Silencer , livre ebook

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La jeune Paola a été abattue d’une balle dans la tête. C’était la fille cadette du mafieux Raymond Silverri. Il demande à Letellier, le chef de sa garde rapprochée, de retrouver l’assassin avant la police. Il veut sa vengeance. Judith, sa fille aînée d’abord anéantie par la mort tragique de sa sœur, décide d’accompagner Letellier dans son enquête. Cela durera moins de douze heures.
Un tueur professionnel forcé à la clandestinité pendant quelques jours, fait surface dans le seul but de se venger d’un commanditaire crapuleux. Discret par obligation il ne parle pas, mais pense énormément. C’est pour lui l’occasion de récapituler ce qu’il a pu apprendre de son métier, avec beaucoup de cynisme. Il n’est pas l’assassin de Paola, mais il sait de qui il s’agit.
Deux visions liées à la même affaire, qui finiront par converger au cœur d’un complexe commercial à heure de grande affluence. Il y aura inévitablement des dommages collatéraux.
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Publié par

Date de parution

02 août 2023

Nombre de lectures

1

EAN13

9782312135632

Langue

Français

Silencer
David Bauquet
Silencer
[ si.l ᾶ .se ]
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2023
ISBN : 978-2-312-13563-2
Z-IX
Il est prévu qu’un déluge s’abatte sur la région aujourd’hui.
La ville est encore endormie, lui ne s’est pas reposé depuis plusieurs jours. Sortant d’un immeuble, il reste un instant sur le pas de la porte d’entrée à observer la pluie tomber dans cette rue grise, hésitant à s’y lancer. S’il n’a pas vraiment atterri dans le coin par hasard, il lui faudrait s’en échapper à la fin de cette même journée.
On me paie très cher pour éliminer d’autres personnes. Ce genre d’activité implique une discipline draconienne et une solitude permanente. Pour être efficace, il faut en savoir long sur le fonctionnement du cerveau et le mécanisme du corps humain. Et comme mes activités l’exigent, je suis naturellement discret et peu bavard .
La trentaine bien entamée, ou peut-être déjà quadragénaire, lui seul sait l’exactitude de son âge ainsi que son nom de naissance. Pas un seul individu au monde ne le connaît.
Il n’a aucun ami et n’a pas de famille. S’il a eu un père et une mère comme tout le monde, cela fait maintenant des années qu’il ne les a pas vus. Il ignore s’ils sont encore en vie. Relativement séduisant, il est assez mince et d’une élégance désinvolte. Pas rasé depuis quelques jours, ses cheveux noirs vaguement en pétard et déjà grisonnants sur les tempes, sont coiffés à la « James Dean », peignés à la main sans coquetterie. Vêtu d’un costume sombre, il porte sous sa veste un pull noir léger.
Les gens que je réduis au silence ne sont jamais innocents. Hommes d’affaires impudents, politiciens corrompus, industriels gênants, trafiquants d’armes. La plupart sont des hommes peu recommandables. Ce qui fait de moi un individu potentiellement moins dangereux pour la société, qu’un braqueur de banque désorganisé ou même un camé en manque prêt à faire n’importe quoi pour une dose.
Une jeune femme marchant sur le trottoir sert son enfant dans ses bras, elle avance d’un pas rapide. Ils portent l’un et l’autre un blouson à capuche jaune. Elle le tient tout contre elle tête baissée, il est impossible de voir son visage.
Autant que je le puisse, j’évite de « liquider » des femmes. Mais parce que peu à peu elles arrivent à parité avec les hommes y compris dans l’immoralité, il m’est déjà arrivé de réduire au silence une politicienne à l’étranger, ainsi qu’une femme d’affaires tout récemment. Sinon , j’ai pour principe de ne jamais éliminer de mineurs. Je ne sache pas avoir la mort d’un enfant sur la conscience, mais si toutefois cela est arrivé, c’est de façon bien involontaire. Hélas , personne n’est à l’abri d’un dommage collatéral.
Quiconque l’a croisé dans un lieu public, voire échangé un simple regard poli avec lui, n’a pu soupçonner qu’il s’agissait d’un individu payé pour tuer.
Je ne suis pas cruel. Ce sont les circonstances qui le sont. Mais plus on se durcit le moral, plus on endurcit sa propre morale. Le destin est quelque chose de tellement étrange .
Il sort une cigarette de sa poche de veste et l’allume avec un briquet jetable. Il inhale longuement la première bouffée en fermant les yeux.
Voilà bien longtemps que je n’avais pas fumé. Mais ce matin n’est pas un jour comme les autres. Pour la première fois dans ma carrière, j’ai merdé. Quand je songe aux circonstances risibles qui m’ont amené à me prendre un pied dans le tapis, je me dis que je fais bien de bosser seul.
Il n’y aura jamais personne pour me rappeler que j’ai fauté .
La nicotine lui tourne un peu la tête et c’est ce dont il a besoin à cet instant. Il ferme les yeux et laisse la fumée s’échapper d’entre ses lèvres.
