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L’abbé Gerfeuil est poignardé dans le dos, un soir de brouillard, sur le pont d’un paquebot en escale à Marseille.
L’ecclésiastique a tout juste le temps d’accuser une jeune femme avant de mourir : celle que son frère cadet prévoit d’épouser et qu’il venait, à l’instant, de lui présenter.
L’inspecteur François PESSART est dépêché de Paris pour mener l’enquête. Avant même d’arriver sur place, il a déjà tous les éléments liant la suspecte au défunt, ainsi que le mobile du crime.
Il est confiant, l’affaire ne lui réservera aucune surprise !
À moins que Claude PRINCE, le célèbre détective radiesthésiste, voyageant avec lui et également intéressé par cette histoire ne le fasse changer d’avis...
- 20 -
LE SECRET D’UN PRÊTRE
De
Marcel PRIOLLET
* 1 *
SOUVENIR !
— Savez-vous si le « Champollion » est signalé ? demanda le prêtre après avoir poussé la porte du bureau maritime.
— Justement, mon père, nous venons de recevoir un radio du phare de Planier, le paquebot a été aperçu il n'y a pas dix minutes… Il est certain qu'il sera en vue de Marseille d'ici trois quarts d'heure.
Il ajouta :
— Si vous attendez du monde à bord, je vous préviens que l'escale sera courte : quatre heures au maximum pour faire le charbonnage !
— Je sais, répliqua le religieux.
Le commis se montrait prévenant :
— Par ce vilain temps de brouillard, mon père, vous seriez mieux dans la salle d'attente !
L'abbé Gerfeuil eut un geste vague.
Il préférait la marche et l'air humide du dehors à la chaleur étouffante des bureaux surchauffés.
La porte refermée, il retrouva, sous un ciel morne, le quai de la Joliette presque désert et l'épaisse couche de brume qui, depuis le matin, enveloppait Marseille d'une couche d'ouate impénétrable. Il avait venté dur ces derniers jours, puis une tornade de gros temps s'était élevée, le ciel couvert de gros nuages et la Méditerranée, agitée, baveuse, heurtait les quais de dures lames de fond. Puis ç'avait été ce brusque brouillard tombant en masse lourde sur la grande cité du soleil.
L'abbé Ambroise Gerfeuil attendait son frère, le commandant Gaston Gerfeuil, ou plutôt escomptait de cette escale prolongée, un court revoir, car ce même « Champollion », touchant barre à Marseille, repartait vers la Syrie où l'officier venait d'être muté.
Le prêtre adorait son frère, plus jeune que lui d'une dizaine d'années. Il l'avait, pour ainsi dire, élevé, étant demeuré orphelin alors que Gaston avait à peine neuf ans !... Il le considérait dans son cœur un peu comme un fils spirituel. Plus tard, le jeune homme, à l'esprit fougueux, s'était orienté vers la carrière des armes, les grandes aventures. Sorti de Saint-Cyr avec un brillant numéro, il avait choisi l'armée coloniale.
Une petite émotion le bouleversait à l'idée de revoir bientôt son frère… Il allait, venait sur ce quai envahi de brume, où, d'instant en instant, le voile opaque s'épaississait, bien qu'il ne fût guère que quatre heures de l'après-midi, en octobre. Déjà on ne distinguait pas très nettement les mâtures des bateaux ancrés dans le bassin du port qui semblaient surgir, fantomatiques, d'un nuage de fumée…
La fin de cette journée morose l'attristait. Un souvenir persistant le lancinait. C'était par un pareil soir de brouillard qu'une aventure équivoque lui était advenue cinq années plus tôt.
Ce soir-là, qui était la veille de la Quadragésime, il avait été rendre visite au curé de Saint-Leu, l'abbé Hoblein, l'un de ses vieux amis de séminaire. Celui-ci l'avait reçu dans le petit logement où il demeurait dans le corps de bâtiment de l'église. Ils avaient longuement parlé, évoquant les souvenirs du passé.
Il pouvait être neuf heures du soir, il retournait à Saint-Germain des Prés où il était alors vicaire. Dehors, il avait été pris par ce brouillard épais, cette atmosphère humide, sentant la feuille pourrie. On n'y voyait pas à deux pas. Les boutiques et les réverbères se nimbaient d'un halo rougeâtre.
Soudain, lorsqu'il parvenait à la hauteur de la rue de la Reynie, il entendit plusieurs coups de sifflet stridents et presque immédiatement une cavalcade de fuyards déboucha des...