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Publié par
Nombre de lectures
17
EAN13
9782373162523
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Coups de théâtre
est un corpus de dix nouvelles inspirées de la vie quotidienne, ses surprises agréables et désagréables, du monde mystérieux et de la tradition, du clinquant de la débauche, de la "civilisation" et du délire de l’eldorado de l’Occident.
La particularité de ce recueil est qu’il va d’un style courant à un langage poétique où s’entremêlent ironie et métaphore et où, derrière l’érotisme, se dissimulent des aspirations morales et éthiques.
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9782373162523
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Coup de théâtre Préface Le Labyrinthe Les crocodiles Missive d’un exilé Page noire Schéma d’une existence Le mirage Coups de théâtre La princesse Le parricide La star
Préface
Le concert inspiré d’un nouvelliste
Prétendre faire le bon éclaireur par une préface, à mon sens, relève de la gageure. Disons simplement qu’il s’agit d’une aventure quelque peu désinvolte qui prolonge un regard de lecteur choisi pour dire en quelques mots la sensiblerie éprouvée à un moment donné, celle de la prise de contact avec un récit.
Ceci étant, il n’est pas superflu de dire que j’ai croisé Gérard, plutôt son franc sourire dans un couloir littéraire un jour ensoleillé. Il m’offrit une franche gaîté comme on en reçoit souvent au ballet de Béjart. Et le coût du théâtre ? Non, c’était gratuit.
Ce recueil de onze nouvelles auquel l’auteur colle joliment le titre Coups de théâtre plonge le lecteur ou la lectrice dans les clichés habituels qui enlisent l’homme de la rue dans la contemplation naïve de la médiocrité aberrante, caractéristique de notre quotidien.
Ambitieux, Gérard D. l’est donc. Mais ce qui compte pour le lecteur ou la lectrice de ce recueil, c’est l’athlète facilité par laquelle l’auteur le/la conduit dans le joyeux labyrinthe des récits.
Auteur puriste ou fantaisiste ? Ni l’un ni l’autre.
Gérard D. se livre à une observation attentionnée de la vie où, Dieu merci, il découvre des caïmans politiques qui, dans leurs errances, créent un chemin de croix à la paisible jeunesse de leurs pays. Dans ces schémas d’existence , vivre exige un coût ! Bien évidemment, car facilement, même les filles à la recherche du mieux-être, tombent dans la perversité des dégénérés noyés dans des trucs pervers comme sur une page noire . Alors on se plaint à sa mère dans la posture d’un pénitent à genoux comme dans un leste feuilleton de stars malades d’impopularité. C’est le mirage où se mêlent comme sur un « You tube » amours, échecs et afflictions. Coups de théâtre ? Oui ! Mais Gérard D., avec ingéniosité sait manager la littérature dans ses dimensions ; car : « Devant le désir furax de l’acte, j’optai pour la méthode d’ Héberto (Hermina) : refus de m’abandonner dans les bras de l’acte, sous peine de voir mon inspiration, ma passion pour les mots s’évaporer. » Cela vous rappelle bien sûr des choses ! Oui ?
Nous sommes bien en littérature, une littérature qui hurle le vrai sans complaisance dans un concert sans course. Bienvenue !
Mais qui êtes-vous ? Prince ou princesse ? Père ou mère ? L’auteur de ce recueil vous désillusionne avec des paroles-missiles, des scènes inspirées prêtes à vous métamorphoser. C’est sans tabou. Et si vous vous laissez faire, c’est avec délice que vous boirez cul sec sur votre autel ce jus de fruit servi dans huit coupes religieusement aménagées pour le cérémonial spirituel.
Au cours de ce voyage délectable, vous êtes averti(e) car vous gravirez avec bonheur les soubresauts existentiels qui conduisent parfois à la désespérance au point d’engendrer les complaintes des mères africaines. Des douloureuses mœurs sociales, il en est donc question. Selon l’auteur, si le fait politique est souvent considéré comme une faible émanation du modernisme, la tradition africaine n’est pas sans reproche.
C’est le début d’un concert littéraire à la Gérard Djadé à qui nous souhaitons bons vents.
N’zara, janvier 2014.
Koffi BOKO
Ecrivain.
