La geste des Exilés, 2 , livre ebook

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Certains collectionnent des timbres, d’autres, comme moi, les emmerdes.
Primo, j’ai découvert il y a peu que je ne suis pas humaine. Secundo, mes parents biologiques sont respectivement une salope manipulatrice et un connard psychorigide, malade du contrôle. Tertio, ce dernier a lancé des mercenaires loups-garous à mes trousses, dans l’espoir de me voir accomplir une prophétie où je tiens le premier rôle et, malheureusement, la faction maternelle caresse très exactement le même projet – à son profit naturellement. Quarto, imaginer mon ex-fiancé plumé jusqu’à l’os – au sens propre – me procure des frissons d’extase. Quinto, mon ex-amant ne peut me voir en peinture que s’il se trouve sur une terre consacrée ; tu parles d’un pratique ! Et sexto, je fréquente au quotidien bien trop de créatures appartenant au folklore fantastique. Autant dire que j’aspire à plus de normalité, ce qui ne semble pas au programme.

Car, alors que ma vie sentimentale semble enfin s’éclairer, un terrible danger menace l’humanité. Évidemment, entre loups-garous & CO à mes basques ainsi que le procès qu’on me colle aux fesses, ce bon vieux Karma s’est dit que j’avais du temps libre à revendre pour tenter de sauver la planète.
Des vacances à la montagne, c’est tout ce que je souhaite ! Mais voilà, le génie de la lampe, cet enfoiré, possède un sale sens de l’humour...

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Nombre de lectures

48

EAN13

9791090627789

Langue

Français

Bettina Norbet
La geste bes Exilés II Ébitions bu Chat Noir
«Tout ce que nous voyons n’est qu’une ombre projetée par les choses que nous ne voyons pas.» Martin Luther King
1. Fin octobre, Gold Coast, Queensland, Australie J’étais bel et bien coincée sous ce maudit démon, e t, manque de chance, la situation semblait totalement lui convenir. Son cor ps finement musclé, allongé sur le mien, m’écrasait de tout son poids. Furieuse et à moitié étouffée, je marmonnai : — Lâche-moi ! Tu m’empêches de respirer… ! Le sourire que Mushu me dédia aurait pu figurer dan s le Guiness Book comme le plus chaud du siècle. Il pencha lentement la tête v ers moi, ses longues mèches noires, lisses et douces comme de la soie, me chato uillant les joues et le front, pour chuchoter tout contre mon oreille : — Allons, ma délicieuse fée, ne me dis pas que tu n ’apprécies pas… Une brusque chaleur émanant de lui déclencha une ré action brûlante de la part de mon corps. — Arrête ! parvins-je à souffler entre mes dents, l uttant contre ce désir induit qui m’incendiait. Ses lèvres happèrent doucement le lobe de mon oreil le, me tirant un gémissement fort gênant. — Tu vois, susurra-t-il, tandis que sa langue brûla nte traçait un chemin de feu le long de ma mâchoire inférieure. Tu adores ça… Dans un effort surhumain, je tentai de le repousser , mais mes muscles s’étaient transformés en guimauve. Le problème avec les démon s incubes, c’est qu’ils sont capables de vous submerger de désir au point que to ute idée de lutte vous déserte. Pratique, non ? Un viol consenti… Normalement, j’aurais dû être totalement subjuguée et le supplier de faire de moi sa chose, mais je n’étais pas soumise aux mêmes rè gles que les humains. La pierre noire qui ne quittait pas mon doigt ne faisait que m’en donner l’apparence à leurs yeux, mais mon essence, elle, demeurait celle d’un ange. Ah, je ne l’ai pas dit ? Je suis un ange. Un vrai. Je n’ai pas d’ailes, mais je vivrai éternellement. Si bien sûr, je ne me fais pas fling uer, jeter du haut d’un building, bouffer par des loups-garous, ou poignarder où je p ense par le pittoresque organe reproducteur d’un