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pages
Français
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2016
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Publié par
Date de parution
24 août 2016
Nombre de lectures
2
EAN13
9782342054972
Langue
Français
Une bourrasque d'instants, d'êtres, de situations, de destins qui s'entrechoquent, s'entrecroisent, s'emmêlent et se délient. L'intramuros comme vous ne l'avez jamais côtoyé : incisif, débordant, irrationnel, fatal, fascinant, enivrant, libre et triomphant. Une lecture qui vous embarque, simple et généreuse, déstabilisante et sensible, qui vous fait aimer votre liberté, votre alter ego, votre solitude, vos aspirations profondes. Laissez-vous guider, le voyage commence. Ici. Intramuros.
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Date de parution
24 août 2016
Nombre de lectures
2
EAN13
9782342054972
Langue
Français
Intramuros
Jo Watberg
Mon Petit Editeur
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Intramuros
« Qu’ai-je donc fait ? J’ai aimé l’eau, la lumière, le soleil, les matins d’été, les ports, la douceur du soir dans les collines et une foule de détails sans le moindre intérêt comme cet olivier très rond dont je me souviens encore dans la baie de Fethiye ou un escalier bleu et blanc flanqué de deux fontaines dans un village des Pouilles dont j’ai oublié le nom. Je ne regrette ni d’être venu ni de devoir repartir vers quelque chose d’inconnu dont personne, grâce à Dieu, n’a jamais pu rien savoir. J’ai trouvé la vie très belle et assez longue à mon goût. J’ai eu de la chance. Merci. J’ai commis des fautes et des erreurs. Pardon. Pensez à moi de temps en temps. Saluez le monde pour moi quand je ne serai plus là. C’est une drôle de machine à faire verser des larmes de sang et à rendre fou de bonheur. Je me retourne encore une fois sur ce temps perdu et gagné et je me dis, je me trompe peut-être, qu’il m’a donné – comme ça, pour rien, avec beaucoup de grâce et de bonne volonté – ce qu’il y a eu de meilleur de toute éternité : la vie d’un homme parmi les autres. »
Jean d’Ormesson
À
Ma fée, ma lumière, mon essence et ma muse,
Mon inséparable, mon tourbillon, ma promesse,
Mapaly, mon roc, mon repère, ma boussole,
Elvire, Rachel et Joseph, mes anges, mes racines,
Mes sœurs et frères d’âme qui rendent la vie légère et plus souriante encore,
Tous ces instants de grâce : chants des oiseaux, hérissons qui piquent, Paris endormi.
Merci de nourrir, de rassasier ma soif de vie, de la rendre éclatante, sincère et pleine.
Sommaire
Nouvelle une . Dans le ventre de ma mère
Bonjour chers lecteurs. Je m’appelle Louis et j’ai six mois au moment où je commence ce récit. J’ai été conçu par mon père et ma mère le 22 octobre 2034 vers 21 h 30. Mon père revenait d’un voyage d’affaires, ma mère l’attendait très amoureusement. Ils se sont retrouvés passionnément après s’être sifflé une bouteille de champagne. Je ne vous raconterai pas dans quelles circonstances j’ai été créé, car à vrai dire, cela me dégoûte de vous le relater, et surtout c’est très personnel. Ce que je peux vous dire, c’est qu’il y avait alors beaucoup d’intensité, d’électricité même. Et puis, le dénouement, la victoire ultime, vous la connaissez : le plus fort, rapide et efficace, ce fut moi.
Je n’étais même pas de la taille d’un petit pois – plutôt une simple cellule embryonnaire composée de mon cœur qui battait fort et vite – que je ressentais déjà ma mère. Quand elle a appris qu’elle était enceinte, elle a pleuré de joie. Je ressens encore son excitation. Nous avons fait connaissance intra-muros. Depuis qu’elle connaît mon existence, elle me parle sans cesse. Sa voix est douce et son rire, sonore. Ma maman bouge beaucoup, entraînant ainsi des remous, des sortes de roulis qui me bercent la plupart du temps. Parfois, je la sens angoissée ; les parois autour de moi se pressurisent alors, et j’ai tendance à davantage suffoquer. Je reconnais aussi la voix grave de mon père et l’effet qu’il a sur ma mère lorsqu’il est là ; je la sens plus calme. Je ne comprends décidément pas toute cette chimie/alchimie qu’il existe entre elle et lui. Je dois être trop petit.
