L’accusé de Okouta , livre ebook

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— J'en étais sûr ! Ce salaud, un filou de notoriété publique jouissant des grâces du pouvoir au grand détriment du peuple, s'emporta Ehinhoun, tremblant. Ses yeux exorbités donnaient à sa tête l'image d'un masque de mankpo (utilisé par la communauté goun en période de crise extrême). Le jeune contestataire poussa son réquisitoire à l'extrême, encore en transe d'indignation : — Vendre une moto à cinq millions à cette heure où le peuple ploie sous la paupérisation, la faim et les maladies ! Il payera à la nature ce qu'il arrache aux citoyens forcés à la misère. Dieu lui demandera des comptes.
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Publié par

Date de parution

01 janvier 2022

Nombre de lectures

23

EAN13

9789998257818

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

L’accusé de Okouta© Savanes du Continent, 2022
ISBN : 978-99982-57-81-8Comlan Pacôme
Alomakpé
L’ACCUSÉ DE OKOUTA
NouvellesÀ vous
Kuassi et Kocou,
Portes d’entrée dans cette école de vie qui fait père, et princes de
ce royaume dans lequel seuls l’effort et le travail continu et bien
fait vous projettent dans la liberté
À tous les Jeunes Leaders du Bénin
et de l’Afrique qui brille déjà...Préface
Ne lisez Pas cette Préface, lisez le livre !
’heure de gloire de la préface est passée. Les Lseules préfaces que j’ai lues ont été celles que
j’ai écrites. Et rassurez-vous, si j’ai pu les lire, c’est
parce que les yeux sont bien obligés – à regret hélas,
souvent – de parcourir ce qu’écrivent les doigts. Puis
je les ai livrées aux auteurs, assez rapidement pour ne
pas être tenté de les relire et de me demander
pourquoi j’ai tenu à dire au lecteur que ce qu’il lira est bon,
puisqu’il le lira de toute façon s’il le veut. Mais à
l’enthousiasme de l’auteur, infniment reconnaissant de se
fgurer à quel point ma plume, en s’élançant dans les
airs, a « porté » son œuvre aux approches du soleil,
j’ai souvent digéré un sentiment nuancé, pareil à une
ferté qui peinait à s’affranchir d’une culpabilité inex -
pugnable.
Disons que pour être tout à fait honnête, j’ai lu
une seule préface, ou du moins la petite partie qui
9L’accusé de Okouta
en restait sur la feuille dont la vendeuse emballait le
doko qu’elle m’a servi avec un amour quasi maternel.
C’était la préface de Cromwell ; et du souvenir rose de
mes dix ans, je l’ai dévorée au même rythme et avec
la même gourmandise que ce beignet de tous les
délices. Cette aventure doublement gastronomique m’a
laissé convaincu que les préfaces ne sont bonnes à lire
que lorsqu’elles accompagnent des beignets de blé au
sucre. Comme moi aujourd’hui, beaucoup d’auteurs
ont pris la précaution de se défendre d’écrire une
préface en l’écrivant quand même, un peu comme pour se
faire pardonner l’audace de l’inutilité.
Mais nous y voilà. Je reçois l’honneur de préfacer le
premier recueil de nouvelles de mon cher ami Pâcôme
Alomakpé. D’entrée de jeu, je veux le mettre à l’aise,
et à travers lui, ses milliers de futurs lecteurs : L’accusé
de Okouta n’aura pas besoin de ma caution pour vous
livrer le Béninois que vous connaissez, sous des jours
que vous connaissez, mais dans des intrigues qui vous
surprendront. Vous le redécouvrirez vautré dans ses
contradictions séculaires, ses déchirements identitaires
et sa résilience de légende. Vous lirez ses décadences,
mais aussi cette ressource sans nom qui fait qu’il
refeurit toujours de l’habituelle précarité. Vous verrez
des hommes-et-demi triompher d’eux-mêmes grâce
au pouvoir sacré de la terre. Vous prendrez attache
avec l’énergie créatrice d’un écrivain tout en générosité
10Préface
et en partage, une langue auréolée de légende, nourrie
des mystères de la tradition orale.
Mais une fois encore, mon titre de préfacier n’y
aura joué aucun rôle. Et ma prière de préfacier sera
toujours que les lecteurs pressés qui aiment aller à
l’essentiel (ne) se servent eux-mêmes de cette modeste
feuille comme papier d’emballage de quelque recette
culinaire prisée. Dans tous les cas de fgure, il subsis -
tera, j’en suis convaincu, une vérité irréfutable :
