Une nichée de gentilshommes , livre ebook

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2011

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Après un bonheur incomplet, mensonger, qu'il vécut avec sa femme, et la séparation douloureuse qui s'en suivit, Lavretzky apprend la mort de celle-ci. Il rencontre Lise. Trouvera t-il enfin le bonheur auprès d'elle? Ce roman figure parmi les plus achevés de l'auteur sur le plan esthétique. Les personnages y sont traités avec justesse et poésie.
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Publié par

Date de parution

30 août 2011

Nombre de lectures

77

EAN13

9782820609618

Langue

Français

Une nich e de gentilshommes
Ivan Sergue evitch Tourgueniev
1862
Collection « Les classiques YouScribe »
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ISBN 978-2-8206-0961-8
AVERTISSEMENT DES TRADUCTEURS

Le nom de Tourguenef est depuis longtempsconnu en France. Plusieurs de ses écrits ont été traduits dansnotre langue, insérés dans les revues et y ont obtenu un succèslégitime. Le roman que nous offrons au public est à la fois l’œuvrela plus considérable et la plus distinguée de l’auteur. C’est unepeinture attachante, toujours aimable, mais toujours malicieuse,des mœurs de la province en Russie. Lorsqu’il parut à la fin de1858 à Saint-Pétersbourg, ce fut un véritable événement littéraire.Traduit par nous en français, et inséré en 1859 dans la RevueContemporaine, il y conquit la faveur d’un public d’élite.C’est cette traduction que nous donnons aujourd’hui.
Comme il s’agit surtout, dans ce livre, detraits de mœurs locales et de détails originaux, nous avons suivile texte avec une scrupuleuse exactitude. Nous n’avons pas mêmehésité à reproduire les doubles noms dans leur forme russe, bienqu’il dût, au premier abord, en résulter quelque fatigue pour lelecteur. Rarement en russe on désigne une personne par son nom defamille ou par son simple prénom. On ajoute toujours au prénom lenom du père avec une désinence qui veut dire « fils de. »Ainsi l’on dit : Ivan Petrowitch, Jean fils dePierre, – Maria Dmi triévna, Marie fille deDmitri, – Varvara Pavlowna, Barbe fille de Paul, – Vladimir Nicolaewitch, Vladimir fils de Nicolas. Nousaurions fait disparaître en partie la physionomie du livre si nousnous étions permis d’y introduire une forme plus française. Nousavons également écrit en russe les surnoms et nous sommes bornés àen donner le sens dans des notes. Les traduire eût été unegrossièreté. Les noms russes ne sont d’ailleurs pas difficiles àprononcer, et ils ont une grâce particulière qu’on nous saura gréde leur avoir conservée.
Malgré nos efforts, si cet ouvrage, qui brilledans l’original de tant de qualités diverses, n’obtenait pas icil’accueil qu’il mérite, il faudrait s’en prendre uniquement àl’insuffisance de la traduction.
Comte SOLLOHOUB et A. DE CALONNE.
I

