L’ENFER DES TOURNANTES , livre ebook

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« Deux heures après, Lydie n’arrivait pas à trouver le sommeil. Il lui semblait soudain que la poignée de la porte bougeait. Elle descendit du lit et prit ses lunettes. Son regard s’arrêta plusieurs minutes sur la porte. Cette fois-ci elle n’hallucinait pas. Quelqu’un essayait de l’ouvrir. Elle jeta machinalement un oeil sur le réveil. Trois heures du matin. Jamais sa mère ne la perturberait à cette heure. Le même manège se reproduisit, mais la porte resta fermée. Elle décida de s’en rapprocher et dressa l’oreille. On frappa trois coups légers et ses poils se hérissèrent.» Quel étrange destin que celui de la petite Lydie, abandonnée par ses parents, et qui va devenir la proie d’un groupe organisé de proxénètes, amoureux de chair fraîche, dirigé par le terrible Hubert Léon Nana. Seulement, quand le groupe explose, et que le puissant chef poursuit ses associés et est traqué par la flicaille, que va-t-il rester de la petite Lydie ?
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Publié par

Date de parution

01 janvier 2024

Nombre de lectures

2

EAN13

9956429002228

Langue

Français

Vincent Olinga
L’ENFER DES TOURNANTES
Proximité, janvier 2024
© Éditions Proximité Yaoundé, janvier 2024 République du Cameroun. Tel : 237 699 85 95 94/6 72 72 19 03 Couriel : editionsproximite@gmail.com ISBN : 9956 429 002228
CHAPITRE 1 LA FOLLE NUIT DE BAFOUSSAM
La voix grêle d’une chanteuse locale mêlée à une agitation inhabituelle parvenait dans la pièce où Lydie nissait de donner un soin avenant à son visage. Elle prolongea discrètement ses sourcils et renforça ses cils au mascara. Elle réunit ses cheveux en un chignon qui cascadait sur son dos au moindre mouvement. Sa robe zippée en polyester marguerite épousait parfaitement un corps aux muscles fermes. Des ballerines roses achetées pour la circonstance lui offraient une grâce remarquable. Une dernière couche d’un gloss fuchsia releva la brillance franche de ses lèvres pulpeuses. Elle ajusta son pendentif à tête de tortue que soutenait un collier constellé d’or. Le seul souvenir qu’elle gardait de sa mère. Lydie demeura statuée un instant et repoussa le plus loin possible les sentiments qui afeuraient sur ses entrefaites. Comment sa tante avait-elle voulu la vendre sans autre protocole à ce Pierrot ? Son père était-il au courant de toutes ces horreurs ? Elle essuya les larmes de ses yeux et se dirigea ensuite vers la salle où grossissaient les invités de cette Marie-Thérèse qui l’avait sortie de la dèche quelques jours plus tôt. Heureusement qu’il existe encore de si belles âmes, car on ne sait comment elle se serait débrouillée dans la rue sans sou, sans argent ni vêtements de rechange. Marie-Thérèse dirigeait en maîtresse des lieux un service composé de plantureuses lles Batouffam. On avait débarrassé la petite maison d’objets
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superus. Des chaises neuves assorties d’un tissu d’ameublement au ton gai ceignaient la pièce. Au milieu, un immense tissu couvrait le somptueux banquet. Rien, ni même les parents de Marie-Thérèse, ne devait troubler l’ambiance festive des jeunes qui ne demandaient qu’à s’éclater en ces débuts de vacances. Il y avait du tout ; depuis « les enfants des barrières » jusqu’au menu fretin des quartiers pauvres. Une fois la ripaille terminée, la piste de dance fut libérée. « Cesse de faire la mijaurée Lydie. Tous mes amis te font de l’œil. Montre à ces nouilles que tu sors de 1 Doul ! — Mes lunettes… — Je vais les mettre en lieu sûr. Amuse-toi bien, t Marie-Thérèse, un sourire en coin. » Des jeunes hilares buvaient comme du lait l’alcool écoulé sur le manteau. Lydie s’arracha d’un cavalier pot de colle lorsque son amie lui tendit un verre en lui disant : « Rien de mieux pour te redonner la pêche ». Lydie s’envoya le cocktail d’une traite et se remit à la danse. Elle ne tarda pas à se sentir pousser des ailes. Le tissu léger de sa robe lui paraissait une chape de plomb. Une chaleur écrasante s’empara de son corps. Les ombres autour d’elle se mirent à tournoyer comme agitées par une force invisible. « Mes lunettes… — Attention ! Elle n’est pas bien. Il faut faire quelque chose. » Étendue dans la position du fœtus, Lydie était maintenant à demi consciente. Ses yeux de myope 1. Douala, la capitale économique du Cameroun. 4
