235
pages
Français
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2010
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Français
Ebook
2010
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Publié par
Date de parution
01 avril 2010
Nombre de lectures
59
EAN13
9782296227583
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
4 Mo
Publié par
Date de parution
01 avril 2010
Nombre de lectures
59
EAN13
9782296227583
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
4 Mo
DanielCohen éditeur
www.editionsorizons.com
Littératures,unecollection dirigée par DanielCohen
Littératuresest unecollection ouverte,toutentière,àl’écrire,
quelle qu’ensoitlaforme: roman,récit, nouvelles,autofiction,
journal;démarche éditorialeaussivieille que l’édition elle-même.
S’il estdifficile deblâmerles ténorsdecelle-ci d’avoireule goûtdes
genresqui lui ont ralliéun large public, ilreste que, prescripteurs
ici,concepteursde laformeromanesque là,comptablesdeces
prescriptionsetdeces conceptions ailleurs, ont, jusqu’à un degré
critique,asséché levivierdes talents.
L’approche deLittératures,chez Orizons, est simple – il eûtété
vain de l’indiqueren d’autres temps :publierdes auteursque
leurforce personnelle, leur attachement auxformesmultiplesdu
littéraire, ont conduits audésirde faire partagerleurexpérience
intérieure.Du texte dépouilléàl’écritporté parlesouffle de
l’aventure mentale etphysique, nous vénérons, entretousles
critères supposantdéterminerl’œuvre littéraire, lestyle.Flaubert
écrivant:«J’estime par-dessus toutd’abord lestyle, etensuite le
vrai »;plus tard, le philosopheAlain professant:«c’est toujours
le goûtqui éclaire le jugement», ils savaientavoir raisoncontre nos
dépérissements.
Nousen faisonsnotrecredo.
ISBN978-2-296-08759-0
©Orizons,Paris,2010
D.C.
Amarré àun corps-mort
Dans lamêmecollection, dernièresparutions
MarcelBaraffe,Brume de sang,2009
Jean-PierreBarbier-Jardet,EtCætera,2009
FrançoisG.Bussac,Les garçons sensibles,2010
FrançoisG.Bussac,Nouvelles de larueLinné,2010
PatrickCardon,LeGrandÉcart,2010
MoniqueLiseCohen,Le parchemin dudésir,2009
Raymond Espinose,Libertad,2010
Pierre Fréha,VieilAlger,2009
GérardGlatt,L’ImpasseHéloïse,2009
CharlesGuerrin,La cérémonie desaveux,2009
OlivierLarizza,La Cathédrale,2010
GérardMansuy,LeMerveilleux,2009
Lucette Mouline,Fauxet usage de faux,2009
BéatrixUlysse,L’écho ducorail perdu,2009
Antoine deVial,Deboutprèsde lamer,2009
Noscollections:Profilsd’unclassique,Cardinales,Domaine littérairese
corrèlentau substratlittéraire.Lesautres,Philosophie –Lamain d’Athéna,
HomosexualitésetmêmeTémoins, ne peuventpas yêtreétrangères.Voir
notresite(décliné en page2decetouvrage).
Jean-PierreBarbet-Jardet
Amarré
àun corps-mort
2010
Dumêmeauteur
L’Allumette et leSoleil,poèmes,Pierre-JeanOswald,1960
EnCours deVie,poèmes,Pierre-JeanOswald,1987
NatureMorteauMiroirsauxAlouettes,poèmes,Belfond,1988,
(éditéavecleconcoursduCentreNational deslettres)
LeBrasier,roman,LePréauxClercs-PierreBelfond,1991
LeSoleil et la Mort enFace,roman,Swing-Jean-PierreFiore,1994
Feus lesAutoportraits,poèmes,A.R.A.M.-GérardMurail,1998
DuSang sur la
MéthodeRose,roman,LesPressesdeValmy-DanielBontemps,2001
Bufo,NouvellesÉditionsInOctavo-GilFonlladosa,2006
EtCætera,roman,Orizons,2009À PaulMathis
ÀÀPPaaulMathis
…il n’y a pasdecommunication:l’amour,Dieu,
l’expérience oblique de lamortnesontpas
transmissibles ; ainsi en est-il de ladouleur, del’élan, du
profané, du sanctifié,del’équivoque
etduplurivoque; ce que nous tenonset ce que nous
abandonnons.L’on envit, l’on en meurt sanslespartager
ouavec unsurcroîtde mots, descrupules,
dedénaturations.
DanielCohen,D’Humainesconciliations
Lesanglant cérémonial du sacrificese poursuit
dansnos rêves ;dansnotresubconscient résonne
l’échodes crisqui montentde l’autel primitif, etla
flamme quidévore la victimecontinueàjeter ses
lueurs vacillantes.Les tabous
ataviquesetlespulsionsincestueusesdesgénérationsd’autrefois
restent vivantsen nous.La couche laplusprofonde
de notre être expie lafaute de nos ancêtres ;nos
cœursportentle fardeaudes chagrinsoubliésetdes
tourmentspassés.
