120
pages
Français
Ebooks
2010
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Ebook
2010
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Publié par
Date de parution
10 mars 2010
Nombre de lectures
12
EAN13
9782363150028
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Publié par
Date de parution
10 mars 2010
Nombre de lectures
12
EAN13
9782363150028
Langue
Français
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1 Mo
Real TV
Hieronymus Donnovan
ISBN 978-2-36315-186-5
Avril 2010
Storylab Editions
30 rue Lamarck, 75018 Paris
www.storylab.fr
Les ditions StoryLab proposent des fictions et des documents d'actualit lire en moins d'une heure sur smartphones, tablettes et liseuses. Des formats courts et in dits pour un nouveau plaisir de lire.
Table des mati res
Quand les parents se cassent... (Un week-end de folie)
Grunge is alive
A cause d'une peau de banane
Le paradis de Dante
La vérité est dans une ruelle suintante
Opération Balthazar (pour retrouver la mire...)
La cité de la prospérité
The middle of nulle part
La perfection au féminin
Samedi 12
La télécommande
L'homme et les enfants
Après la mort
Le sang sur les carreaux
La vérité est au bout du couloir
Températures
L'odeur de la mort
A l'intérieur
De l'extérieur
Main dans la main
Vivement lundi !
Allumer le feu
Mon quartier a cramé
Détournement de mineurs
Game Over
Biographie
Dans la m me collection
Quand les parents se cassent... (Un week-end de folie)
Samedi 12 juin 1993.
8H55 - Rémi
- Rémi, tu sais qu'on a confiance en toi.
J'aime bien mes vieux. Si, si. Mais bon, je peux pas dire que ce soit deux génies. Moi non plus d'ailleurs, je suis loin d'en être un. C'est la première fois qu'ils me laissent seul pour un week-end et j'ai prévu de bien en profiter...
Un week-end de folie.
- Ne nous déçois pas.
Mon père n'a jamais eu d'autorité sur moi. Il n'en a pas conscience car je lui ai pas désobéi depuis une dizaine d'année. Je fais toujours tout pour que mes parents aient la sensation de me dispenser une bonne éducation. Sauf que des fois, j'aimerais bien expliquer à mon vieux comment faire pour être plus crédible avec moi, tout au moins aux yeux des voisins. Là, par exemple, il a attendu d'avoir descendu les deux marches de l'entrée pour me sortir son petit discours sur la grande responsabilité accordée par mes parents à l'occasion du mariage d'une cousine que je ne connais qu'en photo (le futur mari est sans doute aveugle). Je suis sur le pas de la porte et depuis quelques mois, je mesure 1m65, comme lui. Alors, je gravite à trente centimètres au dessus de son crâne dégarni (qui, j'espère, n'est pas en série dans l'héritage génétique de ma famille.)
- Blablabla. Blablabla.
Je suis déjà en plein dans mon week-end, j'écoute rien. En plus, ils ont une demi-heure de retard sur leur programme. Ma mère est déjà dans la voiture, à la place de la morte. Elle est terrorisée à l'idée de faire de longs trajets, elle ne fait pas confiance aux autres conducteurs. Mon père a mis quinze minutes à retrouver sa carte grise (comme sa vie) et va devoir conduire comme un malade.
A tous les coups, Arnaud est planqué quelque part dans le quartier en attendant de voir passer notre AX. C'est mon pote, Arnaud. Ce mec est encore plus excité que moi à l'idée de ce week-end. Bon, en même temps, il est capable d'imaginer qu'on va faire plein de trucs comme on voit dans les films américains, genre une journée à la Ferris Bueller (ouais, genre, le film que je suis le seul à connaître dans cette ville). Mais moi, j'ai déjà mon petit programme... Arnaud est le plus gros obsédé sexuel du monde. Il imagine déjà deux jours durant lesquelles on se gavera des chips à un franc cinquante de chez Aldi en regardant des pornos. Je suis certain qu'il a réussi à persuader son esprit que Julia Chanel se pointera en pleine nuit pour lui faire découvrir les plaisirs de la chair. C'est mon seul pote, alors je fais avec ses défauts. Et puis, comme si, moi, j'étais parfait !
Mes parents m'aiment et ça a son importance. Je ne peux donc pas leur en vouloir de me proposer une petite vie simple dans ce quartier minable. Une petite maison pareille aux cent-soixante autres du quartier, un jardin banal avec sa pelouse parfaitement tondue et sa balançoire qui ne sert plus à rien depuis que j'ai dix ans. Vu que mes vieux ne font plus l'amour depuis un moment, elle ne servira pas à un autre enfant. Et dire qu'ils n'auront pas fini de payer cette baraque dans vingt ans. Je comprends vraiment pas les adultes. Je suis pas ravi à l'idée que ça va me tomber dessus un de ces jours. D'être adulte...
