La Voie du Sabre (Tome 1) , livre ebook

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Pour parfaire l'éducation de son fils Mikédi, le chef de guerre Nakamura Ito le confie à un rônin du nom de Miyamoto Musashi. Un samouraï de légende, le plus grand maître de sabre qu'ait connu l'Empire des quatre Poissons-Chats. Ensemble, pendant six longues années, le maître et l'apprenti vont arpenter la route qui mène jusqu'à la capitale Edo, où l'Impératrice-Dragon attend Mikédi pour en faire son époux.
Mais la Voie du Sabre est loin de trancher l'archipel en ligne droite : de la forteresse Nakamura aux cités flottantes de Kido, du Palais des Saveurs à la Pagode des Plaisirs, Mikédi apprendra les délices de la jouissance, les souffrances du combat et la douceur perverse de la trahison.
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Date de parution

08 avril 2012

Nombre de lectures

0

EAN13

9782072455827

Langue

Français

Thomas Day
 

La Voie
du Sabre
 

Gallimard
 
Né en 1971, Thomas Day vit à Paris quand il ne voyagepas aux quatre coins du monde. Il s’est imposé en quelquesannées comme l’un des auteurs les plus passionnants del’imaginaire francophone, au fil d’une cinquantaine de nouvelles et d’une poignée de romans qui tous se caractérisentpar une propension avouée au mélange des genres : de Rêves de guerre à L’instinct de l’équarrisseur , pastichedécalé du Sherlock Holmes de Conan Doyle, en passantpar L’école des assassins , premier manga sans image del’histoire de la littérature écrit en collaboration avec UgoBellagamba.
Thomas Day a par ailleurs écrit la novellisation du film Resident Evil .
 

Pour Irène, qui aime les cheminsde traverse et arpente sa voie quandd’autres ne cessent de passer à côté...
 

Avant-propos
 
La Voie du Sabre est un roman situé dans unJapon qui ne fut jamais, un Japon où la magieexiste, où l’empereur est un dragon à la longévitéexemplaire. Les structures sociétales, les conceptsreligieux et la géographie décrits dans ce romanrelèvent de la pure fantasy  ; néanmoins ce livre estcentré autour d’un personnage historique : Miyamoto Musashi.
Le monde moderne connaît Musashi principalement pour son livre Gorin-No-Sho 1 , Le livre descinq anneaux (ou Le traité des cinq roues ou Écritssur les cinq éléments , selon les traductions) où ilformule sa propre philosophie, celle de la « Voiedu Sabre », chère à la stratégie économiquemoderne. Les gros lecteurs ont sans doute lu ouentendu parler des deux livres de Eiji Yoshikawa, La pierre et le sabre , La parfaite lumière (Balland ;J’ai Lu) qui mettent en scène la vie réelle deMusashi (bien que romancées, il s’agit d’œuvresqui se veulent historiques). Quant aux cinéphilesimpénitents, ils auront sans doute jeté un œil à latrilogie d’Hiroshi Inagaki Samourai 2  (disponibleen DVD, The Criterion Collection), avec ToshiroMifune dans le rôle de Miyamoto Musashi.
Retracer l’existence réelle de Musashi estimpossible, car les documents concernant sa vie nenous permettent que d’émettre des suppositionsquant à sa date de naissance et de suivre une partiede son itinéraire à travers le Japon du XVII e siècle.
Si on en croit Victor Harris dans l’introductionde l’édition Allison & Busby (1974) du Gorin-No-Sho , Miyamoto Musashi serait né en 1584 dans levillage de Miyamoto, dans la province de Mimasaka.
 
Les ancêtres de Musashi étaient une branche dupuissant clan Harima, à Kyushu, l’île méridionaledu Japon. Son grand-père, Hirada Shokan, faisaitpartie de la suite de Shinmen Iga No Kami Sudeshige, seigneur du château de Takeyama.
 
