108
pages
Français
Ebooks
2019
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement
108
pages
Français
Ebooks
2019
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus
Publié par
Date de parution
10 janvier 2019
Nombre de lectures
16
EAN13
9782895977001
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
Publié par
Date de parution
10 janvier 2019
Nombre de lectures
16
EAN13
9782895977001
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
L’ère de l’Expansion
Mathieu Muir
L’ère de l’Expansion
ROMAN
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Muir, Mathieu, 1980-, auteur L’ère de l’Expansion / Mathieu Muir.
(14/18) Publié en formats imprimé(s) et électronique(s). ISBN 978-2-89597-665-3 (couverture souple). — ISBN 978-2-89597-699-8 (PDF). — ISBN 978-2-89597-700-1 (EPUB)
I. Titre. II. Collection : 14/18
PS8626.U35E74 2019 jC843’.6 C2018-906268-1 C2018-906269-X
Nous remercions le Gouvernement du Canada, le Conseil des arts du Canada, le Conseil des arts de l’Ontario et la Ville d’Ottawa pour leur appui à nos activités d’édition.
Les Éditions David 335-B, rue Cumberland, Ottawa (Ontario) K1N 7J3 Téléphone : 613-695-3339 | Télécopieur : 613-695-3334 info@editionsdavid.com | www.editionsdavid.com
Tous droits réservés. Imprimé au Canada. Dépôt légal (Québec et Ottawa), 1 er trimestre 2019
À Anne-Sophie
Prologue
Léa Flamand avançait à pied, seule, dans un Tokyo presque désert. L’ambiance était celle d’une ville fantôme, à l’allure post-apocalyptique.
Bien avant de travailler pour les Nations Unies, Léa Flamand était déjà une historienne de renom. Elle avait toujours eu à cœur la pérennité des connaissances liées au passé. La notoriété de cette diplomate férue des civilisations anciennes provenait en grande partie de la création de documents facilement accessibles au grand public, qu’elle appelait ses « livrets historiques ». Elle en avait déjà plus d’une centaine à son actif. Aurait-elle l’occasion d’en produire d’autres ?
En parcourant les rues de Tokyo, elle se remémorait la suite d’évènements qui avaient mené à la guerre. Selon son analyse, cinq plaques tournantes passeraient à l’Histoire. La première était sans contredit la course de Frank Blist, cent cinquante ans auparavant, où tout avait commencé. À plusieurs décennies d’intervalle, la thèse d’Eva Miller, l’enquête de Baiko Mori et la fuite de Voile avaient influé sur le sort de la Terre.
Léa Flamand marchait présentement vers la cinquième et dernière plaque tournante : sa propre décision.
EXTRAIT D’UN LIVRET HISTORIQUE DE LÉA FLAMAND
LES PÔLES
Au cœur du vingt-deuxième siècle, les peuples de la Terre appartenaient toujours à près de deux cents pays autonomes. Aux prises avec une surpopulation grandissante et ses conséquences environnementales, ils n’eurent d’autres choix que de se regrouper pour se doter de politiques communes. Cependant, les divergences d’opinions sur la gestion de ces enjeux empêchèrent l’unification complète. La division de la planète en quatre grandes régions fut le résultat d’un compromis entre isolationnisme et mondialisation.
Le traité de Tokyo, en 2175, confirma la création des pôles : le Soleil d’Orient, l’Étoile d’Amérique, l’Union transeuropéenne et l’Alliance du Sud. Ce document stipulait que chacun des quatre gouvernements limiterait la croissance démographique à l’intérieur de son territoire et en interdirait l’entrée aux personnes nées à l’extérieur. La mise en œuvre intégrale de l’entente marqua donc la fin de l’immigration entre ces entités, avec pour conséquence la fermeture des frontières.
Le Soleil d’Orient, le plus peuplé des quatre pôles, regroupait tous les anciens pays d’Asie, de l’Inde aux îles indonésiennes. Le traité était beaucoup plus contraignant pour lui que pour les autres. Sa population étant toujours en croissance alarmante, des mesures devaient être prises au plus vite. Ainsi, après avoir remis en vigueur les politiques de contrôle des naissances, le gouvernement du Soleil avait investi massivement dans la recherche de solutions en matière de logements disponibles, de qualité de l’air urbain, de réduction des gaz précurseurs des pluies acides et de production massive d’eau potable.
L’Étoile d’Amérique regroupait les régions d’Amérique du Nord et du Sud ainsi que d’Amérique centrale, auxquelles s’ajoutait une bonne partie de l’Océanie. La population y était aussi en constante augmentation, mais le territoire était vaste : les impacts à court terme étaient donc moindres. Selon les calculs des mathématiciens-sociologues, il faudrait quelques centaines d’années avant que la situation de ce côté du monde devienne aussi critique que celle du Soleil d’Orient. Des politiques de stabilisation démographique et de partage des ressources s’imposaient, mais allaient de pair avec les mesures mises en place pour réduire les changements climatiques.
