179
pages
Français
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2022
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Publié par
Date de parution
29 novembre 2022
Nombre de lectures
15
EAN13
9782342366532
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Ambroise Paré : 1509 (ou 1510) -1590.
Barbier-chirurgien à Laval, il s’installe à Paris pour apprendre l’anatomie, la médecine, la chirurgie à l’Hôtel-Dieu. Pourvu d’un sens inné du corps humain, il expérimentera ses géniales trouvailles sur les champs de bataille où la matière première ne manque pas.
Son premier grand chef d’œuvre fut bien l’incroyable opération de François de Guise, au siège de Boulogne en 1645 qui reçut un mortel coup de lance au-dessus de l’œil dextre et se brisa. La lame traversa le col jusqu’à la nuque. Les plus grands chirurgiens le considérèrent comme mort et lui déléguèrent le néophyte Paré qui ignorait qu’il était impossible de sauver le blessé, l’opéra et le guérit. Son pourcentage d’opérations réussies et de guérisons surclassera tous ses prestigieux collègues de la vieille école.
Protégé de Catherine de Médicis, il sera le chirurgien de Henri II, François II, Charles IX et Henri III et publiera vingt-huit ouvrages (en 287 livres) magnifiquement illustrés par de nombreuses gravures dont celles d’André Vésale.
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29 novembre 2022
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9782342366532
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Couverture
Copyright
Cet ouvrage a été édité par les Éditions Publibook
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
http://www.publibook.com
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
ISBN numérique : 978-2-342-36653-2
© Publibook, 2022
Avertissement
La vie d’Ambroise Paré, le père de la chirurgie moderne au xvi e siècle, le génial bricoleur de l’appareil humain, est un véritable roman d’aventures… si incroyable, parfois, qu’il est difficile de rendre crédibles certaines séquences. Les événements, romancés, sont réels grâce à une enquête minutieuse et passionnante dans les bibliothèques, en particulier le fonds Émile-Magne (médiathèque de Saint-Maur, 94), de la biographie de J.-P. Poirier (Pygmalion), à partir de l’immense tableau bien connu de Théobald Chartran que l’on peut voir à la Sorbonne et du livre de Paule Dumaître : Ambroise Paré, chirurgien de quatre rois . Une bible.
Paré, un homme extraordinaire à la verve incomparable, simple et généreux.
AMBROISE PARÉ : 1509 (ou 1510)-1590. Barbier-chirurgien à Laval, il s’installe à Paris pour apprendre l’anatomie, la médecine, la chirurgie à l’Hôtel-Dieu. Pourvu d’un sens inné du corps humain, il expérimentera ses géniales trouvailles sur les champs de bataille où la matière première ne manque pas. Son pourcentage d’opérations réussies et de guérisons surclassera tous ses prestigieux collègues de la vieille école.
Protégé de Catherine de Médicis, il sera le chirurgien d’Henri II, François II, Charles IX et Henri III, et publiera vingt-huit ouvrages (en 287 livres) magnifiquement illustrés par de nombreuses gravures dont celles d’André Vésale (ouvrages que j’ai eu le bonheur d’inventorier dans ce fonds Émile-Magne cité).
(Pour des renseignements sur les personnages, se référer au glossaire en fin d’ouvrage.)
Chapitre premier
— Pierre, je t’en prie, prends donc garde à ce que tu fais ! Concentre-toi.
Surpris, le garçon redressa prestement le plat à barbe qui penchait dangereusement à gauche et laissait baver, sur les genoux du lieutenant d’artillerie, deux langues de mousse de savon à raser épaisse, piquetée de points sombres. D’un revers vif et discret, au moyen d’un linge propre qu’il tenait en réserve sur son épaule, Pierre, rougissant, s’empressa de gommer les éclaboussures. Ni vu ni connu ! …
C’est qu’il avait tant des nouvelles choses à découvrir, le petit Pierre Pigray 1 , tout juste âgé de onze ans ! Apprenti – peu motivé – auprès de son oncle Henri Meynerie, barbier-chirurgien, c’était aujourd’hui sa première rencontre avec l’armée en campagne du roi François ; et pour tout dire, la première fois qu’il contemplait de vrais uniformes de si près ! De bonnes raisons pour être fasciné.