Toujours selon Victor Harris, Musashi perd sonpère à l’âge de sept ans (ou est abandonné). Il sevoit alors confié à un oncle du côté de sa mère, unmoine. C’est un enfant de grande taille, turbulent. Il fait sa première victime à treize ans, tuant unsamouraï — Arima Kihei — d’un coup de bâton àla tête. À seize ans il gagne un deuxième combat,puis n’arrête plus de livrer des duels, jusqu’à l’âgede cinquante ans. Il participe à six guerres, dont labataille de Seki Ga Hara où, se battant du côtédes vaincus, il survit à un massacre qui durera troisjours et verra la mort de soixante-dix millehommes.
Victor Harris revient comme tant d’autres sur lemanque d’hygiène du personnage qui ne se baignait jamais et était — même pour un rônin * 3  —d’allure bien pitoyable. Mais aussi sur sa fourberie(ou ruse, selon que l’on fasse partie de ses amis oude ses ennemis). Ainsi, sachant un de ses adversaires peu enclin à la patience, Musashi arriva enretard à un duel et brisa le crâne de l’impétueuxavec un sabre de bois au premier assaut. On le vitaussi tuer un enfant de moins de quatorze ans quil’avait provoqué en duel ; il se posta dans des fourrés, surgit, abattit l’enfant et s’enfuit (quel courage !) pour ne pas avoir à se frotter à la suite desa victime. À cette époque, il est déjà une légende.
Son duel le plus célèbre est sans doute ce quel’on appellera « l’épisode de la rame ». Nous sommes en 1612, Musashi a provoqué en duel SasakiKôjirô, spécialiste du Tsubamegaeshi, « riposte del’hirondelle ». Le duel doit avoir lieu sur une petiteîle à huit heures du matin. Heure à laquelle on réveille Musashi, parti dormir chez Kobayashi TaroZaemon. Il se lève, boit l’eau destinée à sa toiletteet alors qu’on le conduit en barque jusqu’à l’île, ilse taille un sabre de bois dans une rame et se noueune serviette autour de la tête. Une fois arrivé, iljaillit de l’embarcation avec sa rame, se rue sur sonadversaire et lui fracasse le crâne avant de s’enfuir.On imagine mal pire déshonneur pour un noblemaître du sabre que de se voir renvoyé chez sesancêtres par un rônin coiffé d’une serviette, puantet armé d’un bout de rame.
Entre 1615 (où il livre à nouveau bataille contreIeyasu, durant le siège du château d’Osaka) et 1634où il découvre, selon ses propres écrits, la stratégie,on ne sait pas grand-chose de sa vie. En 1638, ilcombat les chrétiens lors de la révolte de Shimabara — il a cinquante-cinq ans. Après six annéespassées à enseigner et peindre sous la protectiondu seigneur Chûri, il se retire en ermite dans unegrotte, où il écrit le Gorin-No-Sho , nous sommesen 1643. Il meurt en 1645, laissant derrière lui uneœuvre de peintre et de calligraphe stupéfiante, unlivre célèbre dans le monde entier et un surnom :« Kensei », le saint au sabre .

1 .   Une bibliographie commentée se trouve en fin devolume. Elle reprend tous les ouvrages cités dans cet avant-propos, ainsi que d’autres ouvrages sur le Japon et lessamouraïs.

2 .   Une filmographie commentée se trouve en fin devolume.

3 .   Le lecteur trouvera une définition des mots suivis d’unastérisque dans un glossaire en fin de volume.
 

« Lorsque vous aurez atteint la Voie de laStratégie, vous comprendrez tout, sans exception. »
 