Chaque matin, ma maman vient écarter le rideau de ma fenêtre de chambre, me fait un bisou sur le front et me dit que le déjeuner est prêt. Je quitte « mon espace », et comme d'habitude, je trébuche à cause du fil de ma manette de Super Nintendo (Vu que je joue jusqu'à tomber de sommeil, ma manette dort sur le lit). Je vais m'installer dans la cuisine américaine que ma mère a tant voulu à force de regarder des séries euh... américaines (essentiellement Happy Days ). Là, mon père me sort un « salut fiston ! » enjoué, (il a compris depuis longtemps que je ne serai jamais la cause d'une mauvaise journée) sans me regarder pour autant. Il profite de sa petite heure devant sa sainte télévision avant de partir au travail. Ne me demandez pas ce que c'est son boulot, j'en sais trop rien. Disons qu'il bosse pour un truc administratif où il faut porter un costard et bien se raser le matin. Il ne doit pas faire grand chose de bien passionnant car il n'en parle jamais à la maison. Puisqu'on parle boulot, ma maman est caissière chez Auchan. Elle n'aime pas son travail, mais j'ai remarqué que depuis qu'il y a des Lidl et des Aldi (on fait nos courses là bas), elle accepte un peu plus facilement sa situation.
Mon père et sa télé, c'est une histoire de fusion, d'harmonie. On est pas très dépensier chez nous, on se satisfait de pas grand-chose. Mais niveau télé, on a toujours eu le top, mon père peut pas faire sans. Faut bien qu'il s'occupe pendant que ma mère dévore les livres de Mary Higgins Clark, Ruth Rendell et Danielle Steel, plein de meufs avec des noms pourris et des couvertures moches. Du coup, nous avons été les premiers du quartier à accrocher une parabole sur notre toit. C'était quelque chose, presque tous les voisins s'étaient rassemblés devant chez nous pour regarder le mec de Darty installer la chose (Il était stressé, le gars). Et puis maintenant, si je le voulais, je pourrais bien faire l'intéressant au lycée (je suis en seconde), car nous sommes les heureux possesseurs de la télévision qui a trop la classe. Même Christophe, mon binôme en sciences physiques, n'a pas ça chez lui. Pourtant, il nous gave avec sa Néo Géo à 1500 francs et son baladeur cassette Sony avec lequel on peut passer d'un morceau à l'autre. Nous, on a une télévision de 72 cm ! J'ai l'impression que chaque soir, PPDA s'incruste dans notre salon. Et le truc super classe qui fait que cette télé est top, c'est que n'importe quand (nous, on le fait pendant les pubs), on peut zapper sur les autres chaînes en laissant un petit rectangle sur le côté droit de l'écran qui diffuse la chaîne sur laquelle on était. Comme ça, on y revient dès que la pub est terminée. Bon, avec le recul on pourrait bien faire sans. Mais faut pas dire ça à mon père. Faut rien dire sur la télévision, c'est dans ces moments là qu'il montre qu'il est un homme, un vrai. Si un jour je veux provoquer son courroux, histoire qu'il fasse preuve d'une vraie autorité auprès de moi, faudrait que je casse sa télé.
Bon, avec tout ça, je suis un peu frustré à chaque fois que je monte dans ma chambre pour jouer à la console sur mon petit écran de 50 cm... Ouais, l'avantage c'est que je récupère toujours l'ancienne télé de mon père. Alors j'attends chaque nouveau modèle avec impatience. En tout cas, aujourd'hui, j'ai pas attendu que mes parents se soient cassés pour brancher ma console sur l'écran du salon.
On va s'éclater. Un week-end de folie, j'ai dit !
Ça y est, ils me quittent. Ma mère me jette un dernier regard que j'interprète comme : « Mon fils, montre moi que tu es digne, sois sage et occupe toi bien de ma maison. Je sais que t'as pas trop d'amis, que tu penses pas aux filles mais d'un autre côté, je n'arrive pas à me décider si ce serait sain ou pas que de rentrer et de découvrir que bizarrement la maison est plus propre qu'avant notre départ... ». Pour sûr que je vais faire gaffe ! Je suis un bon gosse. J'ai d'ailleurs bien conscience qu'un jour il faudra que je fasse une grosse connerie rien que pour ma maman. Je me dis qu'elle aura la sensation que je passe une nouvelle étape de la vo