LE MASQUE DU PREDATEUR : Mercy, ou l’innocence perdue - TOME 1 , livre ebook

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LE MASQUE DU PREDATEUR
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Date de parution

01 février 2023

Nombre de lectures

21

Langue

Français

LE MASQUE DU PREDATEUR
Mercy, ou l’innocence perdue
TOME 1
DÉDICACE
À tous les déplacés de la crise du NOSO (Nord-Ouest/Sud-Ouest), à toutes les victimes et à tous ceux qui ont perdu des proches dans les violences.
 DJOO DJOO Vivien Boris
PROLOGUE
Chef-lieu du département de la Mémé dans la région du Sud- Ouest du Cameroun, Kumba est une ville forestière dominée au loin par la majesté du mont Fako. Elle est caractérisée par son relief plat et ses routes sablonneuses. La population y vit essentiellement de l’agriculture, du commerce et de l’activité tertiaire. Le climat, comme on pourrait s’y attendre dans la région la plus pluvieuse du pays, est très arrosé durant la saison des pluies et assez humide pendant la saison sèche. C’est une ville d’une taille plutôt modeste, mais d’une très forte densité. Elle est, derrière Bamenda et devant les monstres touristiques que sont Limbé et Buéa, la deuxième ville la plus peuplée du Cameroun anglophone. Comme dans toutes les villes à forte population, la notion de sécurité est au centre de toutes les préoccupations. C’est dans ce cadre plutôt banal que vit une famille tout aussi banale, comme on en dénombre des milliers à travers tout le pays.
Mercy est une adolescente de seize ans, qui vit dans le quartier paisible de Mabonji avec sa famille. Ses parents, Mary et Joshua AKAKE sont des gens simples et sans histoires. Son père, employé des postes à la retraite et sa mère, simple commerçante, une vie modeste et ordinaire. Mercy a une sœur ainée, Victoria avec qui l’entente est fusionnelle, et deux frères, Kenneth l’ainé, assez effacé et un peu déçu de la vie, et Atem le benjamin très turbulent, son chouchou. Ils ont une vie normale assez semblable à celle de plusieurs familles dans la ville.
Le contexte social est cependant très instable. En effet, depuis des troubles survenus dans la région voisine du Nord-Ouest quasiment deux ans auparavant, le climat d’insécurité déjà présent s’est petit à petit accentué jusqu’à pointer le bout de son nez même devant ceux pour qui ce n’était qu’une notion abstraite.
Par la suite, telle une inévitable vague déferlante, la donne sécuritaire change inexorablement de visage et une série d’évènements inédits se produisent dans l’univers immaculé de la jeune Mercy jusqu’à un dramefamilial qui va la pousser à fuir sa Kumba chérie et adorée pour chercher
refuge comme bon nombre de personnes originaires de sa ville, et même de sa région chez des proches dans les zones moins sujettes aux violences. Mercy trouve asile chez son bel oncle Achu à Douala et retrouve en lui ce protecteur et bienfaiteur qui lui permettra de poursuivre ses études et de commencer une nouvelle vie avec de nouvelles certitudes. Rien cependant ne la prépare aux évènements qui vont se produire dans sa vie par la suite.
CHAPITRE 1 : Le calme avant la tempête
 La saison des pluies tirait à sa fin et elle avait été très rude. La région du Sud-ouest était certainement la plus pluvieuse du pays et la ville de Kumba en était le parfait reflet. On n’avait presque pas ressenti la chaleur du soleil pendant les mois d’aout, septembre et octobre. En ce début de mois de novembre justement, le climat se réchauffait peu à peu, ce qui n’était pas pour déplaire aux habitants de la ville.
 Mercy AKAKE était une élève studieuse et sérieuse, âgée de seize ans et inscrite en classe de Form Five au lycée bilingue de Kumba. Il était quinze heures trente, elle rentrait de l’école après une journée bien chargée. Elle était affamée. On était jeudi, la fatigue de la semaine commençait à s’accumuler et se faisait ressentir à la manière dont elle trainait des pieds. Elle se demandait avec désarroi comment elle ferait pour rallier les trois kilomètres qui lui restaient à parcourir pour regagner leur maison familiale, ce nid douillet qu’elle avait toujours de la peine àquitter chaque matin.
