LE LAMPADAIRE ET LA LAMPE , livre ebook

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DONKA: - Mon Derviche, je reprends donc ma question: un homme qui prend un pistolet et qui en fait sauter sa cervelle ; puis un autre qui, sur le fleuve, voit la tempête s'annoncer, tandis qu'il peut bonnement accoster son navire, mais choisit d'affronter la tempête parce qu'il est né héros, lequel de ces deux hommes ne s'est pas donné la mort ?
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Publié par

Date de parution

01 janvier 2023

Nombre de lectures

1

EAN13

9789995291709

Langue

Français

LE LAMPADAIRE
ET LA LAMPEMamadou Sidi Bouaré
LE LAMPADAIRE
ET LA LAMPEPersonnages
DERVICH Maître souf de Donka
DONKAJeune Bambara et futur fancé de Maoua
MAOUA Fille Soninké et ex-fancée de Modibo
ROSE Copine de Maoua
MODIBO Arpenteur et Candidat du PDP
MATENEEpouse de Modibo
BALLA Charlatan spécialiste du divorce
DJELIBA Emissaire de fançailles
DANIOKOMédecin à l’hôpital du Mali
JAURES Professeur et Candidat du MSD
© Bandama, tous droits réservés.
Siège social : Faladiè Attbougou 700 logements, Bamako (Mali)
E-mail : bandamaeditions@gmail.com
Tél. : (+223) 63 78 66 07 / 79 08 67 56
Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Mali, mars 2021
Mise en page et création de couverture : Bandama
ISBN : 978-99952-917-0-9
5Acte
1Scène 1
DONKA, DERVICHE, MAOUA
Tandis que le Derviche et Donka se promènent sur la berge du Niger, apparaît
une jeune femme sur le troisième pont. Elle va, le long du garde-corps.
DONKA (s’arrête)
Attention !
DERVICHE
A une pierre ?
DONKA
Non, une femme.
DERVICHE
En bas, les yeux !
DONKA (pointe le doigt)
La voilà !
DERVICHE
Gloire à Dieu !
9MAMADOU SIDI BOUARÉ LE LAMPADAIRE ET LA LAMPE
DONKA DERVICHE
La voilà s’arrêter ! Elle regarde les vagues d’eau, comme si elle se Pour moi, la présentation n’avait pas assez d’importance. Je peux
désespère de retrouver quelque chose qui lui est tombé et qui y donc savoir ce que tu faisais avec le garde-fou.
fotte. (Un temps de silence). Regardez-la de nouveau ! Elle bouge
de sa place. Elle s’arrête encore. Elle avance, et fnalement elle LA JEUNE FEMME
s’arrête défnitivement ! Je ne peux pas vous dire ce que je faisais avec le garde-fou puisque
je ne vous connais pas.
DERVICHE
Que ce ne soit pas une tentation pour nous ! Occupe-toi de ce DERVICHE (dérangé)
qui te regarde, si tu ne veux pas tout reprendre à zéro. Je me nomme enfn Adama. Dis-moi le nom de ton père, précédé
de ton prénom, et seulement ceux-ci.
DONKA (se décide)
Il faut que je cesse de parler ! Il semble qu’elle veut se jeter dans LA JEUNE FEMME
l’eau ! (Il court le bras droit levé). Ne le fais pas ! (Arrive à elle). Je m’appelle Maoua Sylla. J’étais venue me débarrasser de mon
Madame, je t’en prie ; ma sœur, qu’est-ce qui te prend ? (Elle destin, si vous vouliez comprendre.
ramène le pied. Silence. Distance d’un mètre respectée). Arrête avec
ça ! (Il appelle le Derviche qui lève la tête). Allons à cet homme, DONKA
suis-moi ! (Elle l’accompagne. Arrivés) Mon maître, au secours, s’il « Gloire à Dieu ! Dieu est Grand ! On voit tout ici ! » Une femme
vous plait ! à ton âge qui se désespère de la vie !
DERVICHE (contrarié) DERVICHE (serein)
