La Maison au bout du chemin , livre ebook

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Rémi Oswald sème le doute dans l'esprit des villageois : qui est donc cet homme qui vient d'acquérir une vieille bâtisse et la transforme en une coquette propriété ? Mathilde, jeune femme rebelle en mal d'amour, l'aidera à s'intégrer parmi ses voisins. Mais sa principale préoccupation sera de retrouver sa fille Marie, disparue pendant la guerre.
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Nombre de lectures

26

EAN13

9782812916106

Langue

Français

Après des études de lettres,Michel Verriers’est consacré à l’enseignement, puis au journalisme. Suite au vif succès de sa saga familiale en quatre tomes (où les chèvres sont pires que les loups, La Taille de la Saint-Vincent, Les Vignes du Dout du monde, Le Retour du Dout du monde), il se consacre à l’écriture. Chacun de ses romans est le fruit de nombreuses rec herches dans les archives départementales et de rencontres avec les habitants de sa région.
L M A AISON AU BOUT DU CHEMIN
Du même auteur Aux éditions De Borée La Belle Guérisseuse La Ferme des Pitaval Là où les chèvres sont pires que les loups La Rivière aux secrets La Taille de la Saint-Vincent Le Chien qui faisait peur au diable Le Mystère de Millepertuis Le Retour du bout du monde Les Vignes du bout du monde
En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, 20 rue des Grands-Augustins, 75006 Paris.
©
, 2012
MICHELVERRIER
LA MAISON AU BOUT DU CHEMIN
I
Une femme révoltée
NE BRUME DE FIN DE NUIT flottait encore à la surface de l’étang. Deux U aigrettes chassaient les grenouilles le long de la berge, dans une marche infiniment lente et saccadée, le cou relevé, le bec tendu, prêt à fendre l’eau. À cette heure-là, le vent d’ouest, qui aurait pu fa ire bruisser les feuilles des saules ou les branches jaunes des osiers, n’était p as encore levé. Deux poules d’eau, dissimulées dans les hautes herbes du bord, se dirigèrent vers le large, juste avant de disparaître dans un plongeon simulta né, silencieux, en ne laissant de leur passage furtif que deux cercles modestes à la surface de l’eau, évanouis en trois secondes à peine. À l’est, l’horizon commençait à se teinter d’orange . Très vite, le soleil, en arc de feu, sembla s’échapper de la terre humide pour mont er, dans un cercle parfait, derrière les hauts peupliers. Quelques nuages gris striés de fils rougis dessinèrent alors, à la cime des roseaux, une couro nne frangée de lumière au-dessous d’un ciel limpide… Elle venait de s’engager dans les ajoncs. Le sol, d e plus en plus meuble, se déroba sous ses pas. Soudain, dans un impressionnan t battement d’ailes, deux canards colvert s’envolèrent sur sa gauche, à trois pas. Surprise, elle se jeta sur le côté en criant sans le vouloir, dans un geste in contrôlé, le cœur battant, et s’enfonça dans la vase jusqu’aux genoux. Elle était ridicule, les jambes trempées dans ce pa ntalon de toile bleue qui sentait déjà mauvais. «Tu es vraiment conne, ma pauvre, se dit-elle à haut e voix. Que viens-tu chercher ici?» Un ragondin apparut sur sa droite, ses deux grandes incisives jaunes tendues dans sa direction, comme s’il se moquait d’elle, lu i aussi. Elle prit peur et tenta de s’échapper de cette gangue qui semblait l’avaler un peu plus à chaque seconde. Le ragondin resta immobile mais ne baissa pas ses yeux noirs. En se traitant de tous les noms d’oiseaux, elle par vint à se dégager, après de gros efforts, en se couchant presque sur les roseau x. Ses chaussures de marche étaient restées au fond. Le ragondin préféra s’esquiver. Il s’engagea dans l’eau trouble et disparut au-delà des herbes. Elle aurait dû rebrousser chemin et rentrer chez el le le plus rapidement possible. Mais désormais, Louis devait être réveillé, en colè re, comme d’habitude, quand elle n’était pas là pour lui préparer et lui servir son petit déjeuner. Elle s’arrangeait toujours pour être dans la cuisine qua nd il se levait, lorsque ses insomnies la faisaient quitter leur lit à 2heures du matin. Alors, pour tuer le temps, surtout quand elle n’avait plus rien à lire, elle filait à l’étable pour voir si tout se passait bien, en particulier quand les veau x venaient de naître. Mais, aujourd’hui, elle ne pouvait pas se présenter dans cet accoutrement qui n’avait rien de la tenue d’une fermière. Elle n’aurait pas su quoi lui dire pour justifier l’état de son pantalon, celui qu’elle prenait quand elle allait ramasser des champignons. Louis n’aimait pas la voir en pantalon . C’était un habit d’homme.
