa première expérience des couvre-feux. De cet emprisonnement forcé allaient naître les premières esquisses deLe jour et le jour d’aprèsdont l’écriture n’était au départ qu’un « passe-temps » dans un contexte où aucun choix alternatif ne m’était donné. Le vrai moteur de l’écriture viendra un peu plus tard et je pense pouvoir le situer vers le mois d’avril deux mille douze où bon nombre de décisions atypiques se profilaient discrètement à l’horizon. Parmi ces décisions, un congé sans solde et une série de longs courriers en cascade. C’est ainsi qu’en janvier deux mille douze, j’ai signé pour un premier départ au Vietnam. J’allais néanmoins attendre jusqu’à la fin mars pour entreprendre mes voyages, ignorant à quel point ces périples allaient être déterminants, à la fois en termes de matière pour l’écriture et en termes d’impact sur ma propre vie. Huit ans plus tard, j’ignore si j’étais aussi sereine et tranquille que je ne voulais le laisser supposer en arrivant au comptoir d’enregistrement de l’aéroport de Tunis, le vingt mars deux mille douze, mais je peux affirmer en toute honnêteté que je suis arrivée vide d’attentes et cela était aussi valable pour le Vietnam, premier pays que j’allais visiter et dont j’allais bientôt m’éprendre. C’était, bien sûr, le jour de la fête de l’indépendance de la Tunisie et j’allais le passer de vol en vol, puisque
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j’embarquais pour Doha où une longue escale m’attendait avant d’arriver à Hô-Chi-Min City. Contre toute attente, l’Indochine et ce vingt mars-là seront et demeureront un point d’inflexion important dans ma vie. Inconsciemment, quoique sans étonnement majeur, je reviendrai régulièrement sur cet épisode dans mes écrits, le racontant à plusieurs reprises, le chantant et le glorifiant. Dès mon arrivée à l’aéroport de Tunis, en effet, j’allais remarquer cet homme d’un certain âge qui tentera de m’approcher à plusieurs reprises pour se faire rejeter à chaque fois. Au moment où le micro de l’aéroport allait enfin annoncer l’embarquement du vol en partance pour Doha, je pris l’initiative d’aller fumer une dernière cigarette avant le long trajet. Alors que je cherchais désespérément un briquet au fond de mon sac, « l’homme », lui-même fumeur compulsif, en profitera pour me tendre rapidement le sien. Dans les jours qui suivront, il avouera que cet épisode du briquet fut en quelque sorte une délivrance pour lui. * « Nous sommes solidaires dans le tabac ». Telle fut sa première phrase et de cette seule phrase et de cette seule solidarité sont nés la locomotive de l’écriture et le moteur de « Le jour et le jour d’après ». La réticence… Telle fut ma première réaction… Telle fut ma réaction pendant tout ce périple vietnamien… Je n’avais envie de rien être pour lui et je n’avais nul besoin qu’il soit la moindre chose pour moi. Plus encore, je n’avais envie de rien être pour quiconque et pas la moindre envie que quiconque ne s’accapare une infime
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importance dans ma vie. Je ne suis d’ailleurs pas assez honnête en parlant de réticence au singulier, et je devrais plutôt exprimer cette réaction initiale au pluriel. Je retiendrai donc volontiers cette expression : « une montagne de réticences » pour témoigner de l’état d’esprit qui fut le mien au début de cette histoire et qui contrastera fortement avec la suite des évènements. * Cette montagne de réticences me poussera à méditer, longtemps et profondément sur les contradictions de l’humain, ses désirs profonds, ses espoirs interdits et la médiane de champs possibles dans cet intervalle. À cela, se grefferont des méditations encore plus complexes rattachées au sort de l’humain, ou si je puis dire ainsi, son destin, avec ce que cela inclut de rêves qu’il doit abandonner de peur et de crainte de choquer, de déplaire, de heurter les sensibilités en prenant les routes du socialement réprimé et de l’interdit. C’est pour cela qu’on retrouve au centre de mes écrits, le poids des appréhensions nées d’anticipations parfois erronées ; des jugements de valeur déplacés ; de la conformité ambiante et du besoin de la perpétuer ; des dangers de l’anticonformisme et de ses difficultés. Plus particulièrement encore, cette montagne de réticences me poussera à méditer sur la vie, et plus précisément sur le destin qui finit toujours par accomplir son œuvre de façon admirable, en reprenant ses droits sur notre existence. * C’est en tout cas de cette petite histoire, de ma fuite et de sa suite que naîtra un flot d’écriture difficile à contenir. Au-delà de la solidarité des fumeurs compulsifs, j’allais découvrir au fil du temps, un homme que je ne pouvais