Bienvenue ma flle ! Assois-toi. (Il lui montre une pierre plate et Je comprends, ma flle. Tais-toi. Tu reviendras demain matin à
propre qui refroidit sous le petit soir qui tombe). Je suis là, il y a 20 neuf heures, accompagnée de ton père. Vous nous trouverez, s’il
ans. Il est dangereux de voir une femme, seule, s’arrêter, sur ce plaît à Dieu, à ce même endroit.
pont. Qu’est-ce que je peux donc faire pour toi ?
LA JEUNE FEMME
Je ne pense pas que vous puissiez faire quelque chose pour moi
étant donné que vous ne me connaissez pas.
10 11Scène 2
LES MÊMES ET SYLLA
Le lundi, à neuf heures, Maoua et son père Sylla enfourchent la vieille Yamaha
qui démarre et pollue l’air sous leur poids. Ils passent devant des concessions.
Certains s’interrogent. D’autres s’indignent.
DONKA
Maitre ! Elle arrive avec son père !
DERVICHE
Oui, ils arrivent ! Va garer la moto ! Fais vite (Donka court prendre
la moto à Sylla. Celle-ci ronfe si fort qu’elle tremble avec Donka,
mais ce dernier l’arrête vaillamment sur la béquille centrale).
Salut ! Soyez les bienvenus Sylla ! Excusez ! Ici nous n’avons pas
prévu de vous faire asseoir. Si ça ne vous dérangera pas !
SYLLA
Non ! Cela ne nous fera rien ! Je passe la journée debout avec les
clients ! Elle va à l’école chaque jour.
DERVICHE
Je suis content de vous voir ! Je vous ai appelé parce qu’il me
semble que votre troupeau s’est dispersé hier.
13MAMADOU SIDI BOUARÉ LE LAMPADAIRE ET LA LAMPE
SYLLA MAOUA
Mon troupeau ? (Il se gratte le front). Je n’ai pas compris ce que Je ne sortirai pas, les samedis et les dimanches, sans votre
permisvous vouliez dire par troupeau. sion. Mais… (Elle baisse la tête et met la main contre sa bouche).
Boua, c’est le fait de rester à la maison qui me gêne !
DERVICHE
Votre troupeau ? C’est votre famille, les femmes et les enfants SYLLA
dont vous avez la responsabilité, 24h/24h. Vous ne deviez pas les (Surpris) Maaouaaa ! Qu’est-ce que tu viens de dire ? Oui, on sait
laisser sortir comme s’échappent les animaux sans berger. que tu ne sais pas ce que tu dois dire. Cheick, cette enfant a tout
le temps été comme ça. Elle grandit en marge de mon esprit.
SYLLA
Je ne les laisse pas sortir comme s’en vont les chèvres pendant la DERVICHE
saison sèche ! Quand mes femmes sortent, elles m’avertissent. En Le vieux Sylla, musulman soucieux des responsabilités qui lui
revanche, quand mes enfants vont à l’école, ils ne m’avertissent pas. sont confées !
C’est pourquoi elle sort fnalement sans mon autorisation. Nous sommes cinq ici. L’Éternel. Vous deux. Moi. Et ce jeune
Hier, elle est sortie vers seize heures ; je m’inquiétais qu’elle ne re- homme qui vient de temps en temps me voir, parce qu’il a
comvienne pas. Mais, je l’ai revue au dîner. Puis à ma grande surprise pris qu’il se trompait souvent avec les autres. Qu’on veuille
cesa mère me dit que vous aimeriez me voir. Ne me dites pas qu’elle pendant me cacher quelque chose, je préfère ne plus le
découétait venue vous déranger ici ? vrir ; mais je ne veux plus la revoir sur le pont, avec l’intention de
se jeter dans le feuve.
DERVICHE
Elle ne le pouvait pas, n’y pense même pas. Ce que je veux mainte- SYLLA
nant, c’est de lui parler, si vous me le permettrez. (Sylla acquiesce). (Avec humour) Ah ! Il fallait me dire ça dès le début. Mais il n’est
