271
pages
Français
Ebooks
2022
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Ebook
2022
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Publié par
Date de parution
28 février 2022
Nombre de lectures
10
EAN13
9782370117182
Licence :
Tous droits réservés
Langue
Français
Publié par
Date de parution
28 février 2022
Nombre de lectures
10
EAN13
9782370117182
Licence :
Tous droits réservés
Langue
Français
LÂCHE L’AFFAIR
Une enquête de Charline et Adèle – Tome 2
Christelle Catarsi et Amélie Hurteaux
© Éditions Hélène Jacob, 2022. Collection Humour . Tous droits réservés.
ISBN : 978-2-37011-718-2
À Nicole, un ange parmi les anges. Merci pour tout, et prenez soin de vous là-haut.
Ce roman est une pure fiction. Toute ressemblance avec des faits ou des personnes ayant réellement existé serait totalement fortuite.
Lumière depuis le matin, ça va chauffer pour Coin-Coin.
Gilles Legardinier
1 – Charline
Dimanche 20 novembre 2016
Le défilement des pylônes et des arbres sur l’autoroute a quelque chose d’hypnotisant. Je suis là, détendue et souriante, un peu inquiète aussi. Adèle ne me répond pas.
Je rentre d’une semaine de vacances surprises avec mon chéri, Hector. Que de changements depuis qu’il est entré dans ma vie ! Cela fait six mois que nous sommes ensemble, depuis la fin de l’affaire Baralando, et j’ai l’impression de vivre dans un monde de douceur et de paix. Déjà, il est bricoleur. Très bricoleur. Moi, je monte un meuble Ikea, en quatre heures, à l’envers avec un tournevis en guise de marteau, et il me reste une dizaine de pièces, qui devaient très probablement servir à quelque chose, mais à quoi ? Alors je finis toujours par le découvrir, une fois que j’ai pris le meuble sur le nez, hein, mais il est trop tard. Quand je tire la chasse d’eau, je la casse. Avant Hector, elle serait restée pétée pendant des mois, Adèle avait mieux à faire, et moi je ne savais pas faire. Ben là, je suis revenue le soir, elle était réparée, comme ça, magie. Mes étagères s’achètent et se montent toutes seules. L’autre jour, il a même retapé ma cafetière à la coloc’ en deux minutes. J’ai changé de dimension, je suis passée d’un univers hostile à un univers beaucoup moins anxiogène. Et puis, il est super attentionné et compréhensif.
Par exemple, la semaine dernière, on a fait une soirée avec Nounours, mon meilleur ami, et Linda ma super copine infirmière. Ils quittent tous les deux Marseille. Nounours part à Paris où il a trouvé un job de responsable informatique et Linda est tombée amoureuse d’un médecin qui bosse dans l’humanitaire et part au Cambodge pour huit mois. On avait envie de fêter ça. Il avait du boulot, il m’a juste dit « Amusez-vous bien » et c’était terminé. Le lendemain, il est passé me chercher à la coloc’ et il m’a emmenée une semaine à Val Thorens pour découvrir la montagne. Adèle avait préparé mes affaires en cachette. C’était trop mignon de leur part à tous les deux.
On a pris la route et c’était génial. Il a fait beau presque tous les jours. Il nous avait réservé une cabane dans un arbre. Mon rêve de gosse. On a fait de la rando, j’ai bronzé avec le soleil et il a même neigé dans la nuit. On s’est réveillés, tout était blanc, le temps était comme suspendu. J’ai adoré la sensation de flotter au-dessus d’un monde immaculé et silencieux. Nous sommes partis pour faire une activité surprise, il avait décidé de m’apprendre à skier. C’est quoi, cette idée complètement incongrue ? Alors pour être clair, ça a été un fiasco sans nom. Il m’a fallu dix bonnes minutes pour chausser les skis, j’ai senti mes pieds glisser, mes genoux se plier puis se tordre avant de m’affaler dans la neige. Je croyais que la neige, c’était doux et moelleux. Que nenni. Ça fait hyper mal ! Et après trois chutes, dont deux alors que j’étais immobile, on a décidé d’arrêter les frais. J’ai un hématome sur la hanche qui fait la moitié de ma main.
D’ailleurs, je sens une douleur qui me vrille la fesse. J’ai dû trop m’appuyer dessus.
— Ça va, ma chérie ?
Hector est au volant, il pose sa main sur mon genou.
— Oui, oui, j’ai juste fait un faux mouvement.
— C’est sûr que le ski, ce n’est pas très Charlineproof comme sport.
Charlineproof, c’est le mot qu’Hector a inventé pour parler de tout objet ou activité qui serait adapté à ma maladresse. Et je dois bien avouer qu’il n’y en a pas tant que ça. On a réussi à faire de la luge, mais c’était lui qui conduisait, qui freinait, et moi qui tremblais.