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qu’aimer avec force, constance, rigueur, attachement et sérénité. Frappée comme jamais, mais plus exactement happée par les flèches de Cupidon, je vais alors reprendre sous la coupe de cette passion inattendue et débordante mes esquisses postrévolutionnaires. C’est ainsi faisant que commenceraLe jour et le jour d’aprèscomme une tentative pour saisir, capter et immortaliser cet amour grandissant. Je vais d’ailleurs reprendre mes esquisses du passé, rédigées dans des moments de solitude où j’avais oublié combien la vie n’est qu’une roue qui tourne et qui transforme les situations. * Le onze novembre deux mille seize, alors queLe jour et le jour d’aprèsvenait de paraître depuis une quinzaine de jours et de décrocher le PrixJDMF National Tunisie, suscitant une médiatisation à laquelle je n’étais pas préparée, j’allais être informée de son décès. Sous mes yeux témoins, il s’était débattu longtemps, mais fièrement et dignement avec la mort. Tout au long des sept mois fatidiques où il allait être alité, je resterai toujours d’une manière ou d’une autre, présente dans son entourage, bien qu’il ne fut pas toujours facile d’avoir accès à lui et bien qu’il fut souvent difficile pour moi de supporter le poids de son décès quasiment annoncé. À la fin de sa vie, n’ayant plus la possibilité de le voir au quotidien, je trouverai le moyen de lui faire entendre quotidiennement ma voix. Hémiplégique et privé de parole, il me semblera toutefois lucide à certaines de mes visites et ses yeux me sembleront luire à chaque fois que je lui donnerai des nouvelles de moi ou de mon écriture.
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Quoique découragée après son décès, mais comme il l’avait toujours souhaité lorsqu’il pouvait parler, et malgré mes états d’âme du moment, je sus que je devais continuer à porter mes écrits pour que la part vraie de cette histoire reste gravée à jamais, au-delà des déformations importantes qui sont parfois nécessaires dans la narration et qui sont palpables dans ce nouveau roman. * Cette part vraie de l’histoire, c’est donc cet amour qui a existé, qui a été le moteur sincère de mon écriture et qui restera, également de par ailleurs, une fiction profondément détournée et fondamentalement métaphorique, quoique, et je le dis à regret, malheureusement prémonitoire de ce que j’allais éprouver et ressentir le 11 novembre et les semaines, voire même les mois d’après où je souhaitais constamment et ardemment rompre avec le deuil sans y parvenir. Ces marques de deuil vont inconsciemment me poursuivre dans l’écriture de ce deuxième roman où l’on va ressentir ces tristesses qui nous hantent suite au départ des êtres qui nous sont chers. Par souci de purification néanmoins, des passages entiers seront visités et revisités, avec parfois pour ultime décision, leur autocensure pure et simple du texte édité. * Avec ce nouvel ouvrage, mes marques de fabrique se précisent, notamment du point de vue de la construction du roman, où on retrouvera le sentiment de cette chute qui fait la force deLe jour et le jour d’après, avec un lecteur qui va encore une fois, je pense, imaginer une fin tranquille avant d’être complètement pris de court par la suite des événements que j’aime fabriquer et construire autour de l’invraisemblable et de l’inattendu.
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Du point de vue des techniques de l’écriture en elles-mêmes, on retrouvera, encore une fois, la rime ou tout au moins, une certaine musicalité constante. * Je dois avouer qu’au moment de sa parution,Le jour et le jour d’aprèsétait quelque peu décalé avec son époque. Ne venant pas du monde littéraire et ne comprenant pas l’urgence de le publier, il a été publié trop tard et se nourrissait d’une actualité déjà ancienne. Loin de toute politique politicienne, il reste néanmoins un témoignage personnel sur la période de la Troïka, une période où j’estime que la Tunisie, mon pays, a pris une direction et un chemin en dessous de son potentiel. Entre les lignes, mes accusations à cette Troïka seront pourtant très franches et parfois même virulentes ou emportées ; puisque je les accuserai ouvertement de la montée de l’outrageux salafisme djihadiste – qui ne nous ressemble pas et qui a réussi à devenir une composante de nos vies, avec ce que cela implique en termes de conditions de vie et de nouveau paysage sociétal – et du ralentissement de la machine économique qui a été détournée, à mon humble avis, de sa véritable trajectoire. En ce sens et parce que ce sommet d’État là est défaillant et responsable de notre décadence, Sofia et Idriss, mes personnages principaux dansLe jour et le jour d’après, des ex-capitalistes, vont faire un choix des plus improbables, se séparer de cette machine lente «pire que le choléraet cela est sans doute une métaphore ou une » illustration personnelle des plus poussées du climat désespérant et de déprime né de la Révolution, ainsi que du souhait, du besoin ou du doute de revoir la machine renaître de ses cendres et quitter sa léthargie. *
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