homme-lézard venimeux amateur de chair fraîche. En terme d’ennuis, il y en a qui crèvent un pneu et ne saven t pas changer une roue. Moi, j’ai indubitablement passé le cran au-dessus… Mais pour revenir à mon problème le plus immédiat, le fait que Mushu ne soit qu’un demi-démon ne m’aidait pas vraiment, vu que l ’autre moitié était dotée de pouvoirs de sorcier. Il n’était pas moins puissant, il possédait simplement une corde de plus à son arc, le salaud. Le bel asiatique, qui nous avait barré un temps la porte de la salle VIP deL’Inferno’s Kiss, quand Kell et moi venions de débarquer à Sydney, était le rejeton d’une sorcière et d’un incube. C’é tait Zach, le jeune vampire, qui m’avait mise au parfum. En parlant de parfum, Mushu dégageait une fragrance sucrée et épicée qui couvrait totalement l’odeur de vieux caoutchouc pou ssiéreux typique des tatamis sur lesquels j’étais allongée, et me donnait envie de l e lécher sur tout le corps.Beurk ! Nous nous trouvions dans le dojo situé au rez-de-ch aussée d’un bâtiment surnommé « Le Hangar », de la taille d’un pâté de m aisons, que possédait Phen sur la Gold Coast, et qu’il avait aménagé en plusieurs suites tout confort au premier
étage, et d’un loft, qu’il occupait, au deuxième et dernier. Depuis que j’étais rentrée sur Terre, le beau rouqu in avait tenu parole : il m’avait prise sous son aile, me fournissant gîte, couvert, et par ricochet, protection, étant entendu que je devais me garder de sortir seule sou s peine de me voir sauter dessus par ceux qui me cherchaient. Il avait confiéL’Inferno’s Kissà l’un de ses employés, et fourré tout son petit monde dans son avion privé, m oi y compris, pour nous rapatrier dans le Queensland, 900 kilomètres au-dessus de Syd ney, histoire de brouiller les pistes. Je lui avais dit que ça me gênait beaucoup de pertu rber son quotidien, mais il m’avait assuré que ce changement était prévu, et qu e les circonstances ne faisaient qu’en avancer la date. Il m’avait expliqué qu’il po ssédait quatre établissements de nuit en Australie sous des identités différentes, e t qu’il avait l’habitude de gérer personnellement chacun d’entre eux trois mois dans l’année. La Gold Coast était une ville située le long deSurfer Paradise, qui, comme son nom l’indiquait, était le paradis des surfeurs. Ouv erte sur le pacifique, la plage s’étirait à perte de vue, et franchement, j’aurais bien aimé pouvoir profiter de ce lieu idyllique et piquer une tête ; le Queensland était une région au climat tempéré-tropical, et, au milieu du printemps, les températures avoisinaient parfois les 30 degrés Celsius à l’ombre. Malheureusement, nonobstant qu’avec ma vei ne actuelle je me serais probablement fait croquer par un requin en goguette , Phen m’avait fortement déconseillé de sortir durant la journée. Ma garde rapprochée étant constituée de Zach et Alexian, vampires de leur état, ces derniers n’é taient à même de me protéger qu’à partir de la nuit tombée. Et Phen ne pouvait décemm ent pas demeurer collé à moi durant la période diurne. Il avait des affaires à g érer. Je m’étais donc résignée à rester cloîtrée. Seulement, l’inactivité et moi ça faisait deux. Au bout d’un mois à tourner comme une lionne en cage dans ce cocon douillet, et après d’âpres négociations, j’avais obtenu de pouvoir participer à certaines des petite s « missions » du groupe que dirigeait Phen. Mon rôle se bornait à jouer les cha uffeurs quand Alexian et Zach intervenaient quelque part dans les environs, mais c’était mieux que rien. Bien évidemment, j’avais eu droit à toutes les recommand ations d’usage : ne pas parler à des inconnus, me faire remarquer le moins possible, et surtout ne jamais enlever ma bague, sous