Une femme devait mettre une robe ou une jupe, et un tablier. Depuis tout le temps, c’était comme cela. Un pantalon, ça faisait un peu garce et mauvais genre. Ahient vues aux! elles avaient bonne mine, ces actrices qu’ils ava actualités, lorsqu’ils étaient allés au cinéma, il y a bien longtemps. Des catins qui montraient leurs fesses… Pourtant, Mathilde avait tenu bon et, même si elle ne le portait qu’à l’occasion de la cueillette des champignons et des perce-neige ou lorsqu’elle partait ramasser les noix sauvages, là où elle ne rencontrait person ne, elle avait imposé cet habit dans lequel elle se sentait bien. Mais aujourd’hui, ce n’était ni l’époque des champi gnons ni celle des noix. Le temps des perce-neige était passé. De toute façon, elle n’en était plus à l’époque où elle était aux ordres, angoissée et passive. Elle avait décidé que cette période-là était révolue. Désormais, que sa manière de se vêtir convînt ou non à son mari n’ était plus qu’une péripétie à laquelle elle risquait de mettre bon ordre sans tarder. Trempée, frissonnante dans le souffle du petit vent frais qui était en train de se lever, elle se demandait encore pourquoi elle était venue jusqu’ici, loin de la route qu’elle avait quittée alors qu’il faisait enc ore nuit? Elle ne connaissait pas la réponse ou, plutôt, faisait semblant de ne pas l a connaître. La maison était là, sur l’autre rive, en face. Blan che et belle, avec ses volets qu’il avait peints en rouge. Avant qu’il ne l’achète, c’é tait une vieille ferme en train de se délabrer, aux murs gris, usés par le temps. Une grosse cabane de pêcheur. Des tuiles avaient déserté le toit, laissant passer la pluie. Les arbustes parasites avaient envahi la cour. Les ronces montaient alors contre le mur, celui qui donnait sur la pièce d’eau. Il n’avait eu besoin de personne pour remettre cett e vieille bâtisse et ses abords en état. Pendant des jours entiers, il avait été ma çon, charpentier, couvreur, plombier et jardinier. Ceux qui passaient sur le ch emin, par curiosité ou parce qu’ils se rendaient dans leurs champs ou à la pêche dans les autres étangs, le voyaient toujours en train de s’activer. Certains s ’arrêtaient pour tenter d’engager la conversation. Souriant et affable, il ne la refu sait pas. Mais comme il ne disait rien ou presque, toute tentative de dialogue tombai t aussitôt à l’eau. Quelques-uns lui proposèrent de l’aide. Il la refusa polimen t tout en confiant à celui qui avait proposé ses bras qu’il pouvait lui prêter ses propres outils ou son matériel s’il en avait besoin. Il n’acceptait pas leur aide mais n’hésitait pas à leur rendre service, s’il le fallait. Un type un peu bizarre! En général, l’autre était troublé face à cet homme énigmatique, très grand et beau, les cheveux blonds un petit peu plus longs qu e ceux de tout le monde, à la carrure impressionnante, qui restait silencieux san s être jamais revêche ou impoli. Lorsqu’il venait au village, il disait bonjour à to us ceux qu’il croisait, leur souriait discrètement mais ne s’arrêtait jamais. Il s’était excusé auprès du boulanger de ne pas lui acheter de pain parce qu’il le faisait e t le cuisait lui-même dans son vieux four en brique resté intact. Il se contentait des produits de première nécessité mais s’était attiré les bonnes grâces des artisans du village comme le menuisier et le quincaillier parce que c’était chez l’un qu’il avait fait refaire une partie de son toit et ses fenêtres, et chez l’autre qu’il avait acheté ses ustensiles de cuisine et quelques outils. Certains seraient al lés à la ville, à Châtillon, peut-être même jusqu’à Bourg, pour se procurer le nécess aire. Lui, avait décidé de