congénitale ne distinguaient rien sous la lumière d’un bleu pâle. Il lui restait un seul pied de chaussure et l’air glacial fouettait sa peau. Son engourdissement créait un rideau noir entre la réalité et elle. Il lui semblait entendre des bruits sourds. Elle ressentait comme une douleur vague à chacun de ses mouvements ; mais ses forces la trahissaient. Elle ne remarqua pas la poignée qui s’abaissait et la silhouette qui se glissa à pas feutrés. Une odeur efeura ses narines et elle s’ébroua légèrement. Il y eut comme un soufe, une présence derrière elle. Une lumière s’alluma dans son cerveau et elle plongea dans une brusque torpeur. « Mes lunettes », soufa faiblement la llette. Il ne se passa rien pendant un bon moment quand Lydie devina une main qui remontait sa robe. Elle poussa un cri étranglé étouffé par une envolée de gies qui la clouèrent au lit. Elle tenta désespérément d’échapper à la poigne d’acier qui enfonçait un chiffon dans sa bouche. Ses bras furent sans coup férir entravés aux barres du lit métallique. Tout se passa ensuite très vite… * * * Au petit matin, un nuage de poussière suivait paresseusement le coupé rouge qui fusait à une allure folle sur la route déserte. La main de Mangue Justo, le chauffeur du Boss, se promenait sur la cuisse de Marie-Thérèse. Une virée en boite de nuit l’avait plongée ; après la soirée dans une sérieuse cuite. La voiture acheva sa course à quatre heures du matin au lieu de la cérémonie sur un crissement de roues.
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Marie-Thérèse ne remarqua pas la chaussure à frange sur la moquette du salon. Elle avait dû insister pour décider son amie sur ce choix. — Il est temps de regagner ton lit, lança Mangue Justo, sur un ton de reproche. — C’est vrai que je suis crevée en ce moment. J’espère qu’il ne l’a pas abîmée… — Il n’y aura pas de faute, poursuivit Justo, avec son même sourire lascif. Ce qui est sûr, c’est qu’il nous remerciera pour le travail bien fait. Il faut aussi qu’il ne soit pas au courant de notre petite aventure … nous devons être discrets. Les jambes en coton, Marie-Thérèse chancelait vers sa chambre lorsque la porte s’ouvrit brutalement sur son père. Elle comprit à l’expression de ses yeux qu’il s’était passé quelque chose de grave. « Où diable étais-tu ? Nous avons de gros ennuis. Marie-Thérèse se précipita dans la chambre où le reste de la famille entourait une Lydie transie de peur.— Elle est… — On vient à peine de découvrir l’horreur. Tu arrives à point pour nous donner des explications… — Je ne comprends pas. Lydie, cette lle que tu as recueillie il y a quelques jours. — Oui, elle s’est sentie mal pendant la fête, répondit Marie-Thérèse. J’ai dû la coucher dans la chambre des garçons. — Elle a donc sauvagement été agressée sexuellement sous mon toit. Dès que tu es sortie,
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on ne sait pas ce qu’il s’est passé. Je pense qu’il faut appeler la police et faire des enquêtes avec toutes ces personnes louches qui étaient chez nous. D’ailleurs MT, depuis quand tu connais autant de personnes ? On dirait qu’il y a des pans de ta vie qu’on ne connait plus… Tu sors régulièrement et comme tu veux dans cette maison ! Voilà des lles agressées sous mon toit. Que vont dire ses parents ? — S’il te plaît Pa ! Je t’ai expliqué qu’elle a fui sa tante qui voulait la vendre à un Blanc. — Raison de plus pour qu’on appelle la police pour voir clair. Il y avait un monstre chez moi et cela je ne le supporte pas… Seul un vrai monstre peut violer sauvagement une llette après l’avoir attachée ainsi ! On appelle la police… C’est sûr même qu’elle est droguée, car elle n’arrive pas à reprendre conscience… — Je t’en prie Robert, intervint la mère de Marie-Thérèse. Cette affaire doit rester entre nous. Regarde le scandale que cela ferait pour nous et même les voisins. MT ne pouvait pas connaître toutes les personnes de cette soirée… — Tu as raison Maman, trouvons rapidement un couteau. Les liens nissent de taillader sa peau, réagit MT visiblement soulagée de l’aide de sa maman.Les draps furent trempés dans une bassine d’eau savonneuse. La maman de Marie-Thérèse examinait les lésions sur les parties intimes de Lydie. L’eau bouillonnait déjà dans une marmite. La femme fourragea dans un
