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L’inspecteur Paul DOUBLET a décidé de prendre un peu de repos chez Manoël Jurgas, un riche éleveur colombien.
Là, il fait connaissance de Juana, la fille de son ami et de son fiancé, José Esquivel, un ingénieur qui doit, le lendemain, partir avec des ouvriers pour prospecter un filon d’argent qu’il a repéré dans la Cordillère.
Quelques jours plus tard, les compagnons de route de José Esquivel rentrent à la propriété, affolés : le géologue a été enlevé durant une halte nocturne.
Paul DOUBLET se souvient que la veille du départ, un homme à la joue balafrée, un dénommé Chiquero, a été vu rôdant autour du ranch. Aucun doute dans son esprit, ce bandit de grand chemin est le responsable du rapt.
Commence alors une course contre la montre pour retrouver l’ingénieur avant que brigand ne l’ait forcé à avouer l’emplacement de la mine et se soit débarrassé de lui...
INSPECTEUR DOUBLET
À TRAVERS LE MONDE
L'HOMME À LA BALAFRE
Récit d'aventures
Jean NORMAND
I
UN LOUCHE CONCILIABULE
De tout temps, dans cet immense continent qu'est l'Amérique du Sud, les frontières ont été le théâtre de drames étranges.
C'est constamment à leurs abords que se sont groupées les bandes d'aventuriers et celle qui sépare la Colombie du Venezuela n'échappait pas à la règle.
San Fernando, petite agglomération située dans la plaine que domine la Cordillère de Mérida n'est que fort peu éloignée de la frontière de Colombie et c'est là que nous allons retrouver l'inspecteur Doublet, chez son ami Manoël Jurgas, possesseur d'immenses propriétés dans lesquelles il élève de nombreux troupeaux de bœufs.
Les bœufs du Venezuela sont fort appréciés en Guyane française où ils arrivent sur des bateaux spécialement aménagés pour leur transport. L'inspecteur Doublet, alors qu'il était sous-officier d'infanterie coloniale (1) avait eu maintes fois l'occasion de monter à bord de ceux de Manoël Jurgas, comme assistant du médecin-major chargé d'examiner les animaux et d'autoriser leur débarquement.
De cordiales relations s'étaient nouées entre les deux hommes et Doublet s'était souvenu de l'aimable invitation que l'éleveur lui réitérait à chaque voyage :
« Si jamais votre destinée vous amenait à San Fernando, souvenez-vous, monsieur Doublet, que vous y avez un ami. ».
Demeuré veuf de bonne heure, le señor Jurgas vivait dans son exploitation avec sa fille Juana, demeurée sa seule consolation, sa seule raison d'être dans la vie.
Celle-ci exerçait une autorité sans contrôle sur tout le personnel qui l'adorait.
Experte cavalière, elle allait dans les prairies surveiller elle-même la marque des troupeaux et, le soir, les portes de l'exploitation ne se fermaient jamais sans qu'elle eût fait sa ronde pour s'assurer que tout était en ordre et chacun à sa place.
L'inspecteur Doublet était arrivé le matin même à cheval, à la grande joie de Manoël Jurgas.
L'éleveur, à peine son ami sauté de selle et les politesses habituelles échangées, tira de sa poche un sifflet qu'il porta à sa bouche.
À cet appel, un serviteur indien accourut à qui Manoël Jurgas jeta lui-même la bride de la bête de Doublet en lui disant :
— Conduis la monture du señor à l'écurie et veille à ce qu'elle ait litière abondante et mangeoire bien garnie.
Rassuré sur ce point, il prit l'inspecteur par le bras et l'emmena vers la maison d'habitation.
Manoël Jurgas lui présenta sa fille, ainsi qu'un grand gaillard de vingt-cinq ans tout au plus, un bel athlète aux yeux clairs, « l'ingénieur José Esquivel ».
Pour fêter le passage de son ami, Manoël Jurgas décida que l'on se mettrait à table de meilleure heure que d'habitude afin d'avoir le temps de savourer un succulent déjeuner, prélude à une conversation générale pleine d'entrain, par la suite.
Empressée, Juana, que la joie de son père ravissait, veillait à tout pour que l'ami de la maison fût bien traité.
Au cours du repas, l'inspecteur Doublet apprit quelle était la position de José Esquivel dans la maison.
