Un cow-boy de trop , livre ebook

Un cow-boy de trop

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Lydasa
 
 
Un cow-boy de trop
 
 
Couverture : Néro
 
 
Publié dans la Collection Enaé
 
 

 
 
© Evidence Editions  2023

 
Mot de l’éditeur
 
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Chapitre 1

 
 
 
Jack
Les appaloosas sont une race de chevaux originaire du nord-ouest des États-Unis. Ils ont la particularité d’avoir une robe tachetée. Celui d’aujourd’hui est malheureusement très éloigné de celui d’origine, les guerres ayant fait des ravages. Les chevaux étaient considérés comme des armes et abattus sans autre forme de procès.
Cela fait cinq ans que j’ai repris la tête du ranch de mon père. Nous sommes situés dans le Montana près de la réserve indienne des Blackfeet. Ils sont même nos plus gros clients en ce qui concerne nos chevaux. Le nom de mon ranch est The Stars Hope, mais il n’est pas seulement connu pour notre élevage de chevaux. À presque trente ans, j’ai environ cinq mille têtes de bovins ainsi que cinq cents chevaux. Spécialisé dans la race des appaloosas, j’affectionne particulièrement ceux à la robe blanket . Ils ont une large zone blanche tachetée sur la croupe, ce qui détonne avec le reste du corps qui est souvent bai ou brun. Je suis aussi l’un des plus grands champions du pays dans les compétitions de western. Je n’ai quasiment rapporté que des trophées pour la première place depuis que j’ai l’âge de monter en selle.
Aujourd’hui, je suis particulièrement inquiet. Voilà plusieurs heures que ma jument Jaïna a des contractions. Elle est arrivée à son terme et, ce poulain en particulier, je veux en faire l’un des plus grands champions de western. Elle est la toute première jument que j’ai débourrée moi-même sur les conseils de mon père. Son poulain sera forcément une merveille, mais je stresse énormément, car pour toute mise bas, il y a toujours des risques. Faisant les cent pas devant le box, j’attends que le vétérinaire termine ses analyses. Quand il sort enfin, je lui saute presque dessus, ce qui le fait sourire.
— Pour l’instant, rien d’alarmant, le petit est encore au chaud, elle a juste des contractions, me rassure-t-il.
— Il n’y a pas de risque qu’il se retrouve coincé ou qu’elle fasse une infection ?
— Arrête de paniquer, Jack ! Ce n’est pas son premier poulain pourtant, ce n’est pas non plus le premier que tu fais naître ici. Alors, détends-toi, reste avec elle, c’est juste un peu long.
Je suis de nature à angoisser rapidement, surtout quand ça concerne ma jument. Pour les autres chevaux ainsi que pour les vaches, je suis plus détendu. Pour le coup, j’angoisse exactement comme un futur papa. Retournant dans le box, je caresse doucement ma jument, entre les yeux, elle est tout en sueur, sa respiration reste saccadée.
— Je pense que le petit devrait sortir dans la nuit, m’annonce le vétérinaire. Tu sais ce qu’il faut faire de toute façon, ne m’appelle pas, je repasserai demain matin avant mes premières consultations.
— Merci, Max !
— Alors, comment tu vas l’appeler, le petit ?
— Si c’est une pouliche, je l’appellerai Milady et si c’est un poulain, Mighty.
— C’est sympa ! Tu as toujours été assez doué pour trouver des noms pour tes animaux. Quand je pense que tu as donné un nom à chacune de tes vaches…
Je rigole face à sa remarque, mais trouver des noms, pour chacune de mes bêtes, est important. Les animaux ont une âme et des sentiments, je ne veux pas qu’ils soient cantonnés à de simples numéros. Seul avec ma jument, je passe mon temps à la brosser, tressant sa crinière pour qu’elle ne soit pas trop gênée.
Le temps s’effrite et je le passe à la câliner alors qu’elle vient enfin de se coucher. Mon pote vient me voir, apportant quelques collations pour que je puisse passer la soirée ici.
— On va devoir augmenter nos effectifs, me dit-il.
— Ouais, on en avait déjà parlé. Je te laisse gérer ça, je te fais confiance pour l’embauche.
Carl est mon associé depuis le début de ma prise de fonction. Nous sommes meilleurs amis depuis tout gamins, je crois même que nous l’étions dans le berceau. Pour la gestion du ranch, je suis plus sur le terrain avec toute l’équipe que dans les bureaux. Nous sommes dix à nous occuper de tout ce beau monde. Carl gère l’administratif et la trésorerie, nous nous complétons parfaitement.
— Je pensais embaucher cinq personnes de plus, comme je sais que les vaches arrivent bientôt à terme, nos têtes de troupeaux vont doubler.
— Ça passe, niveau finances ?
— Oui, on pourrait même embaucher plus, me dit-il en me regardant câliner ma jument.