Depuis plusieurs années, chaque jour je me lève en me disant que c’est peut-être la dernière fois de mon existence. Depuis quelques jours, une phrase me trotte à l’esprit : « premiers signes de faiblesses constatés, dernière ligne droite entamée ». L’année où les Français ont installé au pouvoir le plus jeune président jamais élu, il semblerait raisonnable que je songe à une retraire définitive. Après tant d’années à ne dormir que d’un œil, j’aimerais enfin pouvoir dormir sur mes deux oreilles.
Encore faut-il que je m’en sorte indemne aujourd’hui. Et je n’ai aucune garantie .
Il regarde sa cigarette se consumer. Quelques fines particules d’eau viennent s’y déposer, puis s’évaporer à la chaleur de la partie incandescente.
J’ai de quoi être nerveux. Dans mon secteur d’activité, quand un raté devient une affaire personnelle à régler, ça laisse un sale goût dans la bouche. La nicotine masque ce sale goût et apaise ma nervosité .
Il tire sur sa cigarette à moitié consumée une dernière fois avant de la jeter sur le trottoir, sans avoir à l’écraser. Elle est instantanément éteinte par la pluie. Enfouissant ses mains dans les poches de son pantalon, il laisse sa dernière bouffée s’échapper par les narines en rentrant la tête dans les épaules.
Jamais de ma vie je ne me suis senti aussi vulnérable. Mais ça, il n’y a que moi qui le sais .
Un frisson lui parcourt tout le corps. C’est ce qui le décide à bouger et à se diriger vers la rue.
Les Silverri
(L’avant-veille)
Des deux sœurs, Judith était l’aînée mais aussi la plus mature. Paola avait 24 ans et semblait ne pas vouloir sortir de l’adolescence, tandis que Judith à 29 ans avait toujours eu pour sa petite sœur une attention maternelle.
Les fenêtres de la voiture étaient ouvertes, il faisait encore doux en ce début d’automne. La nuit était déjà tombée. C’est Judith qui était au volant. Elle emmenait Paola à une fête chez des amis qui pendaient la crémaillère.
– Je suis touchée que tu t’inquiètes encore pour moi, dit Paola, mais je n’ai plus douze ans !
Elle mâchonnait un chewing-gum la bouche ouverte, tout en se tortillant les cheveux. Intérieurement, Judith releva le paradoxe entre l’attitude et le discours. Paola lui faisait penser à une Marylin Monroe en plus jeune, fringuée à la mode du XXI e siècle.
– Il y a un barjot dans la région qui ne tue que des nanas, dit Judith .
– Je te remercie, il ne s’en prend qu’aux lesbiennes. Moi je ne croque pas là-dedans, je suis tranquille.
Paola avait rétorqué en profitant au passage de souligner la qualité de ses appétences sexuelles. Une manière comme une autre de provoquer sa frangine, qu’elle trouvait un peu trop coincée.
– En plus, reprit-elle, ça fait quelques semaines qu’il n’a pas fait parler de lui celui-là. Tu crois qu’il serait assez idiot pour s’en prendre à une Silverri ? Papa ne mettrait pas des mois pour le retrouver, lui. Et c’est par les bijoux de famille qu’il le ferait pendre.
– Tu es trop sûre de toi, répliqua Judith en hochant la tête. Ça ne me plaît pas. Que papa soit puissant c’est une chose, mais ça ne nous rend pas pour autant invulnérables. Il faut que tu sois consciente de ça.
– Je suis une Silverri , insista Paola avec douceur. Mon beau-frère est procureur… Quel serait l’imbécile qui oserait s’en prendre à moi ?
– Ce n’est pas marqué sur ton front.
– Si l’autre barjot auquel tu fais allusion ne s’en prend qu’aux lesbiennes, il doit les repérer et les suivre un moment avant de passer à l’acte. S’il a un problème avec les gouines, je ne suis pas concernée.
Judith ne répondit pas, uniquement pour ne pas s’emporter contre sa sœur. Arrivée à destination, elle freina jusqu’à l’arrêt total de la voiture, sans éteindre le moteur.
– N’hésite pas à m’appeler, même si c’est à trois heures du matin, dit Judith presque implorante.
Paola leva les yeux au ciel tout en laissant s’échapper un soupire agacé. Judith se sentit obligée d’insister.
– Je suis sérieuse.
– Je sais ! Écoute , je n’ai pas l’intention de me réveiller dans mon lit. Ce soir j’ai décidé de m’éclater. Et tu ferais bien d’en faire autant.
Paola sortit de la voiture crânement.
– Ce que tu peux être arrogante, lâcha Judith entre ses dents.
Paola claqua la portière et se pencha à hauteur de la fenêtre en lui mimant un bisou.
– Je t’adore !
Elle lui fit un clin d’œil avant de se retourner et de s’éloigner. Judith la regarda traverser la rue et se diriger vers la maison, d’où émanait le son étouffé d’une fête animée. Elle avait toujours été inquiète pour elle. Ce soir comme dix années plus tôt, lorsque leur mère avait subitement quitté le foyer excédée par les affaires que menait leur père, et que du jour au lendemain, elle l’aînée passa du statut de grande sœur à celui de mère de substitution , vis-à-vis d’une Paola qui n’en finissait pas de se comporter comme une gamine.

