Histoire du plan monétaire de Chicago , livre ebook

icon

43

pages

icon

Français

icon

Ebooks

icon jeton

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
icon

43

pages

icon

Français

icon

Ebook

icon jeton

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus


Imaginé en 1933, le Plan de Chicago visait à combattre la grande déflation américaine par une nationalisation de la monnaie. Il s’agissait d’en retirer la prérogative de création aux banques privées pour que la seule monnaie soit produite par la banque centrale. Armageddon financier pour les uns, restauration du privilège régalien de battre monnaie pour certains et prélude aux crypto-monnaies étatiques pour les autres, l’application de ce Plan aurait été la plus stupéfiante révolution monétaire de tous les temps. Son spectre flotte toujours sur le système financier mondial.




Membre de l’Académie royale de Belgique, Bruno Colmant est docteur en économie appliquée (ULB) et titulaire d’un M.Sc. (Purdue University, États-Unis). Il enseigne la finance appliquée dans plusieurs universités belges et étrangères.

Voir icon arrow

Nombre de lectures

8

EAN13

9782803106813

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

HISTOIRE DU PLAN MONÉTAIRE DE CHICAGO
BRUNOCOLMANT
Histoire du plan monétaire de Chicago
Académie royale de Belgique rue Ducale, 1 - 1000 Bruxelles, Belgique www.academieroyale.be
Informations concernant la version numérique ISBN : 978-2-8031-0681-3 © 2019, Académie royale de Belgique
Collection L’Académie en poche Sous la responsabilité académique de Didier Viviers Volume 121
Diffusion Académie royale de Belgique www.academie-editions.be
Crédits Conception et réalisation : Laurent Hansen, Académie royale de Belgique Illustration de couverture : © The National Archives,Groups of depositors in front of the closed American Union Bank,New York City. April 26, 1932.
Publié en collaboration avec
Après des efforts inouïs Un homme qui vient juste de faire fortune, Dans une monnaie qui n’a plus cours.
Jérôme Ferrari (1968-…) dansLe Sermon sur la chute de Rome
CHAPITRE1 Le contexte… pour une prochaine crise ?
Le lecteur ne trouvera dans cet ouvrage ni une théorie, ni un travail scientifique, mais plutôt le narratif historico-économique d’une idée monétaire révolutionnaire : le Plan de Chicago. Élaboré dans les années trente par quelques économistes américains et validé par Irving Fisher (1867-1947), dont l’autorité académique était incontestable à l’époque, ce Plan était destiné à ôter la création monétaire des banques privées afin que l’offre de monnaie, et donc le roulement de l’économie, soit régulée par l’autorité publique. La monnaie aurait donc été nationalisée ! Mais pourquoi s’intéresser aujourd’hui à une idée qui a près d’un siècle ? Parce que dans le ressac de la crise économique déclenchée en 2008, les banques centrales de différents pays ou zones monétaires se sont lancées dans de gigantesques programmes de création monétaire qui auraient été totalement impensables il y a une dizaine d’années. Dans la seule zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) a créé près de 2 600 milliards d’euros, soit près du quart du Produit intérieur brut (PIB) de la zone monétaire. Il s’agit d’une lointaine résonance du Plan de Chicago. Le Plan de Chicago (qualifié deSingle-Circuit Sovereign Money System ou deFull Reserve Bankingla littérature anglo-saxonne) est resté théorique mais il suscite dans toujours la fascination tant les conséquences de son application seraient stupéfiantes puisqu’il signifierait que les banques privées soient dépossédées de leur fonction principale, à savoir la création monétaire. En avril 2014, Martin Wolf, rédacteur économique auprès duFinancial Times et qui est probablement le commentateur le plus influent de la presse anglo-saxonne, avait prévenu, au sujet du Plan de Chicago : « This will not happen now. But remember the possibility. When the next crisis comes — and it surely will — we need to be ready. » Au reste, l’idée resurgit régulièrement. En 2015, le Premier Ministre d’Islande, pays particulièrement frappé par la crise de 2008, examina l’applicabilité du Plan à son économie. La Suisse a aussi mis en œuvre, en 2018, une votation (finalement défavorable) portant sur son instauration sous le vocable de « monnaie pleine ». Le narratif de cet ouvrage est de restituer le contexte de son invention : il faut replacer ce Plan dans la toile de fond monétaire de l’étalon-or, c’est-à-dire un système monétaire au sein duquel l’unité de compte, l’étalon monétaire, correspond à un poids fixe d’or, gageait la monnaie. Des références sont mentionnées aux crises boursières de 1907 et 1929, à la création de la Federal Reserve américaine de 1913, aux accords de Bretton Woods de 1944, aux déflations d’Heinrich Brüning (1885-1970) et de Pierre Laval (1883-1945) de 1935 ou encore à l’opération de confiscation monétaire de 1944 de Camille Gutt (1884-1971) avec l’objectif de plonger le lecteur dans les bouleversements financiers de cette époque. De nombreuses références sont aussi faites au chaos monétaire qui a prévalu entre les deux conflits mondiaux. Sans entrer dans les complexités inutiles du phénomène monétaire ou alourdir le texte par des débats ésotériques, références académiques, études scientifiques et autres contre-théories, cet ouvrage s’attache, dans l’esprit de la collectionL’Académie en Poche, à rappeler les fonctions essentielles de la monnaie et ses principales applications. Après cette introduction, le chapitre 2 rappelle les fondements du phénomène monétaire. Le chapitre suivant contextualise les deux principaux krachs ayant affecté
