Jeux dangereux , livre ebook

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Peter, diplomate anglais en poste à Paris, retrouve, dans la capitale, son ami Ronald, un agent secret américain chargé de récupérer, en collaboration avec la D.S.T., des documents auprès d’un traître à l’organisation de Défense des Intérêts Orientaux.


Quand Ronald décède dans un accident de voiture à la suite d’un sabotage du véhicule, Peter est contacté par un membre du contre-espionnage français pour poursuivre la tâche du défunt.


Par désir de vengeance, Peter accepte de courtiser Maryse Dahl, une chanteuse de cabaret très proche d’un dangereux et énigmatique italien que Ronald avait repéré la veille de sa mort...

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Nombre de lectures

9

EAN13

9782385010607

Langue

Français

JEUX DANGEREUX
Roman d'espionnage

par J.A. FLANIGHAM
CHAPITRE PREMIER
 
Peter sourit distraitement à Ronald, écrasa sa cigarette, et, dans un léger haussement d'épaules, remarqua :
— Mon opinion reste formelle, mon cher, et toutes vos savantes diatribes n'y changeront rien. Je ne nie pas l'importance ni l'efficacité des systèmes d'espionnage et de contre-espionnage, j'en conteste seulement l'importance, et particulièrement en ce qui concerne l'espionnage scientifique.
— Vous parlez en diplomate.
Peter s'empara du verre que lui tendait Ronald, il esquissa un sourire :
— Je suis un diplomate ! Avec l'optique que la déformation implique, et le scepticisme — poli — s'attachant à ma tâche. La mission culturelle de l' U.D.E.E.C., dans laquelle je représente l'Angleterre, me conduit, depuis plus de trois années, de capitale en capitale. Je suis à Paris pour deux semaines encore. Cet après-midi, au Fort de Châtillon, la mission a pu admirer Zoé, cette jeune personne carrée — un cube de béton — soigneusement protégée de toutes intrusions... Je vous cite, au hasard, le Fort de Châtillon, comme je vous citerais Saclay, le centre le plus important de recherches français... Il ne fait aucun doute qu'un espion, malgré le rigoureux système de protection, pourrait s'y introduire. Et après ?...
— Vous êtes exaspérant, fit Ronald, les sourcils rapprochés, et tellement Anglais !
— De souche écossaise, spécifia Peter dans un sourire qui étirait ses yeux.
Il regarda dans une moue distraite l'extrémité de ses escarpins :
— Il m'arrive — comme à tout un chacun — de lire, pour me distraire, des récits d'espionnage. Certains me font frémir. J'ai lu récemment, dans je ne sais plus quelle œuvre d'un de vos compatriotes, que la formidable avance de l'U.R.S.S. dans le lancement des satellites artificiels était tout simplement une victoire de l'espionnage russe dont les agents avaient su s'emparer de plans américains.
Ronald sourit largement :
— Ne voyez dans ma réponse nul amour-propre national. Que nous ayons eu un fameux retard est une chose indéniable, et l' Explorator avait quelques bonnes semaines « à la traîne » — comme diraient nos amis français. L'échec de Pamplemousse a été trop retentissant pour le passer sous silence. Mais, croyez-moi, Peter, s'il faut rendre hommage aux savants germano-russes, n'oublions pas de tirer le chapeau aux services de contre-espionnage de l'U.R.S.S.
Il se versa deux doigts de whisky :
— Je me souviens, personnellement, d'une épopée qui me conduisit à Leningrad, il y a deux ans. Nos services avaient réussi à contacter un savant allemand, dont une partie de la famille avait émigré en Californie avant la guerre. L'homme travaillait dans un laboratoire, et j'avais personnellement été chargé d'aller le contacter. Il devait me remettre un microfilm d'une importance exceptionnelle. Il est mort, en pénétrant sous le hall de la pension de famille où je venais d'arriver. Comment j'ai réussi à sauver ma peau dans ce coup-là reste encore un mystère...
— Vous avez choisi de vivre dangereusement, dit Peter dans une moue ironique. Si vous n'aviez été agent secret, vous auriez été gangster.
— Pourquoi êtes-vous diplomate ? questionna Ronald, dans un sourire qui étirait ses yeux très pâles.
Peter haussa les épaules, il regarda sa montre :
— Nous allons dîner, oui ou non ? Vous savez bien que je n'aime pas parler travail, surtout à Paris. J'aime Paris, Ronald, vous n'avez pas idée.
— Ce que vous pouvez être conventionnel !
Les deux hommes se sourirent. Ils étaient de taille semblable, Peter plus blond que Ronald, lequel évoquait quelque ancêtre viking par ce visage carré aux pommettes haut placées, ces yeux très pâles et ce retroussis imperceptiblement dédaigneux de la lèvre inférieure. Il y avait quelque chose d'implacable dans son sourire. Peter avait une allure plus nonchalante, le bleu de son regard était plus dur. Des deux, c'était lui qui faisait le plus américain. Une vieille amitié les unissait. Ils s'étaient connus à Londres, en 1943, et, depuis, les impondérables de leurs métiers leur avaient permis de se rencontrer, un peu partout, dans certaines capitales européennes. Ils étaient rarement d'accord sur le même sujet, et c'était peut-être une question de principe, une joute amicale.
— Des œufs à la Bénédictine, ça vous dit quelque chose ? questionna Ronald en ouvrant la porte.
— C'est moi qui ai l'intention de leur dire deux mots.
Ils prirent l'ascenseur, se retrouvèrent dans le hall de l'hôtel.
— Un Martini pour commencer, au bar, n'est-ce pas ? suggéra l'Américain en posant sa main sur l'épaule de son ami. À cette heure, il y a des filles ravissantes !
— Vous savez ce que vous êtes ? chuchota Peter à l'oreille de Ronald, un véritable agent secret de cinéma !
Ils s'assirent sur des tabourets, Ronald ayant affirmé que la glace permettait de dévisager en toute tranquillité les « adorables jeunes personnes du sexe ».
— Vous aurez une vieillesse déplorable, remarqua Peter en scrutant son ami. Vous suivrez les petites filles à la sortie des collèges.
Ronald ne souriait pas. Il continuait de fixer la glace, et Peter, suivant la direction de son regard, s'arrêta sur le couple assis à une table, un peu en retrait. Il était certain d'avoir déjà rencontré l'homme. Ce visage à l'ovale accusé, aux méplats saillants, au regard sombre, et dans lequel la mollesse un peu veule d'une bouche voluptueuse, étonnait, il était certain de l'avoir vu. Copenhague ? Rome ? Hambourg ? Washington ? Dublin ? Ou avant-hier, peut-être, à Paris... La femme était très belle. Belle et désenchantée, avec une pointe d'affection. Merveilleusement habillée.
Peter détacha son regard du couple pour revenir à Ronald lequel continuait de fixer obstinément la glace avec la même tension dans le regard. Son fameux tic, ce tremblement de la lèvre supérieure l'agitait, et il posa son pouce sur sa bouche, violemment. Ses yeux étaient plus clairs, soudain.
— Vous connaissez cette femme, Peter ? questionna-t-il.
— Non, répondit-il, comme à regret, et vous m'en voyez désolé. Quant à l'homme, je l'ai déjà rencontré. Quelque part dans le monde… Infichu toutefois de préciser où.
Un rire silencieux agita les épaules de Ronald.
 — Mario Presti se trouve toujours quelque part dans le monde. Quand le monde bouge, répondit-il en sortant une poignée de billets de sa poche.
Il sauta de son tabouret :
— Allons faire un sort à ces œufs à la Bénédictine, que j'ai fait suivre d'un canard au sang.
— Vous finirez sclérotique au dernier degré, remarqua Peter.
— Quand on vit dangereusement, il faut se précipiter sur toutes les joies, avidement. Les subtilités de la cuisine française sont au nombre de ces menus plaisirs dont je me hâte de jouir avant qu'une balle bien ajustée ne vienne interrompre ma passionnante existence.
Ils se trouvaient maintenant dans l'élégante salle de restaurant, attenante au bar. Murmures discrets, élégance raffinée, ambiance sélecte...
— Ce que vous devez coûter cher au Pentagone... soupira Peter.
— Et vous à Downing-Street ! rétorqua Ronald, même ton, en levant les yeux vers l'étincelant lustre de cristal.
 
