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Edwige Masson a trouvé une place d’institutrice auprès de la fille du célèbre romancier Martial Serjac.
Arrivée à la gare de Douarnenez, un fermier accepte de l’amener en carriole au domaine de Loc-Kern, propriété perdue sur la lande et louée par l’écrivain.
En route, le vieil homme la met en garde contre l’ambiance de la demeure, assurant que celle-ci est hantée. Il en veut pour preuve que les trois derniers locataires se sont tous suicidés entre ses murs.
Durant sa première nuit à Loc-Kern, Edwige est brutalement réveillée par un coup de feu !...
Sébastien RENARD,
Détective
- 9 -
LA MAISON DES SUICIDÉS
De
Marcel PRIOLLET
* 1 *
LA NOUVELLE INSTITUTRICE
Lorsque Edwige Masson sortit de la gare de Douarnenez, elle s'étonna de ne découvrir aucune auto. Le dégagement de sa mallette, mise aux bagages, lui avait pris un certain temps et l'heure de l'arrivée passée, tous les vagues taxis, les omnibus d'hôtels, s'en allaient sans attendre. La petite chapelière de toile cirée à coin de cuir pesait lourd à son bras. Elle se désola de la solitude régnant sur la petite place provinciale flanquée à chaque extrémité de deux cafés d'un ancien genre, l'un portant la traditionnelle enseigne « Hôtel de la Gare », l'autre, plus moderne, s'appelait « Le Terminus ».
Il était cinq heures du soir, on était au début d'octobre, la saison passée, la fin d'un mauvais crépuscule gonflé de pluie brouillait le ciel de vapeurs jaunes. La ville bretonne, avec ses maisons grises à façades mornes, suait l'ennui et la tristesse d'un hiver proche.
La nouvelle venue se décida à se rendre, sa valise à la main, vers le « Terminus ». La porte poussée, elle se renseigna au comptoir sur le lieu d'une station de voitures :
— Ce n'est plus la saison, répondit le patron qui, manches retroussées, lavait les verres. Vous n'en trouverez guère dans la ville, ma petite demoiselle, ou alors, il faudrait vous adresser à un loueur ! Et il n'y en a pas beaucoup de ce temps-ci !
Il ajouta :
— C'est-y que vous vous rendez loin ?
— Au domaine de Loc-Kern !
— Loc-Kern ? Où c'est-y ?
— Je ne sais pas exactement, répliqua la jeune fille. Je viens d'être engagée en qualité d'institutrice par M. Martial Serjac, M. Serjac, le romancier bien connu, qui habite cette propriété. Il m'a dit de descendre à Douarnenez et de me faire conduire en voiture chez lui ! Je m'aperçois que cela n'est guère commode !
Dans un coin, un paysan en blouse achevait de déguster sa « bolée » de cidre ; il prit la parole en criant très haut avec un accent de terroir prononcé :
— J'connais l'endroit, ma petite demoiselle, dix bons kilomètres d'ici, une grande maison grise en pleine lande ! Ben, faut que je passe par là pour rentrer à la ferme, si ça peut vous obliger, je ferai bien un petit crochet avec ma carriole pour vous mettre chez votre monsieur !
Edwige remercia avec empressement.
— Le temps d'atteler la jument et on y va ! Si vous n'avez pas d'autre bagage que cette petite malle, ça ira tout seul !
La jeune fille assura que non.
— Bon ! passez-la-moi, je vais l'arrimer au fond de la bagnole !
Le paysan sortit, faisant voltiger la mallette au bout de ses bras puissants, et bientôt on entendit, dans la cour du « Terminus » des piétinements de cheval, des bruits de grelots, des interjections patoises.
— Un brave homme, le père Yvon Termeur, dit le patron, le descendant d'une vieille famille de marins. Il n'y a que lui qui soit devenu terrien par amour de sa Joséphine, une fille de la campagne qui ne voulait point d'un homme de mer. Ils ont pris en louage la ferme des « Aubépines », à cinq lieues d'ici, paraît que leurs affaires marchent bien !
Et comme le père...