Camping du Laviot , livre ebook

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« Le véhicule s’engage dans un chemin de terre, tout en pierrailles, en bosses, en fosses, sous un toit de verdure. On est bringuebalé en tous sens. Même Bille, pourtant habituée aux longues routes, couchée aux pieds de maman, ronchonne ! Heureusement pas pour longtemps. Juste avant un hangar et profitant d’une large trouée dans une haie, la voiture s’engage dans une prairie. Celle-ci est parsemée de caravanes, grandes et petites, de tentes et autres camping-car. “Et voilà, dit papa, nous voici au Camping du Laviot !” »

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Date de parution

12 avril 2013

Nombre de lectures

0

EAN13

9782342003604

Langue

Français

Camping du Laviot
Thierry Devillez
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Camping du Laviot
 
 
 
 
Chapitre 1. Le camping du Laviot
 
 
 
Nous sommes en août 1969. J’ai huit ans et ma sœur, Murielle ; quatre. Avec papa et maman, sans oublier notre chienne Bille, une petite bâtarde brune, aux oreilles pendantes et au museau noir et qui nous accompagne partout, roulons sur cette route, qui traverse des champs, et puis des villes, et encore des champs…
Durant le trajet, nous serons interrompus deux fois par des douaniers avant d’entrer en France. Dans la ville de Givet, nous traversons un pont qui enjambe un fleuve, et qui nous paraîtra, ma sœur et moi, immense ; la Meuse !
Après deux nouveaux contrôles douaniers, nous réintégrons notre pays. Mais changement de décor ; maintenant la route traverse des forêts immenses, sans fin, parfois entrecoupées par une habitation, un village, mais de nouveau, forêts et champs. Au hasard d’une trouée, on peut apercevoir, dans le lointain, encore des forêts, qui ondulent tel les vagues de la mer du nord. Subitement, on quitte la voie principale pour s’enfoncer dans une plus petite enserrée par des sapins immenses, qu’ils nous semblent toucher les nuages. Le taillis est touffu, il y fait plus sombre… C’est un peu effrayant pour nous qui sommes habitués aux longues étendues désertiques des plages… Et ce n’est que tournants, virages, côtes, descentes… Quand le « carrousel » s’arrête, c’est pour traverser de petits bourgs aux basses maisons, massives, en grosses pierres et aux toits d’ardoises bleues resserrées autour d’une petite église. Soudain, une forte odeur de café brûlé envahit l’habitacle. Nous passons devant un grand bâtiment entouré de séchoirs à tabac, dont certains, sont déjà, remplis d’« d’herbes à nico », pendus, tête en bas. Ce sont les établissements : café-tabac Bourguignon. Mais déjà, la route reprend ses lacets. Pas longtemps, heureusement ! Car au hasard d’un tournant, coupant des prairies grasses et vertes, une longue bande argentée, illuminée par les rayons du soleil, nous impose toute sa splendeur ; La Semois !
Ses eaux bleues-vertes, striées par la longue chevelure ondulante des algues, paressent majestueusement, dans sa vallée, sous le regard somnolant de gros rochers gris qui y trempent les pieds. La route longe la berge et nos yeux ne parviennent plus à quitter la rivière. Celle-ci nous présente, d’un rapide coup d’œil, son monde : ses vols de canards, ses pêcheurs à pieds ou en barques, ses enfants qui s’y baignent, ses résidences qui la bordent, une petite passerelle l’enjambant pour atteindre le village de Mouzaive… Mais voici un camping, au pied d’un pont conduisant à un gros village. La route s’écarte de la rivière s’enfonçant de nouveau, à travers bois, jusqu’à une petite plaque nous invitant à la quitter pour rejoindre une voie si étroite que deux véhicules ne sauraient s’y croiser.
Et revoici la Semois qui reçoit en son sein le petit ruisseau du Hour, au pied de l’Hôtel du passage d’eau. La route et la rivière s’écartent de nouveau pour laisser la place à quelques maisons, une ferme, des hangars, des séchoirs à tabac… le hameau de Laviot. Et juste après, un camping ! « Aah, s’écrie ma sœur, des caravanes ! On est arrivé ! » « Presque, temporise papa ! » On s’enfonce toujours sur cet étroit sentier, croisant énormément de promeneurs marchant à la queue leu leu. À gauche, le camping de la Vallée avec son petit magasin d’alimentation 1 et à droite, celui du Méli, avec sa buvette. Le véhicule s’engage dans un chemin de terre, tout en pierrailles, en bosses, en fosses, sous un toit de verdure. On est bringuebalé en tous sens. Même Bille, pourtant habituée aux longues routes, couchée aux pieds de maman, ronchonne ! Heureusement pas pour longtemps. Juste avant un hangar et profitant d’une large trouée dans une haie, la voiture s’engage dans une prairie. Celle-ci est parsemée de caravanes, grandes et petites, de tentes et autres camping-car, « Et voilà, dit papa, nous voici au Camping du Laviot ! » On a l’impression d’être arrivé au bout du monde.