peine de rayonner comme un phare, attir ant à moi tous ceux qui me traquaient. Et je n’évoquais même pas le fait que j e me viderais de mon énergie sans possibilité de me recharger ailleurs qu’en Eden. Toutefois, cette autorisation de sortie était accom pagnée d’une exigence supplémentaire de la part de Phen : je devais m’exe rcer régulièrement à réagir en situation d’urgence, ce qui incluait une pratique f réquente des arts du combat. N’étant pas novice en la matière, j’avais accepté avec enth ousiasme. Il avait demandé à Alexian, le vampire aux longs cheveux blancs, de m’ inclure dans les leçons que ce dernier donnait à Zach, son compagnon. Depuis, le j eune homme et moi nous entraînions dur ensemble, mais uniquement sur un pl an technique. En effet, je ne pouvais même pas espérer rivaliser avec sa force et sa rapidité de vampire. J’aimais bien, quand je prenais une pause pour me désaltérer , regarder les deux amants évoluer dans la salle de sport à une vitesse presqu e impossible à suivre à l’œil nu. C’était assez drôle de les voir apparaître entre de ux accélérations dans des positions de combat et de luttes toujours différentes, comme des arrêts sur image successifs sur une bande vidéo. Je me doutais de la raison motivant cette exigence de Phen ; il cherchait à me
faire renoncer. Effectivement, la vue des prouesses des vampires auraient dû m’effrayer, m’amenant à me dire que, les mercenaire s qui me cherchaient étant du même acabit, je n’avais aucune chance contre eux, s i d’aventure je me retrouvais seule et à leur merci. Mais, au contraire, ça m’ava it encore plus motivée. C’était comme un défi. Je voulais mettre en échec ceux qui me traquaient. Je ne me faisais pas d’illusions, il ne fallait pas être un génie pour deviner que mon père génétique ne renoncerait pas aussi facilem ent à ses beaux projets de me faire redevenir du genre masculin – puisqu’il sembl erait qu’à la naissance j’étais un garçon, avant que ma génitrice dénaturée ne s’en mê le et décide qu’en fille je servirais beaucoup mieux ses intérêts. Cette sale h ypocrite avait même eu recours à un pacte avec un démon majeur : Kellial, un ponte d es territoires d’Enfer, afin que ce dernier me cache sur Terre et me protège, avant de me ramener à elle. Pour obtenir son concours, elle avait torturé et rendu infirme s a sœur, le menaçant de la tuer s’il ne consentait pas à passer ce pacte. Il m’avait dét estée à cause de ça et de ma ressemblance avec cette femme maudite, jusqu’à ce q u’un petit séjour dans une église lui améliore le caractère, au point qu’il ne répugne pas à devenir mon amant, le premier avec qui j’avais éprouvé du plaisir. Malheu reusement, ça n’avait pas duré. De retour sur une terre non consacrée, il avait tout o ublié de ces quelques jours et j’étais redevenue à ses yeux aussi attirante qu’un steak la issé hors du réfrigérateur depuis une semaine. Après ça, je l’avais sauvé et j’avais réparé – sans savoir comment – les torts horribles faits à sa sœur à cause de moi. Alo rs, pour que nous soyons quittes, il était venu à son tour me sortir du guêpier modèle g éant dans lequel je me débattais aux mains de mon géniteur et m’avait ramenée sur Te rre. Depuis, je ne faisais que le croiser quand il renda it visite à Phen. Les deux hommes se retiraient alors dans le bureau de ce der nier, le plus souvent en compagnie d’Alexian, de Trysten, le vampire à la bo ule à zéro, et quelques autres dont je ne connaissais pas toujours le prénom. J’av ais compris que ces réunions étaient des sortes de briefings concernant certaine s « missions ». On ne m’y avait jamais conviée. Après tout je n’étais que chauffeur occasionnel. Une semaine plus tôt, Kell s’était présenté accompagné