Ils swinguent, roulent, jazzent, s’envolent, s’évadent, dansent, les mots, sous la plume d’Emma Green. Ils s’extraient du quotidien, côtoient leurs collègues étrangers, se mâtinent d’anglais, d’italien, d’espagnol, revêtent les atours du cosmopolitisme… Ils respirent, les vers d’Emma Green. Ils se font chants, élucubrations, facétieux, truculents, amoureux, nostalgiques, désirants, doux-amers, sucrés-salés… Ils vivent, ces textes, et réenchantent, d’une certaine manière, un monde et des cœurs aux teintes délavées. S’il est un sentiment qui émerge au moment de lire ces textes, c’est l’amour de la langue qu’ils portent et dont ils témoignent. Non pas d’une langue figée, tirée à quatre épingles, momifiée. Mais d’une langue qu’il s’agit de réinventer, dont il faut trouver la magie et la féerie oubliée, qu’il faut décorseter et dépoussiérer en l’ouvrant à toutes les influences. D’une langue qu’il faut bousculer, quitte à doucement la malmener, pour en tirer les mélodies et tempos modernes… Il n’est donc pas étonnant qu’il ait fallu une poétesse belge, c’est-à-dire à la confluence des cultures européennes, pour redynamiser cette vieille dame…
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