Commandées par le maréchal Oudar du Biez (successeur du grand Bayard, tempérament trempé, lui aussi, autorité cassante, et l’un des meilleurs chefs militaires de sa génération), les troupes royales assiégeaient Boulogne, tenue par les Anglais depuis septembre de l’an d’avant, 1544. Diables rouges de Godons ! Organisés, vaillants, disciplinés comme un seul corps – selon leurs pratiques ancestrales, dont il faut convenir de la redoutable efficacité –, ceux-là étaient sortis en rangs serrés des forts qu’ils occupaient autour de la ville : Montplaisir, Dandelot, Montlambert, le Petit-Paradis, le fort de Chastillon et la puissante tour d’Ordre. Et l’on se battait désormais à découvert sur la vaste plaine s’étirant à l’entour en courbes douces.
Les campements français, en retrait, répartis sur les modestes hauteurs environnantes, se trouvaient en effervescence et les soldats des diverses sections s’activaient, couraient au rassemblement, reformaient les lignes afin de prêter main-forte, ici et là, en fonction des ordres nouveaux, des fluctuations de la bataille et des poussées d’orgueil de l’ennemi qui tenait fermement la place.
Les canons tonnaient et se répondaient à qui mieux mieux, bourraient au corps, martelaient aux tempes, tandis que le sol vibrait sous les ruées successives des escadrons de cavalerie ; les flèches sifflaient sinistrement et crépitaient sur leurs cibles ; les trompes et les tambours rythmaient les avancées et les prompts retraits, les prises à revers, les changements de tactique, les esquives, les relances…
Mais, pour donner l’exemple et du cœur au ventre à leurs hommes, les chefs ne s’exposaient pas à la bataille sans un minimum de respect pour leur propre personne, sans une tenue irréprochable (qui fascinait Pierre le néophyte) et un brin de toilette, au cas où on aurait à comparaître précipitamment devant le Créateur !… Ainsi, les services d’Henri Meynerie et de nombre de ses confrères du cru étaient-ils requis afin qu’officiers et sous-officiers qui ne disposaient pas d’une ordonnance ou d’un serviteur, puissent se présenter sous leur aspect le plus avantageux.
Alors, les uniformes chamarrés, tels ceux des lansquenets aux larges chapeaux emplumés qui rehaussaient leur taille déjà avantageuse, ceux des piquiers multicolores, des archers chaussés d’escafignons mignons en pieds d’ours, des hallebardiers de jaune, rouge et bleu tout ornés, des gardes d’honneur aux manches bouffantes et chausses à crevés taillés par le biais, s’ébranlaient au même pas. Alors, les armes étincelantes, lances et piques enrubannées, les gigantesques espadons que l’on maniait à deux mains rutilaient, les drapeaux, les étendards, les bannières multicolores s’élevaient, claquaient au vent ! Et crépitaient en chœur ces terribles arquebuses qui occasionnaient tant de blessures mortelles, vibrations sourdes se mêlant à cette farouche et pesante ambiance de dangers imminents, d’imprévus éphémères et de mort brutale. S’y mêlaient les détonations orageuses des grosses pièces, ces vapeurs irritantes et enivrantes de la poudre, du sang, de la peur, malaxées au goût de la terre meurtrie. Résonnaient ces hennissements d’apocalypse, ces claquements de sabots et de piaffements nerveux des étalons immenses et puissants tout caparaçonnés de métal, hérissés de dards, joints aux cliquetis multiples des armes et des armures, aux grondements incessants des charrois de matériel lourd et des charrettes de l’intendance, sous les roulements répétés des tambours qui bourdonnaient jusqu’aux tréfonds des boyaux ; et ces fureurs de gradés orgueilleux, impérieux ou téméraires qui aboyaient commandements, injonctions et intimations pour exhorter leurs troupes au carnage ; et puis les lamentations de ces blessés sanguinolents, pantelants, les interrogations de ceux qui les relevaient, hagards, ceux qui divaguaient, soutenus par l’épaule d’un compagnon, ou ramenés sur une civière de fortune, ballottés geignant à chaque cahot ; et ces cadavres que l’on entassait telles de vulgaires carcasses de bestiaux équarris, ces forges soufflant des haleines vulcaniennes et puis, tout alentour, ces maraudeurs sournois aux yeux éberlués, charognards loqueteux, quêtant la moindre occasion, prêts à piller, tuer et dépouiller les Français par-derrière…
Tout cela impressionnait, éblouissait et bouleversait tant le jeune novice aux pupilles démesurées qu’il en oubliait, par intermittence, sa modeste fonction d’assistant barbier et laissait pencher son plat à barbe en fer-blanc.