Le Labyrinthe
Ce soir, comme toujours, jouait son rôle de luciole, la villa des parents de Julio : seule demeure électrifiée. Que serait le quartier de Kumavo sans cette maison pour lui confier cette image borgne ? Au fond de la demeure, dans le salon de sa belle-famille, assise dans un fauteuil en face de ses deux enfants maintenant adultes, Ariette ouvrait page par page sa biographie
Descendant de riches commerçants, mon père était fils unique. A la mort de ses parents, il hérita de tout. Sa femme, ma mère, elle aussi, fut le seul fruit de ses géniteurs. Le couple ainsi constitué d’enfants uniques était alors bâti sur des héritages de part et d’autre. Les sorties, les promenades, les voyages même dans les pays européens assaisonnaient leur vie maritale.
Tous les samedi et dimanche soirs, le délire des nouveaux morceaux du temps venus de la ville et vantés par les rares citadins qui foulaient le sol du village, jetait vieux et jeunes du quartier hors de leur bicoque. Notre maison, jusqu’au premier chant du coq, rayait très facilement l’angoisse hebdomadaire des pauvres paysans las du ronronnement de leur vieux poste récepteur radio. Ils venaient chez nous troquer leurs mines constipées contre un visage souriant.
Uniques propriétaires d’une grande boutique dans le village, mes parents détenaient une quincaillerie et une alimentation générale. Les revendeuses et commerçants venaient s’approvisionner pour étaler leurs marchandises au bord des ruelles. Je naquis ainsi dans un foyer où, et l’argent du pain et l’argent du beurre ne manquaient. Je naquis ainsi dans un couple où, et l’argent de la nourriture et celui de la boisson ne faisaient défaut. Je naquis donc dans une famille où, et le blé du nécessaire et celui de l’agréable existaient.
Seule silhouette qui reflétait l’allure princière et occidentale d’une citadine – par mes fringues que ma tante m’envoyait chaque semaine de la ville –, à l’école tous s’enthousiasmaient pour moi. Dans les regards se lisaient une envie et, dans les comportements, un complexe d’infériorité car, ici, comme dans le village, seules les filles ayant une situation un tantinet proche de la mienne m’approchaient. Se sentant désarmés devant moi, les garçons voyaient leur boulimie de convoitise disparaître. Ils préféraient se désaltérer alors avec un laideron. Même les bougres se définissaient comme malhabiles et se donnaient un portrait péjoratif.
Etranger dans un quartier voisin, Julio vivait seul. Play-boy – un de ces individus qui, apparemment, ne pouvaient pioncer sur un grabat…–, un sourire régulier illuminait son visage mettant ainsi en relief sa paix intérieure : un jeune exempt de soucis… sa maison, une villa, était l’unique du quartier. Deux berlines : une Benz et une Peugeot assuraient ses déplacements. Son origine, ses parents, personne ne le savait. Rarement, les bruits y déchiraient le silence permanent. Ses cocottes et surtout son mécanicien le rejoignaient régulièrement sur son site. Chaque nuit, chaque aube, de nouvelles fesses sortaient de la villa. Sa bite n’offrait jamais aucune chance aux maritornes : « ces dernières ne peuvent que roupiller sur les grabats », serinait Julio. Toutes les belles demoiselles des alentours, chaque nuit, déambulaient devant ce « lupanar » pour vamper l’étranger.
« Lupanar » au début, la villa de cet inconnu changea d’étiquette depuis notre intrigue. Jamais l’envie d’une relation sincère n’avait visité sa mémoire. Nos paroles, nos actes, de jour en jour, rimaient avec l’amour véritable. La volonté de nous marier se confirma.
Ce fut une effervescence ce dimanche : le jour de notre mariage à la Paroisse Notre-Dame-des-Alliances-Divines, dans la maison de mon amour. Les nombreux artistes invités avec leurs morceaux lourds d’apologie… assaisonnèrent l’événement, contraignant les chairs aux secousses. Les bras dans les bras, les mains sur les hanches, les bouches collées…, l’alcool dirigea même les mouvements les plus timides. En avant ! En arrière ! A gauche ! A droite ! Entre la musique et la torsion des membres, une parfaite harmonie comme si, c’était le fruit d’un rigoureux entraînement. Soudain, certains couples circonstanciels désertèrent la scène pour un endroit plus calme : « il faut battre le fer quand il est chaud ».
Nuit unique, nous rejoignit très vite, l’épidémie du plaisir libidineux. Nous fîmes l’amour avec délire lorsque nous entrâmes dans la chambre. Vers trois heures du matin, seuls les verres, les tables humaient le vent, l’air frais de l’aube.
Des jours passaient. Des mois. Des années. Aucun signe des géniteurs de Julio. Aucune tête blanche, aucun sein ratatiné, aucune peau fanée dans notre villa, ne vint rendre visite à mon mari. Lui aussi, jamais, sur ce terrain, ne s’aventurait. Etait-il fi