On est cerné, de tous côtés, par des collines boisées. Des traces de passage de véhicules partent en tous sens vers les résidences disséminées au petit bonheur la chance, mais en majorité, en bord de rivière. En bordure et au centre de ce vaste champ, trône, tel un berger veillant ses brebis, le long hangar. Au début de celui-ci, une partie est réservée aux toilettes et sanitaires. Il y en a encore d’autres, à l’intérieur de petites cabanes, à chaque extrémité du camp. Adossé contre le mur, un homme remplit un jerrycan à l’unique robinet extérieur. Mais qu’est-on venu faire dans ce « trou » perdu ? Nous sommes venus rendre visite à des amis ! D’ailleurs, les voilà, là-bas, qui agitent les bras auprès d’une petite caravane au bord de l’eau ! Henri, son épouse Marie-Claire et leurs deux filles ; Marie-Christine, qui a mon âge, et Marie ?, je ne sais plus, qui est l’aînée. Mon grand-père et le papa de Henri, étaient copains de régiments et j’avais décidé qu’ils étaient mes cousins ! Après les embrassades et commentaires sur le trajet, on visite la résidence. Oh, ce sera vite fait ! D’abord, l’auvent qui rend toutes choses et personnes un peu orange, et on pénètre dans la caravane. C’est une première ! À la mer, nous campions sous tente. C’est une petite tractable pour quatre personnes. En entrant, à droite, une longue banquette servant aussi de lit, la nuit, pour l’aînée. La cadette dort au-dessus, dans un hamac, enroulé et rangé dans un support. Ensuite, deux becs à gaz, à côté d’un petit évier, reposent sur un meuble où est rangée la vaisselle. On arrive déjà à la table prise entre deux banquettes qui contiennent les oreillers et couvertures. En rabaissant la table ainsi que les coussins, on obtient un lit pour deux personnes ! Tout de suite après, une penderie qui soutient un radiateur et nous arrivons déjà à la porte. On en a vite fait le tour, non ?
Évidemment, pas d’eau courante ; les jerrycans, pas d’électricité ; éclairage avec une lanterne au gaz, le chauffage et la cuisinière sont reliés à une bonbonne posée sur le timon. Pas de frigo non plus ; on utilise une glacière refroidie par des blocs réfrigérants. Tous les matins, on les porte à la cantine les déposer dans le congélateur et reprendre ceux de la veille. C’est quand même cinq francs pièces ! Nous nous rendons alors, papa, ma « cousine » et moi au bord de l’eau.
Les berges sont couvertes de hautes herbes où tranche, parfois, un bouquet jaune d’iris sauvages. Quelques trouées permettent d’atteindre la rivière. À nos pieds, des centaines de minuscules poissons tournent en rond. Plus loin, les longs filaments fleuris de petites fleurs blanches, les renoncules d’eau, attirent les demoiselles et libellules. Un martinet, telle une flèche noire, rase l’onde. Des rochers, de-ci de-là, pointent leur tête. Et tout ça sur une musique d’eau qui coule.
Sur l’autre versant, juste après un sentier, la masse arborée de la colline tombe raide, « Quel calme, que c’est beau, dit papa ! Saviez-vous que les Celtes, donc les Gaulois, croyaient en une divinité vivant dans chaque source, chaque rivière ?
Souvent, il s’agissait de Fées. Il devait en avoir une ici aussi mais on a oublié son nom. Semois vient du germanique : « sachmari », qui veut dire : « eau aux pierres comme des couteaux » ! Pas très joli comme nom pour une fée ! »
Non pas très joli, c’est mieux la fée de la Semois ! Entre les jeux, les baignades, les promenades, la journée s’est très vite passée et il fallut prendre, déjà, le chemin du retour. J’ignorais alors, qu’on reviendrait quelques jours plus tard Henri ayant loué la caravane pour une quinzaine de jours. Et cette fois-là, les grands-parents étaient de la partie. Papa et maman ont dormi dans l’auvent sur des lits de camps. Quinze jours qui apparemment séduisirent les parents car ils décidèrent d’acheter une caravane, dans le même genre, pour l’année d’après.
Ainsi fut fait ! C’était une « Effeland », quatre personnes, tractable et sentant bon le neuf à l’intérieur. Elle était équipée d’un auvent bleu, ce qui nous donnait un air « schtroumpf » à l’intérieur. Dans l’attente des grandes vacances on la remisa dans le garage des grands-parents qui n’avaient pas de véhicules. Et, le grand jour arriva, enfin ! Papa accrocha le timon de la belle caravane à la boule, brancha la prise. Parfait, en voiture ! « Et cette poignée-là, dis-je, à quoi ça sert ? » La réponse fut du genre : « touche pas à ça, p’tit con ! » Bon OK, alors en route ! Il nous semble, maman et moi, que la caravane tressaute beaucoup, « Mais non, mais non, c’est normal, nous rassure le chef de famille ! » Arrivé en haut d’une côte, on tourne à gauche pour faire le plein d’essence. Avant la station-service, on doit passer les voies de tram. Et juste après que la voiture les a franchies, on entend un grand « bang » et on constate que la caravane est restée sur les rails. Oui, mais un tram arrive !
Maman s’éjecte littéralement...

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