210
pages
Français
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2010
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Ebook
2010
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Publié par
Date de parution
01 décembre 2010
Nombre de lectures
2
EAN13
9782923447261
Langue
Français
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Date de parution
01 décembre 2010
Nombre de lectures
2
EAN13
9782923447261
Langue
Français
LA PISTE MAUDITE
DU MÊME AUTEUR
ONDE DE CHOC , ROMAN , 1999
LE PROJET PANATIUM, ROMAN 2007
YVAN SAVIGNAC
LA PISTE MAUDITE
ROMAN
Photographie
Yvan Savignac
Mise en pages
Pyxis
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Savignac, Yvan
La piste maudite : Roman
ISBN 978-2-923447-18-6
I. Titre.
PS8587.A387P57 2010 C843’.54 C2010-942064-0 PS9587.A387P57 2010
Dépôt légal
- Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2010
- Bibliothèque nationale du Canada, 2010
Éditions la Caboche
Téléphone : 450 714-4037
Sans frais : 1-888-714-4037
Courriel : info@editionslacaboche.qc.ca
www.editionslacaboche.qc.ca
Toute reproduction d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.
Que cette note en première page soit pour remercier
chaque lecteur qui m'accorde l'honneur de
déposer son regard sur mes mots.
Je lui suis reconnaissant de croire en mes écrits,
en mon évasion et en ma capacité de
transmettre ma pensée.
Savy
1
Le bleu du ciel était flou en cette autre journée de canicule qui s’installait sur la région du Haut Saint-Maurice. Déjà à cette heure de la matinée, un fin brouillard enveloppait l’environnement vert à perte de vue. Survolant la forêt mixte à faible altitude au sein de ce phénomène météorologique, les occupants du vieil hydravion Beaver scrutaient attentivement la région de Casey depuis environ une demi-heure.
Coon Awaro était passager dans l’avion. Autochtone de la communauté atikamekw, il avait vu le jour et vécu toute son enfance à Wemotacie, une petite communauté d’environ mille trois cents résidents qui avait ses racines sur les berges de la rivière Saint-Maurice.
L’homme avait eu une enfance difficile dans sa communauté. Son père n’avait pas vécu avec lui, mais plutôt à Opitciwan, une autre communauté atikamekw située au nord de l’immense réservoir d’eau formé par le barrage Gouin. Ainsi, dès son tout bas âge, il avait pour ainsi dire été abandonné par ce dernier. C’est donc sa mère qui en eut l’entière responsabilité. Mais à chaque fois que l’occasion lui était donnée, il soutenait que sa cocoom, qui était en fait sa grand-mère, s’occupait autant de lui que sa propre mère. En l’absence de père et souvent de mère, Coon devint un enfant peu communicatif et solitaire. Mais malgré tout, certains liens autochtones étaient ancrés en lui très profondément. Ces liens, il ne pouvait les oublier ni les renier. Ces valeurs avaient fait de lui ce qu’il était aujourd’hui et il en éprouvait une grande fierté. La transmission de l’authenticité de sa culture, que lui avaient donnée son grand-père et sa grand-mère maternelle, était restée pour lui un don ancestral inestimable.
Dès lors, sa passion pour la nature, son environnement ancestral et cette envie viscérale de vouloir retourner vers ses origines lui avaient donné le goût de compléter et de réussir avec brio une formation comme ingénieur forestier. De là, il avait décroché un emploi saisonnier pour le ministère des Terres et Forêts dans un projet de repérage et de répertoriage de bâtiments qui pouvaient avoir été construits, sans l’acquisition du permis requis, sur les terres de la Couronne pour la région de Casey, Parent et du secteur du réservoir Gouin.
Pour ce travail, Coon devait se déplacer régulièrement par hydravion ou hélicoptère pour repérer les nombreux chalets ou repaires de chasse facilement visibles du haut des airs.