de la fille a ux yeux de biche orientale qu’il avait embrassée à pleine bouche àL’Inferno’s Kiss. Une ancienne amante revenue sur le devant de la scène, visiblement. J’avoue que j’avai s ressenti un désagréable pincement au cœur en les voyant débarquer, mais j’é tais parvenue à donner le change. Enfin, je le croyais. Saadith m’avait toisé e des pieds à la tête, un sourire moqueur relevant les coins de sa bouche pulpeuse et Kell s’était contenté de me saluer d’un petit signe de tête très sec. Visibleme nt, s’il avait enterré la hache de guerre et ne rêvait plus de me la planter entre les omoplates, cette dernière n’en était pas pour autant remisée dans un trou trop profond… Il était certain que je m’entendais beaucoup mieux avec Zach. Le jeune vamp ire me rappelait un peu Nico, mais en plus sérieux. Je me sentais à l’aise en sa présence. Il n’était pas aussi « inhumain », aussi « Superman » que les autres. Il n’était devenu un être de la nuit qu’un an auparavant et il n’avait aucune notion de combat rapproché avant que son amant ne l’entraîne. Dès que la nuit tombait, le co uple de morts-vivants et moi nous rejoignions dans le dojo. Mais aujourd’hui, j’étais venue deux heures plus tôt, histoire de faire un peu de sac. Mauvaise idée. Quand Mushu était entré et m’avait saluée d’un sour ire qui promettait monts et merveilles, j’avais ressenti un certain malaise. Le bel incube me draguait depuis des semaines et je l’éconduisais régulièrement. Après m es déboires sentimentaux avec
Kell le démon Jeckyll/Hyde et Reiyel l’ange « GHBph yle », je n’avais aucune envie de replonger dans une histoire compliquée. Avec ce que m’avait expliqué Zach sur les pouvoirs des incubes, non merci, très peu pour moi. Ce salaud de Reiyel m’avait déjà fait croire que j’étais amoureuse de lui, afin de s ’assurer ma pleine coopération aux intrigues de ma génitrice et de mon beau-père, ne s e privant pas, par la même occasion, de me coller dans son lit. Alors il n’éta it pas question qu’un autre mec, quel qu’il soit, me prive de mon libre arbitre. Seulemen t, au lieu de quitter le dojo sous un prétexte quelconque, mon foutu orgueil s’en était m êlé : « Moi ? Fuir ? Peuh ! Même pas peur ! ». Et voilà. Si je n’avais pas écouté ma fierté mal pl acée, je ne me retrouverais pas coincée sous ce corps que le mien trouvait si appét issant. Non, au lieu de tirer ma révérence, j’avais continué à frapper le sac de mes poings, surveillant Mushu du coin de l’œil, tandis qu’il ôtait son tee-shirt pour res ter seulement en bas de jogging. Puis, il s’était mis à faire des espaliers, ses abdos app étissants sculptés comme un mur de brique bougeant en vagues sous sa peau bronzée, tou t en me regardant de ses yeux mi-clos m’acharner sur mon adversaire ventru et fort peu agressif. — Tu frappes bien, avait-il constaté, le ton neutre . — Merci. Il avait lâché la barre de bois à laquelle il se su spendait et s’était approché avec nonchalance. — Mais tu devrais changer la position de tes épaule s. Tu les présentes presque de face. Il vaut bien mieux qu’entre chaque coup tu reviennes à une position de quasi-profil. Et avant que j’aie pu m’esquiver, ses mains chaudes étaient déjà posées sur mes épaules, les faisant pivoter. — C’est bon, j’ai compris, avais-je grommelé entre mes dents, essayant de me dégager grâce à un pas de côté. Mais il s’était contenté de se déplacer, suivant mo n mouvement, faisant glisser ses mains jusqu’à ma taille, tandis qu’il se plaqua it contre mon dos et que sa tête se nichait dans mon cou. Je m’étais raidie et avait craché sèchement : — Lâche-moi ! Keep cool, ma belle, je te montre juste une prise très effic ace… Peut-être se serait-il effectivement contenté de