e Wall Street au début du XX siècle, à savoir la panique des banquiers de 1907 et le sombre mois d’octobre 1929. Le chapitre 3 rappelle aussi deux déflations dont l’envergure plongera le lecteur dans les indécisions monétaires de l’époque. Le chapitre 4 esquisse la personnalité d’Irving Fisher tandis que le chapitre 5 est consacré au Plan de Chicago. Le chapitre 6 explique pourquoi il fut écarté et rappelle un événement, certes éloigné du Plan de Chicago mais proche temporellement, à savoir l’opération de conversion monétaire forcée d’octobre 1944 en Belgique. Le chapitre 7 s’intéresse, de manière parallèle au Plan de Chicago, à l’absence d’inflation contemporaine qui invalide (temporairement ?) les bases de la théorie quantitative de la monnaie élaborée par Irving Fisher. Enfin, avant de conclure l’ouvrage, le chapitre 8 est brièvement consacré à l’application du Plan de Chicago à un monde projeté, mais plausible, de crypto-monnaies étatiques.
CHAPITRE2 Des signes de confiance
Le concept de la monnaie est insaisissable. Il s’agit d’un phénomène éphémère et circonstanciel qui permet (très temporairement) l’accumulation de pouvoir et une hiérarchisation sociale. Mais qu’y a-t-il derrière ce concept ? Le pâle reflet d’imparfaites et éphémères conventions humaines ? Une tentative de mesure dégradée du temps ? Une hallucination collective choisie ? Le néant, une plongée dans son côté sombre ou plutôt une tentative de maquillage de ses ténèbres ? C’est impossible à dire. La monnaie relève des mythes. C’est un artefact, c’est-à-dire un phénomène créé par des conditions expérimentales statistiques, dépourvu de toute signification théorique. Cela expliquerait incidemment la subordination de l’ordre monétaire à l’ordre social. La monnaie est une idée qui sert de modèle à une autre : un empiriste la qualifierait probablement d’archétype socio-politique. La crédibilité monétaire ne peut pas découler d’un acte d’autorité. La monnaie doit s’adosser à un référent qui excède ce qu’il garantit. Il faut donc une réciprocité de la qualité de la confiance et de la quantité de monnaie. Dans le cas d’une monnaie fiduciaire, le garant est un état de confiance. Il faut donc donner à la monnaie une valeur supérieure pour que la confiance qui lui est associée soit un référent satisfaisant. Ceci explique que le privilège de battre monnaie ait été capturé par le pouvoir au rythme de la formation des États à laquelle son étatisation est consubstantielle. Étant donné que la monnaie est garantie par elle-même, elle transporte une certaine vision de l’organisation politique. C’est aussi à ce niveau qu’il faut faire intervenir l’État. Ce dernier possède le droit de lever l’impôt et de battre monnaie, mais aussi d’endetter la collectivité. Aujourd’hui, alors que la monnaie n’est plus définie et contrainte par un étalon physique, elle est un concept en lévitation dont l’application est, par exemple, la discipline « morale » des banques centrales qui garantissent, au travers de leur indépendance, la pérennité de la monnaie. L’économiste français Jean-Baptiste Say (1767-1832) énonçait que « la monnaie est un voile »portant indirectementsur la crédibilité des États qui la frappent et sur la santé des échanges commerciaux. Aujourd’hui, on pourrait avancer que la discipline « morale » de la BCE garantit la pérennité de l’euro, c’est-à-dire que l’indépendance des autorités monétaires investit ses dirigeants d’une conservation de la confiance associée aux signes monétaires. Pour le sociologue, la monnaie est un moyen d’impersonnaliser l’association entre des personnes inconciliables et donc une sublimation des rapports sociaux. C’est une abstraction au-dessus des structures sociales, si ce n’est la structuration des agrégats sociaux eux-mêmes. Pour l’économiste, l’avertissement est plus clair. La monnaie est une formulation simplifiée de l’utilité du temps. Un monopole d’émission sur une monnaie non gagée est un instrument de tutelle publique sur les faits de commerce qui reflète l’équilibre relatif et la primauté d’un facteur de production (travail ou capital), reflété par une tension entre son rôle transactionnel et de thésaurisation. La monnaie avertit donc de sa fragilité. Elle porte d’ailleurs en elle son caractère éphémère : elle se déprécie, se remplace, se confisque et se nationalise au gré des chocs de l’évolution des communautés humaines. Elle ne protège de l’avenir que de manière très temporaire, c’est-à-dire aussi longtemps que les hommes décident eux-mêmes collectivement de la stabilité de leur futur.
LEFONDEMENTDELÉCONOMIEMARCHANDE La monnaie est le fondement de notre système d’économie marchande. Ses fonctions
Voir icon more
Alternate Text