Grâce à cette stabilité, nouvelle pour moi, j’ai pris de grandes décisions.
D’abord mes études, j’ai été recalée au master. En juin, j’étais encore trop sous le choc Baralando, et même en bossant tout l’été pour les rattrapages de septembre, ça n’a pas suffi. Du coup, j’abandonne.
Mes parents ont pété un plomb, surtout mon père qui ne jure que par la sécurité. Il est assureur, il passe son temps à me parler des risques. « Si tu dépasses les limitations de vitesse et que tu renverses quelqu’un, tu paieras toute ta vie, tu te rends compte des risques ? » et ça, décliné à toutes les sauces. L’alcool, risqué. Sortir le soir, risqué. Cannabis et autres stupéfiants, risqué et illégal. Manger gras et sucré, risqué. Donc, conditionnée par ces injonctions, je conduis doucement, je mange sainement et je ne touche ni à la drogue ni à l’alcool. Risqué.
C’est pour ça que je ne comprends pas ce qui m’a pris quand j’ai décidé de suivre Adèle dans son idée d’agence de détectives. Mais là, c’est fini. J’ai tout plaqué, y en a marre des études, du boulot de détective. J’ai décidé de tout laisser tomber pour faire de l’intérim, glander et me recentrer sur moi. Je m’offre une année de répit.
Je n’ai pas encore dit clairement à Adèle que je lâchais le boulot de privée. Je ne sais pas comment je peux lui annoncer ça, vu que ça a l’air d’être la seule chose à laquelle elle s’accroche. Arrêter notre collaboration professionnelle pourrait changer notre amitié. Et j’y tiens, à notre amitié, mais pas au prix de ma santé mentale. Détective, finalement, c’est comme policier, mais en pire ; tu ne dors pas, tu n’as pas d’armes pour te défendre et personne sur qui compter vraiment. En dehors d’Adèle, bien sûr !
Adèle. Elle ne m’a toujours pas répondu. Pourquoi ?
C’est la première fois que je la laisse seule depuis six mois. J’ai été traumatisée par l’affaire Branlo, j’ai fait des cauchemars jusque très récemment et j’ai uniquement été enfermée dans une cave qui sentait la crêpe. J’ose à peine imaginer la tête que j’aurais si on m’avait enlevée, battue et séquestrée dans un vieux local puant. Et c’est ce qu’Adèle a subi. La pauvre.
J’ai fait tout ce que j’ai pu pour la soutenir dans cette épreuve, mais elle refuse d’aborder le sujet. Elle s’est refermée. Elle m’a dit qu’elle était suivie par une psy et j’ai l’impression, de temps en temps, de voir une petite étincelle briller au fond de ses yeux. J’espère que je vais vite récupérer mon Adèle, la vraie, l’éternelle rêveuse romantique enjouée et enthousiaste.
Mon téléphone vibre.
« T’es là bientôt ? »
Ouf, soulagement, elle est en vie. Je lui ai envoyé un texto toutes les quatre heures tous les jours pour vérifier qu’elle allait bien. Et là, ça faisait sept messages qui étaient restés sans réponse.
« J’arrive dans dix minutes. »
Lorsque Hector s’arrête enfin devant l’immeuble où je vis avec Adèle, je commence à sentir l’appréhension. Et si elle n’allait pas mieux ?
Tout à mes réflexions, je n’ai pas vu qu’Hector a sorti mes bagages et ouvert la porte.
— Je te laisse à tes retrouvailles avec ta copine.
Il me serre dans ses bras, m’embrasse et remonte dans la voiture.
J’appelle l’ascenseur et lui fais un signe de la main. Alors que la porte coulisse, je m’avance pour entrer. Une dame d’un certain âge est déjà à l’intérieur. Je recule pour la laisser passer. Ce faisant, je trébuche sur ma valise et me retrouve assise sur les fesses, sous les yeux de la voisine. Elle hésite une seconde, puis, voyant que je ne suis pas blessée, sauf dans mon ego, bien sûr, éclate de rire.
— Alors, Mademoiselle, on ne touche pas terre ?
Elle ne croit pas si bien dire. Je suis toujours un peu perchée au naturel, je le suis encore plus lorsque je suis avec Hector. Je lui souris sans prendre la peine de répondre et m’engouffre dans la cabine. Dans le miroir, j’ai l’air rayonnante et pleine de joie, je me mets à sautiller avant de me rappeler que je n’aime pas les ascenseurs et que si je remue, je risque de le bloquer. Mon inquiétude pour Adèle s’est évanouie.
* * *
Lorsque je passe la porte, Adèle se lève, elle m’a manqué ! Je suis tellement contente de la voir. Je la serre dans mes bras.
Elle a l’air en meilleure forme.