ça si j’étais parvenue à demeurer raide et froide, mais mon expérience avec Reiyel m’ avait comme qui dirait rendue allergique à tout attouchement non désiré. Presque mue par une vie propre, ma main droite avait cherché – et trouvé – ce qui est aussi indispensable à un incube qu’un spéculum l’est à un gynécologue : son service trois -pièces, et j’avais serré. Fort. Il avait émis un grognement et m’avait brutalement projetée vers l’avant afin de me faire lâcher prise. Sous la force de la poussée, j’étais tombée à genoux sur le tatami. Je n’avais même pas eu le temps de me relev er, que je m’étais retrouvée sur le dos et plaquée sous lui. — Ce n’est pas très gentil, ce que tu viens de fair e, avait-il haleté, le visage encore crispé de douleur. Moi qui ne souhaite que ton plaisir… J’avais senti la panique enfler en moi à une vitess e exponentielle et se transformer en fureur. Je lui avais alors demandé d e me lâcher, mais si je me basais sur sa réponse et le fait que son pouvoir d’incube à pleine puissance transformait mon corps en celui d’une groupie en transe, j’en co ncluais que j’étais très mal barrée. Je ne parvenais même plus à parler et encore moins à ne serait-ce que tenter de me
débattre. Non, mes mains étaient en train de caress er son dos. C’était un truc à rendre dingue. Pour vous représenter ce que je ress entais, imaginez-vous emprisonné dans une camisole de force. Vous avez be au lutter, vous débattre, vous êtes coincé. L’affolement était proche de me submer ger totalement. Je sentais des larmes couler du coin de mes yeux jusqu’à mes oreil les. J’avais l’impression d’être à nouveau la proie de Reiyel, la dernière nuit que no us avions passée ensemble. J’avais enduré cette épreuve pour sauver la peau de Kell et ma liberté, mais à présent, c’était à blanc. Il n’y avait aucun but, a ucune compensation. La seule chose susceptible de me donner une chance de lutter contre l’incube à armes égales aurait été d’ôter la bague qui me perm ettait de vivre sur Terre mais m’amputait de mes pouvoirs d’ange, afin de le repou sser avec ces derniers. Malheureusement, il m’était impossible de bouger po ur faire autre chose que le caresser et me presser contre lui en ronronnant com me une chatte en chaleur. Bien sûr, ne connaissant pas la quantité d’énergie à dép loyer pour maintenir à distance un demi démon sorcier, ça aurait tout aussi bien pu me vider et me plonger dans le coma. Toutefois, si cela avait été possible, j’aura is quand même tenté le coup. Il dut lire la panique dans mon regard, car il souf fla en effleurant mes lèvres entrouvertes avec les siennes : — Ne t’inquiète pas, ma petite fée. Tu n’as rien à craindre. On ne meurt pas de plaisir, si grand soit-il… Et puis, les sorts d’oub li sont une spécialité familiale. Tu ne garderas aucun souvenir de notre petit tête à tête, conclut-il en scellant sa bouche sur la mienne. Je poussai un hurlement mental tandis que ma langue coopérait traîtreusement. Un long frisson de plaisir me parcourut et mes jamb es s’écartèrent sans que je leur en donne l’ordre, lui permettant de s’installer ent re elles. Le contact de son érection faillit me déclencher un orgasme. Ouais… Il prétend qu’on ne peut pas mourir de plais ir, mais si j’en suis là avec les amuse-gueule, je ne donne pas cher de ma peau q uand arrivera le plat de résistance… Au secours ! Pourquoi étais-je descendue au dojo si tôt ? Il fai sait encore jour. Je ne pouvais espérer aucune aide de la part des vampires. À ma d écharge, je ne pensais pas être en danger ici. L’incube m’avait fait du gringue à c haque fois que je l’avais croisé, mais de là à imaginer qu’il me sauterait dessus com me ça, il y avait un monde. — Par les flammes du