C’est pourtant lui qui, innocent de tout, avait insisté pour accompagner son oncle sur le siège de Boulogne ! Fascination des garçons pour le métier des armes en parade et démonstration, mais que la confrontation brutale avec la guerre et le carnage sans pitié n’ennoblissait guère. Ce n’était plus un jeu de gamins au cours duquel on se relevait cent fois blessés ou touchés à mort.
On était en août 1545, et il faisait si chaud, si lourd, si moite sous les tentes qu’Henri Meynerie avait préféré s’installer sous l’auvent ombreux et venté de l’une d’elles.
— Et voilà, mon lieutenant ! s’exclama celui-ci satisfait de son ouvrage. Vous êtes comme un sou neuf.
Par cette badine formule qu’il croyait habile, le prudent barbier rappelait à son client qu’il préférait être acquitté sitôt pour son travail plutôt qu’au centuple dans un monde meilleur car, sur les champs de bataille, la longévité d’un officier était aléatoire. Ce qui fut réglé, sinon rubis sur l’ongle, du moins en monnaie sonnante et trébuchante sans lésiner.
— Merci, mon brave, je me sens ragaillardi. L’Anglois n’a qu’à bien se tenir !
Pierre l’aspergea encore d’une lotion rafraîchissante et parfumée, après avoir épousseté le large col blanc et les somptueuses manches rouges à crevés jaunes, s’épanouissant hors de son armure flambant neuve. Le lieutenant récupéra son casque, fiché sur un piquet de deux pieds de hauteur, planté à cet usage pour éviter que les panaches ne se souillent ou s’empoussièrent, et il s’éloigna à fières enjambées, en lançant d’une pichenette désinvolte une piécette au jeune apprenti. Pierre l’attrapa au vol, l’empocha, remercia, bien que le lieutenant fût déjà trop loin pour l’entendre au milieu du tumulte. Peut-être avant ce soir le verra-t-on revenir sur un brancard, comme celui qui passait à cet instant devant eux : masse informe, boueuse et déchiquetée, méconnaissable…
Pierre se signa… Que Dieu protège le beau lieutenant, il avait l’air si robuste, si sympathique et insouciant…
C’était le dernier client de la matinée, entre deux séries d’affrontements simultanés. La mode de la barbe, lancée par le roi François I er – pour dissimuler une vilaine cicatrice au menton – ne perdurait que chez les seigneurs. Une bonne chose pour les barbiers qui préféraient les hommes glabres… entretenus par leurs bons soins !
À l’instar de tout jeune gars, Pierre avait rêvé d’une brillante carrière militaire, tout auréolée de gloire, car l’uniforme, tunique magique, devait protéger de tous les dangers… Aujourd’hui, confronté à la dramatique réalité, à distance respectable cependant, il déchantait quelque peu et cherchait à s’inv