j’aurai, au-delà de tout, eu l’honneur d’apparaître aux
premières pages d’un si beau livre. Car Mallarmé n’aura
jamais eu autant raison qu’aujourd’hui : « un bon livre
se passe de présentation ». Les préfaces sont
dépassées, lisez les livres.
Habib Dakpogan, écrivain
11l’accusé
de OkOuta
L’inquisition
epuis son retour au village, Adambi s’était Ddécouvert une passion. Il aimait les
retraites introspectives. Ces moments, il les passait loin
du monde, hors de la cité et sur les collines. Il
s’installait souvent près de cette piscine mystérieusement
creusée dans le granite, une œuvre de dame Nature
qui embellissait ce coin du sommet des collines. On
avait élégamment surnommé ce bout de paradis les
mamelles de Savè. Là-bas, le paysage témoigne du
génie artistique de l’invisible créateur de la terre et du
ciel. Il émerveille par sa splendeur. C’est beau, saint et
magnifque.
Du haut des collines donc, Adambi s’adonnait à la
contemplation. Au fort de la pâmoison, il pouvait fait
faire à ses yeux des captures d’images qu’il transmettait
13L’accusé de Okouta
ensuite à sa mémoire pour archivage. Dans cette
bibliothèque psychique, les images capturées se
transformaient en une multitude de tableaux d’art que Adambi
décrivait à loisir au détour d’une conversation. Il aimait
parler de sa cité natale à ses amis. Il la décrivait avec un
style vantard et exhibitionniste. Devant ses camarades
nés et vivant sur les côtes au sud du Bénin et qui, pour
des raisons d’études, résidaient à Parakou, Adambi
parlait de Savè comme une vierge à tétons pointus
et en permanence en érection. À force de rabâcher
l’oreille de ses amis les mots qui décrivaient la beauté
de sa cité natale, ils l’avaient surnommé le citoyen de
la ville des mille et une hypnoses. Fièrement, Adambi
acquiesçait avec un signe de tête et un grand sourire.
Un après-midi, Adambi se retrouva une énième fois
dans cet endroit féérique. Il saisit une nouvelle occasion
pour une habituelle retraite introspective. Il se
délectait de la beauté du paysage quand, soudain, il fut pris
d’un malaise. C’était une crise de perte de connaissance.
Quelques minutes après, le jeune homme, dans un état
second, retrouva sa clairvoyance. Mais, son esprit et son
âme étaient comme en aventure. Ils furent connectés
à un autre monde. Ils abandonnèrent loin, son corps,
sur les granites. Le jeune contemplateur se disloqua,
s’éparpilla. Il eut le sentiment qu’il était au banc des
accusés, seul face à un collège d’esprits. C’était comme
si la contemplation jouissive l’emportait à travers les
14Comlan Pacôme Alomakpé
vallées des merveilles de Okouta pour une marche à
destination inconnue dans les recoins splendides de la
ville des mille et une hypnoses. Bloqué, coincé, le corps
immobilisé du jouisseur exceptionnel lutta vainement
pour raccommoder, réconcilier et unir son monde
physique à son monde psychique. En vain. Pourtant, cette
terre avait vu naître Adambi. De surcroît, ce lieu, cette
hauteur des collines représentait un endroit avec lequel
il avait tissé une amitié profonde. N’était-ce pas qu’une
harmonie évidente et une relation sincère le liaient à cet
Okouta ? Pourquoi alors cette disgrâce ? Pour quelle
raison devrait-il se retrouver dans l’état d’un accusé
attendant la délivrance de l’inquisitrice de Okouta ? Que
lui reprochaient-ils, les esprits maîtres de ces collines ?
Quelles fautes Adambi avait-il commises ?
Les premières pensées de l’accusé
s’entrechoquèrent avec une voix intérieure. Elle toquait dans sa
tête comme le coup de marteau sur l’enclume. « Tu
n’avais pas le choix. Tu devais revenir au village
répondre de ton forfait », entendait-il. C’était une parole
qui envahissait son être, le dominait. La persistance
et la lourdeur de cette voix intérieure et invisible
forcèrent Adambi à la résignation. Il réalisa que sa vie, son
être et tout ce qui faisait de lui un jeune homme étaient
dans l’œil du cyclone. Condamné par contingence et
mis sous hypnose des minutes durant, il comprit qu’il
était nécessaire, pour la suite de son existence, de
reve15

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