Mandragore, une énième planète colonisée par une Humanité en pleine débâcle. Depuis dix ans, des vaisseaux apportent leur lot de nouveaux résidents sous la supervision de l’armée. Ils fuient l’enfer sur Terre pour une planète peuplée de broussailles, aride et complètement silencieuse, sans faune et sans insectes. De petites villes poussent ici et là, ressemblant à celles de l’époque de la Conquête de l’Ouest. Un jour, Jon Ravel fait partie de ces nouveaux venus, appelés à reconstruire ici ce que d’autres ont perdu ailleurs. Sauf que Jon n’est pas comme tous les autres, il est croyant dans une société qui a banni les religions depuis plus d’un siècle. Qui plus est, il est envoyé par sa plus haute autorité pour retrouver la trace du père Etienne. Ce missionnaire ne donne plus signe de vie, et semble même s’être terré avec d’autres fanatiques dans les parties les plus reculées de la planète. Mais est-il possible de transposer le mythe du bon sauvage et les idéaux de pureté dans un écosystème qui n’a pas co-évolué avec l’Humain ?
Dans ce quatrième opus des Voyages sans retour, Bernard Fischli rend hommage au roman de Joseph Conrad Au coeur des ténèbres et notamment son adaptation par Francis Coppola (Apocalypse Now). Il explore la difficile question de la subsistance de l’idée de Dieu dans le Cosmos, alors que l’Humanité s’y dissémine et s’apprête à devenir étrangère à elle-même. Avec sensibilité et tendresse, Bernard Fischli invite à une réflexion profonde sur ce qui rend les humains si fragiles et prompts à se faire guider par d’obscurs visionnaires. Sur Terre ou sur Mandragore, les idoles et les faux-semblants