Un jeune garçon narre un périple qui nous fait entrevoir une fresque de l’Afrique des années 70 - 80, avec toute la musicalité de cette époque faite d’humour, d’amour et d’humeurs parfois gracieuses, quelquefois hilarantes, rarement crasses et occasionnellement fauves. Fara raconte ses allégories fourmillantes, depuis l’école Saint Jean-Bosco - avec ses maîtres tous « aussi fieffés chicotteurs » abonnés à la bastonnade, surtout au fameux supplice du « tendre par quatre » - en passant par les Cours Sainte-Marie de Hann ou le pater venait le prendre dans sa Renault 12 pour rentrer à Pikine Icotaf. Il fait resurgir le royaume qui a construit son enfance - fait d’êtres qu’il a aimés et d’autres qu’il ne (re)verra jamais - où celle qu’on appelle affectueusement la Mamma tient le rôle de reine qui régit les affaires de la résidence, le pater, lui, tenant les rênes de l’envergure-chef de famille africaine élargie à tous les parents venus d’ici et d’ailleurs. De ce pays, que le pater a quitté - « perché sur des sacs de charbons », comme aime à chahuter la grand-mère paternelle -, mais en bon et éternel mouride pour le Kamerun, au point de donner pour nom q sa bijouterie « Khadimou Rassoul » (surnom donné au vénéré Cheikh Ahmadou Bamba), la culture et les bonnes senteurs du thiouraye s’entêtent pour flatter, dans la complicité, l’humus verdoyant et vif du pays hôte. Et dans la chaleur de cet immeuble Nal où toute la famille se retrouve en appartement, l’enfant-narrateur - lecteur-né, qui adore dévorer les livres jusqu’aux romans qui sont au programme des classes de ses sœurs aînées - a tenté d’ériger son empire pour forger son emprise sur la vie, dans un déluge de chroniques faites de mots et maux, après s’être régalé, quelque soir, de «‘soya’, la viande grillée au feu de bois sur des fûts ouverts aux deux extrémités ».
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