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tiroir, à la recherche de médicaments analgésiques. Lydie planait toujours dans son étourdissement. Marie-Thérèse trouva une serviette propre qu’elle tendit à sa maman. Celle-ci trempa la serviette dans l’eau et le contact de la chaleur arracha un cri épouvantable à Lydie. Elle se mit à se tortiller convulsivement. C’était à croire qu’elle subissait une invasion de fourmis amazoniennes. Elle se rencogna au bout du lit, moulue, et le soufe faible qui ânonnait le même refrain. « Mes lunettes ! Mes lunettes ! » « Elle est dans un profond état de choc. Il va falloir la conduire immédiatement à l’hôpital, comme vous voulez éviter le commissariat », réagit le père de MT.— D’ici là, elle va reprendre ses esprits, dit Marie-Thérèse. Nous jugerons alors s’il lui faut des soins intensifs. Ma lle, nous sommes les témoins d’un acte criminel, si tu ne vas pas au commissariat, tu vas avec elle aux urgences rapidement ! — Je connais un centre de santé nom loin et discret, coupa Marie-Thérèse. La messe basse ne pouvait durer plus longtemps avec l’aurore qui se signalait. Les frères de Marie-Thérèse s’employèrent à évacuer Lydie. Il était six heures quand la procession silencieuse entra dans le centre de santé Sainte-Madeleine. Une pluie ne se mit à tomber. Le développement de la région de l’ouest dépendait de son agriculture orissante. Toute perturbation climatique était mauvais signe pour la population.
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Marie-Thérèse entra dans la salle de permanence sommaire sans rencontrer âme qui vive. Elle carillonna plusieurs fois pour que s’amène une inrmière pataude. — Vous ne pouvez pas faire moins de bruits ? — Excusez-nous madame. Cela fait dix minutes que nous sommes-là à faire le pied de grue. — Vous n’arrivez jamais quand on vous attend ; et puis, nous ouvrons le samedi à sept heures. Boudeuse, l’inrmière les précéda dans une autre salle sans faire cas de la patiente. Elle t allonger Lydie sur un lit sans couchage et arbora une blouse d’un blanc suspect. — Dites-moi de quoi elle souffre ? La sœur Madeleine ne sera pas là avant onze heures. Les membres de la famille se regardèrent avec étonnement et panique. La maman se lança du bout des lèvres, mais sa voix s’évanouit devant le regard torve et glacial de Marie-Thérèse. — Elle a été agressée par un inconnu. — Vous êtes en train de me dire qu’elle a perdu l’usage de la parole suite à une agression ? Son regard vif se mua en une lueur d’effroi saisissante ; puis elle se détendit comme un arc, incapable de soutenir l’image macabre que dévoilait le pagne autour de Lydie. Une grosse tache souillait le cuir pourpré. — Jésus Marie Joseph ! Vous voulez mon licenciement ou quoi ? Fallait me dire qu’elle se vidait, la pauvre.
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— Vu l’accueil… — Gardez vos privautés pour les « publics ». Maintenant, je veux un seul garde-malade. Marie-Thérèse congédia les siens d’un signe discret tandis que l’inrmière se penchait sur le visage livide de Lydie. Ses cernes accentuaient l’aspect perdu et effaré de ses yeux qui semblaient loucher sur une vision terriante. — Mes lunettes. — C’est quoi ce délire ? Perdues dans le bazar, t Marie-Thérèse sur un ton faussement ingénu. — Le carnet vous coûtera deux mille francs ; sans compter le thermomètre et les gants. — Mais… — Ce n’est pas tout. Après il faudra acheter les médicaments. Il y a une pharmacie à côté. Ah ! j’oubliais, il nous reste un thermomètre à vendre. L’inrmière ouvrit un œil terne puis se retourna vers Marie-Thérèse. — Avez-vous passé la nuit avec votre sœur ? — Ce n’est qu’une amie. Tout a commencé avec la fête... — La fête vous dites ? — Personne ne lui voulait du mal. C’est juste qu’elle n’allait pas bien. — Je crois que vous avez des choses à me dire… — Quand je suis revenue, il était déjà tard. J’ai assez de vos nasseries. Maintenant je veux savoir si elle a absorbé des substances psychoactives
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