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Collection
«Poésie»
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ISBN : 9782820622440
Sommaire
AVERTISSEMENT DE L’ÉDITEUR
I Testament littéraire. Actes et Paroles. Depuis l’exil.
II J’applique mon oreille à travers mon cachot
III Un peuple était debout,
IV CESAR
VI Le frissonnant essaim des pâles Euménides
VII. LES CHÂTIMENTS
VIII Eh bien, allons !
IX TRIOMPHE PAS DE BRUME.
X Triomphe.
XI BORD DE LAMER
XII LE TIREPOINT
XIII ENTENDU DANS LE CIEL
XIV ILS NOUS RAILLENT, DISANT..
XV Ils nous raillent, disant :
XVI Les prêtres des faux dieux
XVII QUAND DES TROUS À SES MAINS
XVIII Quand, des trous à ses mains,
XIX DES REMORDS ? LUI ! POURQUOI ?...
XX Des remords ? lui ! Pourquoi ?
XXI LE MAL DU PAYS
XXII Je suis de ceux qui,
XXIII Tout est bien.
XXIV Vous êtes riche,
XXV UN PRÉSIDENT
XXVI À UN ENNEMI INCONSCIENT
XXVII Est-ce mon siècle,
XXVIII Venez nous voir dans l’asile
XXIX EN CONSEIL
XXX Je ne désire pas la mort de Bonaparte
XXXI L’EMPEREUR À COMPIÈGNE
XXXII AMNISTIE
XXXIII EN PLEIN DIX-NEUVIÈME SIÈCLE.
XXXIV APPROBATION DES PRÊTRES
XXXV QU’ÊTES-VOUS ? - TU LE VOIS...
XXXVI Pour le prêtre il est saint
XXXVII POUR L’ÉCRIVAIN VÉNAL...
XXXIX Vous le trouvez bon.
XL JE-SERAIS TRÈS CONTENT..
XLI APRÈS SEIZE ANS
XLII BAUDIN
XLIII CET ÊTRE EST SI PETIT..
XLIV Toi qui derrière moi
XLV LESURQUES
XLVI DEUX ARRÊTS ONT ÉTÉ RENDUS CE MOIS-CI...
XLVII EN 1869
XLVIII ON EST CE PERSONNAGE...
L AUBIN
LI QUANT A PARIS, TON POING...
LII . . MISÈRE
LIV DÉPART ET RETOUR DES RÉGIMENTS
LV Et voilà dix-sept ans
LVI ÉPIZOOTIE DANS LES HOMMES DE DÉCEMBRE
LVII Le sénateur peut être un valet
LVIII 2 JANVIER 1870
LIX À ***
LX On me dit : Courez donc
LXI Honnête homme,
LXII L’empire atroce avorte en empire plaintif.
LXIII COUPS DE CLAIRON
AVERTISSEMENT DE L’ÉDITEUR
Dans les éditions précédentes, les poésies qui composent les Années funestes ont été échelonnées de 1852 à 1870, répondant ainsi au titre même, mais à l’aide d’un classement factice. Par exemple, les vers qui ouvrent le volume sont datés dans le manuscrit : 4 juin ; nous avons pu établir qu’ils sont de 1875, l’écriture et le papier employé suffisent d’ailleurs à le démontrer ; mais comme cette poésie, sorte de préface aux Années funestes, a pour sujet l’arrivée en exil, on l’avait datée : 1852.
Les exécuteurs testamentaires agissaient selon la recommandation de Victor Hugo lui-même « dans l’esprit et la pensée qu’ils lui connaissaient ». Nous ne pouvons, nous, dans cette édition documentaire, nous permettre les mêmes libertés. Tout en conservant l’ordonnance du volume, nous avons reproduit exactement les dates du manuscrit, et, pour les poésies non datées, nous avons, comme dans Toute la Lyre, dressé un tableau approximatif d’après l’écriture ou d’après certaines particularités. Ce tableau suit la description du manuscrit.
I Testament littéraire. Actes et Paroles. Depuis l’exil.
J’ai dit à l’Océan : - Salut ! veux-tu, que j’entre,
O gouffre, en ton mystère, ô lion, dans ton antre ?
J’arrive du milieu, des. hommes asservis.
Gouffre, je ne’ sais plus au juste si je vis ;
J’ai ce cadavre en moi, la conscience humaine ;
Et je sens cette morte immense qui me mène.
Quoique tuée, elle est vivante encor pour moi.
Mais ai-je sur la face assez d’ombre et d’effroi
Pour être justicier, réponds, mer insondable ?
Je voudrais être mort pour être formidable.
