280
pages
Français
Ebooks
2020
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Publié par
Date de parution
27 janvier 2020
Nombre de lectures
0
EAN13
9782342169140
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
« Écrire pour que chacun connaisse cette blessure d’un rapt d’enfant.Avec une plaie toujours ouverte. Je ne peux pas envisager l’hypothèse desa mort. Dans mon propre instinct de survie, mon enfant existe encore.Maxime rit, sans moi, quelque part dans le monde. J’espère qu’il ressentma présence malgré le silence. De quoi se souvient-il ? Garde-t-il encoredans son coeur la trace de l’amour de sa mère et de son père défunt ? »
Après l’accident mortel de son mari et le kidnapping de leur fils, LucieDiaw a quitté Besançon pour Paris. Reniée par ses parents qui n’ontpas accepté qu’elle épouse un Sénégalais, elle se retrouve seule,désemparée, au chômage et plonge dans l’alcool. Cependant, elle gardeau fond d’elle le souhait de se relever de cette longue et douloureusechute. Grâce à des rencontres bénéfiques de personnes n’ayant pas étéépargnées par les vicissitudes de la vie, Lucie Diaw trouvera soutien,amitié et générosité sans faille. Des changements s’opéreront, au-delàde ses espérances. Mais ce qui ne tue pas rend-il vraiment plus fort ?
Retraçant le parcours d’une femme dont le courage ne peut quelaisser admiratif, ce livre, bouleversant d’émotions, souligne aussile pouvoir de l’entraide et de la générosité humaines qui existentheureusement encore dans notre société de plus en plus individualiste.
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27 janvier 2020
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EAN13
9782342169140
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Cet ouvrage a été édité par la
Société des Écrivains,
194, avenue du Président Wilson – 93210 Saint-Denis
Tél. : 01 84 74 10 20 – Fax : 01 41 684 594
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© Société des Écrivains, 2020
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Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
paulrenecousty.com
« On le sait, il y aura toujours de la solitude pour ceux qui en sont dignes.
Cette solitude que certaines créatures cherchent à fuir mais qu’elles finissent toutes par choisir, comme un privilège ou un moindre mal. »
Hector Bianciotti.
Je m’appelle Timothée Lebrun. On me nomme Tim plus simplement. J’habite au 73, boulevard-Berthier, près du bistrot Le Steamboat, Paris XVII e . Le propriétaire est un ami. Il est seul pour le service. Je le remplace de temps en temps lorsqu’il doit impérativement s’absenter.
Le 9 mai 2002 j’ai récupéré, dans des circonstances mystérieuses, un grand pli en carton contenant les notes manuscrites de la compagne de mon ami. Le bouleversement que m’a produit leur lecture m’a conduit à en faire un journal intime. Le début de ce récit aux dates bien précises est reproduit à l’identique. J’y ai mis en notes quelques repères pour toi, lecteur, pour que tu connaisses le contexte. Dans une deuxième longue partie, pour donner une suite à l’évènement initial, j’ai dû retrouver la cohérence de cette histoire en liant de multiples papiers rédigés sans la référence du temps. Enfin, j’ai inscrit en exergue de chaque chapitre quelques citations émergées de ma mémoire au fur et à mesure de ma lecture.
I
« Écrire, est-ce hurler silencieusement ? »
Emmanuel Bing
(Texte intégral de Lucie)
1996
9 Janvier.
Je suis sortie ce matin de l’hôpital Beaujon. Je viens d’ouvrir la radio. L’ancien président est décédé hier, à l’aube. Cela m’importe peu. Je ne l’aimais pas. Je ne me suis jamais intéressée à la politique. C’est aussi une question de sensation physique. Une chose pourtant m’avait plu. Une phrase qu’il avait prononcée il y a un an. « Je crois aux forces de l’esprit et je ne vous quitterai pas. » Je l’avais vu aux informations de la TV. Je n’ai plus de TV. Elle est tombée en panne. Je n’ai pas l’argent nécessaire pour acheter un autre poste. Il me reste le vieux transistor Philips, du temps de mes études à la fac.
