Le merveilleux , livre ebook

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2009

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Le narrateur pouvait-il imaginer, en s'engageant, à cinquante ans de distance, dans le récit de l'enchantement de ses sept ans, que l'expérience, creusant son lit entre névrose et poésie, préparait le Nouveau monde du dernier tiers de son existence ?
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Publié par

Date de parution

01 juin 2009

Nombre de lectures

54

EAN13

9782296206410

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo


Daniel Cohen éditeur
www.editionsorizons.com
Littératures
une collection dirigée par Daniel Cohen

Littératuresest une collection ouverte, tout entière, à
l’écrire, quelle qu’en soit laforme :roman,récit,nouvelles,
autofiction,journal ;démarcheéditoriale aussi vieilleque
l’éditionelle-même.S’ilestdifficile de blâmer les ténorsde
celle-cid’avoireu legoûtdes genres qui lui ont rallié un
largepublic,il resteque,prescripteurs ici, concepteursdela
formeromanesquelà, comptablesde ces prescriptionsetde
cesconceptionsailleurs,ont,jusqu’àundegrécritique,
asséché levivierdes talents.
L’approche deLittératures, chezOrizons, est simple—
ileût été vaindel’indiquerend’autres temps:publierdes
auteurs queleur forcepersonnelle,leurattachementaux
formes multiplesdu littéraire,ontconduitsaudésirdefaire
partager leurexpérienceintérieure.Du texte dépouilléà
l’écrit porté par lesouffle del’aventurementale et physique,
nous vénérons, entretous lescritères supposantdéterminer
l’œuvrelittéraire,lestyle.Flaubert
écrivant:«J’estimepardessus toutd’abordlestyle, etensuitelevrai » ; plus tard,le
philosopheAlain professant:«c’est toujours legoût qui
éclairelejugement »,ils savaientavoir raisoncontrenos
dépérissements.Nousen faisons notre credo.D.C.

ISBN978-2-296-06376-1
© Orizons, Paris,2009

LE MERVEILLEUX

DANS LA MÊME COLLECTION

Farid ADAFER,Jugement dernier, 2008
Jean-Pierre BARBIER-JARDET,Et Cætera,2009
Bertrand duCHAMBON,Loin deVārānasī,2008
Maurice COUTURIER,Ziama
Odette DAVID,Le Maître-Mot,2008
Jacqueline DECLERCQ,Le Dit d’Ariane,2008
Toufic EL-KHOURY,Beyrouth pantomime,2008
Maurice ELIA,Dernier tango àBeyrouth,2008
Pierre FRÉHA,La conquête de l’oued,2008
Gérard GANTET,Les hauts cris,2008
Gérard GLATT,Une poupée dans un fauteuil,2008
Gérard GLATT,L’Impasse Héloïse,2009
HenriHEINEMANN,L’Éternité pliée, Journal,édition
intégrale.
Gérard LAPLACE,La Pierre à boire,2008
Gérard MANSUY,Le Merveilleux,2009
Lucette MOULINE,Faux et usage de faux,2009
Anne MOUNIC,Quand on a marché plusieurs années...,2008
Enza PALAMARA,Rassembler les traits épars,2008
ANTOINE DEVIAL,Debout près de la mer,2009

Nosautrescollections:Profils d’un classique, Cardinales,Domaine
littérairese corrèlentau substrat littéraire.Lesautres,Philosophie — La main
d’Athéna,Homosexualitéset mêmeTémoins,nepeuvent pas y être
étrangères.Voir notresite(déclinéen page2de cet ouvrage).

Gérard Mansuy

Le Merveilleux
roman

2009

Préambule

’avais sept ans, en ce beau milieu des années cinquante,
J
lorsqu’une cousine inconnue, largement notre aînée à tous
trois (elle avait vingt et un ans), venue du plus distant Midi
que se connût encore la France, séjourna l’espace d’une
semaine ou deux peut-être à la maison.
C’était l’été, c’étaient les vacances, mais mon père
travaillait toujours, et dans l’attente du grand départ, le soleil
ne comblait guère, hors les murs de l’appartement, que les
sombres façades de nos sombres pâtés de maison, l’herbe
alanguie du parc Montsouris ou l’opaque frondaison des
deux doubles rangées de platanes dont s’enorgueillissait le
boulevard qui passait sous nos fenêtres.
Àla rentrée suivante, je devais faire la connaissance de
la petite sœur d’un camarade de classe qui habitait quatre
numéros plus haut dans notre rue. Les écoles de l’époque
avaient beau ignorer la mixité,CatherineG. réapparaissait
mystérieusement chaque jour au côté desonfrère à la sortie
des classes.Et c’est là, sur le chemin du retour à la maison,
queBernardG., un jour, me présenta sa sœur, c’est bien le
mot, à sa façon sérieuse et policée…
J’avais trente-trois ans lorsque me revint, je ne dirai
pas en mémoire puisque je n’avais aucunement oublié, mais
en tête le souvenir de laCousine. Un joli petit cliché pris la
veille du départ deM.-H.,dans un square des environs de la
maison, commémorait le souvenir dans les archives
photographiques de la famille.Ce précieux cliché s’intercalait, sur
la page de l’album, entre la première apparition de mon petit