L’Union transeuropéenne existait en fait depuis près de deux siècles. Ce pôle regroupait maintenant tous les anciens pays d’Europe, de l’Islande à la Grèce, et certaines îles de l’Océanie, comme la Nouvelle-Calédonie. Contrairement aux autres, sa population était dense dans la partie occidentale, mais relativement stable, et il restait de grandes terres inoccupées dans l’ancienne Russie. Non sans heurts, des politiques de prévention avaient tout de même été mises en place par le gouvernement, pour assurer la pérennité et le partage des ressources.
L’Alliance du Sud regroupait les pays du Moyen-Orient ainsi que toutes les terres d’Afrique. La désertification y avait été plus forte que partout ailleurs, avec le dépeuplement qui en découlait. Les zones habitables devenaient de plus en plus restreintes et l’enjeu climatique demeurait d’une importance capitale. De plus, en fuyant vers les autres régions, les personnes déplacées avaient contribué au bouleversement de l’équilibre démographique planétaire. La population de l’Alliance subissait encore le contrecoup de ces migrations massives, tant sur son propre territoire que dans les terres d’accueil où ses ressortissants s’étaient installés.
Deux façons de gérer les changements climatiques existaient dans ce monde où la coopération et l’entraide universelle auraient dû prévaloir. La première était la réduction généralisée des émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique. Cependant, pour contenir les effets de l’empreinte humaine sur la planète, la mondialisation des quotas de rejets industriels eût été requise, contrairement au principe du traité de Tokyo, selon lequel chaque gouvernement pouvait fixer ses propres règles. La seconde était l’adaptation aux changements climatiques : se préparer à la désertification et au dépeuplement éventuels, tempérer l’augmentation du niveau des océans et contrer l’infiltration des eaux salées dans les réservoirs d’eau douce et, enfin, se protéger des phénomènes météo extrêmes et de l’augmentation de l’énergie dans l’atmosphère. Les méthodes d’adaptation pouvaient être appliquées de façon régionale, et donc par pôle, mais elles ne permettaient pas de régler le problème à la source.
Dans ce contexte assez peu prometteur, les quatre pôles se respectaient, mais s’étaient fermés les uns aux autres. Il n’y avait plus de conflit armé entre eux, mais il restait des éléments de rivalité scientifique, sociale, politique et sportive. La plus saine de ces compétitions était assurément la course entre la Terre et Mars, que le Soleil d’Orient organisait rigoureusement aux quatre ans. Le départ avait toujours lieu à Tokyo et l’arrivée se faisait chaque fois à un endroit différent sur Mars, que les équipages devaient localiser. Lors de la plus mémorable de ces courses, en 2208, la plateforme d’arrivée était située en région inaccessible par vaisseau spatial. La fin du parcours devait donc s’accomplir sur le terrain. « Une sorte de biathlon », avaient déclaré les médias.
Deux éléments laissaient présager que cette course serait inoubliable.
Tout d’abord, puisque les vaisseaux de course généraient des coûts de fabrication et d’entretien faramineux, un montant substantiel était octroyé à l’équipe victorieuse, assumé à parts égales par les quatre pôles. Cette année-là, le gouvernement du Soleil avait décidé d’ajouter un milliard de terras au prix de l’équipe gagnante, soit dix fois la somme traditionnelle, sans en donner la raison !
Ensuite, les casques de tous les participants avaient été munis d’astrocaméras qui filmaient en continu l’avancement de chacune des équipes. Installées dans les quatre vaisseaux ainsi qu’à différents endroits sur Mars, des stations relais expédiaient les images vers la Terre en quelques nanosecondes. La retransmission des images se faisait pratiquement sans délai, ce qui permettait au public terrien de voir la course en temps réel.
Ces deux particularités avaient engendré des cotes d’écoute aux sommets inégalés. Tout avait été soigneusement prévu pour que cette course passe à l’Histoire.
I La course de Frank Blist Année 2208
Le ping-pong. Frank Blist avait toujours adoré le ping-pong, son principal moyen d’évacuer la pression. S’exerçant seul contre une table pliée, il pouvait prendre du recul et méditer sur son avenir. Le simple fait de penser à la détente que lui procurait ce passe-temps le calmait habituellement avant les courses. Aujourd’hui, pour la première fois, il pensait à son sport et la situation restait douloureuse. À bord du CXSpatial , le vaisseau de l’Union transeuropéenne, son corps faisait des allers-retours sur les murs de la cabine de pilotage. Ses collègues Charles Mirodin et Tony Francesco subissaient le même sort. Depuis l’accrochage avec l’astéroïde, l’équipage était en chute libre vers Mars et vivait les soubresauts de la balle pendant une partie.
Frank Blist serait le premier à comprendre que cette course n’était en réalité qu’un prétexte.
* * *
Imaginez-vous une quinte flush royale, allant du dix à l’as, la meilleure combinaison possible au poker. Rarement vue, cette main est inévitablement signe de victoire. L’équipage du Starius , le vaisseau de l’Étoile d’Amérique, avait indéniablement cette allure.
Le capitaine Francis Rey était forcément l’as et l’équipage qu’il avait lui-même recruté le rendrait imbattable. Son éloquence faisait de lui une personnalité reconnue pour son charisme. Baldwin Moor ne pouvait qu’être le roi. Fier et froid, il était après Rey le meilleur pilote du Starius . Cecilia Bramis était la reine. Climato