L'ennemi secret , livre ebook

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Michel VAUDREUIL, agent du Deuxième Bureau, se prépare à sortir de chez lui, quand il échappe, de peu, à l’assaut d’un inconnu cherchant à le poignarder.


Après avoir maîtrisé son agresseur, il fait en sorte de le laisser s’enfuir pour pouvoir suivre sa piste.


Celle-ci le mène vers un bien curieux hôtel dans lequel il se rend incognito.


En quittant l’établissement, il remarque qu’il est filé...

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Nombre de lectures

2

EAN13

9782385010188

Langue

Français

MICHEL VAUDREUIL
- 3 -
L'ENNEMI SECRET
Récit d'espionnage
Claude ASCAIN
CHAPITRE PREMIER
LE MIROIR DE VENISE

Il était huit heures du soir. Michel Vaudreuil achevait de s'habiller pour se rendre au théâtre. Adar Zograpoulo, le banquier grec, l'avait invité. Une loge à l'Opéra.
Il venait de mettre une perle à son plastron immaculé et s'apprêta à fixer le nœud blanc de ses doigts habiles. Sur son lit, on voyait le gilet neigeux et l'habit impeccable qui, tout à l'heure, achèveraient son élégante silhouette.
La grande pièce était plongée dans la pénombre et le silence. Les fenêtres fermées, les lourds rideaux de velours complètement tirés, une lumière douce provenant de la lampe-veilleuse composaient une atmosphère de tranquillité et de quiétude.
Quand il fut prêt, il passa dans le studio, meublé avec un goût délicat et raffiné. Une bouffée d'air le frappa au visage. Elle provenait du balcon. La porte-fenêtre était ouverte à deux battants.
— Il y a de l'orage dans l'air, murmura-t-il en traversant la pièce pour clore la fenêtre, puis il revint vers un petit bahut sur lequel on voyait une carafe de cristal, entourée de verres, au milieu d'un plateau d'argent. Ses gestes étaient aisés.
Pourtant, il y avait dans son regard une lueur subite. Il avait serré les mâchoires et quiconque le connaissait intimement eût constaté qu'il semblait aux aguets.
Et c'était exact. Tous les sens de Vaudreuil avaient été éveillés. Il se trouvait en alerte comme un fauve souple et silencieux dans la jungle.
Lentement, il prit la carafe et remplit un verre de porto. Mais, au lieu de regarder ce qu'il faisait, son regard était obstinément accroché à un miroir de Venise qui se trouvait juste au-dessus du meuble. Les événements se précipitèrent.
D'un bond, il se retourna, se jeta de côté et lança le contenu de son verre dans les yeux de l'individu qui avait surgi derrière lui, un poignard haut levé.
Depuis son entrée dans la pièce, il avait eu la sensation d'une présence étrangère. Et c'était grâce au miroir qu'il avait pu se rendre compte qu'il ne s'était pas trompé.
L'arme s'abattit deux secondes trop tard. Emporté par son élan, l'agresseur perdit l'équilibre. Michel frappa de son poing gauche, visant la pointe du menton. Il avait mis tout le poids de son corps dans le coup, comme un boxeur expérimenté.
Il y eut un grognement. L'homme s'affaissa sur le parquet. D'un coup de pied, Vaudreuil envoya l'arme au loin. Il avait déjà arraché les embrasses des rideaux, et se mit en devoir de ligoter les poignets du bandit.
Puis, le soulevant avec facilité, il le jeta dans un fauteuil et acheva de le mettre hors d'état de nuire.
Il le considéra un instant. L'autre avait les yeux fermés et haletait. Le coup de poing reçu continuait de produire son effet. Michel constata que la face était hagarde, les traits tirés, un cerne profond autour des yeux. Des rides précoces vieillissant le front et le tour de la bouche.
— Il prend de la cocaïne, pensa Vaudreuil.
Effectivement, l'inconnu donnait l'impression de s'adonner à la drogue. Il poussa un gémissement sourd, ouvrit les yeux et dodelina de la tête. Instinctivement, il tendit les muscles des bras et des jambes, comme pour s'assurer de la solidité des liens, et n'insista pas. Michel lui administra deux tapes énergiques sur les joues. Un peu de couleur se manifesta.
— Alors ? fit paisiblement le jeune homme, on est réveillé ?
Pas de réponse. Vaudreuil poursuivit, en allumant une cigarette :
— Pourriez-vous avoir l'obligeance de m'expliquer pourquoi vous avez tenté de m'assassiner ?
Le sang-froid de cette demande était peu banal. L'homme balbutia :
— Je... Je... J'ai perdu la tête... J'étais venu pour cambrioler... Quand je vous ai vu, j'ai cru que j'étais pris...
Michel le considéra de nouveau, comme s'il cherchait dans sa mémoire s'il connaissait cet homme ou non. Le résultat de cet effort fut inutile et il dit en haussant les épaules :
— Ce n'est pas vrai. Vous êtes venu uniquement pour me tuer !
L'inconnu tressaillit et se mit à gémir :
— Non, je vous assure... Je crève de faim... Je n'ai pas le sou... Je voulais voler, rien d'autre.
— Vous mentez ! riposta Michel, la voix dure. Un homme qui meurt de faim ne se donne pas la peine de s'introduire chez moi, ce qui représente un travail difficile, presque un tour de force. Vous avez risqué de vous faire prendre vingt fois pour une. Il y a d'autres appartements beaucoup plus faciles à cambrioler dans la rue...
— Je... je croyais qu'il n'y avait personne...
Michel écrasa sa cigarette dans un cendrier.
— Mensonge encore, dit-il. La porte-fenêtre du balcon était ouverte, ce qui indiquait une présence. Et puis de votre cachette vous m'avez certainement vu entrer dans la pièce, avec mon pardessus et mon chapeau, ce qui indiquait clairement que je m'apprêtais à sortir.