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GÉRARDMANSUY

frère en garçon (on venait tout juste de lui couper ses belles
boucles blondes) et un aimable portrait en pied des enfants
de mon parrain, grand frère et petite sœur à l’instar
deBernard etCatherineG. La vue du miteux coin de pelouse sur
lequel nous avions posé autour de notre grande cousine me
rendait à chaque fois entier le parfum de ces journées
lointaines.Elle me retenait pourtant moins qu’une photo plus
ancienne où celle-ci figurait en adolescente au côté d’un
grand frère dont les traits m’étaient plus familiers: autre
portrait de l’aîné et de sa cadette, issu derechef de la
branche paternelle, comme c’était sans exception le cas de nos
nombreux cousins et cousines.
Deux ans plus tard, me revenait le souvenir de la
petite sœur de mon camaradeBernardG. Un souvenir quant à
lui complètement effacé. Ressurgi certaine fin d’après-midi,
à quelque trente ans de distance, tout à fait comme nous
revient au coucher un visage, un geste, un sourire dont
l’impact durant la journée ne nous a nullement échappé, mais
qui livre alors seulement sa pleine mesure d’enchantement.
J’avais retrouvé la jouissance d’écrire en m’attelant au
récit du séjour de laCousine, mais restais loin du but dans
ces premiers essais.Bien loin en tout cas du niveau de
concentration que je devais mettre, deux ans plus tard, à
travailler la mémoire retrouvée deCatherineG., au long de
longues semaines solitaires de vacances vécues comme en
retenant mon souffle, dans l’attente mi-soulagée, mi-terrifiée
de la rupture d’avec «l’amie »(je trébuche à user du mot
femme… Je n’étais certainement pas plus homme!) avec
qui je menais alors ma drôle de petite vie étroite et sensible.
Je ne pus guère m’arracher plus d’une douzaine de
pages au propre, de quoi marquer au plus juste les divers
épisodes du souvenir, et une fois traversé le mur de la
séparation, il ne fut plus question de ce travail. Maisin extremis,
à la veille de rejoindre pour un dernier semblant de vie
commune celle que je voyais partir en tout fatalisme, à la

LEMERVEILLEUX

9

façondont on voiten rêvele dangerapprocher,–à bout
de forcenerveuse, de goût, d’intérêt pour l’entreprise(jeme
revoisadossé, incrédule, au manteaudemonersatzde
cheminée,mon ultime feuilletàlamain),je crus toucher terre,
aborderàl’inexprimable,parveniràrendrelasorte de
pointsd’extasequerecelait lesouvenirde ces menues
rencontres sur le chemindel’école.J’eneus la conviction ; mais
ces phrases,lesdernières, celles quimepermirentd’enfinir,
jeneparvins pasàles retrouverdans le coinde feuillequi
semblait pouvoir y prétendre.
Douze ans ont passésurcevœud’écriture avant que
lepapier jauni en reparaissesur matable.C’estbiende ces
feuillets, fichésdans mondésordre commel’écharde d’une
promessenon tenue,quejerepartis toutde go, certain soir
de février1997(jem’étonne den’enavoir pasfixéla date
exacte),pour rebondir six mois plus tardsur mes premiers
brouillonsconcernant laCousine.

Ce faisant, et toutà faitcommeondescend
chercherdesallumettes pour neplus revenir,je délaissailaréflexion,le
projet,le commencementd’essai dont jevivais tantbien que
maldepuis – qu’importe…Unbeau projet pour sûr!
ambitieuxcommese doit,menantàriendemoinsen somme
qu’àressaisirceàouenquoiun siècle depsychanalyse
obligelapensée denotretemps…
Mais voilàque celongtrainderuminations menaçait
àson tourdem’encombreràvie.Ilhantaitàprésent la
marge demon récitcommeun petitfrèreresté àlaporte
dela fête,–imageun peuétrange, et semble-t-ilassez
fausse, car lepetitfrère en question ne criepas,neréclame
pas: il setient làsimplem

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