112
pages
Français
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2022
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Ebook
2022
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Publié par
Date de parution
01 janvier 2022
Nombre de lectures
1 204
EAN13
9791091832717
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
5 Mo
Publié par
Date de parution
01 janvier 2022
Nombre de lectures
1 204
EAN13
9791091832717
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
5 Mo
Abraham GBOGBOU
WWAAKOUBO
L’albinos
Roman
JD Éditions
21 B.P 3636 Abidjan 21
(Côte d’Ivoire)
Dédicace
~ À tous
les enfants en situation de handicap…
Pour qu’un jour, leurs droits soient
pleinement reconnus. ~
© JD Éditions, Abidjan 2020
ISBN : 979-10-91832-71-7
Toute reproduction, quel que soit le procédé, est interdite sous
peine de poursuites judiciaires.Épigraphe
« Ce n’est qu’en agissant au profit
des autres que nous agissons en mode
d’évolution, d’éclaircissement ; tandis qu’en
agissant à notre seul profit, nous agissons
en mode d’involution, d’obscurcissement.»
Gérard Encausse Papus
(1864 - 1906)
Médecin et occultistePréface
Abraham GBOGBOU lève un coin de
voile sur la problématique du handicap
dans nos sociétés africaines. En effet, dans
cet ouvrage, l’auteur trace le parcours d’une
petite Albinos, de sa naissance jusqu’à sa
scolarisation, jalonné des pires diffcultés.
Comme tous les enfants en situation de
handicap, la petite Wakoubo n’échappe pas
aux préjugés sociaux négatifs qui restent
encore vivaces. Mais, le courage et l’amour
d’une mère peuvent permettre de briser
toutes les barrières. Car en fait, le handicap
est essentiellement une question de Droits
Humains dont l’accès à l’école n’est pas des
moindres.
Dans ce livre, l’Auteur nous fait vivre
les diffcultés auxquelles sont confrontés les
enfants en situation de handicap, dans leur
insertion scolaire dans notre pays. Certes,
ces dernières années, l’État de Côte d’Ivoire a initié le projet d’Éducation Inclusive, pour
faciliter l’accès des enfants en situation de
handicap à l’école, à tous les niveaux. La vie
de la petite Wakoubo vient nous rappeler
que cette volonté reste encore un déf pour
nos consciences.
L’histoire et le parcours de Wakoubo
nous tiennent en haleine du début à la fn de
ce roman ; car servis par une écriture simple
qui nous amène allègrement au cœur de
notre société.
M. Victorien Krouwélé KONÉ
Administrateur Général du Travail et des Lois Sociales
Directeur de la Promotion des Personnes Handicapées
Ministère de l’Emploi et de la Protection SocialeChapitre
1
l était neuf heures. Le village connaissait
une animation inhabituelle et particulière. ILes rues, les maisons et les villageois
avaient fait leur plus belle toilette. Tout le long
des rues pavoisait, sur des piquets de bois, le
drapeau national.
Comme à leur habitude, les femmes
s’afairaient à la cuisine. Le chef du village
et ses notables, suivis des populations se
dirigèrent vers l’école primaire du village. Là,
le dignitaire et ses notables donnèrent des
instructions afn que les populations forment
une haie d’honneur à l’entrée de la cour de
l’école.
Quand les hôtes furent annoncés, les
femmes, aussitôt, entonnèrent des chants, en
battant des mains pour les accueillir dans la
ferveur. L’évènement était de taille. En efet,
7c’était la toute première fois que l’Inspecteur
de l’Enseignement Préscolaire et Primaire de
la circonscription et le Sous-préfet arrivaient ;
ensemble, dans leur village. Et pour cause : une
enfant du village allait être récompensée pour
avoir été la meilleure élève de toute la région,
lors des examens de fn d’année…
Elle se nommait Wakoubo. Elle était
âgée de douze ans et venait d’être brillamment
admise au Certifcat d’Études Primaires et
Élémentaires (CEPE), et au concours d’entrée
en Sixième, avec un total de 168 points sur 170,
soit une admission avec 98% de réussite... Du
jamais vu dans l’histoire des résultats scolaires
de la région, voire de tout le pays !
Ce jour-là, le soleil était au
rendezvous et bien visible. Il produisait une chaleur
à cuire un œuf. C’est donc sous cette chaleur
sufocante que les invités frent leur entrée
dans le village. La joie était tellement grande
que les fêtards ne sentaient même pas le
soleil qui leur brûlait littéralement la peau.