L'homme s'agita et répéta d'un ton lamentable :
— Je vous dis que j'ai perdu la tête...
— Avec un peu de patience, dit encore Michel, vous pouviez cambrioler mon appartement tout à votre aise, une fois que je l'aurais quitté... Maintenant, autre chose... Vous pouviez me tuer de loin, d'un coup de feu... Mais vous avez préféré employer une arme blanche... Parce que cela fait moins de bruit, n'est-ce pas ?
Michel observait les moindres réactions sur le visage de son prisonnier et vit qu'il avait touché juste.
— Vous ne voulez pas parler ? dit-il brièvement. Fort bien. Je sais ce qu'il me reste à faire...
L'homme grommela :
— Je suis pris... Vous pouvez appeler les flics...
Le jeune homme eut un rire sec.
— Non, non... J'ai mieux que cela, pour vous. Je vais vous jeter par-dessus le balcon !... Un accident est si vite arrivé que l'on croira que vous êtes tombé en escaladant le mur de la maison jusqu'à mon second étage...
Les traits de l'inconnu révélèrent son bouleversement.
— Mais... Mais... On me trouvera ligoté, et on...
— Rien du tout. J'ai là dans ma chambre à coucher fin narcotique merveilleux qui vous immobilisera durant une ou deux minutes, juste le temps de vous envoyer au diable !...
Michel regarda sa montre et conclut :
— Vous avez cinq minutes pour réfléchir !
Il disparut dans la pièce voisine en laissant la porte ouverte, et courut aussitôt près d'un guéridon. De cet endroit, Michel pouvait voir, grâce au miroir de Venise du studio, les faits et gestes du gredin, placé juste en face du bahut.
Michel eut un sourire railleur. Le prisonnier venait d'essayer à nouveau la solidité des liens.
— Pourvu que je ne l'aie pas ligoté trop fort... songea Vaudreuil.
Car, ce qui allait suivre était entièrement prévu, et l'inconnu ne se doutait guère qu'il ne faisait qu'accomplir les désirs de celui qui l'avait si habilement capturé.
Un effort... Un autre... Le prisonnier libéra ses poignets.
— Pas très adroit pour ce qui est de ficeler les gens, marmonna-t-il avec un rictus.
Les liens qui encerclaient le fauteuil tombèrent à leur tour. L'homme quitta son siège sur la pointe des pieds, courut à son poignard, le ramassa et le mit en poche. Puis après un regard à la porte ouverte, il se hâta vers l'appareil téléphonique posé près d'un cosy-corner. Michel ne perdait pas un seul de ses mouvements.
Dès qu'il vit le bandit près du téléphone, il eut un nouveau sourire mordant, et décrocha sans bruit le récepteur d'une installation secondaire qu'il possédait dans sa chambre à coucher.
En même temps, il tira de sa poche, un chronomètre-tachymètre de précision et s'apprêta à en déclencher l'aiguille.
Dans le studio, le bandit commença à actionner le cadran automatique pour demander un numéro. Il savait que cet acte était risqué, il n'ignorait pas que Michel Vaudreuil pouvait rentrer inopinément, mais il jouait son va-tout.
Et puis, en admettant qu'il fût surpris, il en serait quitte pour raccrocher aussitôt. Comme l'on ne pouvait entendre le numéro qu'il appelait, le jeune homme — songeait-il — ne le connaîtrait jamais.
Cependant, Michel écoutait les différents déclics et les enregistrait, c'est-à-dire, qu'il notait vivement le temps écoulé entre le moment où l'homme déclenchait le disque et celui où il le laissait revenir au point de départ.
Il y eut ainsi sept « allers » et sept retours.
Une voix rauque grommela brusquement à l'oreille du jeune homme qui écoutait grâce au second appareil :
— Allô, oui... Qui est là ?
L'inconnu parla dans un murmure assourdi :
— Vite... Ici, Pierrot-la-Drogue... C'est raté... Il m'a poissé... Mais, je vais filer tout de même... Envoie le tacot pour me cueillir à l'endroit convenu... Préviens le patron...
La conversation — ou plutôt le monologue de Pierrot-la-Drogue cessa — et Michel, qui avait bruyamment ouvert un tiroir, le fit claquer en clamant :
— Alors, c'est réfléchi, là-bas ?... J'arrive !
Il n'y eut aucune réponse, mais le miroir révéla que le gredin venait de courir au balcon. L'instant d'après, l'homme se laissa glisser le long d'une gouttière, retomba dans un petit jardinet, enjamba un mur et se retrouva dans un petit jardinet voisin qui ceignait une grande bâtisse. Michel le vit parfaitement, mais ne bougea pas.
Il resta derrière les vitres de la porte-fenêtre, ouverte pour la seconde fois par le fuyard et réfléchit un court instant.
S'élancer à la poursuite du gredin ?
— Non, décida-t-il finalement, ce serait me jeter trop tôt dans la gueule du loup...
Il vit qu'il était neuf heures moins le quart.
— Je n'ai que le temps d'arriver à l'Opéra, songea-t-il. Continuons de vivre comme si rien n'était. J'aurai à m'excuser auprès de la gracieuse M lle Zograpoulo... J'invoquerai une crevaison comme excuse.
Il s'installa au volant de sa puissante voiture et fila.
La soirée fut charmante.
Rentré chez lui, vers une heure du matin, il passa une revue très détaillée de l'appartement.
— Si, par hasard, cette crapule était revenue ? se dit-il.
Mais, apparemment, l'agresseur de la soirée avait compris qu'il ne pourrait recommencer deux fois pareille aventure. Il devait considérer qu'il avait eu une cha

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