Il y a également des voix familières ; celles de mes grands-parents, aux intonations bien particulières. Souvent, je les entends mieux que les amis de mes parents car il me semble qu’ils se rapprochent du ventre de ma mère pour me parler le plus distinctement possible. Dans ces moments-là, je me concentre et écoute au maximum pour tenter de comprendre le sens de ce que l’on tente de me dire, de me transmettre. En vain. C’est bien frustrant d’ailleurs.
Il y a enfin ce goût sucré que parfois je perçois et que j’apprécie. Mais je ne sais pas encore ce qu’est vraiment une saveur. J’espère donc que l’adjectif « sucré » est pertinent pour évoquer ce goût que je tente de partager avec vous.
En ce moment, mon père et ma mère s’agitent. Ma mère parle plus fort que d’habitude. Ils sont très excités car a priori mon prénom est choisi. Ce sera Louis comme vous l’aurez compris. Pourquoi pas ? Je n’ai pas encore un avis très tranché sur les prénoms, leurs significations, et les répercussions que cela aura vraisemblablement (ou pas, tout reste à prouver je vous l’accorde) sur ma destinée. Sur ce point, on a un contre-exemple bien connu de tous que mes futurs parents abordent à l’instant et qui concerne le prénom Jean-Marie. A priori, on ne se dit pas qu’un prénom composé masculin-féminin ouvrira le champ des possibles pour celui qui le porte. Bien au contraire même. Et c’est peu de le dire. Mais cette évidence est bien vite contrecarrée par la férocité de l’homme animal. Ils s’égarent, nous sommes d’accord. Et moi, je flotte, serein et attentif.
Mon père est d’origine malienne, ma mère chinoise, tous deux vivent en France depuis déjà deux générations. Mais comme l’Afrique et la Chine sont aujourd’hui les grandes puissances mondiales, je suis peinard. Heureusement que je ne suis pas né en 2017 ! En 2034, mon futur prénom, Louis – qui aurait pu paraître banal avant 2020 – ne l’est pas aujourd’hui. On verra bien où me conduira ce parti pris « vintage » – pour reprendre l’expression de nos anciens. Je suis dubitatif et décide de sucer mon pouce.
La vie intra-muros c’est quand même un peu fatigant. La plupart du temps je dors paisiblement. Je ne sais pas encore ce qui m’attend même si je comprends que l’environnement dans lequel je viendrai au monde semble stable et surtout aimant.
En grandissant dans le ventre de ma maman, je joue aussi avec un fil un peu gluant. Je m’embête. Dans le fond, je suis bien seul et les bruits que je distingue sont franchement indécis. J’essaie de trouver des occupations en m’amusant, par exemple, à changer de position surtout quand ma mère est allongée. Ce qui, je le sens, l’agace un peu.
J’aime quand ma mère prend des bains et qu’elle chantonne. Pendant ces quelques moments privilégiés, je me relaxe et flotte dans l’eau avec elle. Intra-muros. J’aime aussi qu’elle me fasse écouter toutes sortes de musiques pour vous les extra-muros, pour nous les intra-muros, ce sont des rythmes. J’adore le rock car je sens les percussions et je me mets à taper avec mes pieds contre les parois de son ventre. Ce qui me vaut des cris heureux et stupéfaits de sa part. Je ne m’en lasse pas.
Les mois passent, je perçois de plus en plus de choses. Je sens l’impatience de ma mère et quelques ponctuels sursauts d’angoisse. À vrai dire, j’ai beau être un petit homme, je suis aussi terrorisé qu’eux à l’idée de les rencontrer. Et si j’étais tout fripé, trop poilu, abîmé ? Et si pire, je les décevais ?
Et si je ne parvenais pas à aider ma maman quand elle poussera et que je finisse par trop l’épuiser ? Et si je lui faisais si mal que je la blesserais ?
Huit mois et trois semaines plus tard : j’étouffe. Hier, ma mère a trop marché. Je suis descendu dans son ventre et ai reconnu l’endroit vers lequel me tourner pour atteindre la sortie.
Il est quatre heures du matin, il est temps. Je pousse. Ma mère se réveille en sursaut inondée d’eau. J’entends mes parents rire aux éclats qui s’enfuient vers la maternité. On y est. Tout va assez vite. Ma mère ne dort à aucun moment. Je sens en elle un sentiment nouveau que je ne parviens pas à définir de façon précise et juste. Ce que je peux vous dire, c’est que c’est trop fort. Je me sens lié à elle plus que jamais.
Puis, ma pauvre maman se met à gémir. Je lui fais mal. Les contractions s’intensifient. On la soulage.
Le chemin s’éclaire ; il est vraiment laborieux ! Quelle histoire si j’avais su ce qui m’attendait, je serais resté planqué tout au fond de son ventre. L’air de rien, je me serais fait tout petit et ...