José Esquivel était ou allait être le fiancé de Juana.
Manoël Jurgas expliqua à son ami, lorsqu'après le déjeuner ils demeurèrent seuls devant les liqueurs et les cigares :
— José est un garçon de valeur et d'avenir, dit-il, mais mon principe est qu'il faut toujours essayer les hommes. Il va partir demain dans la cordillère prospecter un filon d'argent. Peu m'importe qu'il réussisse ou non, l'essentiel pour moi est qu'il fasse son expérience.
La journée passa dans une atmosphère de bonne humeur générale.
Un peu avant la tombée de la nuit, Juana s'excusa près de l'inspecteur Doublet. La nuit venait et il fallait s'acquitter de son rôle de surveillante qu'elle n'entendait laisser à personne et en aucun moment.
Lorsqu'elle rentra quelques instants plus tard, son père fut frappé de l'expression inquiète de sa figure.
— Qu'as-tu donc ? lui demanda-t-il.
— Rien, répondit la jeune fille avec un geste nerveux qui démentait sa parole.
— Voyons, parle ! insista Manoël Jurgas.
— Eh bien, répondit la jeune fille devenue soudain loquace, je viens de voir un fait étrange. En sortant d'ici, je suis allée directement à l'écurie et Xeno n'était pas à son poste.
— Xeno n'ignore pas que j'ai interdit au personnel de circuler dans l'exploitation une fois la nuit tombée. Seuls les gardiens sont exceptés de cette règle.
— C'est pourquoi je suis étonnée de l'absence de Xeno et me suis mise à sa recherche. Je l'ai trouvé près de l'enceinte extrême, en train de causer avec un cavalier qui s'était hissé jusqu'à la crête du mur. À ma vue, celui-ci s'est empressé de disparaître. J'ai interrogé Xeno qui m'a répondu ceci : « Cet homme m'a appelé pour me demander la route la plus courte pour se rendre à Magdalena. ».
— La chose est peut-être fort possible, observa l'inspecteur Doublet.
— Non, certainement, répartit Juana. Xeno et cet individu tenaient un louche conciliabule. Xeno a menti en affirmant que cet homme lui demandait la route de Magdalena. Surpris, il m'a donné la première réponse qui lui est venue à l'esprit. Je m'en suis bien rendu compte au bruit des pas du cheval. Il allait dans la direction complètement opposée à celle de Magdalena.
— Demain, j'interrogerai moi-même Xeno. Voyez-vous, mon cher Doublet, c'est la proximité de la frontière qui nous vaut ça. Ce n'est pas une fois, mais cent dans l'année, qu'on voit rôder par ici des individus à mine patibulaire. À vrai dire, il suffit de parler fort et de montrer le canon d'un fusil pour les voir s'éloigner.
— Pas toujours ! remarqua alors vivement Juana, comme si les paroles de son père venaient d'opérer soudain le rappel d'un souvenir enfoui aux tréfonds de sa mémoire.
— Que veux-tu dire ? interrogea Manoël Jurgas inquiet de voir sa fille attacher une telle importance à un accident qui ne méritait peut-être pas qu'on le négligeât quand même.
— Vous rappelez-vous, mon père, précisa alors Juana, d'avoir menacé de votre revolver, il y a de cela trois mois, un individu appelé le Chiquero ?
— Oui, certes.
— C'est lui, je n'en doute plus maintenant, que j'ai aperçu tenant un conciliabule avec Xeno. Je l'ai reconnu à la balafre qui raye sa joue droite de l'œil au menton.
— Écoute, mon enfant, tu dois faire erreur, car, si j'en crois des rumeurs qui doivent être exactes, ce Chiquero doit être maintenant en enfer près du diable son patron.
— Ce n'est qu'une rumeur, mon père. Ce Chiquero est un dangereux coquin, capable de toutes les ruses.
— J'interrogerai moi-même Xeno, répéta Manoël Jurgas comme ébranlé par l'insistance de sa fille. Mon cher Esquivel, je vous demanderai d'être présent à l'entretien, cela même dans votre propre intérêt. Une figure de coquin est toujours bonne à connaître.
(1) voir « Les faiseurs de quimbois » dans la même collection. [Retour]
V
UNE LUMIÈRE DANS L'OMBRE
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