Décédé le 30 mars , livre ebook

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Un homme est retrouvé mort d’une balle tirée dans la nuque par un revolver de la Wehrmacht.


Ancien faussaire, le défunt, remarqué dans les cercles de jeu, échangeait des devises étrangères contre des jetons.


Le commissaire Odilon QUENTIN, chargé de l’enquête, ne tarde pas à faire le rapprochement avec un trio de joyeux lurons qui dépensent, sans compter, des billets de vingt dollars américains.


Mais l’affaire va se révéler bien plus importante qu’elle n’y paraît...


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Nombre de lectures

4

EAN13

9782373474428

Langue

Français

Odilon QUENTIN
* 42 *
DÉCÉDÉ LE 30 MARS
Roman policier
par Charles RICHEBOURG
CHAPITRE PREMIER
L'affaire Schwartz et consorts présenta dans son en semble de si extraordinaires coups de théâtre que le chroniqueur judiciaire appelé à en retracer les épisodes successifs est en droit de se demander par quel bout il convient de dévider l'écheveau compliqué de ce micm ac.
Nous avons résolu ce problème en lui proposant une solution conforme à la raison : nous respecterons l'ordre chronologique, d e manière à permettre au lecteur de reconstituer, morceau par morceau, le pu zzle soumis à la perspicacité des spécialistes du Quai des Orfèvres.
Voici l'exposé des faits.
Le 15 mars, à neuf heures cinq du matin, Pierre Gra indorge dit « Pierrot-les-Rouflaquettes » pénétra le plus naturellement du mo nde dans l'immeuble portant le numéro 112 de la rue des Petits-Champs, et en pa ssant devant la loge de la concierge, il remonta d'un coup d'épaule la courroi e de son sac à outils.
— C'est pour la tuyauterie du quatrième, lança-t-il à la cantonade. On vient de téléphoner.
Un grognement inintelligible lui répondit, et consc ient de sa dignité toute neuve de plombier zingueur, l'homme s'engagea dans l'escalier, gravissant les marches avec la lenteur circonspecte qui caractéris e en tous lieux les ouvriers spécialisés.
Cette allure de sénateur faisait partie du personna ge qu'il incarnait ; de plus, elle lui permettait de réfléchir : jusqu'à présent, tout allait bien ; reste à savoir si l'avenir tiendrait les promesses encloses dans un a ussi brillant début !
Graindorge s'arrêta sur le palier du troisième et i l frappa deux coups discrets à l'entrée de l'appartement où une carte de visite encadrée de cuivre indiquait le nom de la locataire :
me M Cécile Moutier.
On devait attendre ce signal, car la porte s'entrou vrit, encadrant la silhouette gracile d'un petit bout de femme aux cheveux ébouri ffés, portant un tablier de bonniche :
— Vous venez de la part d'André ?... chuchota-t-elle.
— Oui, c'est moi que j'suis Pierrot-les-Rouflaquettes.
— Dépêchez-vous, le monsieur vient de partir et l'a utre va arriver d'ici quelques minutes. Vous savez où c'est ?
— Dédé m'a expliqué : deuxième mansarde à gauche.
— C'est bien ça... Bonne chance !
Un éclat de rire étouffé accompagna ce souhait ; la jeune femme referma la porte en catimini et le faux plombier poursuivit so n ascension, plus vite cette fois, car il approchait du but.
Le couloir qui séparait les mansardes était sombre ; Pierrot dut gratter une allumette pour s'orienter et il posa une main étran gement décidée sur le bouton de la seconde porte à gauche : le sort en était jet é ;« alea jacta est », aurait dit Jules César !
Une tabatière tendue de toiles d'araignées éclairai t d'une lumière parcimonieuse un capharnaüm poussiéreux encombré de vieilles malles ou de meubles dépareillés, et dans un coin un buste évent ré de couturière montait une garde dérisoire au milieu d'une atmosphère saturée de naphtaline.
Petit à petit, le visiteur s'habitua à la pénombre, et bientôt il distingua une table boiteuse sur laquelle était posé un paquet de format réduit ; quelque chose dans le genre d'un Petit Larousse enveloppé de papi er gris soigneusement ficelé.
Décidément, le tuyau était bon ; sans plus attendre , Pierrot-les-Rouflaquettes fourra le colis dans sa boîte à outil s, découvrant du même coup une feuille de bloc-notes portant les mots« comme d'habitude »au tracés crayon bleu et en majuscules d'imprimerie.
Que signifiait ce message sibyllin ?... Mystère et boule de gomme ! Graindorge ne perdit pas son temps à se poser des d evinettes inutiles, et décidé à faire disparaître la moindre trace de son indélic ate perquisition, il roula la feuille en boule puis il la cacha dans les intestin s béants du mannequin de tailleuse, car il possédait un caractère enclin à l a facétie.
Tout était terminé ; les expéditions de ce genre, c 'est du cousu main ; et Pierrot fit à rebours le chemin qui l'avait conduit à la mansarde, l'esprit léger et le cœur en fête, s'arrêtant une fois de plus au palier du troisième où la bonniche donnait un coup de torchon symbolique afin de satis faire sa légitime curiosité :
— Ça a marché ?... s'informa-t-elle à mi-voix.
— Comme sur des roulettes !
— Vous allez retrouver Dédé ?
— Il m'attend au« Vermouth-Bar », rue Fontaine.
— Dites-lui que je serai au rendez-vous, ce soir à dix heures, comme convenu.
Un bruit de pas dans la cage d'escalier annonça une présence étrangère et me la servante de M Moutier tressaillit :
« C'est l'autre... murmura-t-elle. Je le reconnais à sa façon de marcher et à sa respiration d'asthmatique ! Tournez-vous ! »
Elle parla d'un évier obstrué, bien haut cette fois , de manière à donner le change à l'intrus, un gros homme adipeux coiffé d'u n chapeau de feutre vert entouré d'une cordelière à gland ; puis le plombier mit les voiles en déclarant qu'il reviendrait dans une demi-heure, juste le tem ps d'aller chercher la pince qui lui manquait.
Dans la rue, l'homme aux rouflaquettes aspira une g rande lampée d'air, et il se hâta vers la bouche du métro, où il disparut, ha ppé par le flot de la foule anonyme.
Au« Vermouth-Bar », André Perrochon attendait sans impatience le résu ltat d'un coup qu'il avait orchestré depuis A jusqu'à Z ; et afin de tuer le temps il exposait à son pote Jojo-le-Marseillais quel admira ble concours de circonstances l'avait conduit sur la piste de l'affaire actuelle :
— Mon système est axé sur la collaboration involont aire du personnel, pontifiait-il en lissant d'une main complaisante le s ondulations gominées de sa chevelure de beau gosse. Et pour t'affranchir en de ux mots, voici comment je procède : j'aborde une bonniche, je la baratine sel on la tradition...
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