Les morts dans leur prunelle ont un tel inconnu
Que le tyran frissonne ainsi qu’un enfant nu
Quand sur lui ce regard de sépulcre s’appuie.
Mer, puisque le soldat, valet d’un traître, essuie
Une infamie avec les plis de son drapeau,
Puisque le prêtre met en vente son troupeau
Et jette on ne sait quel Te Deum 2 à l’abîme,
Horreur ! puisque le juge est juge au nom d’un crime,
Puisque les trahisons remplacent les exploits,
Puisque nous n’avons plus qùe des ombres de lois,
Puisqu’on a poignardé la France entre deux portes,
Mer, j’aimerais mieux être avec les choses mortes
Qu’avec tous les vivants de ce monde âpre et vil.
Le nuage, où parfois s’ébauche un noir profil,
Prouve qu’il peut tomber un éclair d’un fantôme.
Du linceul d’Isaïe il sort un sombre psaume.
Je voudrais n’être rien qu’un aspect irrité,
Une apparition d’ombre et de vérité.
A force d’être une âme on cesse d’être un homme ;
Qui suis-je ? mer, dis-moi de quel nom je me nomme.
C’est par les visions que les rois sont punis.
Est-ce que ce n’est pas une ombre qu’Erynnis ?
Est-ce que ce n’est pas une larve qu’Electre ?
Et l’Océan m’a dit : - Sois le bienvenu, Spectre.
14 juin
II J’applique mon oreille à travers mon cachot
J’applique mon oreille à travers mon cachot
Contre la conscience énorme de là-haut.
Et j’écoute. Et, pensif, je fuis, et, solitaire,
Je m’envole. Quiconque a pour prison la terre,
A pour évasion le ciel. Là, j’ai l’effroi
De sentir comme une âme immense entrer en moi
Et j’én tremble, et j’en suis joyeux. Sévère joie !
Va, sois le Châtiment, me-dit quelqu’un. Foudroie.
La foudre est le jet noir du firmament vengeur.
Je me penche du fond d’une blême rougeur,
Et, dii seuil étoilé, comme d’une fenêtre,
Sur ta simarre, ô juge, et sur ta robe, ô prêtre,
Je vide la justice avec la vérité.
Vivez, régnez ! ma strophe au sanglot irrité,
Mon vers sanglant, fumant, amer, qui, du ciel sombre,
Ainsi que. d’une bouche entr’ouverte dans l’ombre,
Jaillit ; tombe, se rue, éclate, et sur les fronts
Se disperse en horreur, en tempête, en affronts,
Flétrit, submerge ; noie ; éclabousse et remonte,
Est le vomissement dé Dieu sur votre honte.
26 février 1870.
III Un peuple était debout,
Un peuple était debout, et ce peuple était grand.
Il marchait lumineux dans le progrès flagrant.
Lés autres nations disaient : Voici la tête !
Il avait traversé cette énorme tempête
Quatrevirigt-treize, et mis le vieux monde au tombeau ;
Dans la lutte difforme il était resté béau ;
Ce’ fier peuple, assailli d’évènements funèbres,
Avait fait des rayons de toutes ces ténèbres ;
Il avait fait, démon, dieu, sauveur irrité,
De la combustion des siècles sa clarté.
Il avait eu Pascal, il avait eu Molière ;
Il avait vu sur lui s’épaissir comme un lierre
L’amour des nations dont il était l’appui ;
Et pendant soixante ans sur sa cime avait lui
Voltaire, cet esprit de flamme armé du rire,
Ce titan qui, proscrit, empêchait de proscrire,
Ce pasteur guidant l’âme, enseignant le devoir
Et chassant le troupeau des dogmes au lavoir.
Ce peuple avait en lui la loi qui développe ;
A force d’être France il devenait Europe ;
A force d’être Europe il était l’univers.
Il savait rester un tout en étant divers ;
Chaque race est un chiffre, il en était la somme ;
Et ce peuple était plus qu’un peuple ; il était l’Homme.
Dans la forêt sinistre il était l’éclaireur ;
Son pas superbe était le recul de l’erreur ;
Il proclamait le vrai sur la terre ; une lave
Sortait de son esprit qui délivrait l’esclave,
Et la femme, et le faible, et le pauvre inquiet,
Et l’aveugle ignorant, de sorte qu’on voyait
Devant sa flamme, hostile au mal, au crime, aux haines,
S’enfuir la vieille nuit traînant les vieilles chaînes.
Il était entouré des ruines du mal,
D’abus tombés, monceau formidable et fatal,
De droits ressuscités, de v