Confidences d’automne , livre ebook

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2011

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Un Je raconte (ou se raconte) le vécu d'une mémoireà travers les réjouissances, les échecs, l'attachementà la vie. Il dialogue avec celui qui fut lui-même, inter roge le reste à survivre et s'invente les souvenirs duparadis ou de l'enfer.C'est un texte presque testamentaire où il est ques tion de la vie intense et de la mort imprévisible. Ycohabitent les genres autour de la narrativité, chahu tant le rythme, la mise à distance et l'usage desparenthèses pour dire une conversation intérieure.
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Date de parution

01 janvier 2011

Nombre de lectures

1

EAN13

9789954212400

Langue

Français

Confidences d’automne NEW 11/05/11 9:34 Page 1
Confidences d’automne
Confidences d’automne NEW 11/05/11 9:34 Page 2
Editions © Marsam - 2011 Collection dirigée par Rachid Chraïbi 6, rue Ahmed Rifaï (Place Moulay Hassan ex. Pietri) Rabat Tél. : (+212) 537 67 40 28 / 67 10 29 / Fax : (+212) 537 67 40 22 E-mail : marsamquadrichromie@yahoo.fr Site web : www.marsam-editions.com
Compogravure flashage Quadrichromie
Impression Bouregreg - Salé
Dépôt légal :1305/2011 I.S.B.N. :9954-21-240-0
Confidences d’automne NEW 11/05/11 9:34 Page 3
Mohamed Loakira
Confidences d’automne
Poème-récit
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DU MÊME AUTEUR :
Poésies • L'Horizon est d'argile,Paris, P.J. Oswald, 1971. • Marrakech-poème,Tanger, EMI, 1975. • Chants superposés,Tanger, EMI, 1977. • L'Œil ébréché, Rabat,Éditions Stouky, 1980. • Moments (dessins de Aissa Ikken),Rabat, Éditions Stouky, 1981. • Semblable à la soif, Rabat,Asas, 1986.Publications Al • Grain de nul désert, Rabat,Éditions Al Asas, 1994. (Prix Grand-Atlas, poésie, 1994-95) • Marrakech : l'île mirage, Rabat,Éditions Al Asas, 1997. • N'être, Rabat,Éditions @ La Une, 2002. • Contre-jour, Rabat,Éditions Marsam, 2004.
Récits • L'Esplanade des Saints & Cie., récit, Rabat,Éditions Marsam, 2006. • A corps perdu, récit, Rabat,Éditions Marsam, 2008. • L'Inavouable, récit, Rabat,Éditions Marsam, 2009. (Prix Grand-Atlas, roman, 2010). • Confidences d'automne,Éditions Marsam, 2011.
Folio d'art • Marrakech : l'île mirage, œuvres de Nabili,Éditions Marsam, 2008.
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Couverture Sérigraphie d’art de Bennani Moa Editions Marsam
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La pénombre déforme la visibilité des rêves, du silence, des objets et angles de mon cagibi. Elle rend la solitude fréquentable, parfois tronc de si peu ballotté par la rapi-dité du courant. Je me prélasse à l'entour des coudes et du col du fémur. Le déjà-rêvé-enduré-refoulé en regard des paupières. Puis la couverture en laine écrue glisse, découvre mon flanc droit, en tête à tête avec la table de nuit (sans livr e de chevet) où trône un portr ait vieillot, jauni par tr op de poussière, arborant un sourire forcé et ridicule. Un frisson me traverse. Il secoue les oublis, me ras-sure que le corps (cru fichu) réagit, que le cœur s'em-balle, saigne, revit attentes, noises et joies des retrou-vailles.
(Fou de mes folies. Je me mens à longueur du reste ordinaire).
Je déboutonne ma nudité, indécis, m'arrête un instant, reprends, fais joujou avec mon doigt surnuméraire qui seul se préserve de la couillonnade.
Un corps étrange, mais plein de vie, de soif, de bonnes dispositions s'allonge près de moi, consentant, relié à mes désirs. Rêvassant, je le câline, le séduis, le calme de bobards et de chimères, et nous v oyageons ensemble par monts et merveilles. A pieds joints, nous retardons le déc lic.
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8 Confidences d’automne
Quelquefois, je ressens encore la main qui tremble en déposant tendrement dans l'autre main l'un de mes cœurs guirlandé des mots de tous les jours.
Puis un autre signe de vie. La quasi-certitude de voir le rideau se déplisser. Il bouge. Flammes ondulées par un coup de brise. Je frissonne, remonte la couverture, me gratte le cou (un tic), les veines qui se gonflent, me cale, en dernier recours, sur l'obscurité qui me cerne. (Je me plais à grossir les détails de la levée du corps). Serait-ce le boomerang des plantes grasses, avides de toucher la lumière, bazarder humidité, moisissures et jouir de la fraîcheur pareilles aux autres plantes ? Ou supplication de la laine écrue, empestée d'acariens ? Ou simple effet du courant d'air ? Pourtant tout est bien barricadé. Rien qu'une fissure demeurant, à mon insu, inaperçue. (Par là, je prends contact officieux avec le dehors qui s'apprête à sor tir de sa torpeur. Je le suppose sans trottoirs, ni seuils, ni toits, ni fenêtres… où je ne sais plus marcher comme naguère, où la fuite ne varie guère, où je me perds).
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Confidences d’automne 9
Cohue, fracas, étals, manigances, tam-tam, klaxons, coups de fouet, cris inhumains. Ça monte à hauteur de ma tanière. Ça éclate à travers rideaux et stores. Une lueur peine à s'infiltrer à travers la grisaille et la maigreur, ai-je imaginé, en souvenir du clair de lune. Elle s'efface sur des façades délavées. Une porte bâille, grince, claque. Des prénoms s'interpellent, exagèrent la rigueur. Une poubelle racle le carrelage, écaille les bords. Des pas dévalent les hauteurs. Un frein crisse très fort. C'est le choc. Goût de caoutchouc et rouspétances pour rien. Ou presque (… et moi pénard, je reste au chaud dans mon lit étroit).
Puis un autre signal. Le GSM. C'est la friandise que je me sers à tout réveil. Je règle l'alerte sur des heures-épouvantail. Comme ça, je joue avec ma solitude, entretenant ainsi la tromperie d'être solidement en phase avec le dehors. L'écran s'allume. La sonnerie fait un tollé, couvre le cli-quetis des paraboles et la fuite du robinet. Le cagibi s'anime. Je suis vivant. En témoigne le flottement entre l'exultation et l'agacement. Je ne réponds pas. Tôt pour tenir conversation. Avec moi-même, de surcroît.
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10 Confidences d’automne
Rancunier, je rends la pareille et active «Silence» et le laisse s'époumoner, cligner ma vengeance à répétition de cet inconnu qui m'importune et qui n'est autre que moi-même. Je jubile.
Dedans. Opacité des bouffées. Rêveries. Ça pue le renfermé Ça s'alourdit du vert-de-gris de l'amertume à rallonge Ça se vautre dans le branle-bas des éclats du silence pesant.
Pareillement, la pendule ronronne, non au salon, mais à la cuisine. Le jour se lève. Ciel azuré ? Couvert ? (Qu'importe). Le corps, plus bleui que la v eille, va déclinant, dos aux territoires intimes, arpentés (jadis) de long en larg e. Il se bosselle telle une arcade en passe de s'écrouler, s'emmêle les membres, essaie d'éviter pièges à con et crevasses, dégringole en bas des sillons croisés (à la galopade ?).
Pareillement, la pendule dit oui, dit non, couvre le silence prémonitoire. Secousses, tournis, confidences à moi-même.
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