Judith redémarra. Il n’y avait pas un chat dans la rue. Elle quitta le quartier en jetant au moins trois fois le regard dans tous les rétroviseurs du véhicule.
Raymond Silverri était un homme d’affaires réputé, mais pour l’opinion publique c’était un mafieux. Il n’ignorait pas que cet adjectif n’était jamais loin de son nom dans certaines presses, et même que ça l’irritait. Du fait de ses origines italiennes, il trouvait cela réducteur et même péjoratif. Mais il lui était difficile de s’en défaire. Car l’homme d’affaires (Silverri&Co représentait divers établissements liés au divertissement, allant des débits de boissons jusqu’au bowling…), avait recours à des méthodes peu orthodoxes, quand quelque chose clochait dans une de ses entreprises.
L’exemple le plus connu localement, était celui de l’un de ses employés qui s’était révélé être un maquereau : il gérait secrètement son petit réseau de prostitution dans le night-club. Un beau matin, il avait été retrouvé « suicidé » flottant dans le canal. La disparition de ce petit maque n’a fait de la peine à personne, mais si Raymond Silverri s’en était débarrassé ce ne fut pas par déontologie. Seulement parce que ce business se déroulait dans son établissement et que cela ne lui rapportait rien. Par ailleurs, les filles qui se livraient à ce commerce n’avaient jamais quitté l’établissement. Il semblait donc évident que Silverri avait repris cette affaire-

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