Coon travaillait depuis plus de deux semaines avec Raymond Dansereau, pilote de l’hydravion De Havilland Beaver. Cet homme était tout le contraire de l’autochtone. En fait, il était un homme au verbe très facile. Sans en faire pour autant un bout en train, il était tout de même le genre de gars qui aimait l’humour et… la bonne bière. L’homme avait de collé à la peau la réputation bien établie d’être un des meilleurs, sinon le meilleur pilote de toute la région de la Mauricie. Dansereau vivait à La Tuque depuis sa naissance, la maison familiale faisant face à l’aéroport. Toute sa jeunesse avait été orientée vers cette passion folle qu’était l’aviation. Cette dernière le dévorait tellement qu’il avait mis toutes ses économies pour suivre un cours de pilotage commercial. Aujourd’hui, le pilote était reconnu pour ses aptitudes particulières à déposer et à faire décoller un Beaver sur des distances non recommandées par De Havilland, le fabricant de ce type d’avion, vieux de plus de cinquante ans.
L’homme avait quarante-cinq ans. Il connaissait dans les moindres recoins la conception de son avion, ce qui lui faisait dire, à qui voulait l’entendre, qu’au cours des années il était devenu un complice qui ne l’avait jamais laissé tomber. Ainsi, il connaissait les forces et les faiblesses de cet avion de brousse, bien qu’il ait, et ce, bien malgré lui, la réputation d’avoir donné des frissons à quelques-uns de ses passagers pêcheurs et chasseurs. Il avait rencontré en la personne de Coon un autre type de passager. En fait, l’autochtone était plutôt du genre impassible face aux démonstrations des capacités de l’hydravion que le pilote exploitait selon les besoins et circonstances.
Habitué aux petites craintes exprimées par des clients amateurs-de-vie-au-grand-air-de-week-end, le pilote avouait se bidonner des réactions de ses passagers quand de petits signes de nervosité s’exprimaient autant chez les femmes que par les vrais de vrais hommes qui disaient n’avoir peur de rien. Non… avec Coon, c’était différent.
Le puissant moteur en étoile du Beaver faisait beaucoup bruit à cause du gros tuyau d’échappement, sans silencieux, qui brisait le silence caniculaire si caractéristique en ce début de belle journée de juillet. Sous la carlingue, l’énorme cylindre d’acier, autrefois d’un chrome parfait, était maintenant coloré d’une teinte bleutée et dorée par la chaleur extrême des gaz de combustion que crachait le moteur sous le ventre plat de l’avion. Il émettait un vrombissement assourdissant, à un point tel, que ses occupants devaient presque crier dans le petit habitacle de tôle pour être capables de se comprendre. Le poste de pilotage et la carlingue étaient pour ainsi dire sans isolant, ce qui aurait atténué le bruit du moteur. Oh, il y avait bien une sorte de revêtement matelassé à l’intérieur des portes et un peu au plafond, mais ces derniers avaient plus un effet d’ornement que d’efficacité réelle à assourdir le bruit du moteur. De par cet état brut de sa conception et de sa finition, l’habitacle de l’avion devenait en quelque sorte une caisse de résonance dans laquelle pilote et passager logeaient étroitement. Le Beaver était sans contredit un avion de brousse, point à la ligne… efficace oui, mais combien rudimentaire en terme de confort.
Pour bien comprendre les communications radio et, par ricochet se donner un minimum de protection auditive, Raymond portait en permanence ses écouteurs radio sur ses oreilles, le protégeant ainsi du ronflement puissant des onze cylindres en pleine tâche. Ce matin-là, à cause du smog occasionné par la canicule des derniers jours, il volait plus bas qu’à l’habitude afin de mieux discerner les bâtiments illégaux recherchés par Coon. Ainsi, aussitôt repéraient-ils un chalet ou petit camp, que Raymond avait le mandat de poser son oiseau d’aluminium sur le lac ou la rivière se trouvant le plus près possible de la bâtisse non enregistrée.
L’amerrissage réussi, Coon allait vérifier si un numéro d’identification était apposé sur la bâtisse comme il était prescrit par le ministère. De là, il faisait un lien entre le numéro d’identification et le propriétaire et si le numéro était absent, possiblement que ce dernier était hors la loi.
Le travail de Coon et de Raymond, qui était de relever et d’identifier tous ces chalets, camps ou bâtisses dans le secteur de Casey, avançait lentement, mais sûrement aidé par une météo favorable depuis au moins deux semaines.
L’hydravion avait amerri sur un lac depuis quelques minutes déjà. Ses flotteurs étaient appuyés dans la kalmia de la berge où Raymond avait amarré l’avion, alors que Coon était à terminer une vérification sur un petit chalet en bois rond qui ne figurait pas dans les relevés du ministère. Arrivant près de l’hydravion, il observa un court instant la nuée de mouches noires qu