C’était au déclin d’une belle journée deprintemps ; çà et là flottaient dans les hautes régions duciel de petits nuages roses, qui semblaient se perdre dans laprofondeur de l’azur plutôt que planer au-dessus de la terre.
Devant la fenêtre ouverte d’une jolie maisonsituée dans une des rues extérieures du chef-lieu du gouvernementd’O… (l’histoire se passe en 1842), étaient assises deux femmes,dont l’une pouvait avoir cinquante ans et l’autre soixante et dix.La première se nommait Maria Dmitriévna Kalitine. Son mari,ex-procureur du gouvernement, connu, dans son temps, pour un hommeretors en affaires, caractère décidé et entreprenant, d’un naturelbilieux et entêté, était mort depuis dix ans. Il avait reçu uneassez bonne éducation et fait ses études à l’Université, mais, nédans une condition très-précaire, il avait compris de bonne heurela nécessité de se frayer une carrière et de se faire une petitefortune. Maria Dmitriévna l’avait épousé par amour ; il étaitassez bien de figure, avait de l’esprit, et pouvait, quand il levoulait, se montrer fort aimable. Maria Dmitriévna – Pestoff de sonnom de fille – avait perdu ses parents en bas âge. Elle avait passéplusieurs années dans une institution de Moscou, et, à son retour,elle s’était fixée dans son village héréditaire de Pokrofsk, àcinquante verstes d’O…, avec sa tante et son frère aîné. Celui-cin’avait pas tardé à être appelé à Pétersbourg pour prendre duservice, et jusqu’au jour où la mort vint subitement le frapper, ilavait tenu sa tante et sa sœur dans un état de dépendancehumiliante. Maria Dmitriévna hérita de Pokrofsk, mais n’y demeurapas longtemps. Dans la seconde année de son mariage avec Kalitine,qui avait réussi en quelques jours à conquérir son cœur, Pokrofskfut échangé contre un autre bien d’un revenu beaucoup plusconsidérable, mais dépourvu d’agrément et privé d’habitation. Enmême temps Kalitine acheta une maison à O… où il se fixadéfinitivement avec sa femme. Près de la maison s’étendait un grandjardin, contigu par un côté aux champs situés hors de la ville.« De cette façon, – avait dit Kalitine, peu porté à goûter lecharme tranquille de la vie champêtre, – il est inutile de setraîner à la campagne. » Plus d’une fois, Maria Dmitriévnaavait regretté, au fond du cœur, son joli Pokrofsk, avec son joyeuxtorrent, ses vastes pelouses, ses frais ombrages ; mais ellene contredisait jamais son mari et professait un profond respectpour son esprit et la connaissance qu’il avait du monde. Enfin,quand il vint à mourir, après quinze ans de mariage, laissant unfils et deux filles, Maria Dmitriévna s’était tellement habituée àsa maison et à la vie de la ville, qu’elle ne songea même plus àquitter O…
Maria Dmitriévna avait passé, dans sajeunesse, pour une jolie blonde ; à cinquante ans, ses traitsn’étaient pas sans charme, quoiqu’ils eussent un peu grossi. Elleétait moins bonne que sensible, et avait conservé, à un âge mûr,les défauts d’une pensionnaire ; elle avait le caractère d’unenfant gâté, était irascible et pleurait même quand on troublaitses habitudes ; par contre, elle était aimable et gracieuselorsqu’on remplissait ses désirs et qu’on ne la contredisait point.Sa maison était une des plus agréables de la ville. Elle avait unejolie fortune, dans laquelle l’héritage paternel tenait moins deplace que les économies du mari. Ses deux filles vivaient avecelle ; son fils faisait son éducation dans un des meilleursétablissements de la couronne, à Saint-Pétersbourg.
La vieille dame, assise à la fenêtre, à côtéde Maria Dmitriévna, était cette même tante, sœur de son père, aveclaquelle elle avait jadis passé quelques années solitaires àPokrofsk. On l’appelait Marpha Timoféevna Pestoff. Elle passaitpour une femme singulière, avait un esprit indépendant, disait àchacun la vérité en face, et, avec les ressources les plus exiguës,organisait sa vie de manière à faire croire qu’elle avait desmilliers de roubles à dépenser. Elle avait détesté cordialement ledéfunt Kalitine, et aussitôt que sa nièce l’eut épousé, elles’était retirée dans son petit village, où elle avait vécu pendantdix ans chez un paysan, dans une izba enfumée. Elle inspirait de lacrainte à sa nièce. Petite, avec le nez pointu, des cheveux noirset des yeux vifs dont l’éclat s’était conservé dans ses vieuxjours, Marpha Timoféevna marchait vite, se tenait droite, parlaitdistinctement et rapidement, d’une voix aiguë et vibrante. Elleportait constamment un bonnet blanc et un casaquin blanc.
– Qu’as-tu, mon enfant ?demanda-t-elle tout d’un coup à Maria Dmitriévna. Pourquoisoupires-tu ainsi ?
– Ce n’est rien, répondit la nièce. –Quels beaux nuages !
– Tu les plains ? hein !
Maria Dmitriévna ne répondit rien.
– Pourquoi Guédéonofski ne vient-ilpas ? murmura Marpha Timoféevna, faisant mouvoir rapidementses longues aiguilles. – Elle tricotait une grande écharpe delaine. – Il aurait soupiré avec toi, ou bien il aurait dit quelquebêtise.
– Comme vous êtes toujours sévère pourlui ! Serguéi Petrowitch est un homme respectable.
– Respectable ! répéta avec un tonde reproche Marpha Timoféevna.
– Combien il a été dévoué à mon défuntmari ! dit Maria Dmitriévna. Je ne puis y penser sansattendrissement.
– Il eût fait beau voir qu’il seconduisît autrement ! Ton mari l’a tiré de la boue par lesoreilles, grommela la vieille dame.
Et les aiguilles accélérèrent leurmouvement.
– Il a l’air si humble ! recommençaMarpha Timoféevna. Sa tête est toute blanche ; et pourtant dèsqu’il ouvre la bouche, c’est pour dire un mensonge ou un commérage.Et avec cela, il est conseiller d’État ! D’ailleu

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