onner du travail aux gens d’ici. Mathilde ne bougeait plus, engourdie par la fraîche ur de l’eau et les gouttelettes de cette brume d’étang. Dissimulée dans les roseaux , son regard ne quittait pas la façade blanche. Personne ne bougeait derrière le s fenêtres décorées de petits rideaux blancs joliment ourlés, comme si une femme vivait dans cette maison. Les volets rouges étaient tous ouverts. Il ne les f ermait jamais bien que la base des fenêtres fût à moins de un mètre du sol. Il ne craignait ni les voleurs ni le froid. La cheminée ne fumait jamais. La maison semblait inerte. Pourtant, elle ne l’imag inait pas en train de se prélasser dans son lit alors que le soleil avait at teint la cime des peupliers et que deux de ses chevaux allaient et venaient, impatient s, contre la clôture de leur enclos, à droite de la maison. Ils attendaient cert ainement leur ration de grains ou une brassée de foin. Soudain, elle aperçut son petit chien de berger en train de descendre vers l’étang. Il huma l’air dans sa direction comme s’il avait éventé sa présence mais ne s’attarda pas. Après avoir fait ses besoins dans les herbes de la rive, il remonta vers la cour avant d’obliquer en direction du pré. À cet instant, elle entendit braire son ânesse. Cel a signifiait qu’elle avait vu son maître et qu’il était sûrement en train de lui appo rter sa friandise du matin. Elle ne pouvait plus voir les chevaux qui s’étaient sans doute approchés de lui. Elle le supposait, en tout cas, parce que l’angle de la maison l’empêchait de voir ce coin du pré. Elle n’osait pas se déplacer. Pourtant, il lui aura it suffi de faire une dizaine de pas sur sa droite pour découvrir toute la scène. Ma is c’était par là que le ragondin avait disparu et elle ne tenait pas à se trouver nez à nez avec lui. Toutefois, elle devait bouger si elle voulait le vo ir. Elle y tenait beaucoup. C’était pour cela qu’elle était venue jusqu’ici dans cette démarche puérile qui ne consistait qu’à l’observer pendant quelques minutes comme si la seule vision de cet homme étrange à deux cent cinquante mètres d’el le, au-delà d’un étang sauvage, était capable de donner un sens à une vie qui n’en avait plus depuis longtemps. Mais elle n’eut pas besoin de quitter sa cachette. Précédé par le chien qui revenait vers la porte de l’enclos, elle le découvr it. Vêtu d’un pantalon de toile beige et d’une chemise canadienne rouge et noire, i l marchait vers le pré en regardant le ciel et la cime des arbres. Dans chaque main, il tenait un seau en bois et semb lait parler à ses chevaux qui lui répondirent en pointant leurs oreilles vers lui . Elle le vit poser les deux seaux de l’autre côté de la clôture, juste avant qu’il ne pousse la porte, suivi du chien. Sur son dos, il portait un sac de toile duquel il s ortit quelques morceaux de pain. Les chevaux étaient en train de dévorer leurs grain s. Il caressait l’encolure de l’ânesse. Penché sur elle, il lui parlait sans doute. Le soleil faisait briller les gouttes de rosée. Dep uis sa cachette, elle distinguait parfaitement les éclats brillants à la pointe des h erbes hautes du pré. Elle se disait que ses chaussures devaient être trempées. E lle avait remarqué qu’il n’avait pas de bottes. Ce détail l’avait surprise p arce que, dans cette région d’étangs, tous les hommes en portaient presque en p ermanence. S’il était en chaussures, cela voulait dire qu’il n’allait pas re ster longtemps ici, ce matin, et qu’il allait quitter sa maison. Elle savait qu’il a vait d’autres chevaux, des