Quand le Samu est venu me prendre au bistrot, il y a trois jours, j’étais assommée. Simplement, je me souviens d’être sortie d’un noir silencieux, par intermittence, au moment où l’ambulance se frayait un chemin en plein embouteillage à Clichy. Il me semble avoir eu des hallucinations. Elles me renvoyaient à une plongée dans l’abime de la dépendance.
En sortant du centre hospitalier j’avais le cœur glauque comme le temps. « Vous avez fait une crise éthylique sévère », m’a dit l’interne, ce matin, avant de me faire signer la décharge de sortie.
Dans l’enveloppe, j’ai lu le bilan de l’intervention : soins infirmiers d’hydratation et d’oxygénation, sédation médicamenteuse, contentions mécaniques. J’ai pris conscience de mon état quand elles m’ont nettoyée. Maintenue toute nue sous la douche. J’ai entendu le dialogue entre l’infirmière et l’aide-soignante :
« Elle a un beau corps pourtant. C’est bien triste de se faire du mal, ainsi.
— La plupart du temps, ce n’est pas par plaisir qu’on s’abime à ce point !
— Une femme surtout ! (Silence). Est-elle mariée ? Des enfants ? Seule ?
— Va voir son dossier, je ne veux pas faire de commérage. En tous cas c’est dramatique. (Silence) Sait-elle qu’elle a déjà hypothéqué une grande partie de son avenir ?… Pas sûr. (Silence). Il faudra le lui dire un jour. Aujourd’hui, elle n’accepterait pas. » avait conclu l’infirmière.
Quand l’ambulancier m’a aidée à sortir de la voiture j’ai eu des crampes et des brulures d’estomac. Je ne sais pas s’il s’agissait des séquelles du nettoyage médical ou bien cette nausée qui me prend chaque fois que je reviens à la rue Sisley. L’apparence des immeubles exprime la vie en sursis de ceux qui les habitent. Les murs sans enduit n’ont jamais été peints. Les intempéries ont créé de larges lézardes sous les ouvrants. Depuis de nombreuses années, beaucoup de fenêtres sont en partie aveugles. Des carreaux brisés ont été remplacés par des cartons ou des panneaux de contreplaqué. Je loge au numéro six. L’ascenseur ne fonctionne plus. Mon studio est au cinquième étage.
J’ai eu le tournis en descendant de l’ambulance. Le conducteur s’en est aperçu et m’a proposé de m’accompagner jusque chez moi :
« Madame, voulez-vous qu’on prenne un fauteuil roulant ? J’en ai pour cinq minutes à peine. »
J’ai refusé. J’avais honte de le faire entrer dans le hall. Il aurait découvert ma détresse et comment je suis quelqu’un qui ne vaut rien. Je l’ai remercié et j’ai menti :
« Merci jeune homme. Cela va bien pour moi. Il faut simplement que je m’habitue. De rester allongée à l’hôpital, pendant trois jours, j’ai perdu des forces. J’ai besoin de m’exercer, de retrouver, toute seule, l’équilibre. Je suis une nouvelle habitante du quartier. Je suis choquée par les poubelles dans la rue. Elles sont toujours renversées. Les rats s’y infiltrent, surtout le soir. Heureusement je ne suis ici que pour quelques temps.
— Vous avez bien raison. C’est pouilleux par là. Faites attention à vous. Allez, bonne santé. »
Cela fait quatre mois que je suis logée ici. Je n’ai jamais recherché un autre appartement. Le service social de la mairie du dix-septième a insisté le jour où l’on m’a remis les clés :
« Madame Diaw, vous avez vraiment de la chance. Nous avons une opportunité de logement social pour vous. A Paris, c’est un privilège ! Surtout pas de bêtise ! »
Paris ? Je m’en moque. Je n’ai pas choisi. Après l’accident mortel de Djibril et le kidnapping de notre enfant, j’ai quitté Besançon. C’est ma ville natale. Elle me rappelle l’enfer. Même les amis m’ont encouragée à en partir. Mes parents avaient rompu toute relation avec moi à cause de mon amoureux sénégalais. Quand ils ont appris l’accident et le kidnapping, ils ne m’ont pas fait signe. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à disjoncter. Ils m’avaient reniée pour de vrai.