KlausMann,LeTournant
L’analyste estaulieude l’homme,surlaterre et
dans soncorpsmortel.Il estquestionàl’absence
etàlafureur supposée desdieux.
PaulMathis,Lecorps etl’écrit
nenvoirecommandéavec accuséderéception, mecriale
–U
facteurparlaportière desonvéhicule.
Je descendisl’escalieret signai l’accuséderéception,
l’expéditeurportaitle nom dePascalMartory, domicilié à l’hôtelGatbois,
passageGatbois, dansle douzièmearrondissement.Quiétait-ce ?
D’une enveloppe en papierkraft, jetiraiune liasse de feuilles
tapéesàlamachine et une lettre qui m’étaitadressée.Je lalus touten
remontantl’escalier.Il n’yavaitpasd’en-tête.
Vincent Van Goghécritquelque part à son frèreThéo:«Jeressensde
toutesmesforcesqu’il en estde l’histoire deshommes comme du blé:
quand on n’estpasmisenterre pourfleurir, qu’importe, onsera
moulupourfaire dupain. Malheurà celui qui nesera pasbroyé ! »
Ma mère pourembaumerle cadavre deson amouravaitfaitce
pactesecret: que je ne fusse pasbroyé, que je demeure entre lavie
etla mort, dansl’éden intra-utérin comme enfermé dans un bocal de
formol.Pourtant,bien qu’effaré et sacrilège,voilàque je l’aitrahie;
sousla bourrasque de l’amourimpossible, mes ailes sesontdéployées
etm’ont tourné en moulinàparoles.J’ai moululeblé etdéjoué le
traquenard danslequel j’avaisété d’accord pour tomberetgésir.Un
corps-mortest unterme de marine qui désigneuneancre mouillée
àposte fixesurlaquelles’amarreunbateau, l’étymologie en est àla
fois cadavre ethéritage.Vous saisirez aufil desligneslajustification
decetitre.
Je pensais vousfaire parvenir ces confidencesen lesenregistrant
12JEAN-PIERRE BARBIER-JARDET
sur les bandes magnétiquesd’un dictaphone, j’ai préféré lesmettre
en motsde façonàlesinscrire noir sur blanc—àlesgraverdevrais-je
direcomme on gravesesinitiales surl’écorce d’unchêne —,àme les
tatouer surlapeaudanslesensd’uneblessure dontlesang etl’encre
seraientétanchésenséchant.
Afin d’être certain quevousaurezcetexte entre lesmains, je
vousl’ai faitparveniren envoirecommandé avec accusé deréception.
L’adresse qui figuresurl’accusé estcelle de l’hôtelGatbois.Je l’ai
quitté.Vousn’entendrezplusjamaisparlerde moi.Je
nevousdonnerai plus aucunsigne devie.Je merefuseà vous rencontrer.Je garde de
vousle portraitdecethomme de parole qui m’aquelque peu arraché
au cannibalisme de mamère,tout aumoinsqui m’amontré l’horizon
de ladifférenceabsoluesansque je m’attarde jamais sur son index.
La signature quevous apposerezmesera uneréponse devotre
part, non que jesois sûrquevouslirez cetteconfession, maisjeserai
soulagé ensachantquevous serezle dépositaire de lapassion
homosexuelle qui meconstitue etmeconsume.Je dispassion,voire folie
nonsanséloge, parce que j’y tiensetelle metient, et toutesparoles
d’argentproféréesdepuisle divan n’y changeraient rien.
Je nerecherche ni légalisation d’un pacte d’actionciviqueàla
mords-moi-l’œil, nireconnaissance de lalignéeterroriste, dite
hétérosexuelle, niappartenanceà un groupe de défense etillustration
homosexuelles, ni manifestationspubliques triomphalistes,voire
provocatrices, detravestis, lesbiennes,transsexuels, homosexuelset
Cie, ni maintenduesurlesondes sonores afin d’yfaire entendre et
maplainte etmadifférence par crainte de lesdonneren pâtureaux
pourceaux, oude me les voir confisquées,voire
négligées.Peum’importe l’annulation de lanomenclature «aberrationsexuelle » portée
surlaforme de mes amours. Aberrationsi l’onveut, cette aberration
m’estchère, et touten la
portantpasplusmodestementqu’immodestement, je me considère entantque pièceunique,seul,tel quel.
Je n’invoque pasle droitdevivre, jevis! Je n’invoque pasle droit
d’aimer! J’aime ! Je n’implore pasl’Étatpardesjérémiadesoudes
protestations surlesdroitséventuelsqu’il
m’octroieraitpourlégiti
AMARRÉ À UN CORPS-MORT13
mer une sexualité jugéeaberrantetantparlesmédecinsqui
l’o