Belle-Rose , livre ebook

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2011

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Belle-Rose, gentilhomme et soldat, ne peut obtenir la main de sa belle, car il ne peut prétendre à la fortune, ou à la noblesse de son rival. Il annonce qu'il les gagnera et qu'il reviendra... Suivent les années de combat pendant lesquelles il gagne l'amitié indéfectible de la Déroute et de son fidèle Grippard, mérite l'amitié des soldats et l'inimitiés des intriguants et des puissants. Le destin de notre héros sera bien sûr de retrouver sa belle et de se marier... Au-delà des aventures de Belle-Rose, ce roman est également un beau tableau de la vie militaire et civile sous Louis XIV.
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Publié par

Date de parution

30 août 2011

Nombre de lectures

66

EAN13

9782820604439

Langue

Français

Belle-Rose
Am d e Achard
1847
Collection « Les classiques YouScribe »
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ISBN 978-2-8206-0443-9
Chapitre 1 LE FILS DU FAUCONNIER

Il y avait, vers l’an 1663, à quelques centaines de pas deSaint-Omer, une maisonnette assez bien bâtie, dont la portes’ouvrait sur le grand chemin de Paris. Une haie vive d’aubépine etde sureau entourait un jardin où l’on voyait pêle-mêle des fleurs,des chèvres et des enfants. Une demi-douzaine de poules avec leurspoussins caquetaient dans un coin entre les choux et lesfraisiers ; deux ou trois ruches, groupées sous des pêchers,tournaient vers le soleil leurs cônes odorants, tout bourdonnantsd’abeilles, et çà et là, sur les branches de gros poiriers chargésde fruits, roucoulait quelque beau ramier qui battait de l’aileautour de sa compagne.
La maisonnette avait un aspect frais et souriant qui réjouissaitle cœur ; la vigne vierge et le houblon tapissaient sesmurs ; sept ou huit fenêtres percées irrégulièrement, ettoutes grandes ouvertes au midi, semblaient regarder la campagneavec bonhomie ; un mince filet de fumée tremblait au bout dela cheminée, où pendaient les tiges flexibles des pariétaires, et àquelque heure du jour que l’on passât devant la maisonnette, on yentendait des cris joyeux d’enfants mêlés au chant du coq. Parmices enfants qui venaient là de tous les coins du faubourg, il y enavait trois qui appartenaient à Guillaume Grinedal, le maître dulogis : Jacques, Claudine et Pierre.
Guillaume Grinedal, ou le père Guillaume, comme on l’appelaitfamilièrement, était bien le meilleur fauconnier qu’il y eût danstout l’Artois ; mais depuis longtemps déjà il n’avait guère eul’occasion d’exercer son savoir. Durant la régence de la reine Anned’Autriche, le seigneur d’Assonville, son maître, ruiné par lesguerres, avait été contraint de vendre ses terres ; mais,avant de quitter le pays, voulant récompenser la fidélité de sonvieux serviteur, il lui avait fait présent de la maisonnette et dujardin. Le vieux Grinedal, se refusant à servir de nouveauxmaîtres, s’était retiré dans cette habitation, où il vivait duproduit de quelques travaux et de ses épargnes. Devenu veuf, lepère Guillaume ne pensait plus qu’à ses enfants, qu’il élevaitaussi bien que ses moyens le lui permettaient et le plushonnêtement du monde. Tant qu’ils furent petits, les enfantsvécurent aussi libres que des papillons, se roulant sur l’herbe enété, patinant sur la glace en hiver, et courant tête nue au soleil,par la pluie ou par le vent. Puis arriva le temps des études, quiconsistaient à lire dans un grand livre sur les genoux du bonhommeGrinedal, et à écrire sur une ardoise, ce qui n’empêchait pas qu’ontrouvât encore le loisir de ramasser les fraises dans les bois etles écrevisses dans les ruisseaux.
Jacques, l’aîné de la famille, était, à dix-sept ou dix-huitans, un grand garçon qui paraissait en avoir plus de vingt. Iln’était pas beau parleur, mais il agissait avec une hardiesse etune résolution extrêmes aussitôt qu’il croyait être dans son droit.Sa force le faisait redouter de tous les écoliers du faubourg et dela banlieue, comme sa droiture l’en faisait aimer. On le prenaitvolontiers pour juge dans toutes les querelles d’enfants ;Jacques rendait son arrêt, l’appuyait au besoin de quelques bonscoups de poing, et tout le monde s’en retournait content. Quand ily avait une dispute et des batailles pour des cerises ou quelquetoupie d’Allemagne, aussitôt qu’on voyait arriver Jacques, les plustapageurs se taisaient et les plus faibles se redressaient ;Jacques écartait les combattants, se faisait rendre compte descauses du débat, distribuait un conseil aux uns, une taloche auxautres, adjugeait l’objet en litige et mettait chacun d’accord parune partie de quilles.