J’ai eu bien du mal à monter les cinq étages. Je me suis arrêtée une première fois au deuxième. Ça sentait le café. C’était bon. Une femme y habite depuis vingt ans à ce qu’elle m’a dit. Seule. Elle a fui le Chili du temps de la junte militaire de Pinochet. Avec son mari, militant d’opposition ils avaient quitté Santiago et s’étaient réfugiés dans un premier temps à Pica, dans le désert d’Atacama. Lui avait été traqué et capturé par des milices. Elle, avait pu embarquer pour l’Espagne grâce à des amis clandestins qui travaillaient à l’aéroport. Puis, elle s’était mise à la colle avec un artiste madrilène qui l’a larguée après l’avoir emmenée à Paris. Elle a besoin de raconter. Il faudra que je lui parle. Tout ce qu’elle a évoqué, je le sais par la gardienne qui est une véritable pie. J’imagine ce qu’elle peut bien dire de moi à partir des quelques confidences que je lui ai faites.
Il a fallu que je fasse une pause au quatrième. Pourtant, je ne voulais pas m’arrêter car juste en dessous de mon logement vit un jeune couple. Arrivé dans l’immeuble, depuis à peine deux mois. C’est un vacarme toutes les nuits jusqu’à deux ou trois heures du matin. Cela déclenche chez moi un énervement et ensuite une tenace insomnie. Un soir, à minuit, j’ai voulu les prévenir de leur dérangement. J’ai frappé à la porte. Le gars a ouvert violemment et m’a crié dessus :
« Espèce de vieille peau de bourge. Tu pues ! Va laver ton cul et tes guenilles et ne viens pas nous emmerder. »
Je ne sais pas d’où ils viennent ces deux-là. Leur grossier langage me dégoute. Je n’ai jamais connu ça. Mes parents m’ont reniée mais ils m’avaient donné une bonne éducation. A la fac, je n’ai fréquenté que des étudiants de bonne famille. Puis, quand on m’avait embauchée à la librairie de la Grande Rue, à Besançon, la propriétaire m’avait prévenue : « Surtout, soyez correcte y compris avec le client le plus ennuyeux. » Pour moi c’était naturel. A mon arrivée à Paris, l’employé qui m’a reçue à l’Agence pour l’emploi l’a remarqué tout de suite. Il m’a alertée en disant que je m’exprimais comme une jeune fille de province. Jeune ? Je ne le suis plus depuis longtemps. En région parisienne, à ce qu’il m’a dit, cela pourrait me nuire, un jour. Les grossièretés me désarment. Chaque fois que je traverse le palier du quatrième j’ai peur de me faire insulter. Alors, je m’entraine à parler « gros mots ».
Cela fait deux heures que je suis rentrée dans mon minable réduit. J’ai eu un grand cafard en refermant la porte. Presque l’envie de mourir. L’odeur de moisi m’a saisie à la gorge. Le papier peint imprégné de crasse avec ses impressions de roses décolorées exprime toutes les désillusions de ma vie. Je me suis affalée sur une chaise sans prendre soin d’enlever mon tricot de laine. Accoudée au bord de l’évier de la cuisine j’ai pleuré. J’ai dormi. Enfin quoi ? J’ai eu un moment d’absence.
En reprenant mes esprits j’ai pensé au docteur Saval et à sa phrase : « C’est une alerte sérieuse Madame Diaw. Vous devez vous faire aider. Les personnes qui souffrent de l’addiction qui vous emprisonne ne peuvent plus s’en sortir sans cela. On n’a qu’une vie ! » Je pense qu’il a voul