— Embauche un peu plus alors, les mecs commencent à fatiguer en ce moment, et deux d’entre eux vont être papas, ça risque d’être compliqué dans les jours à suivre. Surtout qu’on connaît une sacrée hausse des commandes de bétail, la plupart des veaux iront dans un autre ranch au Texas.
— Il y a d’autres demandes et des réservations qui sont tombées. Les Blackfeet voudraient aussi réserver une dizaine de poulains pour les prochaines naissances.
Notre activité est très pérenne, mon père s’est longtemps battu pour faire connaître son nom et, aujourd’hui, je fais perdurer son souvenir. Si je suis à la tête du ranch, ce n’est pas parce que mon père est parti en retraite, il est malheureusement décédé pendant un concours de western. Alors qu’il attrapait un veau, il est tombé de sa monture et sa tête a heurté une des barrières métalliques de l’enclos. Il ne s’est jamais relevé et est mort dans l’ambulance. Quant à ma mère, elle est décédée en couche à ma naissance. Mon père n’a jamais refait sa vie après elle, donc je suis fils unique.
— On va en avoir besoin. Là, on tire sur la corde depuis cinq ans, mais les gars n’en peuvent plus.
— Ça marche ! Bon, je te dis bonne nuit, appelle-moi quand le poulain sera là, je viendrai tout de suite.
Je le remercie, avant qu’il ne me laisse seul avec mon amour. Elle souffle de plus en plus et son ventre fait des vagues. Je me sens tellement impuissant face à sa douleur, j’aimerais pouvoir la prendre à sa place.
Les heures passent et, finalement, elle se couche complètement, le travail a commencé. Je l’accompagne comme je peux, l’aidant à faire sortir son petit jusqu’à la délivrance. La petite merveille est là, un petit mâle, mon futur champion. Jaïna a immédiatement la fibre maternelle, le léchant pour le stimuler. Je le frotte avec une serviette pour l’y aider.
Quand un poulain vient au monde, il se met presque immédiatement debout, c’est inné, ça leur permet d’échapper aux prédateurs. Ma jument s’est déjà relevée, motivant son petit à faire ses premiers pas. Sauf que quelque chose ne va pas. Il ne se lève pas et tremble beaucoup. Je le stimule de plus en plus, mais rien n’y fait, le petit reste couché même s’il cherche sa mère.
Je prends appui sur mes jambes, à la naissance, un poulain pèse environ cinquante kilos, j’arrive à le soulever sans trop de difficultés. Je vois alors immédiatement le problème. Il a une déformation sur ses articulations et ses jambes sont tordues, comme si elles étaient toutes molles. Avec mon aide, il arrive à se tenir debout et je le mets sous le ventre de sa mère pour qu’il tète. En le lâchant, il arrive à garder son équilibre. Je pense qu’il aura surtout des difficultés à se lever.
J’appelle Carl qui doit dormir profondément, malgré tout, il rapplique rapidement. Je sais qu’il ne faut pas que je prenne de décisions hâtives, je ne vais pas alarmer le vétérinaire tout de suite. Quand mon ami arrive, nous faisons tout ce qu’il faut faire, c’est-à-dire pas grand-chose, à part nettoyer le box et aussi Jaïna. Le petit a fini par se recoucher, comme épuisé par le fait de se porter sur ses jambes.
— Tu penses que c’est opérable, ce qu’il a ? me demande Carl.
— Ses articulations sont molles, on a déjà eu des poulains comme ça. Je pense qu’il va avoir besoin d’attelles au moment de sa croissance. Ça devrait vite revenir à la normale en grandissant.
— Alors, il deviendra quand même un champion ?
— Oh que oui ! Je vais faire en sorte qu’il muscle bien ses jambes ! C’est assez fréquent chez les poulains, tu sais !
Mon meilleur ami ne s’y connaît pas aussi bien que moi dans le monde équin. Il est bon cavalier, mais, quand il s’agit de termes techniques ou des soins des chevaux, il perd ses moyens.
— Dans ce cas, bienvenue à Mighty, notre nouveau champion. Allez, viens te coucher, ils ne craignent plus rien tous les deux.
Il a raison, j’ai besoin de dormir, demain le vétérinaire passera très tôt et je dois aussi m’occuper du ranch. Les autres bêtes se fichent de savoir si j’ai dormi ou non, elles ont faim tous les jours à la même heure. C’est le mode de vie que j’ai choisi, celui de suivre les traces de mon père. Je regagne mes appartements qui se trouvent juste au-dessus de l’accueil du ranch. J’habite sur place pour être disponible en cas de souci. Mon meilleur ami est dans les appartements juste en face. Nous offrons aussi un logement pour le personnel dans des sortes de chalets, un peu à l’écart du corps de ferme. Quand ils s’engagent à travailler pour nous, ils s’engagent aussi à veiller tard ou à réagir en cas d’urgence.
Je me glisse dans mes draps après une bonne douche, avec mon super pouvoir