Savane , livre ebook

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« Si la poe ́sie est la manifestation de la liberte ́, alors Jean-Paul Gonzenbach est un authentique poe`te. » Victor Haïm « On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans. » A. Rimbaud Jean-Paul Gonzenbach flirte d'influences en clins d'œil pour modeler son propre univers, classique et moderne à la fois. De bouffées de souvenirs en soupirs sans fin, de constats amers en sourires béants, sa mélancolie déchirante et ses bulles d'espoir nous touchent en plein cœur.

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Date de parution

21 octobre 2016

Nombre de lectures

1

EAN13

9782342057201

Langue

Français

Savane
Jean-Paul Gonzenbach
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Savane
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.

 
Photographie de couverture  :
Lionne dans la savane , © Olivier Romanelli – http://oliromanelli.wordpress.com
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://jean-paul-gonzenbach.societedesecrivains.com
 
 
 
À ma fille Elsa
À ma mère et mon père
À Monique
À John Mc Lean et C. Gonzenbach
À Victor Haïm avec mes respects et mon admiration
À tous ceux qui m’ont aimé et que je n’ai pas su voir
 
 
 
 
Préface
 
 
 
Si la poésie est la manifestation de la liberté, alors Jean-Paul Gonzenbach est un authentique poète. À ces textes, répond ce que proclamait Jean Cocteau : « l’artiste, c’est le vrai riche. Il roule en automobile, le public suit en omnibus. Comment s’étonner qu’il suive à distance ? »
Riche de sa sensibilité, Gonzenbach est un ami des cœurs blessés. Cela n’empêche pas l’écorché vif de s’amuser avec une juvénilité exquise. Est-ce à dessein qu’il décide qu’automne est féminin ? Sa tendance à transformer des substantifs en verbes le réjouit. La musicalité est là, dans des alexandrins que l’on retrouve en grand nombre tout au long de ces lignes chantantes.
Il tire son chapeau devant Prévert, Apollinaire, mais aussi Brel et ses « langueurs océanes », ou Carco… quand il pratique l’élision ; ce qu’il fait dans le premier texte de son ouvrage dont la tonalité est populaire. En revanche, dans d’autres ballades, il semble lorgner du côté de Saint-John Perse, comme dans cette adresse à Marie : « Ô guirlande d’hydromel ». Ces références ne sont nullement réductrices, mais prouvent, au contraire, que Jean-Paul Gonzenbach est un amoureux de la poésie. Il la connaît, il l’a assimilée, et il la sert avec une dévotion joliment distanciée, en ne suivant que le rythme de son cœur.
Victor Haïm
 
 
 
 
À la Défense
 
 
 
Neuf heures du mat'
Café tout noir
à La Défense
Toi, qu’en as pas
tu zappes la vie que
tu ne
veux pas
sur un vilain
p’tit écran noir
 
En haut d’la tour
sous la climat'
tu fais des gammes
pour les diodes
tu r’files ton âme
aux électrodes
t’as même la peau
qui devient mate
 
T’en veux
même pas à tes aînés
qu’ont fait tout bien
pour t’faire du mal
Toi
qui es née
près d’un canal
où v’naient pleurer
les éperviers
Toi
qui rêvais
de grands bateaux
qui navigueraient pas
que sur l’eau
d’l’arche de Noé
Porte Maillot
où f’raient l’amour
les cachalots
Toi
qui croyais
que
les Rois mages
s’en reviendraient
par le périph'
sur des motos au cœur sauvage
t’faire goûter vent qui siffle
 
Et dans ton sac
qui fait l’gros dos
d’papa, mama
y’a la photo
le jour qui fit
qu’ont fichu le camp
un long week-end
pour longtemps
 
Quand le soleil est au zénith
tu
ne descends pas
manger chez Lipp
 
Sur le parvis
y’a qu’les pigeons
pour t’disputer
que les quignons
 
Dans le RER
tu coules
tu flippes
tes seins ruissellent
contre la vitre
Y’a, Bob Marley
qu’est du trajet
c’est pas pour ça
qu’t’es dans un jet
À
peine mouillée
sortie du bain
t’embrasses la nuit
comme du bon pain
Pour la tendresse
jusqu’au matin
y’a, Charlie Brown
qu’est dans un coin
 
T’en veux même pas à tes aînés
qu’ont fait tout bien
pour t’faire du mal
 
Toi
qui es née
près d’un canal
où v’naient pleurer les éperviers
 
Toi
qui rêvais
de grands bateaux
qui navigueraient
pas que sur l’eau
 
De l’arche de Noé
Porte Maillot
où f’raient l’amour
les cachalots
 
Toi
qui croyais
que les Rois mages
s’en reviendraient par le périph'
sur des motos au cœur sauvage
te faire goûter le vent qui siffle
 
 
 
 
Marie
 
 
 
Ô
Guirlande
d’hydromel
ceinte
aux affres du monde
 
Vaisseau d’étincelles
qui a jeté l’ancre
autour de mon pavois
 
Baume des étoiles
gaminant ma silhouette
 
Ton ventre si malin
qui sait tellement calmer
les hoquets du passé
avec des soubresauts
plus hauts
que les dauphins
 
Ton sexe
si fugace
se jouant des esquifs
des coraux et reflux
pour offrir à mon sang
des perfusions de sucre
 
Grenade de mousseline
m’emmenant à la danse
les soirées de cascades
où mon cœur s’érodait
à l’encolure du vin
 
Ton éveil
butinant les volcans
pour féconder ma sève
de rires cristallins
Ô
Sultane
d’outre-cieux
aux larmes de vitraux
 
Syllabe
de vanille
à la pulpe de treille
Tu baptises la vie
plus belle
qu’elle ne s’est faite
 
Ta voix
si croustillante
comme du pain de gruau
que le berger partage
avec ses oripeaux
 
 
 
 
Ambre
 
 
 
Ambre
Ambre
Calice de pétales
broyés
par le soc
des schismes de l’enfance
 
Fragrances
de garance
collées à tes chevilles
sautillant à cloche-pied
sur la grande marelle
 
Infante
éphéméride
au si doux introït
pénétrant mon narthex
comme
une Esméralda
 
Libellule
invisible
aux pieds de petit-rat
balbutiant sur l’humus
son premier atterrage
Foehn de vif-argent
bleuissant l’astragale
au verso des caresses
 
Lavis
délavé de lave
que convoite ardemment
le peintre du printemps
 
 
Ambre
Bruissant
palétuvier
au pôle de tes jambes
d’où s’envoleront
demain
des bolons d’encre rouge
 
Serpentins de juillet
aux cheveux de Bengale
 
Ambre
cerise cueillie nue
à l’aiguillon frondeur
blotti dans la garrigue
au gré du serpolet
Ambre
À tes yeux
le soleil
d’une larme de saphir
s’enveloppe de toi
...

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