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 Elle se prit à rêver de la délicieuse nourriture qu’avait sûrement concoctée sa mère. Elle était si plongée dans sa rêverie qu’elle n’entendit pas son amie Queentah qui lui hurlait de l’attendre pour cheminer à ses côtés, vu qu’elles habitaient le même quartier. Lasse de crier sans se faire entendre, et surtout embarrassée d’avoir attiré sur elle les regards des passants, la pauvre Queentah s’était résolue à courir pour rattraper son amie. L’ayant enfin rattrapée, elle lui posa une main fraternelle sur l’épaule, ce qui fit sursauter Mercy et la tira ainsi définitivement de sa rêverie. Elles firent le reste du chemin en discutant de leurs études, leurs familles, des profs, de leurs camarades, bref, elles passaient sans arrêt du coq à l’âne. Cela ne les préoccupait guère, l’important étant de meubler le chemin de conversation pour qu’il paraisse le moins long possible.
 Une demie heure plus tard, après avoir arpenté les rues sablonneuses, esquivé de vieux bourbiers qui tardaient à tarir, elles arrivèrent enfin devant la maison de Mercy. Queentah devait continuer toute seule. Heureusement, elle n’avait qu’une centaine de mètres à parcourir pour arriver
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chez elle. Mercy poussa le portail en bois qui servait d’ouverture à une épaisse haie de fleurs d’hibiscus.
 En pénétrant dans la cour sablonneuse, elle tomba sur un spectacle assez coutumier : son père réprimandait très durement son jeune frère Atem. Atem était le dernier d’une fratrie de quatre enfants. Il était élève de Class six à l’école publique de Kumba. Turbulent, distrait et très indiscipliné, il donnait du fil à retordre à son vieux père. Kenneth, le frère ainé ,29 ans, était un diplômé de l’université de Buea. Malheureusement pour lui, lemarché de l’emploi était truffé d’obstacles: rareté des emplois, pistonnages, corruption, etc… A l’obtention de son Master en sciences économiques, il s’était mis à voir la vie en rose. Hélas, cette vision s’était obscurcie au fur à mesure des refus, des échecs et des déceptions. Aujourd’hui, Kenneth était un jeune homme révolté, plein de colère et d’amertume, obligé de jongler entre deux boulots pour soutenir son père dans les dépenses de la maison. Il exerçait comme enseignant vacataire d’Economics dans un collège privé de la place en journée et comme chauffeur de mototaxi en soirée pour arriver à joindre les deux bouts. Sa mère n’était qu’une modeste vendeuse
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d’épices qui tenait une échoppe quelque part en ville. Son père, honnête employé des Postes à la retraite, avait eu une vie simple, bien rangée et tranquille. Il s’était battu pour envoyer ses enfants à l’école. Il en était très fier, malgré le fait que ce beau travail trainait encore à porter ses fruits. La sœur ainée de Mercy, Victoria, avait brillamment obtenu son GCE A Level l’année d’avant et aussi le concours d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure de Bambili. Elle s’y était justement rendue deux semaines plus tôt, pour le démarrage de l’année académique.
 La scène à laquelle assistait Mercy était devenue banale dans leur maison. Atem se faisait gronder par tout le monde, père, mère, Kenneth, Victoria, sauf Mercy qui le trouvait plus drôle qu’énervant. Il n’en demeurait pas moins qu’Atem multipliait les bêtises.
« - Un jour, tu finiras par causer ma mort, espèce d’enfant du diable. Hurlait son père.
- Bonsoir Papa. Salua Mercy avant de poursuivre: qu’est-ce qu’il a encore fait, ce petit garnement?
Son père ne décolérait pas :
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- Demande- lui. Demande à ce démon pourquoi il a insulté son maitre ce matin à l’école. Tu imagines? Pendant que d’autres ont des enfants qui les rendent fiers, moi j’ai cet envoyé du diable venu tout droit des enfers pour me tourmenter. Son maitre est passé ici à la sortie il y a peu, imagine ma honte lorsqu’il m’a raconté qu’à cause d’une histoire de biscuits, il a osé le traiter de voleur. Tu imagines, Mercy ?
- Atem, toi aussi, est-ce que tu étais forcé de manger tes biscuits en classe ? Tu ne pouvais pas attendre la récréation comme tout le monde ? » Demanda Mercy.
Son père coupa, tout vert de colère, au bord de la crise de nerfs.
« - Ses biscuits ? Tu as dit ses biscuits ? Laisse- moi te dire que cette affaire ne le concernait même pas, il s’en est simplement mêlé, parce que sa grande bouche, il ne sait pas la fermer. A cause de cet abruti, je suis convoqué à son école demain matin. Moi à mon âge, tu imagines ? Ce garçon finira par me tuer un jour, c’est moi qui te le dis.
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