Josse, sexagénaire désabusé et amer, se retrouve soudainement déclassé au rang d’ancien travailleur, lie inutile d’une société suintant la rentabilité, catégorie des vieux oisifs pour qui le temps jusqu’à présent avait été trop court, et devenait subitement d’une longueur insoutenable. C’était la retraite. Un cerveau qui s’étiole, un physique qui défaille, l’isolement, des compétences enterrées; loin du stéréotype médiocre de la moyenne jouisseuse, consommatrice, bien-pensante et suffisante, Josse se désole de cette existence terne, morose et péniblement similaire. À cela une seule échappatoire, son trois pièces et l’alcool, un quotidien rythmé par les moments d’ivresse et de torpeur. Jusqu’au jour où un chat salutaire et salvateur va faire irruption dans sa vie… Aristote disait de l’homme qu’il est un animal politique. Autrement dit, l’homme n’est pas solitaire par nature. Pourtant cette sociabilité naturelle peut s’avérer relever du calvaire, pire de l’insoutenable. Ce dont Josse fait péniblement l’expérience à chaque incursion vitale dans cet univers vil et insipide. Reclus, cloîtré, cynique et pathétique, il fuit le monde. Intention d’une volonté libre, pessimiste et désabusée, mais non moins souffrante et désarmée. Car en effet, peut-on endurer le poids de la solitude dans une existence pour laquelle elle n’est pas faite? N’est-ce justement pas parce que l’homme est déterminé à être cet être sociable qu’il ne peut que souffrir face à cet état de quarantaine? C’est ce que Josse découvrira au détour d’une rencontre particulière. Un roman à la fois désopilant et truculent, mais tout autant émouvant et attendrissant. L’auteur, au moyen de sa plume acérée et corrosive, nous séduit et nous transporte dans une histoire captivante, dont la simplicité est transfigurée, esthétisée, et surprenante.
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