Il lui arrivait parfois de s’adresser à plus grand et plus fortque lui ; mais la crainte d’être battu ne l’arrêtait pas. Dixfois terrassé, il se relevait dix fois ; vaincu la veille, ilrecommençait le lendemain, et tel était l’empire de son courageappuyé sur le sentiment de la justice inné en lui, qu’il finissaittoujours par l’emporter. Mais ce petit garçon déterminé, quin’aurait pas reculé devant dix gendarmes du roi, se troublait etbalbutiait devant une petite fille qui pouvait bien avoir quatreans de moins que lui. Il suffisait de la présence de Mlle Suzannede Malzonvilliers pour l’arrêter au beau milieu de ses exercicesles plus violents. Aussitôt qu’il l’apercevait, il dégringolait duhaut des peupliers où il dénichait les pies, lâchait le bras duméchant drôle qu’il était en train de corriger, ou laissait allerle taureau contre lequel il luttait. Il ne fallait à la demoisellequ’un signe imperceptible de son doigt, rien qu’un regard, pourfaire accourir à son côté Jacques, tout rouge et tout confus.
Le père de Mlle de Malzonvilliers était un riche traitant quiavait profité, pour faire fortune, du temps de la Fronde, où tantd’autres se ruinèrent. Il ne s’était pas toujours appelé du nombrillant de Malzonvilliers, qui était celui d’une terre où il avaitmis le plus clair de son bien ; mais en homme avisé, il avaitpensé qu’il pouvait, ainsi que d’autres bourgeois de saconnaissance, troquer le nom roturier de son père contre un nom quifit honneur à ses écus. M. Dufailly était devenu progressivement etpar une suite de transformations habiles, d’abord M. du Failly,puis M. du Failly de Malzonvilliers, puis enfin M. deMalzonvilliers tout court. Maintenant, il n’attendait plus quel’occasion favorable de se donner un titre, baron ou chevalier. Àl’époque où ses affaires nécessitaient de fréquents voyages dans laprovince, et souvent même jusqu’à Paris, M. de Malzonvilliers avaitmaintes fois confié la gestion de ses biens à Guillaume Grinedal,qui passait pour le plus honnête artisan de Saint-Omer. Cetteconfiance, dont M. de Malzonvilliers s’était toujours bien trouvé,avait établi entre le fauconnier et le traitant des relationsintimes et journalières, qui profitèrent aux trois enfants,Jacques, Claudine et Pierre. Suzanne, qui était à peu près de l’âgede Claudine, avait des maîtres de toute espèce, et les leçonsservaient à tout le monde, si bien que les fils du père Guillaumeen surent bientôt plus long que la moitié des petits bourgeois deSaint-Omer.
Jacques profitait surtout de cet enseignement ; comme ilavait l’esprit juste et persévérant, il s’acharnait aux chosesjusqu’à ce qu’il les eût comprises. On le rencontrait souvent parles champs, la tête nue, les pieds dans des sabots et un livre à lamain, et il ne le lâchait pas qu’il ne se le fût bien mis dans latête. Une seule chose pouvait le détourner de cette occupation,c’était le plaisir qu’il goûtait à voir son père manier lesvieilles armes qu’on lui apportait des quatre coins de la ville etdes châteaux du voisinage pour les remettre en état. GuillaumeGrinedal était le meilleur arquebusier du canton ; c’était unart qu’il avait appris au temps où il était maître de fauconneriechez M. d’Assonville, et qui lui aurait rapporté beaucoup d’argents’il avait voulu l’exercer dans l’espoir du gain. Mais, dans sacondition, il agissait en artiste, ne voulant pas autre chose quele juste salaire de son travail, qu’il estimait toujours moinsqu’il ne valait. Jacques s’amusait souvent à l’aider, et lorsqu’ilavait fourbi un haubert ou quelque épée, il s’estimait le plusheureux garçon du pays, pourvu toutefois que Mlle de Malzonvillierslui donnât au point du jour son sourire quotidien. Lorsque Suzannese promenait dans le jardin du fauconnier en compagnie des enfantset des animaux domestiques qui vivaient par là en bonneintelligence, elle offrait, avec Jacques, le plus étrange contrastequi se pût voir. Jacques était grand, fort, vigoureux. Ses yeuxnoirs, pleins de fermeté et d’éclat, brillaient sous un front brunipar le hâle et tout chargé d’épaisses boucles de cheveux blonds. Aumoindre geste de ses bras, on comprenait qu’en un tour de main ilaurait arraché un jeune arbre ou fait plier un bœuf sur sesjarrets ; mais au moindre mot de Suzanne, il rougissait.Suzanne, au contraire, avait une exquise délicatesse de formes etde traits ; à quinze ans elle paraissait en avoir douze outreize à peine ; son visage pâle, sa taille mince, ses membresfrêles indiquaient une organisation nerveuse d’une finesse extrême.Ses

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