* * *
 
Après tout, Peter n'avait pas sommeil, et c'est peut-être mû par une curiosité savamment dissimulée sous une feinte nonchalance, qu'il accepta d'aller prendre une bouteille de champagne dans l'appartement de Ronald, lequel s'était éclipsé entre le dessert et le café pour aller donner un coup de fil à un ami français.
— Je vais vous présenter Raoul Petit, dit Ronald en s'étirant dans son fauteuil. C'est lui que j'ai appelé tout à l'heure. Petit est un crack, en son genre, une fameuse barbouze... Mais peut-être, ignorez-vous...
— Je vous ai avoué faire ma pâture de romans d'espionnage, coupa Peter, du moins, quelquefois. Une barbouze est une fausse-barbe, un agent secret. Un confrère à vous. Tantôt ennemi, tantôt ami. Quel métier de faux jeton vous faites, Ronald !
— Et vous ? répliqua l'Américain, menton en avant. Dans tous les langages du monde chacun sait que diplomate est synonyme de faux-cul.
— Merci ! dit Peter en s'inclinant.
— Pas de quoi !
Ronald se leva, une expression différente sur son beau visage volontaire.
« L'ascenseur vient de s'arrêter, c'est sûrement Raoul ! »
On sonnait effectivement, et Peter, dans la glace qui surplombait la cheminée, regarda longuement l'homme que Ronald accueillait dans l'entrée. Sensiblement plus petit que l'Américain, il était trapu, élégant, très brun. Il interpella Ronald dans un anglais assez pur, l'autre lui répondit dans un français au vigoureux accent. Peter se leva, son regard croisa celui du Français, ils se sourirent. D'emblée, une sympathie instinctive s'établissait entre eux, mais Peter nota toutefois une question interrogative marquée au coin d'une sorte de suspicion dans le regard que le Français décochait à l'Américain. Ronald sourit, se pencha sur la table pour déboucher la bouteille au frais dans un seau, et jetant un regard à Peter :
— C'est un vieux pote, expliqua-t-il. Un satané diplomate qui traîne son élégante carcasse de capitale en capitale, pour justifier de la confiance — imméritée à mon sens — que son gouvernement met dans ses capacités. Je me demande, depuis que je suis en âge de réfléchir, à quoi un diplomate peut être utile, et mon amitié pour Peter n'a fait que compliquer un peu plus mon sentiment de la chose. Il est actuellement dans votre capitale, chargé de mission auprès de l' U.D.E.E.C. ...

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