MIYAMOTO MUSASHI
 
Je me prénomme Mikédi comme mon grand-pèrepaternel ; je suis le fils du Seigneur Nakamura Itoet de la noble dame Suki originaire de la petite villede Kawanoe, sur la côte orientale du Poisson-ChatKyushu.
J’ai vu le jour sous les premiers bourgeons decerisier de l’année du serpent bicéphale. Cetteannée-là, l’Empereur-Dragon Tokugawa Oshonevenait de fêter sa cent soixante-huitième année derègne. Je suis né le jour même de sa victoire éclatantesur l’envahisseur portugais, le 7 mars 1614 si je meréfère au calendrier de ces barbares, exactementtrente-huit jours et deux mille cent soixante-dix-septans après la naissance du prince Siddhartha Gautama qui devint notre Bouddha.
Au moment où je trace sur la feuille ces kana *qui précèdent le début réel de mon récit, je n’ai pasencore trente ans, et je sais pertinemment que je neles atteindrai jamais. Je demeure dans une des millecavernes qui percent les flancs des monts veillantsur la petite ville de Nagano. Là, dans ce qui fut le dernier foyer de mon maître, je vis dans les regrets,l’amertume et le dénuement ; je ne possède que quelques rouleaux vierges, une grande bouteille d’encrede Shô, une couverture, un sac de riz, un peu debois pour faire du feu, un briquet portugais, uncalendrier impérial, quelques cônes d’encens etquelques bougies.
La lumière de ma bougie caresse le poison rougeque j’utilise comme encre. Je ne pourrai me résoudre à le boire tant que je n’aurai pas fini de confessersur rouleaux l’ampleur de ma trahison et sa totaleinutilité.
Au fil des jours passés au milieu des hommes, j’aiparcouru les routes et chemins des Poissons-ChatsHonshu, Shikoku, Hokkaidô, Kyushu, je suis alléen Europe, sur le Continent-Éléphant, en Corée, j’aivu mourir de nombreuses personnes, en naître presque autant. J’ai travaillé dans le Palais des Saveurset j’ai passé deux années merveilleuses dans laPagode du Plaisir. Dans chacun de ces endroits, jeme suis montré doué, apprenant les arts avec unerapidité surnaturelle, qu’ils fussent ceux de l’amour,de la chère ou du sabre. J’ai connu dix fois plusd’aventures que la plupart des samouraïs, dix foismoins cependant que celui qui fut mon maître. Etc’est bien de cet homme qu’il sera principalementquestion au fil de ce récit. De ce guerrier aux pouvoirs inconnus qui essaya de me guider sur la Voiedu Sabre.
Et qui échoua.
Dans le grain de la feuille, là où le pinceaucaresse, là où le récit prend forme, par-delà l’odeurpiquante et marine de l’encre écarlate que boit le papier, je retrouve la sonorité caractéristique des pasde mon maître. C’est un tigre avançant parmi leshommes. Un fauve affamé qui, à l’époque de notrepremière rencontre, ne connaissait plus la peur nil’humilité, prisonnier des mille contes qu’il avaitinvolontairement enfantés. Prisonnier de sa légende,à tout jamais.
Il approche.
Ses pas sont comme des boules de soie qui rebondissent sur un tatami. Son nom occupe tout monesprit, dans le cauchemar et le rêve, dans la lumièredu jour et son halo de pollens, dans l’éblouissementque nous offre la première et la dernière neige. Jevois sa silhouette tapie dans chaque ombre.J’entends son murmure dès que le vent souffle etpénètre mon ermitage. Et maintenant, une certitudem’envahit et me berce comme l’odeur de la morts’imposant après la bataille : mes derniers mots prononcés seront ceux qui forment son nom...
Miyamoto Musashi.
 

PREMIER ROULEAU
 
LES CENDRES DE L’ENFANCE
 

1
 
L’étranger arriva à la forteresse du clan Nakamura par la route du sud-ouest. Le jour naissantcouvrait l’horizon de poudre d’or et de copeauxde cuivre, et le vent matinal, chargé de fleurs decerisier, déchirait le ciel comme mille ailes depapillon, arrachées, dans lesquelles avaient étés’emprisonner les lueurs saumonées d’une aube àl’agonie.
Je me souviens bien de ce printemps-là. J’avaisalors douze ans et je venais de fêter, seul, mon anniversaire. L’éducation que j’avais reçue condamnait de telles célébrations, jugées vulgaires, liées àdes croyances dépassées et dangereuses, susceptibles d’affaiblir un fils aîné, ce garçon appelé àdevenir le prochai

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