Il était 11h, quand l’Inspecteur et le
Souspréfet entrèrent dans la cour de l’école, sous
les hourras des populations. Avant le début de
la cérémonie, le Chef, entouré de ses notables
et des chefs de terre frent des libations afn
de solliciter la bénédiction et la protection
des ancêtres. Après cette phase traditionnelle,
8le Directeur de l’école, prenant la parole,
souhaita la bienvenue à tous et en particulier
aux illustres hôtes. Puis, situant l’objet de
la cérémonie, présenta Wakoubo comme
une élève exceptionnelle. Il insista sur le fait
qu’elle avait su s’imposer par son travail. Les
très bonnes notes qu’elle avait obtenues à
l’examen le confrmaient bien, selon lui.
En efet, durant toute l’année scolaire,
Wakoubo avait obtenu les meilleures
moyennes durant les diférentes compositions.
Son résultat, à l’examen, à grand tirage, n’était
que la confrmation de sa performance. Elle
était la meilleure, cela ne faisait aucun doute.
Le public accueillit ces propos avec un tonnerre
d’applaudissements. Le Directeur parlait avec
beaucoup d’enthousiasme, car au-delà du
fait que Wakoubo, sa « flle chérie », était à
l’honneur, il y avait des raisons personnelles
à la grande ferté du pédagogue, car c’était ses
propres compétences qui étaient ainsi mises
en exergue.
Quand il eut la parole, l’Inspecteur,
dit être très heureux et honoré, parce que
l’élève à l’honneur était aussi la meilleure
élève de tout le pays. Il expliqua que c’était la
raison pour laquelle le Sous-Préfet avait fait
le déplacement. Les deux autorités, brûlant
91d’impatience de voir ce crack , demandèrent
au Directeur de le faire venir pour qu’il soit
publiquement félicité.
Le pédagogue se précipita dans son
bureau et revint au bout d’une poignée de
minutes avec une adolescente, superbement
habillée. Le Directeur avançait fèrement
avec Wakoubo, sourire aux lèvres. Mais ils
furent accueillis par un silence de cimetière.
À l’image de la foule, l’Inspecteur et le
Souspréfet restèrent silencieux. On sentait qu’ils
étaient embarrassés. Leur attitude troubla
le Directeur. Mais ayant compris ce qui se
passait, il se ressaisit et continua d’avancer
jusqu’à la tribune des illustres hôtes, avec sa
protégée.
La petite avait une peau blanche, avec
des taches noires par endroit. Elle marchait, le
regard baissé, incapable de lever les yeux. Les
puissants rayons du soleil l’en empêchaient.
Le Directeur lui tenait la main gauche et,
avançait avec elle vers les autorités avec
assurance et une ferté débordante.
Soudain, revenu de l’efet de surprise,
le Sous-préfet se mit à applaudir… et tout
le monde l’imita aussitôt. Les tambours
tonnèrent de nouveau. Des hourras s’élevèrent
de la foule. Se sentant encouragé, le Directeur
1 Tous les mots en gras, sont défnis dans le lexique, à la fn de ce livre.
10avança jusqu’à l’estrade où étaient installées
les autorités et les salua avec déférence.
Puis, il ft signe à Wakoubo d’en faire autant.
Malheureusement, la petite manqua de saisir
la main que lui tendait l’Inspecteur ; éblouie
par le soleil. L’inspecteur lui saisit la main et
l’attira vers lui. Il l’embrassa afectueusement
et la dirigea ensuite vers le Sous-préfet, qui lui
avait déjà ouvert les bras pour l’embrasser à
son tour.
La cérémonie de récompense et
d’hommage à Wakoubo se déroula très
bien. L’Inspecteur annonça aux parents de
Wakoubo qu’elle serait afectée dans le lycée
d’excellence des jeunes flles de la Capitale,
tellement il était fasciné de savoir qu’une
adolescence en situation de handicap soit la
meilleure élève de tout le pays, au CEPE… Il
insista sur le fait qu’elle avait besoin d’aide, à
cause de sa situation. Il donna des instructions
fermes au Directeur pour que ce dernier
prenne toutes les dispositions nécessaires afn
que son orientation dans ce lycée d’excellence
se fasse sans heurt.
11