Foyer de l’Enfer… ! murmura-t- il, le souffle court. C’est toujours bon avec les fées, mais avec toi, c’est le pied ! Génial ! Je vais être le meilleur coup de la carriè re de ce connard. Tout va bien… ! Je voulais le mordre, mais je le laissais m’embrass er, me peloter, avec un enthousiasme débordant. Aurait-il été aussi obsédé par moi si Phen et Kell ne s’étaient pas mis d’accord pour me présenter à tous ceux qui gravitaient dans leur entourage comme étant une fée ? D’après eux, c’était le meilleur moyen d’expl iquer mes particularités énergétiques. Il semblait que les fées étaient les créatures les plus proches des anges en terme d’aura apparente. Les deux hommes av aient eu cette discussion dès que nous avions posé le pied sur Terre, dans la cha mbre de Phen, et que le portail s’était refermé derrière nous. Les jambes coupées, vidée par le contrecoup de ce qui s’était passé à Kéther-ramezore, la capitale du Chœ ur des Ardents, je m’étais littéralement écroulée sur le couvre-lit en damassé vieil or. — Il faut très vite décider ce que nous allons raco nter aux autres membres du
groupe. La pointe de tension dans la voix de Phen m’avait fait ouvrir un œil. — On ne peut pas révéler sa véritable nature. (Les deux hommes s’étaient dévisagés avec une intensité troublante.) Tu le sai s aussi bien que moi. Kell avait haussé les épaules, indifférent. Le beau rouquin l’avait scruté, yeux plissés. — La solution idéale serait de dire que c’est une f ée avec qui tu avais conclu un pacte dans le but de lui permettre de passer pour u ne humaine, même aux yeux des non humains. C’est plausible et expliquera pourquoi les vamps et les autres du groupe qui l’ont croisée àLInferno’s Kiss n’ont pu détecter son essence. Après tout, même toi tu n’y as vu que du feu quand sa mère t’a piégé en te faisant croire qu’elle était une fée… Le démon majeur s’était raidi et avait craché : — Fais comme tu veux. Puis il avait quitté la pièce d’un pas rageur. Trop épuisée pour être vraiment affectée par sa réaction, j’avais poussé un soupir et refermé les yeux. Depuis ce jour, quand je croisais Kell, son indifférence me donnait des pincements au cœur très désagréables. Je m’en voulais pour ça. C’étaitfini. Il n’y avait rien à espérer. Je devais l’accepter. Et puis là, tout de suite, j’avais bien plus important à gérer qu’un ex-amant démon boudeur. J’étais en train de virer maboule. J’en av ais ma claque de n’attirer à moi que des violeurs potentiels. À croire que tous les tord us de la création n’avait qu’une seule préoccupation dans la vie : « se taper Jana. ».Ras la casquette ! Les doigts de l’incube commencèrent à s’insinuer so us la ceinture élastique de mon bas de jogging. J’avais l’impression que mon es prit se cognait contre les parois de mon crâne, cherchant à se libérer du carcan qui l’empêchait d’ordonner à mon corps. Pitiééééé… Brusquement, j’eus froid. Mushu n’était plus sur moi. Il avait disparu. J’étais libre. Hébétée, je l’aperçus écroulé au pied des espaliers . — Jana ? Est-ce que ça va ? Phen était accroupi près de moi, ses traits magnifi ques figés de contrariété. — Ou… ouais, dis-je en me redressant, haletante com me si je venais de sortir de l’eau après une apnée. Euh… Les entraînements sont plutôt… singuliers dans ce dojo… Ses sourcils de la couleur du bronze se rejoigniren t. — Pas si je peux l’éviter, maugréa-t-il entre ses d ents. Je passai une main tremblante dans mes cheveux ébou riffés et essuyai les larmes au coin de mes yeux. Mince ! Je l’avais écha ppé belle. Quelle chance que Phen soit descendu ! C’était la première fois que j e le voyais dans le dojo. Je ne savais pas comment il m’avait débarrassée de Mushu, mais il n’avait visiblement pas besoin de s’entraîner ; derrière mon sauveur, l’inc ube se redressait péniblement. — Sors d’ici ! ordonna Phen par-dessus son épaule, sans se retourner, d’une voix à la dureté adamantine. Ma porte t’est désormais cl ose. Et je te conseille de veiller à ne plus jamais croiser mon chemin.Jamais. Le semi-démon me jeta un regard haineux et se dirig ea vers la porte d’un pas