poulinières surtout, dans des prés situés le long d e la route du pigeonnier et qu’il était peut-être sur le point de les retrouver pour voir si la nuit n’avait pas apporté de mauvaises surprises comme cela arrivait parfois quand les juments mettaient bas. D’ailleurs, quelques secondes plus tard, elle le vi t parler à son chien avant qu’il n’enfourche son vieux vélo. Puis, il referma la pet ite porte de sa cour d’un simple tour de ficelle autour des deux montants centraux. L’autre semaine, elle avait poussé la curiosité jusqu’à s’arrêter devant cette porte après s’être assurée qu’il n’était pas là. Elle avait remarqué qu’il n’y avait pas de serrure. Aujourd’hui, en un éclair, elle l’aperçut pendant u ne seconde à peine, lorsqu’il passa entre deux bâtiments, en train de pédaler sur la route de Villeneuve. Maintenant, il avait disparu et, elle, devait rentr er chez elle sans savoir comment elle allait expliquer à son époux son absence matin ale et ses vêtements trempés. ** * Dès qu’elle parvint devant le portail de leur ferme , elle ne fut même pas surprise de voir son mari qui était là à l’attendre. Il fais ait les cent pas entre la porte de leur cuisine et l’étable, un balai d’écurie à la ma in. Elle l’observa pendant quelques secondes. Il devait la maudire ou la soupç onner et devait préparer tous les mots de reproche qu’il allait lui jeter au visa ge. Mais, plus simplement, il avait peut-être eu peur qu’il lui soit arrivé malheur et il allait être soulagé de la voir apparaître. Louis Vachon n’était pas un mauvais hom me aux yeux des autres, mais un tyran avec elle. Il se mettait facilement e n colère pour un rien et n’avait pas hésité à la battre dès le début de leur mariage , surtout dès qu’il avait un peu bu ou qu’elle osait discuter ses ordres. Après les coups, il s’excusait, penaud, lui demandait pardon, se faisait câlin et utilisait alo rs un autre type de violence pour abuser d’elle. Il la dégoûtait. Il était devenu rép ugnant. Cela dura trop longtemps, jusqu’au jour où cette ru ine, de l’autre côté de l’étang, fut achetée par cet inconnu. Le lendemain, alors que son mari, dans un nouvel ac cès de colère, s’approcha d’elle pour lui infliger son habituelle punition et ses caresses salaces, elle empoigna une fourche à fumier qu’elle pointa sur so n ventre. Face à cette situation qui lui sembla grotesque, il se mit à ricaner. Alors, d’un seul coup, elle pointa les dents de la fourche cont re sa chemise dans un geste maladroit, de haut en bas, qui déchira le tissu et lui fit une sérieuse entaille sur la poitrine. Lorsqu’il vit son propre sang, il se demanda ce qu’ il lui arrivait. Il ne comprenait pas. Il était à deux doigts d’une rage folle. Mais il remarqua, dans les yeux de sa femme, une expression qui le glaça. Il esquissa un mouvement vers elle. Elle lui cria alors: «Si tu fais un pas de plus, Vachon, je t’embroche!» Il eut un rictus, à mi-chemin entre rire incrédule et fureur. Mais bien vite, il fit profil bas lorsqu’il se rendit compte qu’elle irait au bout de sa promesse, quitte à le laisser baigner dans son sang. D’ailleurs, lorsqu’il vit sa chemise toute rouge, i l pâlit. Elle lui jeta alors un torchon à la tête en lui disant:
«Va te soigner tout seul, ne compte plus sur moi. Pl us jamais sur moi!» Parvenue au bout de ce qu’elle pouvait supporter, e lle avait décidé de ne plus jamais accepter la moindre agression de la part d’u n homme, qu’il fût son mari ou n’importe quel manant. Son propre père l’avait f rappée à longueur de journée, des gifles, des coups de poing, des volées de ceint uron, des violents coups de pied dans le ventre jusqu’à la faire saigner, à tel point qu’elle ne cessait de se demander si le fait de n’avoir jamais été enceinte à trente-cinq ans n’était pas la conséquence de ces traitements indignes. Depuis l’épisode de la fourche, Louis n’avait plus jamais eu le moindre geste violent à son égard. En revanche, il n’avait pas ab andonné son flot de grossièretés qui semblaient être, pour lui, l’apana ge de son pouvoir viril. Elle le laissait dire tant que cela n’allait pas plus loin. C’était son défouloir. Aujourd’hui, il s’en donna même à cœur joie: «T’étais où, Mathilde, je t’ai cherchée partout et j ’avais personne pour m’faire le café. Tu sais, j’aime pas ça, de pas savoir où qu’t ’es. C’est les traînées qui foutent le camp de chez elles, avant le jour. Comme la fille au Fernand. T’as vu où ça l’a menée, la fille au Fernand. Une salope, c elle-là. orqua-t-elle en le fixantLouis, tu vas changer de ton immédiatement, lui rét droit dans les yeux. Sinon, je vais partir pour de bon et te laisser dormir sur tes hectares de terre et tes tas de billets. Non, mais Mathilde, c’est juste que… s plus accepter encoreJuste que je ne suis pas ton chien et que je ne vai longtemps que tu me parles de cette façon. Ça, je n e le supporte plus, comme le restet’avise pas de me! La fille à Fernand, ce n’est pas mon problème. Ne traiter de salope. Sinon, tu risques d’avoir vraime nt raison, un de ces jours. Au moins, je t’aurai prévenu. Si je suis sortie, c’est que je craignais pour les veaux. Et j’avais raison d’être soucieuse parce que, penda nt que tu dormais en ronflant comme un moine, l’un d’eux, celui de la Noiraude, é tait en train de se noyer dans le bief. Et si je n’avais pas été là… Bon Dieu, qu’est-ce que tu m’dis. Excuse-moi, Mathi lde. Mais comment qu’t’as pu te douter pour les veaux? Si tu avais refait la clôture comme je te l’avais d emandé, ça ne serait pas arrivé. Mais comme tu devais être très occupé à autre chose… J’allais l’faire ce matin même», lui répondit-il, la voix radoucie. Elle lui adressa un signe dédaigneux de la main et se détourna de lui. «arce que l’eau de ton bief,Fais ce que tu veux, Louis. Moi, je vais me laver p elle sent mauvais.» Là-dessus, elle s’engagea sur les marches du perron , le laissant les pieds dans la glaise de la cour, perplexe et gêné. «Tu sais, Mathilde, lui lança-t-il, j’voulais pas…» Elle ne l’entendit plus puisqu’elle avait déjà claq ué la porte de la maison après son passage. Alors, il maugréa en fixant la fenêtre derrière laq uelle il venait de la voir passer. «on Dieu, heureusementUn veau noyé dans l’bief, j’ai jamais vu ça, mais b qu’elle est passée par là.» Derrière ses rideaux qu’elle avait brodés elle-même , elle l’observait en train de parler tout seul. Elle était étonnée que l’histoire du veau fût si bien passée. Il n’avait même pas remarqué qu’elle était sans chauss ures. Toutefois, elle n’avait
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