Maoua, tu demanderas pardon à ton père. pas trop tard. Voici l’eau, vas-y, jette-toi dedans ! (Il tire sa flle.
Donka intervient par des supplications)
MAOUA
(Avec humilité). Il ne m’a rien fait ! Il m’a tout donné. Boua, par- DERVICHE
donnez-moi d’être sortie la veille sans vous en avoir demandé la Ce n’est pas de cette manière qu’on se débarrasse de sa vermine,
permission. Sylla. Les arabes qui le faisaient ne le font plus, parce qu’ils ont
été éclairés qu’une telle pratique n’était pas sage.
SYLLA
Maoua, promets-moi que tu ne vas plus sortir pendant le
weekend sans ma permission.
14 15MAMADOU SIDI BOUARÉ
SYLLA
Qu’est-ce que vous voulez de moi ? Qu’elle demeure un tonnerre
pour me foudroyer jusque dans ma tombe ! Scène 3
DERVICHE
Non ! (Un temps) Sylla ! Nous sommes, Lui l’Unique, deux et LES MARIES, LES ETRANGERS ET LES AUTOCHTONES
deux. Je ne pars pas d’ici sans boire ma dernière goutte d’eau. S’assemblent au quartier du Niger, au deuxième étage d’une maison blanche, à
Donka, je ne fais pas f de sa confance. Il semble qu’il ait un cœur la noce des nouveaux mariés deux Ivoiriens, une Sénégalaise, deux Ghanéens,
que je souhaite posséder dans certaines circonstances. Avec un des invités autochtones.
peu de conseil, il ne vous publiera pas.
DONKA LE PREMIER IVOIRIEN
Je ne vous vois pas et je ne vous entendrai pas. (Il éteint son télé- (En pantalon déchiré par endroits) Wolof ! Fatou N’Diaye,
Viphone et met les doigts dans les oreilles). viane N’Dour ! Écoute mon ventre chanter : « Tiéboudiène du
Sénégal ! C’est le meilleur plat d’Africa ! Tiéboudiène de Dakar !
SYLLA Viens décoller mon estomac !»
Cheick, je lui ordonne d’ouvrir ses oreilles et d’allumer son téléphone.
Mais, je ne parlerai pas. Ce sera à Maoua de nous dire ce qu’elle ne LA SENEGALAISE
supporte pas à la maison et qu’elle ne veut pas me dire. Parle. Dis-le. C’est Fatou Sarr ! Cuisinière à l’Etoile du Sine de Kaolack !
Invitée spéciale ! Bientôt ! Tiéboudienne du Sénégal, ça fera oublier
MAOUA le vieux Attiéké ! Tiéboudienne de Kaolack, ça déconstipera les
(Pudiquement). Je ne veux plus vivre célibataire. (Elle fond en mecs ! Klan ! Klan !
larmes qu’elle essuie avec le pan de son foulard)
LE SECOND IVOIRIEN
SYLLA Go ! Attiéké avec poissons de mer frits ! Attiéké avec allocos frits !
(Apaisé) Vous voyez ce qu’elle est. Depuis qu’elle est née, je vous Attiéké avec pommes de terre frites ! Oignons, tomates, piments,
le dis comme je l’ai dit à tout le monde, ma famille est devenue là-dessus ! Ça faisait gros à Cocody, même le premier gaou le savait !
un tribunal. Toujours des plaintes, des plaintes qui en valent, des
plaintes qui n’en valent pas. Elle le tient de sa mère qui ne sait pas MODIBO (marié)
se défendre contre les attaques et qui ne sait rien faire que la cui- Quel beau souvenir ! Que le Parti Démocratique Planétaire
remsine. Si elle t’a appris que la femme est un fardeau pour l’homme porte où qu’il siège dans le monde ! Passant la première semaine
comme je la porte, te voilà éclairée ! Pourquoi Modibo n’allait-il à Bamako, la seconde à Cocody, la troisième à Kumasi et la
quapas prendre Matènè ? Quel homme va te porter péniblement ? trième à Kaolack, que deviendra la gazelle Matènè ?
1716

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