raide, sans un mot. Je faillis pousser une exclamat ion à la vue des profondes lacérations sanguinolentes qui barraient son dos pa rfait au niveau des épaules et des omoplates, comme si un animal doté de griffes longu es et acérées les avait plantées dans sa chair. Immédiatement, mes yeux se portèrent sur les mains de Phen. Hormis ses auriculaires, les bouts de ses huits autres doi gts étaient maculés de sang. Il avait suivi mon regard, car un sourire canaille releva le s coins de sa bouche. — J’ai toujours eu de la poigne… La porte claqua et nous restâmes seuls. Brusquement gênée, j’évitai de le regarder dans les yeux et cherchai à meubler le silence : — Je suis désolée. C’est de ma faute. Je n’aurais p as dû descendre si tôt. C’était… — Ne dis donc pas de sottises ! fit-il en se redres sant et en se dirigeant vers le placard intégré dans le mur. Tu dois pouvoir circul er au sein de ma demeure à toute heure, sans risquer de te faire agresser. Je me remis debout à mon tour et arguai : — Certes. Mais le fait que je sois un ange… Bref, c e que je veux dire c’est que la bague n’atténue pas tout. Un demi-sourire joua sur les lèvres de Phen, tandis qu’il se nettoyait les doigts avec quelques lingettes mises à disposition sur une des étagères, avant de les jeter dans la poubelle. — Effectivement, la pierre des Monts Noirs ne masqu e pas ton… magnétisme angélique. Encore une chance que les fées émettent une attraction similaire, bien que de moindre puissance. (Il redevint sérieux.) Mushu n’a aucune excuse. Même s’il était très attiré, il était parfaitement capable de résis ter. Il n’a tout simplement pas voulu. Je frissonnai et m’entourai de mes bras. — Il a dit qu’il pouvait effacer le souvenir de… ce qu’il s’apprêtait à faire. Que je ne me rappellerais de rien. Les surprenants yeux dorés étincelèrent de colère rentrée. — Alors je parierais qu’il n’en était pas à son cou p d’essai, ce petit salopard. Il a tout intérêt à se cacher dans un trou très profond. Car si je lui mets la main dessus, il regrettera que son père n’ait pas gardé pour lui se s gamètes… Je poussai un gros soupir. — O. K., j’ai compris. Je renonce à l’action sur le terrain. Même si ça me coûte de l’admettre, cette mésaventure aura démontré que me transformer en Bruce Lee au féminin ne sera jamais suffisant pour lutter contre des créatures dotées de pouvoirs. (J’eus un petit sourire amer et plaisantai, faisant mine de scruter le plafond) Maître Yoda, où êtes-vous quand on a besoin de vous ? Phen demeura silencieux, la tête penchée de côté, l es yeux fixés sur moi, comme s’il pesait le pour et le contre d’une décision qu’ il pouvait choisir de prendre ou pas, puis il s’inclina gracieusement, à la manière de l’ Ancien Régime. — Maître Yoda, pour vous servir, damoiselle. Je dus le regarder d’un air parfaitement ahuri, car il précisa, le sourcil moqueur : — Cela signifie, jeune padawan, que de ton entraîne ment je peux m’occuper… Un instant, l’image du petit personnage vert, tout fripé, aux grandes oreilles, de « La Guerre des Étoiles », se superposa au flamboya nt personnage devant moi. Franchement, la ressemblance n’était pas si flagran te… Me rouler sur les tatamis avec la version rousse ? Euh…cette Bizarrement, proposition me ravissait. Allez comprendre...
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